Quand cesse la culture du profit

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vi Rapports de force, consommation, et recherche de profit sont foncièrement et intrinsèquement liés

 

« … dans toute société, la répartition des revenus et des richesses reflète avant tout la répartition du pouvoir … »

Kate Pickett et Richard Wilkinson dans leur livre (déjà cité) « Pour vivre heureux, vivons égaux ! », (2019) -

[voir Ref 10 http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Pour_vivre_heureux,_vivons_%C3%A9gaux_!-556-1-1-0-1.html]

Comme nous l'avons vu dans la première partie : pouvoir et richesse sont intimement liés, cela est connu. Mais il est moins évident de faire le lien entre la richesse - le profit - la consommation, et la mentalité liée au rapport de force, car une grande part des rapports de force se jouent à un niveau inconscient ou semi conscient. Dans la première partie du livre, nous avons vu également que l'argent donne un statut, que son manque stimule des comportement de survie, et que ces derniers se transforment en avidité une fois la survie assurée, qui engagent dans une course vers toujours plus de richesses ; et que tous les consommateurs que nous sommes, démontrent en général une forte complaisance par rapport à tout le système de profit, de gaspillage, de pollution, d'exploitation, etc.

Ces différents types de comportements vont chacun impliquer des rapports de force, d'un genre différent eux aussi, mais qui tous, ont pour origine nos instincts de survie. Et la conscience de ces schémas peut nous permettre d'apprendre à nous en dissocier et nous initier à de nouveaux modes de comportements plus adaptés aux situations rencontrées et qui permettent de laisser de côté les rapports de force. Tentons de voir quels comportements vont se manifester, et dans quelles situations.

- les comportements de survie

Lorsque l'essentiel est de survivre, le recours au rapport de force est inévitable, et il peut s'avérer cruel, car en défendant notre propre pain, et celui de notre clan, nous sommes prêts à spolier le pain de tout qui nous empêcherait d'y accéder.

Le comportement de survie est un comportement égoïste où l'on cherche à se servir avant l'autre, à survivre à tout prix. Il est par essence un comportement marqué par le rapport de force. Et bien que, dans la société capitaliste, la plupart du temps, notre survie ne soit plus en jeu, nous restons embrigadés dans ce carcan. Les illustrations ne manquent pas à ce sujet. Régulièrement, lors de promotions commerciales, certaines enseignes doivent faire face à des bousculades et des violences lorsque les clients sont prêts à se battre pour obtenir le jackpot promis dans la publicité.

Comme par exemple lors de l'inauguration d'un magasin à Taquara au Brésil en août 2020 :

[Source : https://www.rtbf.be/article/une-foule-dechainee-prend-d-assaut-un-magasin-lors-de-son-inauguration-au-bresil-malgre-le-coronavirus-10567054].

Il en va presque de même lors des soldes, où certains clients pour pouvoir s'acheter 2 à 3 fois plus de vêtements, dévastent les rayons en les transformant en chantier de chiffons éparpillés au sol. Ces personnes ne sont pourtant pas en danger quant à leur survie, mais elles persistent à utiliser les mêmes types de comportement.

Même avec un revenu stable et confortable, rares sont les personnes qui s'arrêtent de chercher à gagner davantage et d'acheter à bas prix. La peur de manquer fait alors place à l'accumulation et la collection de biens. Et c'est l'habitude qui va nous faire continuer comme on a toujours fait. D'une certaine manière, bien que les menaces de manque aient disparu ; nous restons dans des comportements de survie, de manière à la fois instinctive, conditionnée et apprise.

- les comportements d'avidité

Une fois que la survie est assurée par un revenu qui permet de s'acheter un peu plus que le pain, mais qui n'est pas pour autant abondant, et que l'accès au superflu devient possible ; un autre type de comportement, légèrement différent, mais encore assez proche de celui de survie va se développer, mais un peu moins visible en général. Nous entrons alors dans un processus de consommation sans fin, en tentant d'obtenir toujours plus pour moins d'argent.

Et tout va nous y amener, car comme nous l'avons vu au chapitre précédent, sous bien des aspects, nous sommes tous sous l'influence de notre environnement, de notre entourage, des médias, de la publicité, de la mode, ou de la culture, qui nous serinent sous toutes les déclinaisons possibles que nous serons mieux avec plus : plus de confort, plus de luxe, plus de plaisir, plus de succès, plus de facilités, plus de pouvoir d'attraction ou de séduction, plus de voyages, plus loin, etc. ... Et c'est sans compter que dans bien des domaines, plus nous possédons, plus nous sommes amenés à posséder davantage pour l'entretien, le rangement, ou pour simplement compléter la panoplie de nos premiers achats. Et quand ce ne sont pas les attraits directs de la richesse qui nous sont vantés, ce sont les obligations sociales et menaces qui y sont associées : rester à la hauteur, avoir sa place, ne pas nous sentir rejetés, profiter tant qu'on le peut encore ….

Ces attitudes nous maintiennent dans une mentalité de consommateur et dans l'avidité. Avoir assez n'est donc jamais assez. Nous sommes donc formatés, élevés, éduqués, tout simplement à rechercher à être plus riche pour pouvoir satisfaire cette insatiabilité. Et plus notre motivation est aiguisée, plus nous serons prêts à jouer des coudes pour parvenir à nos fins. Toutes ces attitudes, sans exceptions sont dérivées de nos instincts. C'est un peu comme si, dans notre société, tout était fait pour continuer à nous faire vivre dans des comportements réflexes et nous empêcher d'avoir accès à notre conscience, notre volonté, notre libre arbitre et nos intentions bienveillantes. On n'est pas loin ici de l'adage "du pain et des jeux pour le peuple". Et il est clair que tout cela restreint nos capacités à évoluer, à donner du sens, en nous confinant dans un état pseudo hypnotique. Ce ne sont pas tant des gens de pouvoir qui dirigent tout cela avec une stratégie bien définie, que l'ensemble de la population qui participe à la toile extrêmement complexe que tout cela constitue. Nous sommes tous partie prenante de ces dérives. Et les personnes les plus riches et les plus puissantes sont elles-mêmes bien plus embrigadées que quiconque dans cette mentalité. Peut-être pourrait-on même considérer que, lorsqu'elles s'approprient le bien commun - en ce sens qu'en s'enrichissant de manière extravagante, elles empêchent une partie de l'humanité à avoir accès à un minimum pour vivre décemment - elles "ne savent pas véritablement ce qu'elles font". Et dès lors, même si une part d'elles se doute bien de cette réalité ; elles vivent dans le déni, en persistant à lutter aveuglément pour maintenir leurs privilèges coûte que coûte. Et il ne faut pas être extrêmement riche pour agir de la sorte. Dès que nous avons accès à plus que ce qui nous est nécessaire, c'est en général ce type de comportement que nous adopterons.

Car bien que nos motivations dans la vie ne soient pas entièrement guidées par la cupidité, il n'en est pas moins que choisir volontairement de cesser de consommer, ou de poursuivre la quête de richesse reste pour la majorité, un vœu pieu, tant qu'une partie de nos rapports aux autres consistent à avoir ou à garder notre place au soleil.

Les comportements matérialistes qui consistent à consommer, nous enrichir, suivre les modes, défendre un statut, d'un côté ; et les comportements guidés par les rapports de force et jeux de pouvoirs de l'autre, sont donc interdépendants et se nourrissent mutuellement. Le matérialisme et les relations de pouvoir, bien que distincts dans nos esprits, appartiennent au même processus mental. Plus nous fonctionnons en nous mesurant aux autres, en tentant d'avoir un ascendant sur notre prochain, plus nos références sociales se mesureront en profit, en statut, en possessions.

Mais le contraire est vrai également. Plus nous devenons capables de sortir des ces valeurs de référence, en nous détachant du matérialisme, plus il nous devient possible de nous ouvrir aux valeurs de cœur, par la solidarité, le don de soi, le partage, l'empathie, et tout simplement le respect. L'effet d'entraînement est donc inversé. Et dès lors, plus nos comportements sont dictés par le cœur, plus nous nous éloignerons naturellement des valeurs liées à l'argent.

Quel que soit le niveau social auquel s'inscrit le matérialisme et les jeux de pouvoir, les conséquences vont toutes dans la même direction.

S'acheter la dernière breloque à la mode lors des soldes n'est a priori pas vraiment comparable au fait d'engranger des milliards de dollars en actions dans des multinationales qui font travailler des néo-esclaves à l'autre bout du monde tout en détruisant l'environnement. Et pourtant, le processus mental qui est à la source de ce type de comportements est le même. On est plus proche d'un comportement impulsif dans le premier cas, alors que dans le second, le comportement repose sur une construction mentale fondée sur des raisonnements basés sur ces mêmes impulsions. Il n'y a pas réellement évolution entre les deux, il y a juste une complexification des tenants et aboutissants. Et la breloque achetée par l'un peut avoir été produite par une des entreprises qui enrichira le second. Et en ce sens, à des échelles différentes, tout le monde agit dans la direction du consumérisme, de la croissance, et de toutes leurs conséquences destructrices. Car nous agissons indirectement et inconsciemment, en fonction de nos peurs, de nos pulsions. Et nos gaspillages et futilités s'apparentent davantage à nos instincts de survie qu'à des signes de civilisation.

D’une certaine manière, même si nous avons assez de revenus pour nos besoins de base, nous aurons toujours tendance à continuer à nous enrichir pour garder la tête haute. Et cela ne peut se faire qu’au détriment d'autrui ou de l’environnement.

Cela correspond à l’image de celui qui, perdant pied dans l’eau, s’appuie sur la tête de ses voisins pour pouvoir garder la tête hors de l’eau (qu'il en ait conscience ou non). Et cette tendance sera plus prononcée ou non selon le milieu dans lequel nous vivons.

Nous nous mettrons des œillères pour ne pas le voir, et nous calmerons notre conscience en versant quelques deniers lors de l’opération charitable annuelle que la télévision nous propose à grand coup de spectacle et de témoignages qui nous mettront la larme à l’œil. En reprenant dès le lendemain notre marathon de consommation.

- notre complaisance

Le comportement d'avidité implique un autre comportement qui lui aussi fait appel aux rapports de force, mais à une autre niveau : c'est celui de notre complaisance. Celle-ci implique que nous acceptons d'acheter des produits qui ont occasionné pour leur production : l'exploitation des ouvriers de production, des dégâts à l'environnement (transport, pollution, destruction de la nature, maltraitance animale et tarissement des ressources), ainsi qu'une qualité moindre que l'on peut faire entrer dans le concept d'obsolescence programmée. Ces produits sont donc moins chers et sont importés de l'autre bout du monde. Et nous refuserons de savoir quoi que ce soit de leurs conditions de production du moment qu'ils sont disponibles, pas chers, et répondent à nos exigences (qui, soit dit en passant, nous ont la plupart du temps été inspirées directement ou indirectement par la publicité, les modes, le marketing). Cela veut dire que nous n'avons absolument aucune considération pour la chaîne de destruction en amont de ces produits ; ce qui est par excellence une attitude de dominant, qui, à une échelle différente, est pareille à celle du maître que les conditions de vie de ses esclaves indiffèrent, ou à l'homme qui, par des jeux de séduction et de galanterie propose la promotion-canapé à ses employées et associées. Nous agissons donc indirectement, à l'égal des esclavagistes, des coloniaux et des machistes prédateurs. Et comme les conséquences de nos comportements sont tellement lointaines et diluées dans la masse, nous refusons d'en assumer la responsabilité, que nous reportons sur les producteurs. Alors que pourtant ces producteurs ne pourraient exécuter leurs méfaits s'il n'y avait pas d'acheteurs.

L'actualité nous informe pourtant de toutes ces dérives. Régulièrement des multinationales sont mises à l'index pour leurs malversations, de même que des banques. Nous sommes majoritaires à connaître, ne fut-ce que pour partie, l'existence des paradis fiscaux, des zones franches, des délocalisations, des conditions de travail effroyables dans certains pays, des famines et de la pauvreté ailleurs dans le monde, des liens entre certaines guerres et la production de pétrole ou l'extraction de minerais. Mais nous détournons les yeux. Quand quelqu'un nous met la réalité devant les yeux, nous nous justifions, nous trouvons des excuses, nous nions, nous changeons de sujet. C'est loin, nous sommes impuissants, une goutte d'eau dans l'océan, nous avons d'autres problèmes plus importants et plus urgents à résoudre ici et maintenant, etc. S'il fallait commencer à s'informer de tous les détails qui concernent la provenance de chacun de nos achats, nous ne ferions plus rien d'autre. Et puis, de toute façon, à quoi cela sert que je me décarcasse tant que mon voisin continue à consommer à gogo.

Sauf que le voisin donnera exactement la même réponse, et qu'à ce jeu-là on ne fait que tenter de prouver une foi encore la rivalité de nos pouvoirs, et dans ce cas-ci, celle de notre mauvaise foi.

Parce que nous ne voulons rien savoir, ou parce que nous sommes ignorants d'une partie de ces mécanismes, nous éduquons nos enfants dans la totale ignorance de ces enjeux.

Rien qu'un exemple assez représentatif de notre attitude face à l'environnement : beaucoup d'enfants qui mangent leur carré de poisson ou du steak, ignorent carrément qu'il a fallu tuer l'animal pour se le procurer. Et comme la consommation de viande et de poisson augmente exponentiellement, les océans se vident, et ce sont des milliards de tête de bétail qui passent à l'abattoir chaque année pour aboutir dans notre assiette - voire, dans un tiers des cas, à la poubelle.

Si nous devions tuer nous-mêmes ces animaux, nous changerions probablement d'attitude.

En devenant conscient de l'existence de cette tendance à la complaisance, on peut petit à petit ouvrir les yeux sur la manière dont nous pratiquons cela au niveau personnel. En réalité, on apprend d'abord à le voir chez les autres, jusqu'au jour où on finit bien par admettre que nous ne sommes pas épargné non plus. Pour aller plus loin à ce sujet, voir aussi mon article (déjà cité) « C’est notre complaisance envers le système qui lui permet de se perpétuer » :

[voir Ref A : https://sechangersoi.be/4Articles/Complaisance01.htm].

Si vous avez passé les chapitres chiffrés : du chapitre sur l’indécence des dividendes jusqu’à la fin du chapitre sur les millions de morts liés à la pauvreté, dans la première partie du livre, peut-être est-ce le moment d'aller les lire. Car c'est ici qu'il devient possible de faire le lien avec la monstruosité de certaines statistiques à un niveau mondial, et celles de nos petits comportements individuels que nous croyons insignifiants.

- les comportements de compétition

Et lorsque le patrimoine augmente encore, les comportements de survie vont se perpétuer. Au-delà d'un certain niveau social, s'ajoute la croyance généralisée que notre succès, notre réputation, notre capacité à nous faire aimer ou à séduire, passe par notre statut, dont notre richesse et les signes de richesse que nous montrons en sont la part la plus visible. L'attachement aux marques de luxe, mentionné en début de livre, en est l'exemple le plus évident.

C'est donc un besoin de reconnaissance formelle, sous forme de rivalité avec nos pairs, qui va nous enfoncer un peu plus dans cette recherche de richesse.

- les comportements d'exigence

Au-delà, plus nous accumulons richesses et possessions, plus nous nous accoutumons aux plaisirs qu’ils peuvent procurer, nous rendant parfois dépendants, mais aussi, façonnant notre mentalité à la culture du plaisir facile ... et du pouvoir, puisque l'argent donne du pouvoir. Les plaisirs que l’argent nous permet d'obtenir sont sensés compenser ou nous distraire de nos manques, de nos frustrations, de nos peines, de nos stress, et de tous les maux que la vie ne manquera pas de nous faire traverser. Au point de finir par considérer ces béquilles comme un dû, et comme essentiels à notre bonheur et d’en oublier qu’il s’agit de privilèges dont nous jouissons. Le plaisir et le mirage de bonheur par l'argent vont nous mener à en vouloir toujours davantage. Et nous nous accoutumerons à exiger des privilèges, en nous laissant influencer par ceux qui en ont encore davantage que nous, et en nous servant à la barbe des autres, qui eux, ne peuvent pas se le permettre.

Et on a pu l'observer également face aux restrictions qui ont accompagné la pandémie. Les personnes qui se rebellaient le plus contre ces restrictions n'étaient pas forcément celles qui en souffraient le plus, mais bien celles dont les privilèges étaient réduits par ces restrictions. Une part importante des manifestations n'étaient pas organisées dans le but de trouver des solutions pour soutenir les personnes isolées, ou pour aider financièrement ceux qui avaient tout perdu. Les manifestations étaient orientées pour exiger de retrouver tous les plaisirs provisoirement interdits aux plus privilégiés : les voyages, les sorties, le shopping, ....

- les comportements de défense de nos privilèges

Et enfin, plus nous bénéficions de privilèges, plus nous allons investir notre énergie, et notre argent, à tenter de les garder. Et le pouvoir est une voie royale vers les privilèges. Donc garder le pouvoir devient presque une obligation. La richesse donne donc du pouvoir et elle est nécessaire pour le garder.

- les rapports de force ne sont jamais loin de nos comportements de matérialisme et de notre cupidité

Et tant que nous tablons sur ces leurres d’appartenance sociale, et de bonheur matériel pour définir ce que nous mangeons, ce que nous portons, où nous habitons, comment nous nous déplaçons, comment nous nous amusons, à quoi nous nous intéressons, à quoi nous nous identifions, et même qui nous côtoyons ; nous ne pourrons rien changer à l’équation générale de recherche de profit.

Les comportements de survie, l'avidité du toujours plus, la recherche de statut, la complaisance, le fait de concevoir que tout nous est dû, la dépendance aux plaisirs faciles, la peur de perdre nos privilèges sont toutes les facettes qui poussent à l'appât du gain. Et comme nous sommes tous impliqués d'une manière ou d'une autre dans cette compétition, ce sont les jeux de pouvoir et les rapport de force qui font la loi.

Nous n’y pensons pas en ces termes. Cela est en grande partie inconscient, implicite une fois encore. D'autant plus que ce ne sont pas les seuls enjeux dans nos vies. Mais si nous avons des ressources financières qui nous permettent de nous payer au-delà du minimum de confort, et que nous décortiquons en détail tous nos achats et toutes nos raisons pour gagner plus d’argent, nous pourrons effectivement faire le lien pour chacun d’entre eux avec une recherche :

- de statut, de succès, de reconnaissance ;

- ou encore avec une habitude, ou une addiction aux plaisirs faciles, notre insouciance, le bénéfice d'avoir du pouvoir ;

- voire encore avec une tentative de compenser nos échecs, nos manques, nos frustrations.

Et même dans notre recherche de confort, se cache souvent un aspect standing, facilité, plaisir, recherche de reconnaissance ou de privilège, avec le plus souvent un refus catégorique de prendre en compte les conséquences de nos achats. Car accepter de se poser la question oblige de changer d'attitude.

Bien que nous ne soyons pas tous impliqués de la même manière, nous sommes malgré tout tous concernés. Ne pas le reconnaître n'est pas alors le signe que nous sommes épargnés par le phénomène, mais bien le signe que nous sommes très inconscients de nos schémas de comportements.

vii Quitter le rapport de force mène à se désintéresser des richesses et de la consommation

 

L’argent étant devenu un instrument de pouvoir ; lorsque l’on devient capable de se désintéresser du pouvoir dans tous les domaines de notre vie, petit à petit on va se désintéresser de notre statut, du jugement d’autrui. Nos activités et intérêts vont s’orienter là où la pression sociale diminue. Nous allons découvrir alors les véritables richesses qui ne sont pas matérielles. Nous allons quitter aussi nos réflexes de survie qui nous amenaient à collectionner. Nos valeurs vont glisser vers la simplicité, l’authenticité, l’intégrité, la justesse. Et plus elles se consolideront dans ces directions, plus l’avidité, la consommation et les dépenses deviendront pour nous des fardeaux que nous tenterons d’éviter, voire même de dénoncer. Cela ne se produit pas du jour au lendemain. Cependant, plus la conscience grandit, et plus il devient évident d'abandonner ces anciennes habitudes. Et cela ne demande pas, dans ce cas, plus d’effort. Nos comportements s’alignent sur notre état d’esprit. Et si nous avons la chance de faire ce chemin avec l’aide et le soutien de personnes qui avancent en parallèle, cela stimule, facilite et accélère la transition.

La période qui a suivi le confinement en 2020 a permis un éveil furtif de la conscience. Des déclics se sont produits mais, pour la majorité, ils ne se sont pas prolongés dans le temps, et la plupart d'entre nous a replongé les pieds joints dans la mentalité de consommation, dès que les restrictions on été levées. 

Cependant, d'autres crises suivront, et suivront encore, et vont renforcer l'ébauche de ce changement opéré lors de la pandémie. Car celle-ci a réussi à exercer temporairement, à son début tout au moins, deux influences qui vont dans ce sens.

Tout d'abord, l'esprit de solidarité massif et quasi immédiat qui s'est développé dès le début du premier confinement a généré en parallèle une réprobation importante envers la recherche de profit. Les personnes tentant de faire des bénéfices lorsqu'elles aidaient à combattre le virus ont été directement pointées du doigt tant par les autorités que par les citoyens et les médias. L'attention a été portée sur les soins à prodiguer et les conditions matérielles qui le permettaient, mais aussi sur la survie financière des individus. La survie des entreprises était déjà moins prise en compte et l'annulation des dividendes a été rapidement demandée, tout comme l'annulation de la dette des pays les moins riches et un arrêt des conflits armés. Cela n’a pas duré, mais cela a toutefois existé, à l’époque d’aujourd’hui, et de manière presque généralisée. Il n’est donc plus permis de réfuter que cela est tout simplement possible.

Ensuite, vivre confiné a créé un sevrage chez nombre de consommateurs. Et même si les achats en ligne se sont très vite développés, une part de la population s'est contentée de n'acheter que ce qui répondait aux besoins les plus basiques. De plus, tous les lieux de sortie et de loisirs (restaurants, cafés, cinémas, salles de spectacles, boîtes de nuits, musées, piscines, salles de sports, parcs d'attraction) ont été fermés, tout comme les festivités culturelles de toutes tailles ont été annulées les unes après les autres. L'ensemble de la population s'est vue contrainte de stopper net une bonne part de la surconsommation et des addictions aux plaisirs faciles et éphémères tout en redécouvrant ce qui est essentiel.

Ce sevrage de la surconsommation ainsi que la réprobation du profit n'ont été que de courte durée mais cela a permis à une partie de la population d’en expérimenter les bienfaits. Et je n’ai aucun doute que l’accumulation des crises va nous mener tout droit à persévérer naturellement dans cette direction.

h - Rapport de force à l'échelle collective

 

Les modes de pensée, de communication, de relation, basés sur les rapports de force transpirent de tous nos comportements. Et ce qui est tangible à notre niveau personnel vaut également pour le niveau collectif. Si nous continuons à persévérer dans ces registres, nous nous condamnons à moyen terme (tant l’humanité que des millions d’espèces animales et végétales) ; que ce soit par des guerres, des famines, le réchauffement climatique, la pollution, l'effondrement de la biodiversité, le tarissement des ressources, des épidémies, pénuries, …. voire tout cela à la fois.

Car dans notre société occidentale et capitaliste, la plupart des relations entre communautés, sont basées sur le rapport de force, quels que soient les groupes sociaux impliqués : que ce soient entre nations, entre cultures, religions, origines ethniques, genres, entreprises, classes sociales. Toutes nos différences peuvent mener à de potentielles rivalités, conflits, et autres jeux de pouvoir. L'histoire en est jalonnée, en commençant par l'esclavage, mais s'y ajoutent le servage, le colonialisme, les génocides, les croisades, les guerres et le terrorisme omniprésents, la torture, les murs bâtis sur tant de frontières ; et leur lot de victimes et d’injustices via la soumission, l’exploitation, la pauvreté, les famines, la maltraitance, les abus en tous genres, les viols, le racisme, le harcèlement, et toutes leurs conséquences. Et hors registre purement destructeur, tout est hiérarchisé, ou soumis à des jeux de pouvoir : les structures institutionnelles et entrepreneuriales, les syndicats, les lobbies, la particratie avec ses jeux de majorités et d'oppositions, les championnats dans le sport, la rivalité dans le commerce, les trophées dans la culture. Rien n'est épargné.

De plus, l'évolution du capitalisme des dernières décennies a complètement modifié le visage de l'économie en se focalisant obstinément et de façon même obsessionnelle sur la croissance économique et la concurrence commerciale (même la majorité des partis de gauche jouent le jeu), et en se mettant des œillères sur leurs conséquences. Car cette mentalité a sournoisement et partiellement remplacé les aspects les plus ouvertement conflictuels et dictatoriaux de notre civilisation. Et c'est l'aspect sournois de ces mécanismes - par leurs conséquences indirectes - qui entraîne l'accroissement des inégalités sociales, et les situations dramatiques pour une part très importante de la population mondiale dont j'ai cité les chiffres au chapitre sur « C'est la richesse extrême des plus riches qui maintient la mortalité par millions des plus pauvres  », ainsi que pour l'ensemble de l'environnement naturel.

En abolissant une partie des violences, nous les avons remplacées par d'autres, en les rendant moins visibles par leur délocalisation, ou plus insidieuses par leur dispersion ou leur perversité. Les privilèges des uns sont toujours basés sur les injustices faites aux autres. Et nous en avons rarement conscience.

Et notre aveuglement fait lui-même obstacle face à nos objectifs. Tant que nous ne sommes pas capables de voir la source du problème (voire même son existence), et même tant que nous ne sommes pas capables d'expérimenter des solutions qui sont issues d'un tout autre registre de pensée, nous sommes condamnés à ne trouver que des pansements à la part visible de ces problèmes, en ignorant leur nature véritable et en les laissant se développer souterrainement.

De plus, comprendre ces enjeux intellectuellement ne suffit pas à pouvoir les transformer.

Nous allons devoir nous éveiller à la conscience de ces tendances, et à évoluer pour parvenir à les abandonner et apprendre de nouvelles manières de franchir les obstacles, essuyer les échecs, résoudre les différends. Et l'éveil de chaque individu est un vecteur d'éveil pour la collectivité.

Gandhi a, d’une certaine manière, assez bien résumé l’utilité du rapport de force :

« Œil pour œil et le monde finira aveugle. »

Et il semble que nous ne soyons plus très loin de la cécité.

Et je peux comprendre que pour certains, lier le rapport de force à la plupart des problématiques rencontrées dans la société capitaliste, peut paraître incohérent de prime abord.

Et pourtant !

Regardez autour de vous : tous les désaccords, conflits, dysfonctionnements, jugements, injustices, ... sont le résultat d'une équation qui fait appel au rapport de force. Retirez le rapport de force de l'équation, et celle-ci trouvera une solution inattendue. Et l'idée est bien moins d'aller travailler toutes ces problématiques pour aller leur retirer le rapport de force afin d'obtenir une solution. L'idée est bien plus de travailler à l'évolution des consciences de manière plus générale de sorte que le recours systématique au rapport de force ne fasse tout simplement plus partie de nos références et de nos choix.

J'aurais pu tenter d'écrire les présents chapitres sur la rationalité et le rapport de force, sans me référer au préalable au concept du profit, et en passant sous silence tout ce qui concerne les inégalités, la pauvreté, l'extrême richesse, et le lien de cause à effet que je conçois entre ces réalités. Mais je pense que le déni collectif face à ces réalités, est à l'image de notre part d'ombre personnelle que nous ne voulons pas voir.

A l'échelle de l'humanité, l'extrême richesse, notre insouciance pour les causes environnementales, la domination masculine, le racisme, la violence institutionnalisée, l'indifférence quasi totale dans laquelle sont laissés les migrants, les victimes de famines, les esclaves du néolibéralisme, et encore bien d'autres causes : tous ces dysfonctionnements de taille colossale, sont notre part d'ombre à tous. Et nous ne pourrons changer la donne tant que nous fonctionnerons au niveau individuel avec notre part d'ombre personnelle qui nous rend incapable de percevoir des modes de fonctionnement alternatifs qui pourront nous empêcher de persister à cheminer au milieu de tant d'incohérence .

Remarque :

Les chapitres qui suivent sont probablement les moins aboutis de ce livre.

Plus j'avançais dans l'écriture du livre, plus les notions qu'ils contiennent se sont révélées à moi. Cependant, bien que je connaisse assez bien les sujets qui sont évoqués et que je conçoive de manière de plus en plus limpide et même évidente leur lien direct avec le rapport de force ; je n'ai pas encore réussi à exprimer de manière limpide tous ces liens dont les conséquences font l'objet de ce livre. Ces chapitres seront donc bien plus un essai impressionniste dans l'écriture, où je mentionne énormément d'aspects de nos modes de comportement liés aux rapports de force, qui peuvent donner une idée générale assez précise ; mais qui dans la formulation, c'est-à-dire, la structure et la chronologie des notions évoquées, restent présentés de manière encore un peu disparate. Ces chapitres seront donc susceptibles d'être modifiés dans le futur.

N'ayant pas eu l'occasion d'en discuter avec des personnes qui partagent ma conception, car je n'en connais tout simplement pas, il a été très difficile d'accoucher du contenu qui suit.

Cependant, et bien que je sois habitée de doutes, ma conviction est très forte quant à la justesse du propos, même si donc sa formulation reste à améliorer.

3. Connaissance de soi : notre part d'ombre

 

a - Introduction

 

Jusqu'à présent nous avons parlé d'argent, de profit, de consommation, de la société, et ensuite de nos comportements dictés par des choix empreints de rationalité et enfin, de notre perpétuel recours aux rapports de force dans nos interactions sociales. Tous ces éléments font partie de notre réalité bien concrète et tangible.

Dans les chapitres qui suivent, je vais aborder cette fois le cœur de notre réalité intérieure pour créer un lien entre, d'une part, les problématiques exprimées précédemment et le rapport de force, et d'autre part, notre configuration mentale et psychologique.

Car si l'on veut véritablement agir sur la réalité extérieure, sans plus nous contenter de mettre des pansements sur les dysfonctionnements et sans plus apporter des solutions qui sont à l'image du problème ; c'est bien au niveau de notre réalité intérieure qu'il va falloir s'investir.

Le recours au rapport de force est à la fois culturel et inné. Et son adoption au niveau culturel n'est que la conséquence logique de son utilisation innée.

Pour être capable de questionner les rapports de force induits par la culture, il faut d'abord être capable de désamorcer la part innée ou conditionnée qui nous impose de les utiliser. Toutes les religions et autres voies spirituelles tentent de nous y conduire, mais elles n'ont jamais empêché les guerres, et les abus en tous genres. Elles prônent l'altruisme, ou la soumission à l'autorité divine, voire les deux, mais cela étant, elles ne parviennent que trop partiellement à désamorcer la part de nous qui nous ramène vers cet égoïsme, vers nos attitudes primitives de défense, pour avoir le dessus, pour survivre.

En parallèle, la culture capitaliste telle que nous la connaissons actuellement, s'est fort éloignée de la religion, sans pour autant donner une alternative à l'évolution humaine que permet en partie la religion. Dans notre culture, on célèbre la richesse, le matérialisme, le pouvoir, le plaisir, la facilité, le consumérisme, ainsi qu'une sexualité souvent addictive (à des lieues de l'affection, du couple, du respect, de la confiance, et de la fonction de reproduction).

La plupart des individus, dans la société de consommation et de profit dans laquelle nous baignons, n'ont tout simplement plus de référence pour cultiver l'altruisme et la solidarité qui parvenaient dans le passé à maintenir un tissu social cohérent, bien que rarement équitable.

Cette cohérence s'effrite de plus en plus. Elle est en partie maintenue par des lois, toujours plus nombreuses, plus complexes, et malgré tout encore souvent injustes et insuffisantes.

Beaucoup d'humains se comportent actuellement un peu comme des animaux domestiques non dressés, dont on a lâché la laisse, et qui créent le chaos tout autour d'eux. Les dérives surgissent de partout, et les réglementations qui ont pour vocation de les empêcher ont toujours plusieurs longueurs de retard.

Je pense que ce ne sont ni les lois, ni les religions qui parviendront à nous ramener à plus de justesse, sans pour autant dénier leur utilité. Nous sommes tout simplement appelés, et même forcés, à évoluer. Évoluer dans le sens psychologique du terme.

L'humain a passé le cap de la sédentarisation, de l'acquisition du langage, puis celle de l'écriture. Il a développé la science et la technologie, et il est à présent en train de s'embourber car il n'est tout simplement pas capable de gérer ce qu'il a construit. Il s'est lancé dans une course folle d'évolution matérielle, qu'il n'est plus capable d'arrêter, malgré qu'il voit que la course s'accélère et se dirige droit dans le mur.

Le moment est venu d'apprendre à gérer les pensées et les émotions et parvenir à quitter le rapport de force ; pour permettre enfin à nos choix, nos décisions et nos comportements de s'aligner aux raisons du cœur.

Et tant que nous n'effectuerons pas un travail en profondeur pour connaître et reconnaître nos émotions, nos pulsions, nos pensées, nos comportements, et pour devenir capables de les gérer de manière à nous respecter et à respecter ceux qui partagent nos vies, nous serons incapables de gérer les conflits et désaccords en dehors des rapports de force.

Car le rapport de force est en quelque sorte, le résultat de la situation qui a été créée lors d'un premier conflit ou désaccord. Pour éviter un conflit ou y mettre fin, une des deux parties assoie son pouvoir, et l'autre partie accepte cette situation totalement ou partiellement. Et s'installe alors une sorte de statu-quo qui ne permet plus d'avancer. Et ces jeux de dominants et dominés, une fois installés peuvent perdurer des années, des décennies, des vies entières, des millénaires. Et pourtant aucun de ces jeux de pouvoir n'est constructif. Ils excluent en grande partie la bonne foi, l'honnêteté, la flexibilité, le lâcher prise, et l'évolution dans les relations. Ils transforment nos vies en combats, en luttes pour garder notre pouvoir, ou pour affaiblir celui de l'adversaire, ou, à tout le moins, pour garder quelques droits pour survivre, surnager, gagner en liberté ou en confort - selon les situations.

Beaucoup d'aspects entrent en jeu dans les jeux de pouvoir. En dehors des rapports de force qui s’inscrivent dans le cadre d'une hiérarchie, et qui sont prévus par la loi, ou admis dans l'éducation, les autres rapports de force pourraient en quelque sorte être considérés comme abusifs. En réalité, ils sont considérés actuellement comme normaux, car tout simplement nous en sommes relativement peu conscients. Ceux qui les subissent comprennent davantage le cadre de la situation dans laquelle ils se trouvent, bien plus en tout cas que ceux qui en sont à l'origine.

On accepte de se soumettre à un rapport de force, soit parce qu'on y est forcé, et qu'on est impuissant pour sortir de la situation ; soit parce qu'on en a des bénéfices secondaires. Mais le plus souvent, les bénéfices secondaires restent mineurs par rapport à l'abus qui est exercé sur nous. Ou encore, nous nous illusionnons sur les bénéfices secondaires. Les bénéfices secondaires, au niveau individuel, peuvent être financiers, affectifs, par exemple. Ils peuvent consister à éviter la solitude, maintenir un statut, garder une emploi, éviter un échec, préserver des tiers, etc.

Les rapport de force sont plus systématiques dans certains types de relations. Ils sont fréquents ou omniprésents dans les relations entre hommes et femmes, mais sont aussi très prégnants dans les relations patient-médecin, et dans nombres de professions libérales où, bien que le client soit celui qui paye, il n'est en rien le roi dans la transaction et doit se soumettre aux injonctions du professionnel. D'autre part, l'âge, le genre, la religion, la couleur de peau, la culture, la langue, le niveau socio-professionnel (c-à-d : le salaire et les signes de richesse, la profession, le grade professionnel, le niveau d'étude) ; sont tous des marqueurs sociaux qui vont favoriser l'utilisation d'une forme de domination ou à l'inverse engendrer des formes de soumission ou de rébellion.

Certains types de personnalités comme la perversion narcissique sont fondés sur toutes les ambiguïtés des rapports de domination. Les relations équitables ne sont jamais envisageables avec les personnes construites sur ce modèle.

Lorsque l’on devient capable de repérer dans nos relations, dans notre environnement, dans la société, dans l’actualité tous ces rapports de force omniprésents, et que l’on est conscient des conséquences néfastes que la plupart d’entre eux engendrent. Lorsque l’on devient capable de faire les liens entre tous les dysfonctionnements qui nous entourent à tous les niveaux, et ces mêmes rapports de force : cela force à se poser des questions. Le seul moyen de ne pas rester impuissant devant cette situation, est de comprendre que nous n’avons aucune prise pour « changer les autres ». Notre seul potentiel face à ce constat, est de chercher ce qui chez nous-même, nous amène à fonctionner dans le rapport de force.

Donc, pour rendre plus visible les rapports de force auxquels nous participons, cela nécessite, dans un premier temps, de mieux se connaître soi-même. Et cela exige de faire un grand pas du côté de l'humilité. Il est nécessaire de reconnaître que nous fonctionnons à 95% de manière automatique et que notre libre arbitre est dès lors réduit à presque rien, sauf, ...

Sauf si nous apprenons à récupérer notre attention sur le moment présent, si nous apprenons à observer nos réactions conditionnées, impulsives, inconscientes, et que nous rééduquons chacune de nos connexions neuronales dans la direction de nos intentions, en déconditionnant les réactions indésirées pour les remplacer par des comportements choisis et constructifs, qui, avec le temps, pourront devenir spontanés et naturels, tout comme l'étaient nos anciens comportements. C'est ce que nous allons aborder dans les chapitres qui suivent.

Accrochez-vous !

b - Rapport de force versus empathie - les deux facettes de l'être humain d'aujourd'hui

 

i Ambivalence des comportements

 

Nombre de rapports de force ont leur source dans des réactions impulsives, qu'elles soient verbales ou non verbales, tant pour les comportements dominateurs que pour les comportements de fuite, de rébellion ou de soumission, voire encore de recherche d'une aide tierce pour retrouver du pouvoir.

Avant d'être en mesure de quitter le rapport de force il sera donc nécessaire d'aller regarder du côté de nos attitudes mentales qui sont à l'origine de son utilisation si fréquente.

Car l’esprit humain ne fonctionne pas de manière linéaire. Il fonctionne un peu comme si notre mental pouvait souffler le chaud ou le froid selon notre humeur ou en fonction des circonstances.

La variabilité de nos comportements fait partie de notre nature humaine. Et nous les manifestons principalement en fonction de deux orientations assez antagonistes. En effet, dans certaines situations nous aurons tendance à être bienveillants, respectueux, généreux, sensibles à autrui. Dans d’autres, nous aurons la tendance inverse, à laisser nos conditionnements et nos pulsions - par la voie de nos émotions, et parfois celles de nos apprentissages - dicter nos comportements aveuglément ; ce qui nous rendra égoïstes, revendicateurs, aveugles à la détresse d’autrui et en recherche de plaisirs de manière insatiable, au point parfois d'utiliser autrui ou de lui faire du tort - consciemment ou inconsciemment - afin de combler nos désirs.

Dès lors, bien que nous soyons tous capables de témoigner de l'empathie, nous n'avons jamais la garantie de pouvoir nous maintenir dans une attitude de bienveillance en toutes circonstances.

Un autre facteur important qui sert de baromètre pour orienter nos choix de comportements plus altruistes ou plus impulsifs est déterminé par la frontière que nous posons chacun entre l'entourage qui peut bénéficier de nos comportements bienveillants, et d'autres personnes pour lesquelles nous ne sommes pas prêts à témoigner de l'empathie, voire même du respect. En effet, pour de nombreuses personnes une des frontières entre l’attitude bienveillante et l’attitude individualiste se situe entre les membres de la famille et ceux qui y sont extérieurs, voire entre un entourage plus large et les inconnus, ou encore, entre les gens de notre milieu social, ou qui partagent notre culture, ou notre religion, ou encore notre langue, notre aspect physique, et "les autres".

Cette indifférence envers les inconnus, ou "les autres" est par exemple concrètement utilisée dans le travail journalistique pour juger de l'importance à accorder à des événements de l'actualité. 10 morts au pays, sont plus importants que 100 ou 1000 morts à l'autre bout du monde. On appelle même cela la loi du mort-kilomètre ou loi de proximité.

[Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_proximit%C3%A9]

Et cela ne se limite pas à la distance. L'identification culturelle, voire ethnique, joue elle aussi un rôle. Les morts aux USA, en valeur journalistique vu d'Europe occidentale, sont nettement plus importants que les morts en Afrique ou en Asie. Il s'agit d'une forme de racisme que nous avons tous intégré inconsciemment et qui illustre le fait que les inconnus ou les personnes différentes ou lointaines ont droit à beaucoup moins d'intérêt, de respect à nos yeux.

L'arrivée de la communication par écran interposé met également en évidence la différence d'égard que l'on donne à nos interlocuteurs. Dans les réseaux sociaux, les forums, et autres moyens de communications où l'on ne fait pas face directement à l'interlocuteur ; quand on ne voit pas son visage, ou quand la communication n'est pas en direct ; le niveau de respect entre personnes qui communiquent peut très vite se dégrader. Les rapports de domination, le bashing, le harcèlement sont devenus des dérives très communes sur le net, car la conscience de l'autre, par écran interposé, est très faible, empêche l'empathie, et favorise la perte de contrôle sur les pulsions.

En d'autres termes, et en caricaturant (mais pas forcément) : nous sommes capables de nous montrer indulgents ou de faire des efforts pour la famille, les amis, parfois les collègues, ou plus largement, ceux que nous reconnaissons appartenir grosso modo à notre caste. Et à l'inverse, nous attachons nettement moins d'importance aux inconnus qui croisent notre chemin, au point même parfois d'être totalement indifférents au fait de les incommoder par notre attitude. Et si certains de nos conforts sont manufacturés par des inconnus de l'autre bout du monde, qui sont traités comme des esclaves ; nous ne voulons tout simplement pas le savoir, tant que ces conforts nous tombent entre les mains.

La frontière de cette indifférence varie d'un individu à l'autre. Pour certains, l'égoïsme, le manque d'égard, voire le mépris sont présents même dans le cadre familial. Et à l'inverse pour d'autres, plus rares, souvent influencés par un cheminement spirituel ou une religion - et dans ce cas, selon leur niveau de piété - la bienveillance reste incontournable même avec les inconnus, les étrangers, voire même les ennemis.

Et chez une même personne, les comportements peuvent encore varier dans la durée selon ce qu'elle vit, son niveau de stress, sa situation familiale ou professionnelle du moment, son état de santé, etc.

Ce sont : notre milieu, notre éducation, le soutien que nous recevons ou non de notre entourage, nos expériences passées, et nos conditions de vie, qui vont nous modeler et déterminer nos réactions à l'adversité en favorisant ou non nos comportements de bienveillance ou à l'inverse nos comportements prédateurs, voire encore une tendance à la soumission et au silence.

Et quelle que soit la prégnance de chacune de ces attitudes dans notre vie, lorsque des situations déclencheront le réveil d'émotions liées à des problèmes passés, résolus matériellement mais non résolus psychologiquement - ce que nous connaissons tous - nous retomberons dans des comportements de type survie, et donc, sans capacité à l'empathie, et sans généralement en comprendre la raison, car tout cela a son origine à un niveau inconscient.

- l'attitude face aux inconnus

En réalité, à la base, quand nous sommes face à des inconnus, nous ignorons totalement leur état d'esprit, leur mentalité, leur facilité à entrer dans les rapports de force, ou à l'inverse, à témoigner de l'altruisme.

Dans des grands ensembles urbains (où vit la majorité de la population mondiale), c'est l'anonymat qui prime dans les interactions entre citoyens. Il y est donc difficile d'établir des relations de confiance entre individus, excepté dans un cercle fermé assez réduit.

Dès lors, en fonction de notre éducation, et de notre contexte de vie que nous percevons comme apaisant ou insécurisant ; la méfiance et/ou l'égoïsme peuvent être, ou non, au rendez-vous face aux inconnus, face aux personnes que nous jugeons "différentes" et face aux personnes que nous connaissons relativement peu.

Et les attitudes de méfiance favorisent le repli sur soi et la défense de nos intérêts en premier ; c'est-à-dire des relations qui se déroulent dans des cadres de rapports de force.

Dans ces circonstances, afin d'éviter le recours intempestif à l'agressivité ou aux abus de pouvoir, chaque culture a créé des codes afin de protéger les relations entre individus qui ne se connaissent pas ou se connaissent peu. La politesse, la bienséance, le savoir-vivre permettent d'aborder des inconnus en évitant le plus de malentendus possibles, et en rassurant chacun sur la bonne foi de façade de son ou ses interlocuteurs. Cette couche de comportements codifiés permet de huiler tout début de relation, ou toute communication fortuite et/ou passagère. Cela permet de raréfier les dérapages ou les conflits.

L'utilisation de ces codes peut varier fortement selon la culture, la personnalité, l'éducation, le milieu social. Côtoyer des personnes qui utilisent le même code met nettement plus à l'aise. Il est donc nettement plus simple pour la majorité des gens, de côtoyer des gens du même milieu.

Les personnes dominantes, plus extraverties, plus âgées, ou plus habituées à voyager ou fréquenter des milieux très différents, manifesteront nettement plus de liberté et d'aisance dans leurs comportements sociaux envers des inconnus.

A l'inverse, les personnes plus timides, soumises, réservées, et/ou qui sont habituées à rester dans un milieu plus restreint, auront nettement plus de difficultés à rencontrer des personnes de milieux différents, et seront plus enclines même à vouloir s'en protéger.

Les enfants, adolescents et les jeunes peuvent quant à eux se montrer plus rebelles dans l'utilisation des codes, tant que leur expérience ne leur a pas démontré leur pleine utilité.

Actuellement, ces codes se sont nettement détendus. Les personnes obséquieuses se raréfient, et la rudesse devient plus fréquente. La communication via email, SMS et autres moyens digitaux nous invite à abréger les formules de politesse. Comme le nombre de messages écrits est multiplié exponentiellement par rapport à l'époque des machines à écrire et du papier carbone, il est devenu fastidieux en effet de s'encombrer de formules qui préviennent les malentendus et qui arrondissent les angles. On ne salue plus, on ne signe plus, on s'exprime de manière brute, la plus courte possible, sans trop s'enquérir de comment le message pourra être perçu. Et dans les échanges, comme on reçoit à peu près autant de messages qu'on en envoie (en moyenne en tout cas), on s'accoutume à communiquer de manière de plus en plus abrupte, et cela déteint bien souvent sur la communication orale. Je précise que le "on" ne concerne pas tout le monde. Car il existe un attitude inverse qui se répand elle aussi, de se montrer sincèrement plus courtois avec les inconnus, une manière sans doute de contrecarrer l'absence d'humanité qui s'installe de plus en plus souvent dans la rue, les magasins, l'administration, etc.

Comme déjà mentionné, à cela s'ajoute le fait que communiquer avec des inconnus par écrans interposés, stimule les comportements puérils, sadiques et primitifs, tels que le bashing, le harcèlement, l'agressivité, l'indifférence, l'ignorance de l'autre, le machisme, etc. Car face à l'écran, on perd la conscience qu'il y a une ou des personnes envers qui on s'exprime, et l'interlocuteur devient alors bien plus une poupée, un jouet sur lequel se défouler.

Les conflits et jeux de pouvoir sont donc nettement plus vite atteints.

Et dans les contacts directs, même lorsque l'on maintient des règles de bienséance ; celles-ci ne peuvent pas toujours éviter les irritations, les désaccords et même les conflits.

A nouveau, selon le caractère, chacun va y réagir de manière plus abrupte ou plus subtile. Face à une contrariété, avant de montrer ostensiblement de l'agacement, voire de l'agressivité, certains vont se montrer indulgent, d'autres soumis, d'autres encore vont forcer les codes et devenir obséquieux, d'autres encore vont s'engager dans de longs palabres, ou jouer la carte de l'hypocrisie, voire se défiler ou lâcher prise sans plus réellement prêter attention à la situation.

Et malgré les masques, nos émotions vont bien souvent dévoiler notre état d'esprit, et ce seront les expressions de notre visage, le timbre de notre voix, la direction du regard, notre gestuelle et notre posture qui parleront à notre place. Et ce langage non verbal, émis inconsciemment, sera compris, inconsciemment aussi, par l'interlocuteur.

L’agressivité ouverte entre inconnus dans les contacts directs est peu fréquente, mais pas rare pour autant.

Et lorsque les interactions sont relativement fluides, la politesse ne gomme pas les barrières sociales. Selon le rôle professionnel des individus, leur niveau de richesse, la taille des diplômes ou des grades, mais également leur origine ethnique, religieuse, linguistique ; les jeux de pouvoirs seront plus ou moins prégnants. Certains ont plus intérêt que d'autres à choisir la souplesse ou la soumission, d'autres, protégés par leur richesse, leur statut, leur assurance, leur âge, considéreront comme évident de se montrer fermes et exigeants. Côté professionnel : patrons, commerçants, policiers, secrétaires, médecins, hôtesses par exemple, ont chacun des rôles bien particuliers à jouer. Les uns vont imposer leur loi, les autres, à l'inverse ont intérêt à se montrer convaincants ou agréables et d'autres encore, soumis. Et en ce qui concerne les origines, bien que des lois tentent de réguler nos comportements vers plus d'égalité ; notre culture implicite véhicule malgré tout énormément de préjugés et mène à de nombreuses discriminations.

- l'attitude face à l'entourage

Notre entourage proche sera plus souvent épargné par cet aspect méfiant et égoïste ou indifférent qui peut se manifester face à des inconnus, si des liens affectifs existent et si une confiance s'est construite. Par contre, les règles de la bienséance vont se détendre au fur et à mesure que les relations sont plus proches ou intimes. Et dans ces cas, même si la confiance est plus grande, en cas de conflit, le risque d'agressivité et de violence peut rapidement augmenter si nous n'avons pas appris à gérer nos émotions. Et pour beaucoup aussi, même les relations avec les proches se feront dans un esprit de rivalité fréquente ou continuelle, de compétition, de jeux de pouvoir. Le jugement, la pression sociale, les disputes, l’agressivité et même la violence physique et psychologique sont monnaies courantes dans beaucoup de familles. Et cela existe aussi dans les amitiés et relations de couple, ainsi que dans certains milieux professionnels.

Beaucoup de jeux de pouvoir se jouent en effet entre personnes qui se considèrent égales et bienveillantes entre elles (amis, couple, fratrie, collègues de même grade, ...) car à un niveau psychologique, et inconscient : cette égalité est inexistante.

En effet, beaucoup de relations amicales ou courtoises en apparences, sont en réalité compétitives, ne fut-ce que en partie. Les gens se mesurent à leurs compagnons de vie. Certains le font par le discours, d'autres par leurs performances physiques, d'autres encore par leur niveau d'agressivité, certains encore par leur humour, et le moyen le plus courant reste souvent le statut social et les signes de richesse pour paraître mieux que les autres (mode, apparence physique, goûts, intérêts, possessions, etc.).

Afin d'éviter les conflits, les jugements et incompréhensions, les pressions sociales, la marginalisation ou l'ostracisme, beaucoup de gens vont adopter le conformisme tout en tentant d'élever leur statut social. Il s'agit dès lors d'une soumission à des règles implicites en échange d'une intégration sociale pas forcément garantie ou satisfaisante.

Il arrive fréquemment aussi que nous témoignions d'attitudes différentes quasi en même temps, en fonction de l'interlocuteur et du type de relation qui nous lie à l'un ou l'autre : bienveillance dans le privé, tyrannie au travail, par exemple, ou l'inverse. Ou selon les personnes : harcèlement et violence en famille et séduction et altruisme entre amis.

- Un interrupteur dans la tête et l'apprentissage de stratégies pour y remédier

Nous venons de le voir, nous ne réagissons pas de la même manière face à des inconnus ou face à notre entourage - quelle que soit l'amplitude de cet entourage. Devant les premiers nous endossons le costume de la politesse qui va polir les interactions et pourra éviter la plupart des frictions, ou, à tout le moins, ne pas trop les laisser paraître.

Il faudra donc que l'émotion soit assez forte pour la laisser paraître devant des inconnus, alors que nous exprimerons nos émotions naturellement nettement plus facilement face à nos proches, et de manière variable selon le milieu social.

Remarque : avec des différences cependant entre hommes et femmes par exemple, où pour les premiers subsiste encore aujourd'hui une interdiction tacite de pleurer, et pour les secondes persiste une forte pression sociale pour la retenue par rapport à la colère.

Et, lorsque nos comportements sont soumis à nos émotions négatives, nous serons alors plus impulsifs que réfléchis. Plus la taille de l'émotion sera importante, plus l'impulsion prendra le dessus. Et mieux nous connaîtrons la - où les - personne-s en présence, plus facilement nous lâcherons le contrôle et laisserons le champ libre à l'émotion, et aux comportements qu'elle génère. Quand nous serons pris dans la tourmente, nous perdrons en partie le contrôle de nos intentions, et presque totalement celui de notre volonté. En ce sens que nos attitudes seront bien plus fonction d'automatismes ou de réflexes ; qu'elles ne seront pas choisies dans la sérénité ; qu'elles pourront très fort fluctuer dans le temps ; et seront bien plus rarement adoptées dans une perspective orientée sur le long terme. Car l'objectif inconscient sera d'apaiser la souffrance et l'urgence qu’aura génère l'émotion du moment : peur, colère, honte ou culpabilité (pour les plus courantes).

Lorsqu'une situation déclenche l'apparition d'émotions fortes et vécues négativement - et cela varie pour chaque individu - c'est comme si un interrupteur avait été actionné. Notre cerveau passe sur un autre mode de fonctionnement. Et cela se passe inconsciemment.

Et la répétition de situations similaires peut créer une automatisation de ce mécanisme, qui peut, avec le temps se complexifier en passant par des stratégies de comportements pour parvenir à calmer l'émotion.

Et tant que nous ne sommes pas conscients, tant du mécanisme, que des stratégies qui se sont construites pour y faire face, nous ne pourrons rien changer à nos réactions. De plus, l'éducation, l'expérience et l'influence de l'environnement social peuvent nous induire à les utiliser et à en faire des habitudes de comportement, que nous utiliserons même en l'absence d'émotions difficiles. Et enfin, le fait de disposer de moyens à notre portée : l'argent, le statut social, le savoir, etc. ; va faciliter l'utilisation de ces stratégies. La manipulation, le chantage affectif, sont des exemples de stratégies de comportements qui se construisent à partir de ces émotions, mais qui, au fil du temps, finissent par être utilisées sans forcément la présence de ces émotions. Car le comportement lui-même permet de devancer l'arrivée de l'émotion, et donc de l'éviter.

Dans le cadre de la communication digitale, se greffe un aspect supplémentaire. Lorsque nous recevons un message qui nous déstabilise, nous irrite, voire nous agresse ; nous n'avons pas toujours le moyen de réagir dans l'immédiat, ou du moins de pouvoir rectifier la direction de la communication dans l'immédiat. Alors que cela est instantané dans la communication directe, où on peut ainsi éviter rapidement des malentendus ou aplanir un différend, et donc s'épargner des émotions difficiles liées à l'incompréhension, les malentendus, les inquiétudes et questionnements etc. Cet aspect mène souvent à nourrir bien plus longtemps des émotions désagréables, et à installer sur la durée des automatismes émotionnels nuisibles.

Plus loin encore, dans certains cas, ce ne seront même plus nos pulsions qui seront directement la source de nos attitudes agressives, destructrices ou dominatrices, mais bien nos conditionnements et apprentissages qui nous y mèneront. Dans l'armée, par exemple, on apprend à gérer les pulsions, ou plutôt à les dénier ou brimer, au plus fort de l'action, mais on apprend aussi à tuer pour la patrie, et pour ce faire, des formations seront dispensées aux soldats et officiers. Et de nombreux métiers dans notre société sont le fruit d'un apprentissage de la domination, qui, dans certains cas, finira par permettre des situations d'abus d'autorité, de maltraitance ou encore de harcèlement, qui ne seront plus tout à fait, voire plus du tout dictés par nos impulsions, mais bien par un apprentissage. Le fait de naître dans le genre masculin, par exemple, mène presque inexorablement à adopter des comportements dominants avec les femmes. Selon moi c'est totalement culturel et non hormonal comme on tente encore de nous le faire croire, pour bien essayer de maintenir tout ce qui a toujours bien marché pour ceux qui en sont les bénéficiaires.

Le mansplaining, la galanterie, le fait d'interrompre le discours, celui de ne pas donner la parole, de mettre devant le fait accompli, etc. sont par exemples, des comportements qui sont en moyenne nettement plus utilisés par les hommes envers les femmes, qu'ils ne le sont entre hommes, entre femmes, ou par les femmes envers les hommes. Or cela n'a rien d'inné, mais est appris, en partie via l'éducation, mais surtout par mimétisme, dans une culture où tous les hommes pratiquent ces comportements, et où toutes les femmes les subissent sans presque broncher, ou en se rebellant mais sans effet. Si ce recours aux rapports de force implicites était vraiment naturel, les hommes les pratiqueraient nettement plus entre eux, or ce n'est clairement pas le cas, chacun peut l'observer.

Toujours est-il que, face à l'adversité, lorsque nous sommes dans des situations qui éveillent (ou menacent d'éveiller) nos réflexes émotionnels dans les registres principalement de la peur et de la colère ; nous adopterons des attitudes égoïstes qui consistent à tenter d'exercer du pouvoir sur les autres, ou à l'inverse, si nous ne disposons pas du pouvoir ; de rester soumis et obéir aveuglément comme des moutons sans nous poser de questions.

On peut appeler cela notre part d’ombre.

Nous sommes tous atteints d’une manière ou d’une autre par ce double mode de fonctionnement - altruisme/égoïsme - mais chacun dans des proportions différentes, selon nos conditions de vie.

Et cette ambivalence qui nous correspond fonctionne comme un interrupteur : lumière - obscurité. Nous fonctionnons sur des bases plus saines tant que rien ne vient titiller nos réactions plus primitives. Nous sommes alors dans la lumière, parfois la pénombre, mais nous ne sommes pas aveuglés par nos réactions qui nous contrôlent et contrôlent notre volonté.

Et dès que l'interrupteur est actionné, nous perdons une grande partie du contrôle (même si nous le dénions), et tous nos rapports à la réalité deviennent basés sur les jeux de pouvoir : dominants ou dominés. Tant que l'on n'est pas conscient qu'il existe un tel interrupteur dans notre mental, qui met nos fonctions corticales au service de notre cerveau émotionnel ; tant que cette conscience-là n'est pas éveillée, nous serons impuissants à changer les choses autour de nous. Et il est fondamental de le comprendre. Car c'est l'incidence de cet aspect, que nous vivons tous, qui est à l'origine de la presque totalité des dysfonctionnements dans nos sociétés et qui rend désormais possible à l'espèce humaine de s'autodétruire.

Chaque fois que nous tentons de résoudre un problème et qu'un rapport de force, induit par nos émotions ou nos conditionnements, est à l'œuvre, nous courons un risque très important de choisir une solution inadaptée ou éphémère, qui obligera de reconsidérer le problème plus tard ; ce qui retarde les vraies solutions et maintient le rapport de force. Et cela a très souvent des conséquences nuisibles, soit pour les personnes concernées par le problème, soit ailleurs. Peu importe l'origine du rapport de force.

Et tout le monde est concerné, à toutes les échelles. Et en ce sens, tant que nous n'aurons pas tous atteint la capacité de gérer nos émotions envahissantes et pris conscience de nos conditionnements - afin d'emprunter d'autres types de comportements qui excluent le rapport de force - nous répéterons l'histoire. Or la répétition de celle-ci nous condamne à moyen terme.

Ainsi, notre humanité à chacun est toujours potentiellement hypothécable dès lors que certaines circonstances sont susceptibles d'éveiller nos réflexes de survie et nos attitudes défensives.

La différence fondamentale qui peut impacter, tant nos vies individuelles que la vie collective et la vie sur la planète, se situe au niveau de la conscience même de l'existence de cet interrupteur. Et cette conscience va générer une nouvelle aptitude à observer ce qui se passe quand la lumière a été éteinte, ou, imagé autrement, quand le verre d'eau et de vase a été secoué. Et de fil en aiguille, cet entraînement va permettre d'acquérir, avec le temps, la capacité de calmer le jeu dans ces moments, en refusant de poser des actes. Il s'agit d'un bouleversement de la conception de notre individualité, de notre réalité, de notre pouvoir sur la vie, où pas mal de références s'inversent.

Devenir capable de garder l'interrupteur sur la lumière, de manière la plus stable possible, nous donne un pouvoir énorme pour nos actions sur notre réalité tant intérieure qu'extérieure, sans exercer de pouvoir de domination sur les autres, et sans subir le leur. Et cela-même nous permet de rayonner bien plus loin qu'on ne peut l'imaginer. Il s'agit de la transformation de la chenille en papillon. Notre mode de fonctionnement est totalement différent lorsque l'on a fait ce chemin.

ii Le moment de bascule

 

Allons donc regarder ce qui se déroule lorsque une émotion nous entraîne dans la négativité et vient court-circuiter la bienveillance de nos comportements.

Lorsque survient une situation critique avec un ou des interlocuteur(s) : agacement, irritation, conflit, malentendu, désaccord ; notre réaction variera selon le type de relation qui nous lie, mais aussi en fonction du statut social de chacun des protagonistes, ainsi qu'à la propension de chacun à agir dans le registre de la domination, de la soumission, de la rébellion, de la victimisation, ou de la coopération.

- Face aux inconnus

Lorsque nous ne connaissons pas ceux qui nous font face, et que survient une contrariété, nous allons en général éviter l'agressivité, mais pas forcément le rapport de force. L'usage de la politesse, de l'obséquiosité, de l'hypocrisie même parfois, peuvent aider à tenter de dépasser un désaccord ou un conflit qui surgit, en tentant de maintenir la communication, voire de coopérer et de se montrer indulgent.

Mais ces attitudes peuvent aussi s'accompagner d'une réaction non verbale en contradiction avec ces codes, qui peut se manifester par le ton de la voix, le débit des paroles, le choix des mots, les expressions du visage, la gestuelle ; qui vont laisser paraître l'agacement, l'impatience, la condescendance, le déni, l'indifférence, une volonté d'exercer de l'autorité. Les protagonistes n'en seront qu'en partie conscients, mais cela définira pourtant bel et bien le rapport entre les personnes impliquées.

Et plus cette partie non verbale se joue inconsciemment, plus les jeux de pouvoir impliqués dans l'interaction entreront dans le domaine de la manipulation. Les plus doués en la matière peuvent se montrer affables et bienveillants en apparence, tout en exerçant un pouvoir sur l'interlocuteur sans que celui-ci en soi réellement conscient. Cela consiste à exercer un pouvoir sur une personne en parvenant à la fois à éviter le conflit, et à ce que cette dernière ne se sente pas soumise.

Les conflits entre inconnus sont en majorité mineurs, temporaires. Ils peuvent être évités ou contournés grâce à la politesse, et passent rarement au niveau de l'agressivité.

Si ces conflits se révèlent plus importants et/ou durables, ils sont en général réglés via l'intervention de tiers : la police, une institution ou association qui peut faire autorité, une médiation ou encore la justice.

- Face à l'entourage

A l'inverse, lorsque l'on connaît mieux la personne avec qui se joue une situation qui éveille des contrariétés, la protection de façade qu'exercent les codes de politesse entre inconnus n'est en général plus d'application, et ne pourra plus protéger d'une potentielle agressivité ouverte.

Chacun réagira différemment. Dans la sphère privée, quand les portes sont closes, tout peut se jouer. Quand le conflit est intense et répété, l'agressivité peut être manifestée verbalement et/ou physiquement. Mais cela n'est pas généralisé, car certains ont appris à communiquer, à gérer leurs émotions, leurs pulsions, à mesurer leurs mots, et dès lors à éviter la plupart du temps la violence dans les relations et à parvenir à dépasser les conflits.

Mais l'éducation ne fait pas tout. Dans certaines circonstances, la mémoire de nos expériences du passé peut être subitement ravivée par les événements du moment présent, et nous amener à retourner à des comportements bien plus instinctifs où nous perdons le contrôle. Certains baignent continuellement dans ces ambiances. D'autres en ignorent pratiquement l'existence.

Et en dehors des conflits ouverts, il peut exister une multitude de petites frictions créées par la répétition du quotidien, et qui mènent vers des rapports de force plus implicites, où des jeux de domination, soumission, vengeance, fuite, sont installés durablement. Et l'on peut ainsi aussi voir se jouer des scénarios à plusieurs où par exemple le patron inflige son diktat à son employé qui s'y soumet, et qui vient à son tour exercer du pouvoir sur sa femme à la maison, qui elle, le reporte ensuite sur les enfants.

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Table des matières

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Remarque préliminaire

INTRODUCTION

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PREMIÈRE PARTIE : POSER LE PROBLÈME – QUE SE CACHE-T-IL DERRIÈRE LES MOTS DE L'ARGENT ET DU PROFIT

A) INTRODUCTION

B) RICHESSE ET PAUVRETÉ FONCTIONNENT PAR VASES COMMUNICANTS DE MANIÈRE SYSTÉMIQUE

C) L'ARGENT - LES RÔLES INDIRECTS ET DÉTOURNÉS QUI LUI SONT ATTRIBUÉS

1. Moyen de subsistance, et bien au-delà

2. La reconnaissance et son exploitation commerciale

3. L'argent n’est pas neutre – pouvoir et autres dérives

4. L’argent donne un statut

D) LE CONCEPT DE PROFIT ET LES VALEURS QUE CELA SOUS-TEND

1. Profit équitable ou profit abusif

2. L'indécence des dividendes - quelques données chiffrées

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E) LES CONSÉQUENCES DU PROFIT ET DES RÔLES INDIRECTS DE L'ARGENT

1. Les conséquences matérielles de l'appât du gain

a - les dérives dans l'industrie : quand la fin justifie tous les moyens

b - Répartition inéquitable de l'argent - Les écarts de richesses

2. la classe la plus riche, de loin la plus destructrice

3. A l'autre extrême de l'échelle de la richesse, on meurt par millions, dizaines de millions, centaines de millions

4. C'est la richesse extrême des plus riches qui maintient la mortalité par millions des plus pauvres

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F) LES CONSÉQUENCES DE L’APPÂT DU GAIN SUR LES MENTALITÉS

1. La survie ou l'avidité

2. L’argent corrompt et pervertit

3. La course pour grimper vers plus de richesses

4. La complaisance des consommateurs

5. La violence

G) LES CROYANCES IMPLICITES CONCERNANT L'ARGENT

1. L'argent doit être une ressource limitée

2. Il faut travailler pour gagner sa vie

3. Les gens riches sont plus heureux

4. La richesse se mérite, donc implicitement la pauvreté aussi

5. Il faut travailler dur pour bien gagner sa vie

6. L'argent gonfle tout seul

7. L'augmentation du coût de la vie, l'inflation, la dévaluation de la monnaie

8. Être riche ne nuit à personne

9. En économie, ce qui est légal est moral

10. L'économie c'est une science, complexe - il faut se fier aux experts

11. Ce sont les politiques qui détiennent le pouvoir

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12. La croissance est bonne pour l'économie

a - Effet logarithmique de la croissance

b - Empreinte écologique et jour du dépassement

c - Démographie

H) LES PRINCIPAUX VÉHICULES DE LA CULTURE DU PROFIT

1. La publicité

2. Les médias de l’information

3. Les réseaux sociaux

4. Les médias du divertissement et en particulier, la télévision

5. La domination masculine

6. La culture et l'éducation

I) L'IMPLICITE ET L'EXPLICITE

J) CONCLUSION

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DEUXIÈME PARTIE : PREMIÈRES IDÉES DE SOLUTIONS : Découpler le travail et l’argent – découpler l’argent du profit

A) INTRODUCTION

B) LES ALTERNATIVES QUI RESTENT A LA MARGE

1. Nous ne sommes pas encore prêts

2. Les solutions font encore partie du problème

C) ABANDONNER NOS CROYANCES SUR LA CROISSANCE, ET BOULEVERSER LA LOGIQUE DE L'EMPLOI

D) DÉCOUPLER TRAVAIL ET ARGENT - L'ALLOCATION UNIVERSELLE

1. Moins de travail à pourvoir

2. Créer la motivation à travailler

3. Conception du travail

4. Financement de l'allocation universelle

5. L'allocation universelle donnerait du pouvoir à ceux qui actuellement n'y ont aucunement accès

E) DÉCOUPLER L'ARGENT DE LA RECHERCHE DE PROFIT

1. Créer une économie qui n'est plus régie par l'argent

- Le rôle des initiatives citoyennes

2. Une seule initiative et l'effet boule de neige

3. Construction de la nouvelle tour

4. Quelques exemples de changements concrets à venir dans la société

a - La démocratie participative

b - Le pouvoir politique se transformera et reprendra du pouvoir face au pouvoir économique et financier

c - Bourse fermée

d - Disparition des impôts

e - Les entreprises démocratiques se multiplieront, voire se généraliseront

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F) DIMINUTION DU RÔLE DE L'ARGENT

1. Evolution des mentalités

2. Le vrai rôle que devrait avoir l'argent

a - Réduire l'utilisation et le rôle de l'argent

b - Apprendre à échanger sans compter

c - La diminution de l'importance de l'argent dans nos vies

TROISIÈME PARTIE : LE CONTEXTE DU CHANGEMENT

A) AU NIVEAU POLITIQUE

B) AMENER LE VIRAGE POLITIQUE VIA LES MOUVEMENTS CITOYENS

C) BALANCE A PLATEAU : ALLER VERS L'ALTERNATIVE

D) NOS PETITS PAS INDIVIDUELS SONT CAPABLES DE GÉNÉRER DE GRANDES MARRÉES CITOYENNES

E) PROFILS DE CITOYENS : LES CONDITIONS POUR CHANGER

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QUATRIÈME PARTIE : LE CHANGEMENT DU NIVEAU DE CONSCIENCE

A) INTRODUCTION

B) LA NÉCESSITE DE PERCEVOIR L'IMPORTANCE DE L’ÉVOLUTION INDIVIDUELLE D'UNE PART IMPORTANTE DE LA POPULATION

1. Qui est en premier concerné

a - Les plus riches

b - Les plus pauvres

c - La classe moyenne

2. De quel changement individuel parle-t-on : tout d’abord, dans le concret

a - La responsabilité d’agir même si on est seul à le faire

b - Et si la notion de goutte d'eau dans l'océan s'avérait totalement fausse ?

c - Cesser de leur donner du pouvoir

d - Liberté - autonomie - solidarité

3. Au-delà des modifications de comportements citoyens ou de consommateur : l'élévation du niveau de conscience

a - Conscience et information

b - Conscience et technologies

c - Conscience et solutions nouvelles

d - Dénouer les nœuds qui sont dans nos têtes

e - Changer la couleur de nos lunettes : changer notre mode de pensée

f - Bousculer l'édifice de nos croyances

g - Saut d'évolution de l'humanité

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4. Dépasser les freins au changement :

a - Sous hypnose : nos doutes, notre passivité, notre conformisme, notre lâcheté

b - Syndrome de Stockholm

c - La difficulté d'aller à contre courant – la soumission à l’autorité de Milgram

d - Mettre des mots sur ce qui est implicite afin d’en éviter les incohérences

e - Quitter notre mentalité va nous faire peur

f - Le choix du pessimisme sous prétexte de réalisme

CINQUIÈME PARTIE : LES DEUX PILIERS PRINCIPAUX DU CHANGEMENT : Privilégier les raisons du cœur au raisonnement cartésien et lâcher le rapport de force

A) QUAND NOS SOLUTIONS MAINTIENNENT LE PROBLÈME TOUT EN LE RENDANT MOINS VISIBLE

B) PRIVILÉGIER LES RAISONS DU CŒUR AU RAISONNEMENT CARTÉSIEN

1. Introduction

2. Nous supposons à tort que toutes nos pensées sont rationnelles par essence (excepté dans la folie ou lors de certains dérapages)

3. Prendre notre rationalité pour seule référence , seul repère, comme seule valable, seule efficace, ...

4. Notre recours à la rationalité nous mène souvent en bateau : une atèle sur une jambe de bois

5. Une solution qui ne porte pas - toute rationnelle qu'elle puisse être - n'est pas une solution

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6. Un enseignement qui reflète tout notre système de pensée rationnelle et ses failles, dans un cadre éducatif qui fait souvent défaut

7. La fiabilité relative du raisonnement scientifique de l'expert - un regard sur le réchauffement climatique

8. Notre incapacité à gérer correctement nos découvertes et inventions scientifiques

9. De nouvelles références pour guider nos choix

C) LÂCHER LE RAPPORT DE FORCE

1. Introduction

2. Le rapport de force

a - En quoi consiste le rapport de force ?

b - Lâcher le rapport de force

c - Nous fonctionnons dans le rapport de force comme nous respirons

d - Les enjeux du rapport de force ou de son absence

e - La violence n'est jamais loin du rapport de force, la non-violence non plus

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f - Comment les rapports de force imprègnent toutes nos conceptions

i La mentalité basée sur le rapport de force

ii Notre incapacité à envisager les conflits en dehors du rapport de force

iii Une société de dominants et de dominés : le rapport de force est partout

iv La soumission

v La désignation d'un fautif

vi rapport de force et confiance en soi

vii rapport de force et libre arbitre

g - Comment les rapports de force définissent notre vie sociale et nos dépenses

i Les comportements, références et marqueurs sociaux résultants de la prégnance généralisée des rapports de force

ii Les sphères d’influence sociales, culturelles et commerciales

iii Rapport de force dans le cadre professionnel

iv Rapports de force et monde virtuel – école de narcissisme

v rapport de force et voiture

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vi Rapports de force, consommation, et recherche de profit sont foncièrement et intrinsèquement liés

- les comportements de survie

- les comportements d'avidité

- notre complaisance

- les comportements de compétition

- les comportements d'exigence

- les comportements de défense de nos privilèges

- les rapports de force ne sont jamais loin de nos comportements de matérialisme et de notre cupidité

vii quitter le rapport de force mène à se désintéresser des richesses et de la consommation

h - Rapport de force à l'échelle collective

3. Connaissance de soi : notre part d'ombre

a - Introduction

b - Rapport de force versus empathie - les deux facettes de l'être humain d'aujourd'hui

i Ambivalence des comportements

- l'attitude face aux inconnus

- l'attitude face à l'entourage

- Un interrupteur dans la tête et l'apprentissage de stratégies pour y remédier

ii Le moment de bascule

- Face aux inconnus

- Face à l'entourage

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iii On ne peut désinvestir nos pensées et émotions dites "négatives" uniquement par le simple choix de penser positif

iv découvrir les effets de l'interrupteur

v apprendre à gérer l'interrupteur

vi la gestion de l'interrupteur sur la durée

vii Accepter notre part d'ombre c'est accepter celle des autres

c - Le capitalisme exploite notre part d'ombre

d - La part d'ombre et le rôle des citoyens en transition

e - La part d'ombre et le rôle des crises

f - Facteurs favorisant ou non la propension à utiliser le rapport de force

i Tout d'abord, notre passé forge en grande partie qui l'on est : notre tempérament, nos conditionnements, nos blessures, nos tendances.

ii Ensuite, c'est notre situation du présent qui va aussi déterminer nos réactions face à l'adversité.

iii Niveau de conscience

g - Notre capacité à l'empathie dépend surtout de notre capacité à reconnaître ce qui nous en éloigne - l'altruisme des religions élude cet aspect

h - Evolution personnelle et déni de réalité

i Fuir totalement l'actualité nous fait perdre contact avec la réalité

ii Quand utiliser la loi de l'attraction devient magique

iii Évoluer dans un monde de bisounours

iv Évoluer spirituellement ne peut pas nous épargner d'adapter de manière intègre nos comportements à la réalité très concrète

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4. Quitter le rapport de force - accueillir notre part d'ombre via un réel travail psychologique

a - L'étape incontournable : commencer par reconnaître notre part d’ombre

b - Part d’ombre et rapport de force

c - Parvenir à déjouer l'emprise négative de certaines de nos émotions et de leurs conséquences sur nos pensées et nos comportements

d - Les attitudes mentales à privilégier

i accepter

ii persévérer à demander

iii Faire évoluer les demandes et propositions en traversant les échecs, en apprenant de nos erreurs

iv Accepter dans certains cas la solution de l'autre qui ne nous satisfait pas, mais peut mener vers nos objectifs

e - Se mettre dans la bonne disposition d'esprit

i La détermination

ii L'absence d'exigence

iii L’absence d’urgence

iv Exploiter l’émotion sans agir sous son emprise

v Une forme de connaissance de soi

vi Le détachement

vii La présence de doutes dans la confiance

viii Le respect et la bienveillance absolue

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f - Quand le rapport de force s’éloigne, l’empathie et la solidarité peuvent apparaître

g - Aller vers le cœur

h - Changer

i - Notre part d'ombre est notre alliée

j - La différence entre la compréhension et la conscience

k - Pour prendre de la perspective

SIXIÈME PARTIE : LES FACTEURS D'INFLUENCE DU CHANGEMENT

1. Deux mondes parallèles

2. Conscientiser, chercher à influencer : c'est se tromper

3. La réelle influence s'opère loin des discours

4. Notre rôle de colibri et son effet boule de neige

5. L’influence des médias de l’information

6. Le rôle des crises

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7. L’éducation et l’enseignement – y compris le rôle qu’y joue le web

8. Le pouvoir de la minorité

9. Catalyseurs d’un autre genre

a - L'intelligence collective

b - Les neurones miroir

c - L’épigénétique

d - La contagion de l'altruisme

e - Les champs morphiques (ou morphogénétiques)

f - La transmission de toutes nos pensées et émotions

g - L'auto-contagion

10. Conclusion

VERS UNE UTOPIE NON DÉCONNECTÉE DE LA RÉALITÉ

- La métaphore du flocon

- Un dernier petit coup de pouce

ANNEXE Un détour par la théorie polyvagale

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ICI COMMENCE LE DEUXIÈME VOLET DE CE LIVRE

RÉFÉRENCES

REMERCIEMENTS