Quand cesse la culture du profit

 

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12. La croissance est bonne pour l'économie

 

Toutes les dérives de notre société, sans exception, telles que : l’inflation, l’augmentation des taux d’intérêt et des dividendes, les multinationales et délocalisations, la fraude fiscale, la pollution, le consumérisme, l’obsolescence programmée, le gaspillage, la spéculation, la publicité omniprésente, …. et des centaines d'autres encore - sont liées d’une manière ou d’une autre à la recherche de croissance.

Pourtant, la croissance est un serpent qui se mange la queue. Plus il y a de croissance, plus elle est ressentie comme nécessaire, et plus ses effets indirects sont désastreux.

a - Effet logarithmique de la croissance

 

« Le plus grand défaut de la race humaine est notre incapacité à comprendre la fonction exponentielle.»

Albert Bartlett, physicien

« Toute personne croyant qu’une croissance exponentielle peut continuer à jamais (infini) dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »

Kenneth Boulding, économiste

Essayons tout d'abord de véritablement comprendre le concept de croissance en dehors du cadre précis de l'économie, sans pour autant devoir passer par des raisonnements mathématiques bien compliqués. Car sans cette compréhension il est impossible d'appréhender le danger que représente le choix de la croissance économique.

Voici l'extrait d'une conférence de feu le Dr. Albert Bartlett, lorsqu’il était professeur de physique à l'université du Colorado, sur le thème de « l'arithmétique, la population et l'énergie », (2012).

[Ref 26 : https://www.albartlett.org/presentations/arithmetic_population_energy.html].

Dans cet extrait, le Dr. Albert Bartlett tente de rendre palpable l'effet de la croissance dans le cadre de l'exploitation et de la consommation du pétrole, ainsi que dans celui de la croissance de la population, voici ce qu'il dit :

« ...regardons ce qui arrive quand nous avons ce genre de croissance régulière dans un environnement fini.

«Les bactéries croissent en se dédoublant. Une bactérie se divise et devient deux, les deux se divisent et deviennent 4, qui deviennent 8, 16 et ainsi de suite. Supposons que nous avons des bactéries dont le nombre double chaque minute. Supposons que nous placions une de ces bactéries dans une bouteille vide à onze heure du matin, et observions que la bouteille est pleine à midi pile. C’est juste un cas ordinaire de croissance régulière, le temps de doublement est une minute, et il se passe dans un environnement fini qui est une bouteille. Je veux vous poser trois questions.

« ...regardons ce qui arrive quand nous avons ce genre de croissance régulière dans un environnement fini.
Les bactéries croissent en se dédoublant. Une bactérie se divise et devient deux, les deux se divisent et deviennent 4, qui deviennent 8, 16 et ainsi de suite. Supposons que nous avons des bactéries dont le nombre double chaque minute. Supposons que nous placions une de ces bactéries dans une bouteille vide à onze heure du matin, et observions que la bouteille est pleine à midi pile. C’est juste un cas ordinaire de croissance régulière, le temps de doublement est une minute, et il se passe dans un environnement fini qui est une bouteille. Je veux vous poser trois questions.
Numéro une : à quel moment la bouteille était-elle à moitié pleine ? Bien, le croiriez-vous, à 11h59, une minute avant midi, parce que les bactéries doublent en nombre chaque minute.
Seconde question : si vous étiez une bactérie quelconque dans cette bouteille, à quel moment réaliseriez-vous que vous allez manquer de place ? Examinons juste la dernière minute dans la bouteille. A midi pile elle est pleine, une minute avant elle à moitié pleine, deux minutes avant elle est au quart, avant 1/8, avant 1/16. Laissez moi vous demander, à 5 minutes avant midi quand la bouteille est seulement 3% pleine et qu’il y a 97% d’espace libre qui aspirent au développement, combien d’entre vous réaliseriez qu’il y a un problème ?
A propos de la controverse actuelle sur la croissance de Boulder (rem : ville d'origine du Dr. Albert Bartlett), il y a quelque années quelqu’un écrivit dans un journal qu’il n’y avait pas de problème de croissance de la population à Boulder parce que, disait l’auteur, nous avons quinze fois autant d’espace libre que nous en avons déjà utilisé. Laissez moi vous demander quelle heure était-il à Boulder quand la surface d’espace libre était quinze fois celle que nous avions déjà utilisée ? Et la réponse est : il était midi moins 4 dans la vallée de Boulder. Maintenant supposons que deux minutes avant midi, certaines des bactéries réalisent qu’elles vont manquer d’espace et lancent une grande recherche de nouvelles bouteilles. Elles cherchèrent au delà des mers et sur les plateaux continentaux extérieurs et dans l’Arctique, et elles trouvèrent trois nouvelles bouteilles. C’est une découverte incroyable, trois fois le total des ressources connues auparavant, maintenant il y a quatre bouteilles, avant leur découverte il n’y en avait qu’une. Maintenant cela donnera sûrement une société durable, n’est ce pas ?
Connaissez-vous la troisième question ? Pendant combien de temps la croissance peut-elle continuer en résultat de cette magnifique découverte ? A midi, une bouteille est pleine, il en reste trois. Midi une, deux bouteilles sont pleines il en reste deux. Et à midi deux les quatre sont pleines et c’est fini. Maintenant vous n’avez pas besoin de plus d’arithmétique que ça pour évaluer l’absolue contradiction des affirmations que nous avons tous entendues et lues originaires d’experts qui nous disent d’abords que nous pouvons continuer d’accroître nos taux de consommation de combustibles fossiles et ensuite de ne pas nous inquiéter, nous serons toujours capables de faire des découvertes des nouvelles ressources dont nous avons besoins pour satisfaire les exigences de cette croissance. »

 

Dans son cours, le Docteur Bartlett évoque également les chiffres concernant la croissance potentielle de sa ville Boulder, si l'on devait la stimuler à 5% par an (ce que des représentants politiques de cette ville souhaitaient à une époque).

Il faut savoir que, sur le temps d'une vie (80 ans), une telle croissance - de 5% - mènerait à multiplier la population de la ville par plus de 50. Vous pouvez dès lors imaginer ce qu’une croissance économique du même ordre de grandeur implique pour l’épuisement des ressources de la Terre en l’espace d’une seule génération. Ou encore ce qu’implique des dividendes de la même taille comme croissance du capital. Pour un dividende de 20 % se répétant sur 80 ans, le montant de départ est multiplié par plus de 2 millions ! Or de tels dividendes sont bel et bien courants actuellement.

La totalité de la conférence en vidéo (en anglais - 1h14’) ainsi que la transcription en anglais, français et espagnol sont proposé sur le site :

[Ref 26 : https://www.albartlett.org/presentations/arithmetic_population_energy.html].

L’intégralité du cours permet d’appréhender davantage la fonction exponentielle via de nombreux exemples pour mieux en capter la réalité.

Il faut croire que la plupart de nos élus ignorent en totalité ces ordres de grandeur engendrés par la "croissance". Car les connaître consiste à comprendre l'aspect suicidaire qu'elle constitue, tant en ce qui concerne la croissance économique, que la croissance démographique si chères à leurs yeux.

Nicolas Hulot en dit ceci :

« La croissance est un médicament qui tue ».

Tout aussi intéressant, la vidéo suivante (en anglais - 2’21’’) :

[voir Ref 31 : https://www.youtube.com/watch?v=80UDl4aq9PU],

qui explique le calcul de la rapidité de contamination du covid  (en début d’épidémie, car les variants ultérieurs sont encore bien plus contagieux) ; afin de mieux comprendre la nécessité de respecter les mesures de distanciation qui étaient recommandées ou imposées par les autorités dans la plupart des pays.

« Avec la grippe normale si je l'attrape, je vais infecter, en moyenne 1,3 à 1,4 personne ... s'il existait une telle division. Et si ces 1,3 à 1,4 personnes la passent à d'autres : c'est la seconde fois que la grippe est transmise. Lorsque cela arrive 10 fois, j'aurai été responsable de 14 cas de grippe (1,3 à la puissance 10). Ce virus (le coronavirus) est très très infectieux, ce qui fait que chaque personne le passe à 3 autres personnes (en moyenne). Cela ne semble pas être si différent que ça. Mais si chacun des 3 le passe à 3 autres, et que cela se passe à 10 reprises, j'aurai été responsable de l'infection de 59.000 personnes (3 à la puissance 10) »

La contagion ainsi expliquée nous fait apprendre, par l'expérience, la fonction exponentielle, qui est comparable pour la croissance économique et la croissance démographique.

Avec une planète limitée, la recherche de croissance continuelle - tant économique que démographique - peut être comparée, sur une échelle de quelques dizaines d'années, à un suicide collectif : une croissance annuelle de 3% équivaut en 80 ans à décupler le montant de base, que l'on parle de population, de bénéfice ou de production, or nous suffoquons déjà sur tous ces registres.

b - Empreinte écologique et jour du dépassement

 

L'empreinte écologique mesure la quantité de surface terrestre bio productive nécessaire pour produire les biens et services que nous consommons, et absorber les déchets que nous produisons. Elle permet dès lors de mesurer la pression qu'exerce l'humain sur la nature.

Le jour du dépassement, correspond quant à lui, au jour et au mois de l’année à partir desquels l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an. Passée cette date, l’humanité puise donc de manière irréversible dans les réserves non renouvelables (à échelle de temps humaine) de la Terre.

Les deux concepts ont été créés par l’association Global Footprint Network.

Voici plusieurs sources d’informations concernant le jour du dépassement et l'empreinte écologique :

[Source :https://fr.wikipedia.org/wiki/Jour_du_d%C3%A9passement],

[Source :https://www.rtbf.be/info/monde/detail_en-belgique-la-journee-du-depassement-c-est-deja-le-1er-avril-on-consomme-quatre-planetes?id=9674215],

[Source :https://www.overshootday.org/],

[Source :https://www.liberation.fr/planete/2018/08/01/le-jour-du-depassement-pays-par-pays_1670208],

[Source :https://www.rtbf.be/info/societe/detail_depuis-le-2-avril-la-belgique-a-epuise-les-ressources-que-la-planete-peut-offrir-en-un-an?id=9985690],

[Source :https://www.footprintnetwork.org/],

[Source :https://www.rtbf.be/info/societe/detail_l-europe-a-epuise-les-ressources-naturelles-d-une-annee-elle-doit-emprunter?id=10216350].

Pour mieux comprendre le lien entre croissance économique, croissance démographique, et le rôle que nous avons chacun dans les pays occidentaux, dont l'empreinte écologique dépasse de loin celle de tous les autres pays du monde ; il est intéressant de se pencher sur la date du jour de dépassement. Celle-ci a été évaluée pour 2019 au 29 juillet au niveau mondial et au 10 mai au niveau européen. Chaque année, le "jour du dépassement" se produit quelques jours ou semaines plus tôt que l'année précédente. A un niveau plus local, pour la Belgique par exemple, cette date est tombée le 6 avril 2019 et le 30 mars pour 2021, 26 mars en 2023. Cela signifie que, en Belgique, environ les 3/4 de ce que nous consommons aujourd'hui, nous le volons aux générations futures. Et le phénomène ne peut que s'accélérer dans le temps. Cela signifie aussi que la bouteille est plus que à moitié pleine et que nous sommes déjà passé les 11h59 minutes.

Le site de Earth Overshoot Day donne une illustration du jour de dépassement par pays pour l’année en cours :

[Source : https://www.overshootday.org/newsroom/country-overshoot-days/]

Si vous descendez dans la page, vous y trouverez les dates pour chaque pays. Le Luxembourg et le Qatar se hissent avant le 15 février (en 2023). La plupart des pays d’Europe se situent entre mars et mai.

Et pour mieux se représenter l'importance de l'avancement de cette date du dépassement au niveau mondial, année après année, voici un autre site proposant un schéma du Global Footprint Network qui montre la progression chronologique de l’avancement de cette date :

[Source : https://www.footprintnetwork.org/our-work/earth-overshoot-day/].

Nous en avons rarement conscience, mais ce que nous consommons au quotidien, exige bien plus de ressources que ce que nous pouvons imaginer. C'est le cas du steak par exemple qui, par kilo, exige environ 16.000 litres d'eau pour être "produit".

De la même manière, si on fait le compte pour 1kg de coton (c’est-à-dire pour un jeans), ce sont de 5000 à 25000 litres d’eau, 75kg de pesticides et 2 kg d’engrais chimiques qui sont utilisés.

[Source :  bulletin de Éco-consommation de mai 2008 – cette page a été retirée du net]

Nous avons également une responsabilité face à la déforestation en Amazonie ou dans les pays d'Asie du Sud-Est. Quand nous consommons du café, des produits à base de soja ou d'huile de palme, s'ils ne proviennent pas de filière équitable il est extrêmement probable qu'ils ont été produits sur des sols après destruction de la forêt. Plus d’information à ce sujet dans les deux articles suivants :

[Source : https://www.rtbf.be/info/monde/detail_l-appetit-des-pays-riches-moteur-de-la-deforestation-des-tropiques?id=10730456],

et [Source : https://www.greenpeace.fr/lhuile-de-palme-met-feu-aux-forets-dasie-sud/]

Toute notre consommation peut être questionnée de la sorte. Que ce soit le transport, la pollution, l'utilisation de l'eau, d'énergies fossiles, la raréfaction des ressources, la diminution de la biodiversité : chaque produit consommé par les acteurs que nous sommes, participe à un peu plus de destruction de l'environnement. Consommer éthique, durable, biologique, local, équitable, va diminuer cette participation, mais réduire notre consommation reste le meilleur moyen de réduire notre empreinte écologique.

De plus, nous ne consommons pas la totalité de ce qui fait notre empreinte écologique. Par exemple, concernant la nourriture? Marc Sautelet (ambassadeur de l’association Zero Waste Belgium) déclarait dans un article de la RTBF (de A.V., 2018) qui en a fait son titre :

« Il y a un tiers de l'alimentation qui est jetée. Si le gaspillage alimentaire était un pays, ce serait le troisième plus gros émetteur de CO2 après les États-Unis et la Chine ».

[Source : https://www.rtbf.be/article/si-le-gaspillage-alimentaire-etait-un-pays-ce-serait-le-troisieme-plus-gros-emetteur-de-co2-du-monde-9923013]

Selon un rapport de l'ONU publié le 5 mars 2021, le gaspillage alimentaire représente en 2019, 17% de toute la production alimentaire sur le globe et pourrait donc très largement nourrir les 690 millions de personnes touchées par la faim [Source : https://news.un.org/fr/story/2021/03/1091042].

Le WWF quant à lui évalue ce gaspillage à 40% en 2022. Selon leur rapport «L’Europe dévore la planète » :

« Jusqu’à 40 % des aliments produits dans le monde ne sont jamais consommés ».

[Source : https://wwfeu.awsassets.panda.org/downloads/europe_eats_the_world_report_french.pdf]

De la même manière, la moitié de ce qui se trouve dans nos armoires n’est jamais utilisé ou très rarement. Cela pourrait être partagé, ou tout simplement ne jamais être produit.

En ce qui concerne les vêtements, l’article de la RTBF - « Quatre cinquièmes des vêtements mis sur le marché sont jetés ou brûlés », (2019) de A. L. avec M. Paquay - cite ceci :

« Chaque année sur le marché européen, cinq millions de tonnes de textile sont mises sur le marché et quatre millions de tonnes de textile sont jetées, mises en décharge ou brûlées. »

[Source : https://www.rtbf.be/info/economie/detail_quatre-cinquiemes-des-vetements-mis-sur-le-marche-sont-jetes-ou-brules?id=10260198]

A force de puiser ainsi dans nos réserves, nous aboutirons à rendre leur renouvellement impossible à brève échéance. Et cela d'autant plus, si on tient compte de la démographie. Car dans 40 ans, si nous continuons à nous reproduire comme actuellement, la population aura doublé.

Et c'est sans compter, une fois encore les conséquences sur la survie des populations humaines.

Tout comme la pauvreté tue des millions de personnes chaque année, nos incompétences manifestes quant à la gestion de l'environnement ne sont pas en reste. L'article de l’Agence Belga « Plus de 90 organisations demandent à l'ONU que le "droit à une planète saine" soit reconnu comme droit universel » (2020), rapporte que :

« Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 23% des décès mondiaux sont liés aux dommages et destructions de l’environnement naturel, alors que des centaines de millions de personnes souffrent de maladies en relation avec un environnement malsain et non naturel. »

[Source : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_plus-de-90-organisations-demandent-a-l-onu-que-le-droit-a-une-planete-saine-soit-reconnu-comme-droit-universel?id=10600821]

Les faits sont là, les chiffres sont connus, mais nous persévérons à les dénier dans nos actes au quotidien et à tous les niveaux de gestion de la société. Une minorité parvient tout de même à obtenir des avancées dans les lois et dans les systèmes de production, de recyclage, etc. Mais dans les faits, le jour du dépassement continue, chaque année, à être atteint quelques jours plus tôt que l'année précédente. Ce qui signifie que les efforts effectués ne parviennent même pas à diminuer ou même stabiliser l'empreinte écologique humaine. Le problème s'aggrave et s'accélère même.

En 2020, la présence du covid-19 a permis un recul du jour du dépassement. Celui-ci a en effet été calculé au 22 août (au niveau mondial), alors qu'il était fixé au 29 juillet en 2019.

[Source : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_jean-pascal-van-ypersele-il-est-possible-de-proteger-le-climat-l-environnement-la-biodiversite-tout-en-vivant-mieux?id=10551195]. En ce sens, cette pandémie nous a montré le chemin à suivre.

c - Démographie

 

La population mondiale a elle aussi cru de façon exponentielle au siècle passé, et malgré un ralentissement de la croissance actuellement, nous avons passé les 8 milliards d'humains en novembre 2022. Or, nous ne parvenons pas à gérer correctement notre survie et celle de notre environnement, et le dilapidons de plus en plus vite.

Voici une illustration qui permet de visualiser l'aspect exponentiel de la croissance, en terme de démographie cette fois, montrant la croissance de la population sur une échelle historique de plusieurs milliers d'années. Ce graphique provient d'un article, en anglais, très richement illustré et documenté. Je vous conseille vivement d'aller y jeter un œil. Il propose un nombre impressionnant de diagrammes et schémas en tous genres très représentatifs de tous les aspects de la croissance de la population mondiale.

 

 

Diagramme tiré du dossier « World Population Growth » – (màj 2023) auteurs : Max Roser, Hannah Ritchie, Esteban Ortiz-Ospina et Lucas Rodés-Guiraopublié sur le site : [Source : https://ourworldindata.org/],à la page : [voir Ref 32 : https://ourworldindata.org/world-population-growth].

La combinaison de la croissance économique et de la démographie galopante sont bien deux facettes du même problème. Privilégier les familles nombreuses dans un monde où, plus nous serons, moins nous aurons de chances de survie, est un grand leurre. Car l’aspect logarithmique de la croissance expliquée ci-dessus s’applique donc aussi à la croissance démographique. Comme déjà mentionné, la population mondiale au rythme de croissance actuelle doublerait dans les 40 prochaines années.

Il serait donc urgent de modifier les politiques favorables à la croissance démographique. Prétendre que se reproduire est naturel et qu'il faut assurer de respecter la pyramide des âges, nous mène tout autant au désastre que la recherche de croissance économique. La peur de l’inversion de la pyramide des âges, qui obligerait la frange jeune de la population à supporter une bien plus nombreuse population âgée inactive et en demande de soins est sans doute justifiée. Mais il vaudrait mieux commencer à prévoir comment gérer ce phénomène que se trouver sur une planète où la survie de tous sera tout simplement compromise à relativement court terme.

Dans ce contexte, comme pour l’absurdité du système économique tel qu’il fonctionne actuellement ; chercher à faire croître notre population s’apparente à préparer notre disparition, alors que inverser la pyramide des âges un tant soit peu avec un taux de reproduction moyen supérieur à 1 et inférieur à 2 par couple pourrait être un raisonnement de survie plus approprié.

Si l'on pousse le raisonnement un peu plus loin, et qu'on est conscient que ceux qui comprennent ce raisonnement sont minoritaires, et qu’il y aura toujours une majorité d'irréductibles ; il devient alors évident que chaque personne en âge de se reproduire, qui comprend ce raisonnement, serait bien avisée de refuser de se reproduire, sachant que des millions d'autres restent encore à faire des bébés à une cadence accélérée dans le monde. Et cela concerne encore davantage les pays occidentaux où l'empreinte écologique est de loin supérieure à celle de la plupart des autres pays.

Ce sujet a été abordé dans l’article « The climate mitigation gap : education and government recommendations miss the most effective individual actions » de Seth Wynes et Kimberly A Nicholas (2017) proposé dans le cadre des Environmental Research Letters :

[Source : https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/aa7541/meta]. Selon cet article, dans le contexte actuel, choisir d'avoir un enfant en moins, a un effet près de 10 fois plus important sur l'empreinte écologique individuelle que tous les autres efforts réunis (10 fois correspondant à la référence de l'empreinte écologique pour les USA).

J’ai utilisé la même référence en détaillant un peu plus le concept dans mon article : « Empreinte écologique et violence passive », (2021) :

[voir Ref C : https://sechangersoi.be/4Articles/Violencepassive.htm].

Un déséquilibre apparaîtra forcément alors dans les pays où la pyramide des âges sera en train de s'inverser, et c'est alors aussi que l'on comprendra qu'accueillir des migrants en masse est, malgré la problématique gigantesque que cela suppose pour les populations migrantes, un avantage pour les population d'accueil, à condition qu'on élabore un programme pour les accueillir dignement, et qu'on leur donne la possibilité de s'intégrer harmonieusement. Comme cela a été tenté par exemple dans le village de Riace en Italie comme l’explique la page de Wikipedia à ce sujet :

[Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Riace#%C3%89conomie].

Un autre moyen essentiel pour faire baisser la natalité, c'est de faire disparaître les inégalité sociales. Selon l’article de la RTBF « Huit milliards d'humains sur Terre en novembre 2022 : la justice reproductive, une solution face à la surpopulation ? » (2022) :

« Les sciences démographiques et de la santé publique sont très claires à cet égard : réduire les inégalités, assurer des solidarités et une sécurité d’existence au plus grand nombre est le plus sûr moyen de faire baisser le taux de fécondité. » Florence Caeymaex

[Source : https://www.rtbf.be/article/huit-milliards-d-humains-sur-terre-en-novembre-2022-la-justice-reproductive-une-solution-face-a-la-surpopulation-11067993]

H) LES PRINCIPAUX VÉHICULES DE LA CULTURE DU PROFIT

 

L'argent et le profit ne sont bien sûr par les seuls facteurs qui influencent notre culture. Mais ils y jouent tout de même un rôle essentiel qui s'inscrit dans un monde encore dominé par les hommes où les jeux de pouvoir sont la norme et l'esprit cartésien la référence. Ces thèmes seront abordés plus loin.

Pour aller vers un nouveau paradigme, il nous faudra remettre en question l'ensemble de ce cadre. Et pour ce faire, il faudra mettre en lumière tout ce que nous acceptons comme allant de soi et qui pourtant n'est ni naturel, ni juste, ni même souhaitable.

Les principaux véhicules de la culture du profit sont la publicité et les médias de masse : médias de l'information et médias du divertissement ; dont la télévision et internet exercent une emprise dominante, avec le rôle particulier des réseaux sociaux qui, sous une apparente liberté de fonctionnement pour leurs membres, sont en fait bien plus des réseaux d'influence, eux aussi fondés sur la publicité ainsi que sur la manipulation des données personnelles, toujours dans le cadre d'une recherche de profit.

1. La publicité

 

Il est implicitement et pratiquement admis que la publicité peut mentir, manipuler, vampiriser notre temps, et nous voler. Elle est permise et stimulée, même dans les médias de services publics : justifiée par l'audimat.

Or, la publicité, celle que nous connaissons massivement aujourd'hui, nous détourne de nos besoins, et parvient à créer de toutes pièces de faux besoins, en stimulant nos pulsions inconscientes, voire en créant des addictions (cigarette, alcool, nourriture, sucreries, sexe, shopping, recherche de reconnaissance, de statut, etc.). Peu de personnes remettent en question son bien fondé, pas plus qu’on ne questionne le fait qu’elle soit devenue personnalisée. Il est même sous-entendu en général que la personnalisation de la publicité est à l’avantage de celui qui est pisté dans tous ses faits et gestes sur le net, alors qu’on personnalise bien plus la manipulation dont il est l’objet ; ce qui la rend massivement plus efficace. Si la publicité devait réellement être informative, elle ne serait pas payée par les marques, et elle serait présentée de manière neutre et avec des arguments de vente comme dans les magazines d’information pour consommateurs avec comparaison entre les marques.

Or, une majorité de ce qui est produit actuellement, ne devrait pas l'être, car ce n'est pas utile, et c'est même bien souvent, d'une manière ou d'une autre très nuisible. Mais la pub, en toute légalité, permet de nous amener à croire que ce que nous achetons par son influence, a une réelle utilité.

Les entreprises de publicité sont bien les dernières qui pourraient influencer vers un retour à plus d’éthique puisque leur but est la croissance à l’infini, la production à l’infini, l’enrichissement à l’infini.

2. Les médias de l’information

 

Malgré une ligne éditoriale suivie par chaque média, il y a très souvent de l'ambiguïté dans l’actualité qu’ils transmettent, en fonction des différences de contenus d’information qu'ils proposent, quand ceux-ci s’opposent ou sont incompatibles. Bien souvent deux mondes parallèles cohabitent. D’un côté, le contenu informationnel soutient implicitement le consumérisme, la croissance, le profit et autres dérives, et de l’autre, on dénonce ces mêmes faits dans des cadres légèrement différents, ou en présentant des alternatives comme solutions à ces dérives.

Donc, d’une part, on nous diffuse, par exemple, les compte-rendus sur les quotas boursiers, les statistiques de la croissance - jugée comme réjouissante quand elle est importante, inquiétante lorsqu’elle stagne ; ou on nous expose le succès de la dernière foire automobile ; on s’extasie devant les avantages des dernières nouveautés en domotique ; ou encore on nous relate d'autres événements calqués sur la pratique du gaspillage énergétique, de la recherche de profit, etc. Et pour certains types d’informations, lorsque l’on évoque des chiffres économiques et financiers, le plus souvent, on les découple des conséquences qui y sont liées. Les journalistes s’expriment comme si, par souci de neutralité, ou d’objectivité : le business, le profit, les affaires, devaient rester campés dans le domaine des chiffres, des statistiques, des mathématiques, pour rester cohérents. Ou encore, on nous les communique en miroir avec les succès qu’ils représentent, éloignés des funestes réalités qui les ont rendus possibles. A l’image d’une certaine pratique de la médecine, lorsqu’elle se cantonne à élaborer les diagnostics sur les résultats des radiographies, scanners et autres chiffres des laboratoires, sans prendre en compte la situation sociale, professionnelle, et psychologique des patients.

Et d’autre part, dans le même journal, il est possible qu’on nous annonce, par exemple, le jour du dépassement, incluant les conséquences catastrophiques que cela représente ; que l’on nous présente de nouvelles pratiques économiques alternatives ; que l’on évoque les dossiers publiés par des lanceurs d'alerte.

Tout cela mêlé aux catastrophes, récits de guerres ou de procès, à des résultats sportifs, et au dernier événement du show-business. Ces informations nous sont données en vrac, pas vraiment cadrées, et apparemment, sans même remarquer qu’il y a contradiction entre elles. Et pour justifier cela, on nous expliquera qu’il y a souci de neutralité.

Ce double langage est fréquent et apparemment, passe inaperçu dans le chef des journalistes qui les présentent, ou est ignoré, voire dénié. Car, si l'on peut se targuer de vouloir publier toutes les opinions, en les présentant alors comme extérieures au travail journalistique ; certains commentaires, des journalistes eux-mêmes, accompagnant les faits d'information, montrent que les journalistes se contredisent tout simplement entre eux, à l'intérieur même d'une seule rédaction. Et donc qu’il n’est pas toujours fait une claire distinction entre des faits et des opinions. Et cela nourrit la confusion dans le public. Car beaucoup de messages sont dès lors intégrés implicitement.

Or, tant qu'ils tentent de ménager la chèvre et le chou, les médias continueront à nous abreuver d'informations inspirées par les pouvoirs économiques et politiques, et imposées par le diktat de l’audimat, qui est lui-même directement fonction du rendement publicitaire ; tout en tentant, en parallèle, de se montrer objectifs, en nous servant quelques aspects plus fidèles de la réalité.

Remarque : l’audimat ne reflète pas l’intérêt et les choix volontaires des spectateurs, mais bien leur taux de fatigue, voire de surmenage et donc de passivité, leur tendance à être influençable, voire manipulable, leur impulsivité, leur recherche de facilité, leurs automatismes, leurs conditionnements, leur fidélité, leur niveau de crédulité, leur obéissance à se conformer à un programme établi pour eux, etc. De plus, le lecteur, l’auditeur, le téléspectateur est bien forcé de prendre ce qu’il y a. Car quand bien même s’il est polyglotte et dispose de dizaines de chaînes possibles - pour ce qui est de la télévision, cela lui laisse le choix entre quelques contenus (en fonction de son intérêt réel et de son humeur du jour) alors que le potentiel existant pourrait en offrir des millions (que l’on retrouve entre autre sur le net, ou en support matériel (vidéo, audio, papier).

Et ce ne sont pas tant les autres pouvoirs qui brident les médias, qu'une forme de complaisance envers le système, une espèce d'inconscience des enjeux dans une part des choix rédactionnels. Pour partie, on continue à faire comme on a toujours fait, on se réfère toujours aux mêmes experts, et on continue à traiter avec condescendance ce qui n'entre pas dans les créneaux habituels de l'information : en « bon père de famille » en quelque sorte, ou selon le mode de « la télé de papa ». L'ouverture d'esprit des uns se confronte à l’attachement aux normes et habitudes des autres dans les rédactions des médias mainstream.

Globalement cependant, une évolution est en train de se profiler dans le choix de l'actualité que proposent les médias mainstream, en Europe occidentale en tout cas. En effet, bon nombre d'informations qui circulaient déjà dans les milieux activistes et ONG humanistes, il y a 10-20-30 ans et plus ; n'étaient presque jamais relayées par ces médias, sauf exception. A présent, elles parviennent à passer le cap des rédactions et sont reprises dans l'actualité du quotidien. Et lorsqu’un média en parle, souvent les autres suivent.

Ce changement de cap depuis quelques années fait diminuer progressivement la transmission de la culture du profit. L’existence d’internet n’y est pas pour rien, vu que ces informations sont à présent plus accessibles pour le grand public via le net, et qu’il devient dès lors impossible de les ignorer dans l’actualité mainstream.

Mais cette influence du net a un effet pervers aussi. En effet, les médias de l'information sont freinés dans leur lucidité, car l'emprise des réseaux sociaux sur la population les force à relayer aussi le plus de buzz possibles, afin de rester dans la course. Et vu qu’ils sont tellement aveuglés par la course à l’audimat, ils se contentent de transmettre le plus rapidement possible et sans filtre, les dépêches ou le dernier buzz qui circulent sur le net, et hésitent rarement à publier ce que les gens regardent avec une curiosité impulsive, et que pourtant ils ne recherchent pas intentionnellement ou ne désirent pas.

Il existe aussi un aspect extrêmement nocif que peuvent exercer les médias de l'information et dont les journalistes ne semblent pas toujours avoir conscience.

Dans un souci de justesse, certains médias adoptent un positionnement d'opposition par rapport à certains protagonistes de l'information (partis politiques, terroristes, auteurs ou œuvres polémiques, ...).

En effet, tout comme pour les mouvements citoyens d'opposition face aux politiques, quand les médias tentent de s'opposer à une politique, une idéologie, une opinion (comme par exemple l'extrême droite en général, et parfois l'extrême gauche) ; plus ils tentent de contrer l’influence d'une personne ou d'un groupe de personnes qu’ils jugent nuisibles, en leur donnant beaucoup de place dans l’info ; plus cela fait gagner du succès à cette personne ou ce groupe de personnes auprès d'une partie de la population. Cet aspect a d’ailleurs été mis en évidence ces dernières années par certains médias à propos de la thématique sur les terroristes. A l’inverse de ce qui se fait habituellement, ces médias ont eu le courage de choisir de ne plus révéler l’identité des auteurs d’attentats, voire de donner moins d'importance à ce sujet dans l'actualité au quotidien.

Par le passé, l’attitude d’opposition a pu être observée en Belgique dans un mode assez extrême, lorsque, en 2006, une édition spéciale du journal du soir, de type canular, a été proposée sur la télé publique francophone, sans que le public n’en soit immédiatement averti ; et qui annonçait la déclaration unilatérale d’indépendance de la Flandre.

[Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bye_Bye_Belgium].

En manipulant et provoquant l’opinion publique à peine quelques instants (avant que le canular ne soit révélé), et cela, dans le but de stimuler une réaction des téléspectateurs face au nationalisme flamand ; cet événement a eu l’impact inverse à celui recherché. Cela a fonctionné comme si on avait tenté d’éteindre le feu avec de l’essence. Ce programme a choqué une part importante des téléspectateurs francophones, mais il a surtout heurté de plein fouet la population flamande qui en a été informée ensuite par les médias flamands, et qui s’est ainsi vue prise en otage par une telle opération, ciblée pratiquement comme un ennemi, le temps d’un canular. Et cela ne pouvait avoir pour résultat que de booster le nationalisme flamand sans pour autant réussir à sensibiliser davantage la population francophone.

Actuellement le combat francophone reste très modéré, alors que les partis nationalistes en Flandre détiennent la majorité des voix. Rien ne pourra jamais prouver qu’il y a eu un lien de cause à effet. Mais si l’on comprend, tant psychologiquement, que par l’expérience, la notion que la résistance renforce le problème ; on se rend compte que cette émission a véritablement creusé le problème à cause du manque d’empathie à l’égard, tant du public francophone visé, que pour la population flamande qui était indirectement l’otage de ce canular.

Un autre exemple frappant qui illustre que donner de l'importance à un problème dans un média peut avoir l'effet de stimuler le développement de ce problème, est celui de l'enjeu des élections présidentielles aux USA. On pourrait presque en tirer la règle que plus un candidat sera critiqué (selon la taille de la critique, sa fréquence, la taille de l'élément critiqué, le nombre de médias qui relaient la critique), plus ce candidat verra le nombre de voix en sa faveur augmenter.

En ce sens, s'opposer à des personnes ou groupements de personnes dans un média de masse consiste à leur donner plus de pouvoir. Et cela d’autant plus que cette opposition n’est pas clairement exprimée mais diluée dans l’actualité quotidienne, avec des informations qui sont présentées comme neutres, mais qui implicitement ne le sont pas vraiment.

Et à ma connaissance, les responsables dans les médias ignorent en grande partie ce mécanisme (« What you resist persists ») et le rôle qu'ils y jouent. Et quand ils ne l’ignorent pas, ils ne parviennent pas encore à le gérer ou le contourner.

3. Les réseaux sociaux

 

Les réseaux sociaux tels que nous les connaissons aujourd’hui – en particulier ceux liés aux GAFAM - ne sont pas près de fonctionner à contre sens. Même si chaque citoyen qui en fait usage reste assez libre d’y exprimer ses opinions et de les faire circuler, voire de créer des actions citoyennes ; il n’en reste pas moins que ces réseaux sociaux, font commerce de nos données pour mieux nous manipuler par la publicité, et que la volonté de stopper les dérives qui s'y déroulent est presque inexistante, car le développement de ces réseaux reste motivé par le profit et en exclut de potentiels buts éthiques. Ce n’est probablement pas d’eux que viendront des solutions, tant qu’ils restent dans ce registre et que les citoyens en restent membres.

Et les appels à se désinscrire, jusqu'à présent, restent lettre morte. L'addiction que les réseaux sociaux opèrent sur ceux qui les utilisent n'est pas près de s'arrêter.

Et beaucoup de ceux qui en sont membres sont capables de les critiquer et d'en dénoncer les dérives sans pour autant arrêter de les utiliser. Cela va même jusqu'à demander aux publicitaires de ne plus les utiliser pour faire pression, plutôt que tenter soi-même, en tant que citoyen, de chercher à quitter le réseau.

4. Les médias du divertissement et en particulier, la télévision

 

En dehors de la partie information communiquée par la télévision via les journaux d’information, documentaires et débats (commentée ci-dessus), il y a tout l’aspect divertissement de la télévision, qui nous proposent des fictions, du sport, des jeux, des spectacles, qui vont chacun à leur tour, indirectement servir de modèle culturel imprégné des paillettes, de compétitions, de domination masculine et surtout d'énorme quantité de violence ; avec les pauses publicité qui en rajoutent encore une couche.

La télé de papa, à ses débuts, laissait déjà transparaître pas mal d’aspects de compétition via le sport et les jeux, avec parfois certaines tendances plus violentes. Avec le temps, la majeure partie des fictions et séries ont petit à petit intégré de plus en plus de violence, de manipulation, et de perversité via les séries et films à suspense, thrillers, films de guerre ou d’aventure, les intrigues ou encore films d’horreur.

Une recherche (mentionnée dans l’article « Les écrans rendent-ils violent ? » De Xavier Molénat (2004) du magazine Sciences Humaines), réalisée dans les années ‘70 à propos de la violence à la télévision citait déjà les chiffres suivants :

« L'enfant américain moyen aura été témoin, à 18 ans, de 40 000 meurtres et 200 000 actes violents. »

[Source : https://www.scienceshumaines.com/les-ecrans-rendent-ils-violent_fr_13537.html]

Avec le temps, ce nombre déjà affligeant n’a fait que grimper.

Et la télévision ne propose pas de mode d’emploi, ou ne se présente pas comme éducative à l’exception de quelques émissions. Dès lors les valeurs qu’elle prône indirectement au travers des émissions, de la publicité et des fictions qu’elle propose, vont être assimilées de manière naturelle, sans filtre particulier, comparablement à des événements de la vie quotidienne du téléspectateur.

Barbara Kingsolver, auteure américaine décrit parfaitement cette assimilation dans son livre : « Petit miracle et autres essais », (2010), Ed. Rivages :

« Nos enfants grandissent dans un pays dont les hommes les plus importants, les plus influents - depuis les présidents jusqu’aux héros de films les plus sympas - résolvent les problèmes en tuant des gens. Tuer est à la fois rapide, efficace, et qui plus est viril. »

[Source : https://www.payot-rivages.fr/rivages/livre/petit-miracle-et-autres-essais-9782743621346]

Toutes les heures que nous passons devant la télé, nous baignons donc dans ce monde-là (cela vaut également pour la majorité des films au cinéma et la majorité des romans et BD, ainsi que les contenus internet, et pire encore pour les jeux vidéos).

D’une certaine manière, c’est comme si la télé était un professeur qui nous dictait d’une part et à faible dose, la théorie (le haut de gamme moral) et nous proposait d’autre part et à très forte dose, la pratique (la part la plus sombre de l’humain dans tous ses états).

Tacitement, c’est donc bien la part négative qui est prônée au vu de sa proportion, même si le discours officiel s’en défend.

Même si nous ne nous identifions pas directement à ce que nous voyons sur l’écran, il y a un travail qui se fait dans notre cerveau : tout ce à quoi nous sommes amenés à assister, le cerveau s’en imprègne, et apprend inconsciemment, si pas à l'imiter, tout au moins, à l'accepter comme normal. Nous nous accoutumons à ce que nous voyons, que nous le voulions ou non. L'agressivité, la violence, tant psychologique que physique, la malhonnêteté, les rapports de force, la manipulation, sont tous des aspects auxquels nous assistons quotidiennement sur le petit écran et qui ne nous choquent plus du tout.

Notre modèle moral apparent ou affiché sera basé sur des valeurs élevées, alors que dans la pratique nos valeurs sont bien moins reluisantes. Et forcément, comme tout cela nous est transmis au compte gouttes, comme tout cela est intégré de façon conditionnée et inconsciente et que tout le monde ou presque regarde la télévision (95 à 98 % de la population), personne n’est en mesure de dénoncer quoi que ce soit. Même si je suis presque sûre qu’au moins la moitié des gens comprennent, ne fut-ce qu’en partie, tout ceci.

Beaucoup de gens se croient immunisés. Mais l’actualité nous prouve régulièrement le contraire.

Et à la violence franche véhiculée à la télévision, s’ajoute les aspects plus insidieux de manipulation, mensonge, malhonnêteté, culpabilisation, exhibitionnisme, voyeurisme, sadisme, provocation, harcèlement, ... ; qui sont devenus totalement acceptés dans les comportements proposés, non seulement dans les fictions, mais à présent aussi dans la réalité. La télé réalité ayant permis de franchir le pas entre la fiction et la réalité.

Car la télé réalité, dès les années ‘90, a rendu tous ces aspects encore plus prégnants et elle a joué un rôle de catalyseur dans ce sens. Elle a exploité et rendu acceptable tous ces aspects aux yeux de la majorité. Ces tendances sont carrément sa marque de fabrique. Au début, la majorité des téléspectateurs critiquaient la télé réalité, car ils n’adhéraient pas à ces valeurs. Mais comme cela rapportait tout de même (les gens regardent même ce qu’ils critiquent), elle s’est généralisée et est même devenue une référence. Et les dérives qu’elle véhicule ont tout simplement été intégrées dans les mentalités et reprises ailleurs. Et actuellement, dans certaines émissions de grande écoute, on cultive également la provocation, voire l’insulte, la moquerie, l’agression verbale ; de préférence de manière insidieuse, afin de toujours pouvoir se retrancher derrière le respect des lois et la liberté d’expression. Plus on s’éloigne du politiquement correct, plus on a de chances d’augmenter la part d’audience.

Et malgré que le téléspectateur se croit complètement immunisé, ses neurones miroirs (voir le chapitre sur ce sujet) fonctionnent à plein régime. Et bien malgré lui, il s’imprègne de ces modèles et dérives, qui deviennent de véritables standards dans notre société sans qu’on soit vraiment conscients de ce qui a joué dans cette influence.

Car comme cela se fait en général à petite dose, et de manière insidieuse, on s’accoutume au pire sans le remarquer.

Les dérives actuelles se sont installées suffisamment doucement jusqu’à présent. Cela a fonctionné comme dans le conte : « Le principe de la grenouille dans la marmite d’eau chaude », reprise sur mon site :

[voir Ref B : https://sechangersoi.be/5Contes/Lagrenouille.htm].

Tout le monde regarde, accepte, voire participe ou stimule ce qui se passe. La jeunesse actuelle a été éduquée dans ce milieu, et n’a pour ainsi dire pas connu autre chose. Et sur le net, via les réseaux sociaux, le quidam va tenter de reproduire ce qu'il a appris par la télévision. Et les vidéos, les blogs, les murs, seront la caricature de ce qui se fait en télé.

Or toutes ces dérives ne sont apparues et n’ont été exploitées et généralisées à la base, que parce qu’elles permettaient une fois encore de faire du profit, via la publicité et le concept d'audimat.

Explicitement la télévision nous offre la possibilité d'accéder à la culture et au divertissement. Cependant la fascination qu'elle exerce sur le téléspectateur le rend passif et façonne un conditionnement nettement moins vertueux de docilité et de consommation.

Quand Patrick Le Lay, PDG de TF1 exprimait en 2004 dans le livre : « Les dirigeants face au changement », Ed. du Huitième jour :

« ... pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (...). »

[Source : http://www.acrimed.org/article1688.html] ;

il n'exprimait rien d'autre.

Et la réaction d'une part des téléspectateurs face à cette sortie : de boycotter TF1 pendant 24heures, constituait une preuve éclatante de cette réalité. A savoir : qu'ils ne refusaient de se faire piéger qu'un seul jour sur l'année.

Seules les personnes sevrées de télévision depuis plusieurs années peuvent comprendre l'impact réel de ce qu'elle opère sur notre fonctionnement mental.

5. La domination masculine

 

Un autre domaine dans lequel nous baignons culturellement et qui façonne toute notre mentalité, est la domination masculine. Et il existe un lien étroit entre cette domination et la culture du profit, nous le verrons plus loin.

Nous ne sommes qu'au tout début de la découverte à grande échelle des dégâts que cette domination engendre. Et bien que le féminisme ait permis d'obtenir pas mal d'avancées depuis plus d'un siècle, les droits des femmes restent piétinés à bien des égards. Les féministes sont encore trop souvent moquées, combattues ou tout simplement ignorées. Cependant, plus récemment un déclic s'est opéré dans la population tout entière par une actualité singulière qui a plus frappé les esprits qu'habituellement : l’affaire Weinstein, où, à partir d’une simple dénonciation sur un réseau social, reprise par un média, relayée ensuite par les autres médias, mais également par les autres personnes concernées et via les réseaux sociaux, puis par celles concernées par des situations similaires, puis par celles dans des milieux différents, et ensuite par des situations différentes mais issues des mêmes dérives de société ; on en arrive à une transformation (ou du moins, à un début de transformation) assez fondamentale des mentalités, à un niveau mondial.

Il est à remarquer que l’affaire DSK (Dominique Strauss Khan), par exemple, qui a eu un retentissement médiatique tout de même important elle aussi, aurait tout aussi bien pu être le déclencheur. Mais nous n’y étions probablement pas encore prêts. Cet aspect là sera expliqué dans le chapitre sur les champs morphiques.

Le processus mettra bien sûr encore des années. Mais il s’agit tout de même d’un mouvement pyramidal, où, mettre en lumière le sommet de l’iceberg finit par aider à faire émerger de plus en plus de couches qui étaient jusqu’à présent enfouies sous l’eau - dans notre inconscient.

Il aura fallu le courage de la prise de parole d’une seule personne en vue, suivie rapidement par d’autres pour que le monde entier ouvre les yeux, les écarquillent même, par rapport à un phénomène courant que finalement la moitié de la population mondiale vit implicitement au quotidien : le sexisme sous toutes ses formes, avec dans ses formes les plus extrêmes : le viol et le féminicide.

On est parti de la dénonciation de viols, pour ensuite passer à la dénonciation de harcèlement sexuel, et puis de comportements douteux. Si le sommet de l’iceberg a été symboliquement incarné par le dossier Weinstein, il me semble qu’on n’ait pas encore découvert que, à la base, c’est la mentalité de tout un chacun, y compris le silence et la soumission des femmes (en dehors de situations menaçantes), qui rend implicitement possible de tels actes, même s’il y a gradation entre la blague potache, la galanterie, ou le regard déplacé, avant d’arriver au harcèlement, au viol et à la prédation sexuelle.

La domination masculine est partout, et la partie explicite de cette domination est infinitésimale en comparaison à tout le pan implicite de cette domination, via les non-dits, les sous-entendus, les comportements sournois, les règles tacites auxquelles les femmes persistent à obéir. Or, tant qu’une telle domination persiste, le monde ne pourra pas aller bien. Voici une citation de Abdu’l Baha qui symbolise assez bien cet aspect.

«Le Monde de l’humanité possède deux ailes : la masculine et la féminine. Tant que ces deux ailes ne seront pas équivalentes en force, l’oiseau ne volera pas. »

Si je prends comme exemple l’affaire Weinstein, ce n’est pas un hasard. La conception des relations entre les hommes et les femmes est assez parallèle au thème du monde financier. Et en ce sens, les écarts de richesse grandissants mènent à penser également que l’oiseau ne peut voler tant qu'un équilibre des richesses entre tous les humains n'est pas atteint.

De plus, les deux vont de pair. L’article de la RTBF « Le financement reste une chasse gardée, et les femmes ne font pas partie du club » de Maxime Paquay du 18 juin 2020, l'illustre parfaitement. Hinde Boulbayem, CEO et fondatrice d'une entreprise, y révèle que :

« Sur les quatre dernières années, 98% des investissements réalisés par la Région de Bruxelles-Capitale ont été dirigés vers des actionnariats à 98% masculins ce qui veut dire que 2% de femmes ont été soutenues avec des capitaux. Pour les prêts, c’est 12%. »

L'article mentionne également que :

« Une étude réalisée en France sur les start-up, et relayée ... dans Les Échos, révèle de nombreuses inégalités de classe et de genre. Elle souligne que les chances de convaincre les investisseurs sont 2,4 fois plus élevées pour les hommes que pour les femmes. »

Et de conclure :

« Les investisseurs, qu’ils soient publics ou privés, sont des hommes et donnent de l’argent aux hommes  ».

[Source : https://www.rtbf.be/article/le-financement-reste-une-chasse-gardee-et-les-femmes-ne-font-pas-partie-du-club-10524538?id=10524538]

Et il n'est même pas sûr que des femmes financeraient tellement plus facilement d'autres femmes. La mentalité est intégrée des deux côtés. C'est avec une telle mentalité qu'on a tant de mal à avoir des dirigeants tant économiques, scientifiques que politiques de genre féminin. Et cela n'a rien à voir avec la compétence des femmes. Ce sont des a priori principalement inconscients, et très puissants, et que l'on retrouve à tous les étages, dans tous les registres, et chez chacun d'entre nous.

Mais, en ce moment, de gros mouvements de fond sont en train de naître pour faire bouger rapidement nos conceptions dans ces deux domaines - économique et d'inégalités de genre - ainsi que concernant celui du changement climatique (directement lié aux valeurs véhiculées dans le monde de l’enrichissement par le profit).

Les incohérences, injustices et dégâts que provoquent tant le système économique et financier que les inégalités criantes entre les hommes et les femmes, sont directement liées aux valeurs respectives de chacun de ces thèmes, à savoir : la valorisation de l’enrichissement dans la culture occidentale à présent mondialisée d’une part, et l’usage privilégié de la compétitivité ou du rapport de force dans les relations d’autre part. Et tout cela est lié.

Ces deux attitudes nuisibles par l’aspect hautement caricatural de leur usage dans notre société fondent toutes nos conceptions psychologiques en profondeur, et sont vouées à être abandonnées.

Et ce seront les jeunes qui accéderont le plus facilement à cette compréhension. Car ils arrivent dans un monde où les injustices dans ces domaines sont devenues trop flagrantes alors qu’ils ne sont pas encore trop imprégnés par les mentalités qui les sous-tendent. Et ils seront donc moins touchés par l’incrédulité, le déni, et la rigidité propre à l’âge, pour parvenir à les quitter.

6. La culture et l'éducation

 

Bien que internet, les médias et la publicité, aient un rôle prépondérant actuellement dans la culture du profit, dans la perte de nos valeurs, et dans les influences destructrices que cela génère pour la population et la planète ; il serait naïf de penser que tout cela est récent. Les dérives qui se sont développées depuis la deuxième moitié du vingtième siècle sont nées sur un terrain qui les favorisait. Le culte de la rationalité est apparu à la naissance des sciences modernes vers le XVIIème siècle. Le capitalisme s'est développé avec l'ère industrielle. La domination masculine, la violence et les relations fondées sur le rapport de force ont, elles, probablement toujours existé. Le servage, l'esclavage, le colonialisme, ont explicitement quitté notre culture, mais ils ont été remplacés par des phénomènes plus implicites, moins violents dans leur application, mais similaires dans leurs conséquences, entre d'un côté les miséreux et moins nantis, et de l'autre les élites du pouvoir, de la richesse et de la culture. Les premiers étant directement dépendants des seconds ou de la société, soit financièrement, soit dans le cadre d'un contrat de travail qu'ils n'ont pas choisi et dont les conditions leur sont rarement favorables.

Dès lors, notre culture historique et actuelle est empreinte de toutes les valeurs portées par ces influences du passé. Et bien que cela était connu et dénoncé dans certains milieux plutôt alternatifs peu relayés par les mass médias ; cela commence à être accessible à tout un chacun via les mouvements récents tels que #MeToo pour la domination masculine, #BlackLivesMatters pour le racisme, ainsi que toutes les fuites massives de documents secrets opérés par les lanceurs d'alerte, qui ont permis de lever une part du voile sur les fraudes, abus et scandales dans les sphères du pouvoir et des finances. Nous découvrons également au compte-gouttes dans l'actualité les dérives des GAFAM et des multinationales. Il en va de même dans la littérature et le cinéma, ou certains ouvrages, certains films, même s'ils ne sont pas censurés, sont dénoncés pour des valeurs qui sont devenues intolérables pour la majorité. Et tout ceci ne représente que le tout début des découvertes des bases inadéquates de notre culture, desquelles nous devrons apprendre à nous affranchir.

Dans les dernières décennies, il arrivait que certains de ces phénomènes soient dénoncés, mais ils étaient rarement relayés par les mass médias, et seuls certains milieux activistes concernés s'en préoccupaient. A présent, avec l'avènement de la communication immédiate et massive par internet, les mass médias ne peuvent plus se permettre de taire cette actualité-là s'ils veulent rester crédibles. Et la population entière, en en prenant connaissance, commence à comprendre à quel point l'ordre établi, le fonctionnement de notre société, est basé en grande partie sur des dysfonctionnements dont nous subissons presque tous les conséquences.

Notre culture est empreinte, tant des valeurs du passé que des valeurs actuelles qui en ont découlé.

Ouvrez n'importe quel ouvrage de littérature classique, vous y trouverez des traces de ces valeurs, enveloppées bien souvent par de l'héroïsme et des beaux sentiments. Il en est de même concernant le cinéma : la violence et le racisme dans les westerns, les inégalités présentées comme naturelles dans les grandes sagas, les héros presque toujours masculins ainsi que tant d'autres dérives desquelles nous nous laissons imprégner sans forcément les remarquer.

Même les livres scolaires sont encore parfois basés sur notre culture historique. Que cela concerne l'inégalité des genres, le racisme, les injustices sociales ; il n'est pas rare que ces ingrédients transparaissent dans les illustrations et exemples proposés.

Et comment pourrions-nous éduquer nos enfants vers des valeurs plus élevées, si nous-mêmes n'avons pas encore pris pleinement conscience des anciennes valeurs sur lesquelles nous basons toutes nos pensées et tous nos comportements.

Un exemple très concret de cette imprégnation inconsciente d'une culture désuète, est cité par Frédéric Laloux dans sa conférence « Reinventing Organizations », en 1914. Cette anecdote en dit long sur nos conceptions culturelles : 

« Aristote, en son temps, a déclaré que la femme avait moins de dents que l'homme. Aujourd'hui nous savons que c'est faux. Mais cette croyance s'est maintenue pendant 2000 ans ! Il a fallu 2000 ans pour s'en rendre compte ».

[voir Ref 40 : https://www.youtube.com/watch?v=NZKqPoQiaDE].

Combien de croyances de ce genre ne véhiculons-nous pas encore actuellement ? Nous ne pouvons le savoir, mais nous sommes en passe de le découvrir de plus en plus vite.

Le capitalisme s'est construit sur base de ces valeurs et les concentre toutes.

I) L'IMPLICITE ET L'EXPLICITE

 

Le mot implicite ou la notion qu’il représente, revient de manière récurrente dans toute cette première partie du document. Il me paraît dès lors important de m’attarder sur cette notion à présent. Car nos mentalités, nos valeurs, nos modes de fonctionnement, sont imprégnés bien plus qu’on ne l’imagine de croyances et conditionnements que tout le monde partage, et qui pourtant ne sont jamais exprimés, ne sont écrits nulle part, et sont souvent inconscients. Cela signifie que nous pensons que certains aspects de nos vies sont fonctions de croyances exprimées, logiques, partagées avec l’entourage et la communauté, alors qu’en réalité, nos comportements sont dictés par des croyances ou valeurs inconscientes, également partagées par l’entourage et la communauté, mais qui ne sont donc pas exprimées ouvertement et apparaissent dès lors indirectement dans nos actions et nos discours, sans être jamais véritablement questionnées, ou alors seulement superficiellement, de manière à pouvoir les garder en l'état.

Et très souvent, ces croyances se manifestent sous forme de modèles, dans les modes de fonctionnement plus généraux dans la société, au travers des choix et discours portés publiquement par les uns et les autres. D’un côté on nous explique noir sur blanc un aspect de la réalité en le colorant de logique, d’éthique, et de bonnes intentions. Mais si l’on y regarde de plus près, par derrière, on peut trouver pas mal d’indices qui nous indiquent le contraire de ce qui est exprimé, à l'insu même de celui qui en est l'auteur. Et comme nous faisons foi en ces messages explicites, nous ne remarquons tout simplement pas la contradiction et nous nous soumettons aveuglément aux contre-vérités. Car souvent, les messages explicites reçus, et ce qui les contredit, ne nous atteignent pas dans les mêmes contextes et aux mêmes moments. Nous recevons tous ce type de messages, mais en exprimons tous également. D'une certaine manière nous jouons tous dans la même pièce, où chacun des personnages dit son texte correctement tout en jouant le scénario d'une autre pièce.

Et les contradictions entre ce qui est implicite et ce qui en est dit sont tout simplement courantes, et jalonnent nos modes de communication. La plupart du temps ils passent en dehors de nos radars, et au mieux, nous les dénions. Mais lorsque nous parvenons à mettre des mots dessus, les incohérences deviennent alors flagrantes et choquantes.

Dans la société occidentale, capitaliste, société de consommation ; beaucoup de valeurs explicites sont, somme toute, assez comparables avec ce que les religions prêchent dans toutes les sociétés. Altruisme, respect, coopération, partage, humilité, tolérance, générosité, honnêteté, en sont quelques exemples. On peut coupler cela à toutes les luttes sociales : droit à la différence, égalité des genres, lutte contre le racisme, le sexisme, l’homophobie, le harcèlement. Il est illégal de voler, de frauder, de faire violence à autrui, de saccager, de violer, etc. … : les droits humains adaptés dans certaines lois et dans notre quotidien en quelque sorte. Rien de bien neuf en somme. Les discours officiels (politiques, médias, éducatifs, culturels) vont en général dans ce sens. Et quand tel n’est pas le cas, les réactions fusent assez rapidement.

Mais derrière le discours officiel, moral, ce sont bien souvent les règles inverses qui ont le dessus, et cela via les mêmes canaux ou des canaux similaires, parfois au cœur même de nos lois ou par la voix de nos représentants politiques, ou bien via la publicité, le star system, au travers d’une grande partie de notre culture cinématographique, télévisuelle et littéraire, voire même au travers de nos modes d’éducation, nos coutumes, nos conditionnements et habitudes, etc.

De la sorte, abuser, manipuler, mentir, mépriser, agresser, vampiriser, exploiter, provoquer, sont des comportements de plus en plus courants, et ils ne sont pas vraiment mal vus sauf exceptions (même si l'affaire Weinstein, et le mouvement #MeToo qui s’en est suivi, et quelques autres, montrent qu'il y a évolution des mentalités). La plupart des viols restent impunis. Les riches deviennent toujours plus riches, et l’éradication de la pauvreté reste un vœu pieux. L’obsolescence programmée était pratiquée par quasi toutes les multinationales jusqu’il y a peu. Et ainsi de suite.

Et les deux discours ne cessent de se combiner de toutes les manières possibles et imaginables.

En voici quelques exemples :

  1. Certains vont, prôner le développement durable dans le milieu de la mode ; alors que la mode, par essence, est quelque chose d’éphémère et consiste à consommer toujours plus et à fabriquer de l’obsolescence programmée.

  2. Certains de ceux qui possèdent des actions le font dans la plus grande moralité en choisissant des firmes éthiquement responsables et durables, et pourtant ils en tireront un dividende supérieur à 10 % ou 20 %. Ainsi sous le qualificatif de éthiquement responsable et durable, ils vont s’enrichir abusivement, sans que personne n’y trouve rien à redire. Or il n’y a rien d’éthique, de responsable et de durable à faire passer une telle proportion des bénéfices vers les actionnaires (actionnaires, qui, en bénéficiant de ce dividende prennent donc la responsabilité de participer à cette dérive). Car en agissant de la sorte, on spolie soit le travailleur, soit la qualité du produit et donc le client qui achète, soit l’environnement, soit ces trois pôles à la fois, alors que l’actionnaire n’a rien apporté (excepté son excédent d’argent) pour faire tourner la machine.

  3. Certaines entreprises qui se veulent honnêtes, ou du moins qui tentent de montrer une façade honnête, vont pourtant faire appel à des techniques de marketing et de publicité qui trompent, manipulent, ou encore sont intrusives auprès du client potentiel.

  4. Certains mass médias (suite aux événements de l’actualité) prennent la balle au bon pour nous informer de toutes les dérives que causent certains réseaux sociaux, et dans la même émission, ou la suivante, les mêmes personnes demandent aux téléspectateurs ou auditeurs de réagir à l'émission via ces mêmes réseaux sociaux.

  5. Le sexisme, le racisme, l’homophobie, sont des exemples frappants de ce double langage. Rares sont les gens qui, explicitement, approuvent ces tendances. Pourtant, l’évolution dans ces domaines est mineure. Ce n’est que tout récemment que l’on a commencé à mettre des mots sur toutes les injustices non dites que subissent les populations concernées et cela permet de mesurer l’ampleur de ces phénomènes.
    Un exemple flagrant de notre capacité à jouer entre implicite et explicite, et à dénier nos incohérences c’est l’expression courante : « je ne suis pas raciste, mais… » et ce qui suit le « mais » est un propos raciste ou proche de l'être – manière donc de dire explicitement qu’on n’est pas raciste, pour, dans la même phrase, donner un propos implicitement à tendance raciste.

  6. Un des exemples les plus frappants reste celui de la télévision, ainsi que des contenus de fiction télé, cinéma, romans et BD.
    Une part – minoritaire - des émissions de parole vont souvent amener de la morale haut de gamme (certains documentaires, reportages, débats, etc.), et en parallèle on nous déverse en continu tout le contraire : la compétition (dans le sports et les jeux), le consumérisme (via la publicité et le star système), la violence trash (dans les thrillers, policiers, films de guerres et de science fiction), la perversité (dans certains émissions de divertissement et dans la téléréalité, ainsi que dans les séries à intrigues) ; et la totale dans les infos (même si on les condamne dans ce cadre-là, c'est tout de même de cela qu’on parle).

  7. Un autre exemple absolument hallucinant, de notre aveuglement devant les évidences a été mis en lumière dans le livre paru fin 2021 et écrit par l'historienne Lucile Peytavin : « Le coût de la virilité » , Ed. Anne Carrière -
    [voir Ref 5 : https://anne-carriere.fr/livre/le-cout-de-la-virilite], qui met en lumière de manière magistrale la place de la violence masculine dans notre société. Nous savons implicitement, et par expérience, tout ce qui est dit dans le livre. Mais nous en faisons fi, car nous avons internalisé ces règles. La violence dans notre société est perpétrée de 80 à 99% - selon les domaines - par des hommes. Le livre en liste toutes les statistiques disponibles, et en calcule le coût pour la France. Et le problème n'est pas chez les hommes. Le problème est dans la culture dont nous sommes tous imprégnés, hommes comme femmes, et qui nous fait perpétuer cette violence, qu'on la pratique ou qu'on la subisse. Tant que les mots ne sont pas mis sur de tels phénomènes, il sera impossible de les faire disparaître. Actuellement, la lutte contre la violence dans la société cible certaines populations selon le niveau socio-économique, l'âge, ou le niveau culturel. Jamais la cible masculine n'est définie explicitement, alors que c'est la première à définir. Et c'est l'éducation, tant des hommes que des femmes, qu'il va falloir adapter pour diminuer le taux de toutes ces violences. Mais tant que ce problème reste implicite, rien ne peut être fait pour y mettre fin.
    Avant d'écrire le présent paragraphe, j'ai re-parcouru le livre que vous tenez entre vos mains, pour découvrir les contextes dans lesquels j'y parlais de violence. Pas une seule fois, je n'ai fait le lien avec la violence très majoritaire chez les hommes. J'ai donc la preuve noir sur blanc, en ce qui me concerne, de ce que je viens d'expliquer : j'ai internalisé la notion. Pourtant la violence et la domination masculine sont toutes deux dénoncées tout au long du livre, mais excepté dans le présent paragraphe, jamais je n'ai été capable de faire le lien.

 

En fait, nous connaissons très bien toutes les règles implicites qui véhiculent nos contre-valeurs, et nous sommes capables de les utiliser nous-mêmes, comme par exemple, dans le jeu Monopoly, comme on l’a vu plus haut dans le texte - alors que, explicitement nous les condamnons.

Et notre système économique mélange allègrement les deux registres. C’est d’ailleurs ce qui nous empêche d’y voir clair. Car les messages contradictoires arrivent en général par les mêmes canaux, mais à des moments différents. Nous ne sommes presque jamais confrontés en directs à ces contradictions, excepté parfois, dans deux sujets successifs lors des infos radios ou télé.

Quand on apprend à décoder ces incohérences comme dans les quelques exemples ci-dessus, on finit par les retrouver partout. Elles sont presque continuelles.

Comme nous sommes à l’ère de l’information, d’internet, nous disposons à présent quasi tous de manière de plus en plus explicite des informations qui permettent de prendre davantage conscience de toutes ces incohérences. Et il est donc probable que dans les années à venir, un nombre croissant d’entre elles seront « explicitées » et, dans la foulée, seront obligées de disparaître à moyen terme.

Voici une petite vidéo pour illustrer les notions d’implicite et d’explicite. Il s’agit d’un test de l’attention datant de 1999 proposé par Daniel Simons et Christopher Chabris. Concentrez-vous bien à respecter scrupuleusement les instructions. : [voir Ref 33 : https://www.youtube.com/watch?v=vJG698U2Mvo]

Ne lisez les paragraphes qui suivent en italique que si vous avez vu la vidéo, sinon vous n’en aurez aucun bénéfice.

Seul un petit pourcentage des gens qui regardent la vidéo en respectant les instructions données au préalable, sont capables de reconnaître l'absurdité qui y est liée.

Une fois cette absurdité explicitée, il n'est plus possible de faire le comptage de la même manière.

Le sujet de la vidéo n’est pas l’implicite et l’explicite dans nos modes de fonctionnement. Cependant, elle illustre parfaitement comment cela fonctionne dans ce cadre aussi.

En dénonçant les aspects implicites des modes de fonctionnement dans notre société - et le présent livre tente d’en mettre en lumière quelques-uns - il deviendra très vite impossible de ne plus en tenir compte, même si ceux que ces aspects privilégient risquent bien de continuer à exiger de les dénier. Or le nombre de privilégiés dans le déni est en baisse constante. Dès lors, nous avons toutes les chances de voir des améliorations apparaître très rapidement.

Au début il n’est pas simple de repérer ces incohérences tellement bien intégrées dans notre culture et que nous considérons comme allant de soi. Mais une fois habitué à en voir, le regard devient plus acéré, et on finit par les repérer naturellement et de plus en plus, au point de finir par être choqué à chaque fois, et encore plus choqué d’observer que cela continue à passer inaperçu pour la majorité.

J) CONCLUSION

 

Si l’on est un tant soit peu conscient de la situation du monde actuelle et des enjeux pour l’avenir, nous savons que persister collectivement comme nous le faisons depuis plus de 200 ans et de manière de plus en plus effrénée, va nous mener tout droit à la ruine. Il est peut-être même déjà trop tard. Mais tout espoir n’étant pas perdu ; il serait absurde de baisser les bras à ce stade.

Or actuellement, encore 75 à 90 % de la population continuent leur vie dans un total aveuglement par rapport aux enjeux, focalisés sur les réseaux sociaux, le smartphone, le stress du quotidien, la recherche de plaisir facile et toutes les addictions que cela comporte, sans être prêts à délaisser aucun de ces acquis qu’ils considèrent comme des progrès, des atouts, des privilèges. Les 10 à 25 % restants tentent, tant que faire se peut, de modifier leurs habitudes de vie, et d’essaimer, ou de militer pour que les politiques lèvent le nez et réagissent.

Mais la progression n'est pas très rapide (même si la courbe est ascendante). On pourra légiférer tant que l’on peut pour limiter les pollutions, les gaspillages, donner un semblant de filet social aux plus démunis, ou on pourra tenter de développer le commerce plus durable avec la production de produits plus locaux, plus respectueux de l’environnement et ces choses-là ; ou encore on pourra tenter d’aller plus avant dans la technologisation dans le but de résoudre les problèmes que la technologisation a elle-même créés. Mais tant qu’une frange de la population sera autorisée à chercher à tirer son épingle du jeu pour s’enrichir, sans cesser de tenter de créer toujours plus pour vendre toujours plus et que nous persisterons à en être les clients ; nous ne pourrons rien résoudre.

Or, nous sommes chacun responsable de sortir des règles de ce jeu-là. Car tant que nous jouons avec eux, nous sommes leurs complices. Et nous le verrons dans la sixième partie, sortir du jeu en prenant ses responsabilités crée déjà en soi un mouvement d’entraînement pour aider d’autres à sortir du jeu et créer au final un effet boule de neige. Et dans ce cadre, ce sont les premiers qui commencent qui ont la plus grande responsabilité, même si les effets de ce qu’ils font paraissent totalement inutiles.

Il va falloir réapprendre à reconnaître nos réels besoins, calmer nos pulsions et addictions, afin de faire correspondre le commerce à de réels besoins et non plus à une demande créée de toute pièce. Et les crises vont commencer à se multiplier et nous y amener.

 

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Table des matières

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Remarque préliminaire

INTRODUCTION

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PREMIÈRE PARTIE : POSER LE PROBLÈME – QUE SE CACHE-T-IL DERRIÈRE LES MOTS DE L'ARGENT ET DU PROFIT

A) INTRODUCTION

B) RICHESSE ET PAUVRETÉ FONCTIONNENT PAR VASES COMMUNICANTS DE MANIÈRE SYSTÉMIQUE

C) L'ARGENT - LES RÔLES INDIRECTS ET DÉTOURNÉS QUI LUI SONT ATTRIBUÉS

1. Moyen de subsistance, et bien au-delà

2. La reconnaissance et son exploitation commerciale

3. L'argent n’est pas neutre – pouvoir et autres dérives

4. L’argent donne un statut

D) LE CONCEPT DE PROFIT ET LES VALEURS QUE CELA SOUS-TEND

1. Profit équitable ou profit abusif

2. L'indécence des dividendes - quelques données chiffrées

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E) LES CONSÉQUENCES DU PROFIT ET DES RÔLES INDIRECTS DE L'ARGENT

1. Les conséquences matérielles de l'appât du gain

a - les dérives dans l'industrie : quand la fin justifie tous les moyens

b - Répartition inéquitable de l'argent - Les écarts de richesses

2. la classe la plus riche, de loin la plus destructrice

3. A l'autre extrême de l'échelle de la richesse, on meurt par millions, dizaines de millions, centaines de millions

4. C'est la richesse extrême des plus riches qui maintient la mortalité par millions des plus pauvres

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F) LES CONSÉQUENCES DE L’APPÂT DU GAIN SUR LES MENTALITÉS

1. La survie ou l'avidité

2. L’argent corrompt et pervertit

3. La course pour grimper vers plus de richesses

4. La complaisance des consommateurs

5. La violence

G) LES CROYANCES IMPLICITES CONCERNANT L'ARGENT

1. L'argent doit être une ressource limitée

2. Il faut travailler pour gagner sa vie

3. Les gens riches sont plus heureux

4. La richesse se mérite, donc implicitement la pauvreté aussi

5. Il faut travailler dur pour bien gagner sa vie

6. L'argent gonfle tout seul

7. L'augmentation du coût de la vie, l'inflation, la dévaluation de la monnaie

8. Être riche ne nuit à personne

9. En économie, ce qui est légal est moral

10. L'économie c'est une science, complexe - il faut se fier aux experts

11. Ce sont les politiques qui détiennent le pouvoir

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12. La croissance est bonne pour l'économie

a - Effet logarithmique de la croissance

b - Empreinte écologique et jour du dépassement

c - Démographie

H) LES PRINCIPAUX VÉHICULES DE LA CULTURE DU PROFIT

1. La publicité

2. Les médias de l’information

3. Les réseaux sociaux

4. Les médias du divertissement et en particulier, la télévision

5. La domination masculine

6. La culture et l'éducation

I) L'IMPLICITE ET L'EXPLICITE

J) CONCLUSION

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DEUXIÈME PARTIE : PREMIÈRES IDÉES DE SOLUTIONS : Découpler le travail et l’argent – découpler l’argent du profit

A) INTRODUCTION

B) LES ALTERNATIVES QUI RESTENT A LA MARGE

1. Nous ne sommes pas encore prêts

2. Les solutions font encore partie du problème

C) ABANDONNER NOS CROYANCES SUR LA CROISSANCE, ET BOULEVERSER LA LOGIQUE DE L'EMPLOI

D) DÉCOUPLER TRAVAIL ET ARGENT - L'ALLOCATION UNIVERSELLE

1. Moins de travail à pourvoir

2. Créer la motivation à travailler

3. Conception du travail

4. Financement de l'allocation universelle

5. L'allocation universelle donnerait du pouvoir à ceux qui actuellement n'y ont aucunement accès

E) DÉCOUPLER L'ARGENT DE LA RECHERCHE DE PROFIT

1. Créer une économie qui n'est plus régie par l'argent

- Le rôle des initiatives citoyennes

2. Une seule initiative et l'effet boule de neige

3. Construction de la nouvelle tour

4. Quelques exemples de changements concrets à venir dans la société

a - La démocratie participative

b - Le pouvoir politique se transformera et reprendra du pouvoir face au pouvoir économique et financier

c - Bourse fermée

d - Disparition des impôts

e - Les entreprises démocratiques se multiplieront, voire se généraliseront

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F) DIMINUTION DU RÔLE DE L'ARGENT

1. Evolution des mentalités

2. Le vrai rôle que devrait avoir l'argent

a - Réduire l'utilisation et le rôle de l'argent

b - Apprendre à échanger sans compter

c - La diminution de l'importance de l'argent dans nos vies

TROISIÈME PARTIE : LE CONTEXTE DU CHANGEMENT

A) AU NIVEAU POLITIQUE

B) AMENER LE VIRAGE POLITIQUE VIA LES MOUVEMENTS CITOYENS

C) BALANCE A PLATEAU : ALLER VERS L'ALTERNATIVE

D) NOS PETITS PAS INDIVIDUELS SONT CAPABLES DE GÉNÉRER DE GRANDES MARRÉES CITOYENNES

E) PROFILS DE CITOYENS : LES CONDITIONS POUR CHANGER

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QUATRIÈME PARTIE : LE CHANGEMENT DU NIVEAU DE CONSCIENCE

A) INTRODUCTION

B) LA NÉCESSITE DE PERCEVOIR L'IMPORTANCE DE L’ÉVOLUTION INDIVIDUELLE D'UNE PART IMPORTANTE DE LA POPULATION

1. Qui est en premier concerné

a - Les plus riches

b - Les plus pauvres

c - La classe moyenne

2. De quel changement individuel parle-t-on : tout d’abord, dans le concret

a - La responsabilité d’agir même si on est seul à le faire

b - Et si la notion de goutte d'eau dans l'océan s'avérait totalement fausse ?

c - Cesser de leur donner du pouvoir

d - Liberté - autonomie - solidarité

3. Au-delà des modifications de comportements citoyens ou de consommateur : l'élévation du niveau de conscience

a - Conscience et information

b - Conscience et technologies

c - Conscience et solutions nouvelles

d - Dénouer les nœuds qui sont dans nos têtes

e - Changer la couleur de nos lunettes : changer notre mode de pensée

f - Bousculer l'édifice de nos croyances

g - Saut d'évolution de l'humanité

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4. Dépasser les freins au changement :

a - Sous hypnose : nos doutes, notre passivité, notre conformisme, notre lâcheté

b - Syndrome de Stockholm

c - La difficulté d'aller à contre courant – la soumission à l’autorité de Milgram

d - Mettre des mots sur ce qui est implicite afin d’en éviter les incohérences

e - Quitter notre mentalité va nous faire peur

f - Le choix du pessimisme sous prétexte de réalisme

CINQUIÈME PARTIE : LES DEUX PILIERS PRINCIPAUX DU CHANGEMENT : Privilégier les raisons du cœur au raisonnement cartésien et lâcher le rapport de force

A) QUAND NOS SOLUTIONS MAINTIENNENT LE PROBLÈME TOUT EN LE RENDANT MOINS VISIBLE

B) PRIVILÉGIER LES RAISONS DU CŒUR AU RAISONNEMENT CARTÉSIEN

1. Introduction

2. Nous supposons à tort que toutes nos pensées sont rationnelles par essence (excepté dans la folie ou lors de certains dérapages)

3. Prendre notre rationalité pour seule référence , seul repère, comme seule valable, seule efficace, ...

4. Notre recours à la rationalité nous mène souvent en bateau : une atèle sur une jambe de bois

5. Une solution qui ne porte pas - toute rationnelle qu'elle puisse être - n'est pas une solution

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6. Un enseignement qui reflète tout notre système de pensée rationnelle et ses failles, dans un cadre éducatif qui fait souvent défaut

7. La fiabilité relative du raisonnement scientifique de l'expert - un regard sur le réchauffement climatique

8. Notre incapacité à gérer correctement nos découvertes et inventions scientifiques

9. De nouvelles références pour guider nos choix

C) LÂCHER LE RAPPORT DE FORCE

1. Introduction

2. Le rapport de force

a - En quoi consiste le rapport de force ?

b - Lâcher le rapport de force

c - Nous fonctionnons dans le rapport de force comme nous respirons

d - Les enjeux du rapport de force ou de son absence

e - La violence n'est jamais loin du rapport de force, la non-violence non plus

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f - Comment les rapports de force imprègnent toutes nos conceptions

i La mentalité basée sur le rapport de force

ii Notre incapacité à envisager les conflits en dehors du rapport de force

iii Une société de dominants et de dominés : le rapport de force est partout

iv La soumission

v La désignation d'un fautif

vi rapport de force et confiance en soi

vii rapport de force et libre arbitre

g - Comment les rapports de force définissent notre vie sociale et nos dépenses

i Les comportements, références et marqueurs sociaux résultants de la prégnance généralisée des rapports de force

ii Les sphères d’influence sociales, culturelles et commerciales

iii Rapport de force dans le cadre professionnel

iv Rapports de force et monde virtuel – école de narcissisme

v rapport de force et voiture

page 12

vi Rapports de force, consommation, et recherche de profit sont foncièrement et intrinsèquement liés

- les comportements de survie

- les comportements d'avidité

- notre complaisance

- les comportements de compétition

- les comportements d'exigence

- les comportements de défense de nos privilèges

- les rapports de force ne sont jamais loin de nos comportements de matérialisme et de notre cupidité

vii quitter le rapport de force mène à se désintéresser des richesses et de la consommation

h - Rapport de force à l'échelle collective

3. Connaissance de soi : notre part d'ombre

a - Introduction

b - Rapport de force versus empathie - les deux facettes de l'être humain d'aujourd'hui

i Ambivalence des comportements

- l'attitude face aux inconnus

- l'attitude face à l'entourage

- Un interrupteur dans la tête et l'apprentissage de stratégies pour y remédier

ii Le moment de bascule

- Face aux inconnus

- Face à l'entourage

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iii On ne peut désinvestir nos pensées et émotions dites "négatives" uniquement par le simple choix de penser positif

iv découvrir les effets de l'interrupteur

v apprendre à gérer l'interrupteur

vi la gestion de l'interrupteur sur la durée

vii Accepter notre part d'ombre c'est accepter celle des autres

c - Le capitalisme exploite notre part d'ombre

d - La part d'ombre et le rôle des citoyens en transition

e - La part d'ombre et le rôle des crises

f - Facteurs favorisant ou non la propension à utiliser le rapport de force

i Tout d'abord, notre passé forge en grande partie qui l'on est : notre tempérament, nos conditionnements, nos blessures, nos tendances.

ii Ensuite, c'est notre situation du présent qui va aussi déterminer nos réactions face à l'adversité.

iii Niveau de conscience

g - Notre capacité à l'empathie dépend surtout de notre capacité à reconnaître ce qui nous en éloigne - l'altruisme des religions élude cet aspect

h - Evolution personnelle et déni de réalité

i Fuir totalement l'actualité nous fait perdre contact avec la réalité

ii Quand utiliser la loi de l'attraction devient magique

iii Évoluer dans un monde de bisounours

iv Évoluer spirituellement ne peut pas nous épargner d'adapter de manière intègre nos comportements à la réalité très concrète

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4. Quitter le rapport de force - accueillir notre part d'ombre via un réel travail psychologique

a - L'étape incontournable : commencer par reconnaître notre part d’ombre

b - Part d’ombre et rapport de force

c - Parvenir à déjouer l'emprise négative de certaines de nos émotions et de leurs conséquences sur nos pensées et nos comportements

d - Les attitudes mentales à privilégier

i accepter

ii persévérer à demander

iii Faire évoluer les demandes et propositions en traversant les échecs, en apprenant de nos erreurs

iv Accepter dans certains cas la solution de l'autre qui ne nous satisfait pas, mais peut mener vers nos objectifs

e - Se mettre dans la bonne disposition d'esprit

i La détermination

ii L'absence d'exigence

iii L’absence d’urgence

iv Exploiter l’émotion sans agir sous son emprise

v Une forme de connaissance de soi

vi Le détachement

vii La présence de doutes dans la confiance

viii Le respect et la bienveillance absolue

page 15

f - Quand le rapport de force s’éloigne, l’empathie et la solidarité peuvent apparaître

g - Aller vers le cœur

h - Changer

i - Notre part d'ombre est notre alliée

j - La différence entre la compréhension et la conscience

k - Pour prendre de la perspective

SIXIÈME PARTIE : LES FACTEURS D'INFLUENCE DU CHANGEMENT

1. Deux mondes parallèles

2. Conscientiser, chercher à influencer : c'est se tromper

3. La réelle influence s'opère loin des discours

4. Notre rôle de colibri et son effet boule de neige

5. L’influence des médias de l’information

6. Le rôle des crises

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7. L’éducation et l’enseignement – y compris le rôle qu’y joue le web

8. Le pouvoir de la minorité

9. Catalyseurs d’un autre genre

a - L'intelligence collective

b - Les neurones miroir

c - L’épigénétique

d - La contagion de l'altruisme

e - Les champs morphiques (ou morphogénétiques)

f - La transmission de toutes nos pensées et émotions

g - L'auto-contagion

10. Conclusion

VERS UNE UTOPIE NON DÉCONNECTÉE DE LA RÉALITÉ

- La métaphore du flocon

- Un dernier petit coup de pouce

ANNEXE Un détour par la théorie polyvagale

page 17

ICI COMMENCE LE DEUXIÈME VOLET DE CE LIVRE

RÉFÉRENCES

REMERCIEMENTS