Quand cesse la culture du profit

 

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DEUXIÈME PARTIE : PREMIÈRES IDÉES DE SOLUTIONS : Découpler le travail et l’argent – découpler l’argent du profit

 

A) INTRODUCTION

 

Après avoir présenté certains aspects de notre culture du profit et de l’enrichissement, et donné un aperçu du large spectre de leurs conséquences, non seulement dans la société et sur l'environnement, mais au sein même de nos mentalités, de notre manière de penser ; voici quelques pistes qui pourraient se concrétiser à l'horizon des années ou décennies à venir. Elles sont déjà pour partie dans l'air du temps, mais encore considérées par la majorité comme trop utopiques. Cependant, vu les bouleversements de société fondamentaux exigés par notre arrivée en bout de piste alors que nous n'avons pas prévu les ailes pour décoller ; nous serons forcément poussés à revoir nos copies de façon radicale et rapidement dans beaucoup de domaines, et en premier, celui de l'économie, de la croissance, de la richesse et du profit.

Les sujets évoqués dans cette partie sont loin d'être exhaustifs. Je laisse cela à d'autres plus compétents et doués que moi dans ces domaines. Et je n'apporte d'ailleurs rien de bien neuf, car des entrepreneurs, des banquiers, des économistes, des politiciens, défendent déjà en nombre ce genre d'idées, et ce sont eux qui aideront à les concrétiser. J'approfondirai cependant un peu plus le chapitre de l'allocation universelle, car c'est probablement la première évolution qui verra le jour.

B) LES ALTERNATIVES QUI RESTENT A LA MARGE

 

De plus en plus d'initiatives, expériences en tous genres, projets alternatifs à notre système économique se développent actuellement. On peut citer par exemple, les monnaies locales, les Services d’Échanges Locaux (SEL), le mouvement de la décroissance, de la simplicité volontaire. Ou encore la taxe Tobin visant à taxer la spéculation, l’allocation universelle, les repairs cafés, les banques et coopératives éthiques, le crowdfunding, le microcrédit, les groupes d’achats locaux, les marchés du gratuit, la Slow Food, le commerce équitable, les labels éthiques, énergétiques, biologiques, durables, les villes en transition, les incroyables comestibles, les jardins participatifs, les quartiers durables, les banques alimentaires, les restos du cœur, et surtout, de manière de plus en plus répandue l’agriculture biologique et le commerce local … .

Tous sont les manifestations du changement, et malgré que cela devienne de plus en plus visible, cela ne touche encore qu'une minorité de la population, ou une minorité de nos comportements.

Certaines de ces entreprises ont déjà plusieurs décennies à leur actif et peinent à s'étendre ou à se généraliser, d’autres sont plus récentes et remportent un succès plus rapide, d'autres encore restent au stade de gestation, sans arriver à véritablement se concrétiser.

Cependant tout cela reste encore en grande partie « alternatif », ou à la marge, et pour la plupart, elles ne sont tout simplement pas prises au sérieux par les pouvoirs publics ou par la majorité de la population. Il y a probablement plusieurs causes à cela.

1. Nous ne sommes pas encore prêts

 

Comme nous l'avons vu pour les conséquences de l’affaire Weinstein, les remises en question peuvent survenir rapidement et atteindre quasi tout le monde, à l’initiative d’une seule personne. Cette personne aura pourtant été précédée par des milliers, voire des centaines de millions d’autres, mais le contexte permet que, subitement - parce qu’il y a médiatisation, parce que d’autres facteurs concourent à rendre cela possible - ce qui ne pourrait être qu’une étincelle au départ, met cette fois le feu aux poudres. Et ainsi les déclics s’enchaînent. Le premier élément relayé sur le net, puis dans la presse, est rapidement suivi d’un autre élément, qui par la suite va être relayé dans un autre milieu, puis par d’autres faits liés au même problème, jusqu’à ce que quasi tout le monde soit partie prenante du processus et que les choses changent : dans les faits, dans les mentalités, dans les lois. Ce qui n'était au départ qu'un fait divers, finit par être le déclencheur d'un bouleversement dans la société, qui, au moment où j'écris ces lignes, n'en est encore qu'à ses balbutiements, mais qu'on ne pourra plus arrêter.

Donc parmi les initiatives et expériences précédemment citées, il est probable que, même si certaines semblent végéter sans vouloir réellement démarrer, il arrivera un jour où un déclic se produira, et la médiatisation et le relai au niveau des particuliers partout dans le monde, se fera de manière rapide et naturelle.

On le voit aussi avec l’initiative de Greta Thunberg. Son discours ne diffère pas de beaucoup de ceux que d’autres avaient déjà relayés depuis des dizaines d'années. Cependant cette fois, le lieu, sa situation, sa personnalité, son âge, son culot, le moment ; font que la sauce prend, et que des millions de jeunes, et même d’adultes, la prennent au mot, et stoppent l’école (ou le travail) pour aller manifester hebdomadairement.

Il est très probable que notre culture du profit évoluera vers autre chose, de la même manière, car nos circonstances actuelles y sont de plus en plus propices.

2. Les solutions font encore partie du problème

 

D’autre part, certaines alternatives qui ne prennent pas, sont encore fondées sur un schéma qui persiste à donner le même rôle à l'argent.

Les intentions derrière ces initiatives sont en effet les bonnes, mais le raisonnement qui sous-tend leur fonctionnement reste encore, pour partie, calqué sur celui qui a créé le problème.

En effet, une part de ces expériences ou projets ne remettent pas en cause les fondements mêmes de notre système économique et financier, dont celui que l’argent se mérite par du travail, par héritage, ou parce qu’on a des privilèges.

Le raisonnement qui a créé le problème ne peut générer la solution. Les solutions, quelles qu'elles soient, devront impérativement être décalées dans le raisonnement qui les fonde, par rapport au problème qu'elles tentent de résoudre. Cela exige un autre rapport à la réalité.

Ce qui importe le plus pour quitter le raisonnement problématique, c'est d'une part, de quitter la mentalité de croissance et de profit, et d'autre part de découpler l’argent du travail, du mérite et de la notion de reconnaissance. Et cela mène à reconsidérer le concept du travail.

C) ABANDONNER NOS CROYANCES SUR LA CROISSANCE, ET BOULEVERSER LA LOGIQUE DE L'EMPLOI

 

Plutôt que prôner la croissance - qui ne profite finalement qu'à ceux qui sont déjà riches : actionnaires, banques, CEO, gestionnaires de fonds d'investissements, travailleurs de la bourse et autres faiseurs de profits etc. - il est de notre devoir de travailler à la décroissance de tous ces aspects de nos sociétés et de cesser de croire à tous les prophètes de malheur qui tentent d'agiter leurs arguments angoissants, répétant que sans croissance nous sommes sous menace de récession, de perte d'emplois massive, de fuite de capitaux, de perte de pouvoir d'achat, d'augmentation de la pauvreté, de dévaluation de la monnaie etc.

La croissance est un cercle vicieux qui, si elle permet temporairement, en effet, de créer quelques emplois, d'augmenter le pouvoir d'achat, d'éviter les récessions et fuites de capitaux etc. ; elle n'est malgré tout qu'un leurre. Nous créons bel et bien des emplois mais sans jamais atteindre le plein emploi, et en créant de plus en plus d'emplois qui ne répondent à aucun besoin réel de la société, de plus en plus d'emplois précaires, temporaires et mal payés. La plupart des emplois déjà existants, mêmes ceux les plus utiles sont de plus en plus parasités par un flux de tâches inutiles (administratives et de contrôle pour la plupart) qui réduisent le temps de travail effectif. Et la création des « bullshit jobs » dont parle David Graeber dans son livre du même nom, (2018), Ed. Les liens qui libèrent (déjà cité à de multiples reprises) [voir Ref 4 : http://editionslesliensquiliberent.fr/livre-Bullshit_Jobs-546-1-1-0-1.html] est en pleine expansion. Ce n'est pas de cela dont nous avons besoin.

Pour avoir travaillé moi-même dans des boulots d'intérimaires, dans des bullshit jobs à plus long terme et pour avoir perdu la santé dans ce cirque infernal, je sais à quel point ce n'est pas de cela dont nous avons besoin.

Ce n'est pas de sécurité d'emploi dont nous avons besoin. C'est la sécurité d'avoir un revenu stable et suffisant pour nous faire vivre dignement et faire vivre les proches qui dépendent de nous. Changer d'emploi n'est pas si problématique. Perdre un projet de vie professionnel l'est nettement plus, mais est surmontable s'il n'y a pas de dettes à la clé.

Il est bien évident que changer de système de société pour créer plus d'égalité, de solidarité, pour sauver notre environnement et assurer notre survie humaine à long terme ; cela implique forcément que tous les boulots qui paraissent utiles mais aident indirectement à la détérioration de notre société, devront disparaître. Et pour nombre d'entre eux, il s'agit de projet de vie qu'il va falloir abandonner. Ce sera en effet le prix à payer pour épargner des vies et notre future survie à tous. Et il est tout à fait possible de s'en relever. Mais plutôt que de faire pression sur les commerçants, les entrepreneurs et tout qui est menacé de faillite et de chômage ; il vaudrait mieux commencer à envisager de subvenir à leurs besoins, de les aider, les soutenir, et leur proposer de redonner un autre sens à leur vie, avec de nouveaux potentiels de formation, d'emploi, ou d'autres activités. La pandémie a déjà clairement montrer la direction dans ce sens, et prouvé que cela était possible.

Car si l'argent n'est plus orienté vers le profit et donc vers les profiteurs, mais vers la société, il y aura une montagne d'emplois (ou activités utiles) à créer, qui permettra à tous d'avoir un projet de vie citoyen ou professionnel. Parmi eux, vient immédiatement à l'esprit la multiplication du personnel soignant dans les hôpitaux et les maisons de retraite et du personnel soignant ambulant. Ce seront des dizaines de milliers d'emplois rien qu'à l'échelle de la Belgique (environ 11 millions d'habitants). Déjà à ce niveau on pourra remettre le lien social et humain en priorité sur le geste technique. De la même manière, dans l'enseignement on peut immédiatement songer à doubler le nombre des professeurs et éducateurs afin également de mettre la priorité sur la qualité de l'enseignement, et sur l'amélioration de l'aspect humain. Et cela encore plus dans l'enseignement spécial.

On pourra aussi multiplier les aides sociales et psychologiques auprès des particuliers. Le nombre de professionnels dans les domaines de la thérapie psychologique, la logopédie, l'ergothérapie, la kinésithérapie, l'ostéopathie, l'assistance sociale, l'aide familiale, etc. L'offre dans ces professions pourrait alors aussi exploser. On peut songer également à offrir plus de possibilités éducatives dans les prisons afin de permettre aux détenus de sortir, non seulement avec une compétence professionnelle, mais afin de leur offrir une ouverture à d'autres références que celles qui les ont amenés à commettre leur délit, via des aides psychologiques, des cours, des accès à des contenus culturels.

Les mondes culturel et sportif pourraient eux aussi exploser en proposant non plus tant de festivals, spectacles, matchs et championnats, auxquels assister ; mais bien plus de cours, et de possibilités pour chacun de pratiquer concrètement la culture ou le sport sans en faire commerce, donc en les rendant accessibles à tous. Cela vaut pour chaque sport, pour la création musicale, l'écriture, la pratique du théâtre, de la danse, des arts plastiques etc. et de tous les artisanats.

On pourrait également revenir à du lien social dans toute la communication avec le citoyen. Plutôt que de fonctionner avec un programme téléphonique qui répond automatiquement à l'appelant, en évitant le plus possible que la communication aboutisse chez une personne réelle, on inversera la tendance et cela créera également un nombre important de nouveaux emplois.

De la même manière tant de services pourraient redevenir humains, comme par exemple le service à table dans l'horeca plutôt que le service-bar. Il est possible de remettre des humains pour de nombreux services là où nous avions mis des machines, sans pour autant être réactionnaire face à la technologie qui permet d'épargner certains boulots parmi les plus pénibles, ou permet d'augmenter la qualité de vie de tous de manière plus durable.

On peut également imaginer le développement de tous les services de médiations qui pourraient désengorger les tribunaux.

Et si tous ces nouveaux emplois pouvaient être pratiqués à horaire réduit (pour un revenu digne), ils pourraient profiter à encore plus de candidats, et permettraient à ceux qui les occupent de se former pour leur nouvelle profession ; ce qui pourrait accélérer cette transition.

Je ne fais là que citer l'une ou l'autre possibilité qui me viennent à l'esprit de manière plus évidente. Je ne prétends pas qu'elles soient les meilleures et on peut en imaginer des centaines d'autres. Mais le potentiel de création d'emplois dans les aspects plus sociaux, humains, culturels n'est pas limité. On peut aller dans toutes les directions pour créer des jobs. Si on ne cherche plus la facilité, le recours systématique à la technologie, et la recherche d'argent : il y a des millions de possibilités d'emplois à créer. Le principal est de remettre de l'humain au centre de chaque profession et surtout de cesser de désaffecter toutes les professions qui augmentent la qualité sociale de notre société. En allégeant les tâches des professions les plus utiles, en réduisant les horaires, en créant du lien au sein des équipes professionnelles, on pourra aussi créer plus d'emplois

Ce bouleversement compenserait au moins en partie les emplois qui devront disparaître avec toutes les entreprises productrices de superflu, tous les commerces vendant de l'inutile ou de l'éphémère (souvent lié aux modes), ou favorisant le gaspillage et la pollution, tous les systèmes administratifs improductifs et de contrôle superflu ; et en réduisant tous les aspects culturels tournés vers le profit, le plaisir facile, l'inertie du spectateur, le divertissement de masse, ou encore n'étant orientés que vers une certaine élite socio-culturelle. Tout cela représente probablement plus de la moitié des jobs actuellement existants.

Et cela permettrait de travailler moins, d'augmenter le sens que chacun peut donner à son travail, et surtout d'augmenter la qualité du travail, le plaisir que l'on peut y trouver, et l'utilité directe et sociale de chaque emploi, et aussi la qualité de lien entre les travailleurs, ou entre les travailleurs et les usagers, patients ou clients. Cela réduirait aussi drastiquement la menace de perdre son emploi, les burn out et tous les problèmes de santé liés indirectement aux conditions de travail actuellement souvent inadéquates.

D'autre part, nous n'avons pas besoin d'augmenter le pouvoir d'achat en général. Nous avons le devoir de donner un pouvoir d'achat suffisant aux plus démunis, mais pour le reste, nous avons à réapprendre à vivre avec ce qui nous est nécessaire, et à laisser tomber tout ce qui est superflu et changer notre attachement à la propriété.

La fuite des capitaux n'est pas à craindre par rapport à la population. Les multinationales n'enrichissent que les citoyens les plus riches, pas les états, car ce qu'elles payent en impôts est risible par rapport à ce que tous les autres ont à débourser. De plus, elles ne se privent pas pour délocaliser, voire fermer tout à fait, en jouant bien souvent des jeux peu honnêtes où au final, tout le monde est floué, tant les politiques que les travailleurs. Si elles diminuent en nombre et en pouvoir, et que nous créons d'autres emplois tels que cités ci-dessus, nous y gagnerons financièrement. Dans nombre de cas la production locale peut parfaitement compenser la production de multinationales.

Il y aura malgré tout des périodes de transition difficiles à traverser. L'actualité nous le prouve déjà au quotidien, et cela commence à nous concerner chacun de plus en plus directement. Et cela risque bien de continuer à s'accentuer jusqu'à ce que nous comprenions tous que nous avons à bouleverser nos habitudes et que ces transformations portent leurs fruits. Il va nous falloir réinventer notre manière de nous divertir, de nous rencontrer, de faire la fête, mais aussi de travailler, de nous loger, de nous alimenter, de nous chauffer, ... . L'offre dans la démesure d'un passé récent sera probablement plus modérée, et plus juste dans l'avenir, moins soumise à la recherche de profit et aux désirs gloutons de ceux qui proposent leurs services ou leur art, qu'au désir et besoins réels de la population.

Cette transition est déjà en cours, mais en comprendre le sens, l'objectif, les modalités de sa matérialisation/concrétisation, peut permettre d'orienter le choix de chacun afin d'en faciliter la réalisation, d'en éviter les pièges, de nous donner la motivation pour nous y engager et d'y mettre du sens.

Si une grande part de la population décidait de s'activer dans cette direction, il y aurait un moyen nettement plus efficace d'y parvenir : celui de mettre en place l'octroi d'un revenu inconditionnel à toute la population, des plus pauvres aux plus riches, de la naissance à la mort. Et cela peut se faire graduellement, en en faisant bénéficier en premier les plus démunis, et ceux dont les emplois disparaîtront les premiers. C'est l'objet du chapitre qui suit.

D) DÉCOUPLER TRAVAIL ET ARGENT - L'ALLOCATION UNIVERSELLE

 

Si nous sommes capables de bouleverser totalement notre approche de l'économie en envisageant de découpler l'argent du travail, nous aurons en mains les clés pour résoudre la plupart des dérives actuelles de notre société sous forme de réactions en chaîne. Le principe est simple : si on ne travaille plus pour survivre, tout change. De la même manière, si l’enrichissement par le profit devient obsolète, la majorité de ce qui est commercialisé actuellement ne le sera plus : tout change aussi. Et il y aura beaucoup moins de travail à effectuer dans ces domaines-là, mais tant de choses plus utiles et intéressantes à réaliser. L'allocation universelle pourrait être alors une des solutions.

Elle permettrait à toute personne, de manière inconditionnelle, d’avoir accès aux droits humains, à savoir : le droit à se nourrir, se loger, vivre dans la dignité, vivre en paix, etc., sans que cela ne soit conditionné par quoi que ce soit. Et la disponibilité de ce moyen d'échange serait aussi un accès à plus de liberté : celle de pouvoir choisir la manière de se nourrir, se loger, et accéder au confort de base.

L'allocation universelle, en éradiquant le manque perpétuel d'argent, évacuerait la menace pour la survie qui pèse sur une part importante de la population : menace d’être expulsé du logement ou du pays, menace de ne pouvoir accéder à l’eau, à l’énergie, à la nourriture, à l’éducation, aux soins de santé, menace qui pèse sur l’accès à un revenu une fois la retraite arrivée, menace d’être exploité, harcelé, congédié, répudié, voire tué, ...

Le revenu inconditionnel retirerait l'épée de Damoclès du dos de toutes les personnes qui sont sur la brèche, et elles sont de plus en plus nombreuses : chômeurs, retraités, malades, SDF et toutes les autres personnes marginalisées qui n’ont plus accès à un travail ou ne tiennent plus la route financièrement malgré leur travail. Cela retirerait la pression ou la menace qui pèse sur toutes les personnes, de plus en plus nombreuses, qui travaillent en étant au bord de la rupture. Cela permettrait aussi enfin l'émancipation de la femme. Cela aurait un effet immédiat d'augmentation de la qualité de vie d'une part importante de la population, et mènerait sans doute à certaines guérisons.

Le pari paraît cependant risqué, car si on ne rémunère plus aucun travail, il faudra tout de même parvenir à ce que le travail soit effectué, quelle qu'en soit la forme. Mais lorsque les menaces disparaissent, les bonnes volontés se révèlent. C'est ce qui tend à apparaître dans les expériences déjà effectuées dans le domaine de l'allocation universelle.

Le concept même de l’allocation universelle est encore lui-même difficile à imaginer dans le cadre de notre société actuelle. Cependant, la sécurité sociale, les allocations en tous genres, les pensions de retraite, certains services gratuits pour tous, ou pour une tranche de la société en particulier, sont déjà précurseurs de ce que pourra devenir une allocation universelle.

Bien que je m'exprime au conditionnel, il y a en fait de grandes chances pour que sa concrétisation aboutisse dans au moins un pays dans la décennie à venir. Elle pourra être expérimentée sous toutes sortes de formes. Et même s’il y a urgence, sa mise en application devra se réaliser graduellement.

Diverses expériences sont actuellement en cours ou ont déjà été réalisées. Parmi elles on peut citer celle qui a eu lieu en Finlande, mais ne sera pas reconduite :

[Source : https://www.rtbf.be/article/un-revenu-universel-teste-avec-des-chomeurs-en-finlande-plus-de-bien-etre-mais-peu-d-effets-sur-l-emploi-10496820?id=10496820] ;

ou encore celle au Kenya proposée par l’association Give Directly :

[Source : https://www.givedirectly.org/about/] ;

ainsi que au Canada:

[Source : http://www.rfi.fr/ameriques/20170427-canada-revenu-minimum-ontario-projet-pilote-pauvrete-travail-emploi].

En 2020 une expérience est aussi initiée en Allemagne cette fois :

[Source : https://www.rtbf.be/info/economie/detail_cent-vingt-allemands-recevront-un-revenu-de-base-mensuel-pendant-trois-ans?id=10564440]

et [Source : https://www.rtbf.be/info/economie/detail_allemagne-un-revenu-de-base-de-1200-euros-par-mois-sans-condition-est-en-test?id=10773810].

Voici encore un dossier plus complet sur le sujet, mentionnant également des expériences ayant déjà eu lieu avant 2017 :

[Source : https://www.caf.fr/sites/default/files/medias/cnaf/Nous_connaitre/International/SelectionEtudesRecharches/NosPublications/2017/CnafMreic_2017_TypologieRevenusUniversels.pdf].

Ce sujet est (ou a été) envisagé dans pas mal d’autres pays, dont la Suisse (qui a refusé son implémentation par référendum), la France et la Belgique.

L'Espagne s'est engagée pendant la pandémie à introduire un revenu universel :

[Source : https://www.france24.com/fr/20200417-europe-covid-19-revenu-universel-debat-espagne-france-justice-sociale-solidarite].

En juillet 2020, le Programme des Nations unies pour le développement (UNDP) a appelé à ce qu'un revenu de base temporaire soit accordé aux 2,7 milliards de personnes considérées comme pauvres dans le monde, dans le but de lutter contre la pandémie du covid-19.

[Source : https://www.rtbf.be/article/coronavirus-une-agence-de-l-onu-plaide-pour-un-revenu-de-base-temporaire-pour-27-milliards-de-pauvres-10547654].

Si dans le contexte actuel, il est assez inconcevable d'envisager l'allocation universelle pour tous ; il est par contre possible de tenter de la concrétiser de manière locale ou partielle ou encore temporaire afin d'en expérimenter tous les aspects, avantages et conséquences. Un seul succès amènera le processus à s'étendre et même se généraliser.

Ce sera sans doute une étape inévitable de notre évolution. Dès qu’un pays parviendra à l’instaurer pour l’entièreté de sa population, il deviendra impossible de nier le fait que la mettre en œuvre est tout simplement réalisable. Par contre, ce seront les orientations politiques choisies par les citoyens dans chaque pays, qui définiront le temps pour qu’elle finisse par être mise en œuvre. Et cela risque d’arriver bien plus vite qu’on ne l’imagine : tout simplement parce que nous n’aurons plus trop le choix de ne pas faire évoluer nos modes de fonctionnement collectifs.

1. Moins de travail à pourvoir

 

Certains (la majorité) conçoivent l'allocation universelle comme complémentaire à un revenu du travail ou autre revenu. A mes yeux, cet aspect ne devrait être envisagé que comme une étape vers une allocation universelle qui serait confortable et indépendante de tout travail ; ce dernier ne serait alors plus rémunéré. Car tant que nous gardons à l'esprit que le travail doit être rémunéré, toutes les dérives liées au profit et plus largement à la destruction de la vie sur la planète, ne pourront que se poursuivre. Persister à lier travail et argent consiste à proposer une demi-solution en gardant la totalité du problème. Pour véritablement dissoudre toutes les problématiques actuelles liées directement ou indirectement à l'argent, il sera nécessaire d'exclure toute rémunération pour le travail. Cela implique qu'il faudra trouver d’autres moyens de motiver les citoyens à travailler ou alors avoir un niveau d’évolution des mentalités nettement plus avancé.

Les bouleversements qui s’annoncent dans la société vont mener à faire baisser de manière considérable la quantité de travail qui sera nécessaire à son bon fonctionnement. En ce sens, l'allocation universelle sera à la fois une solution et un catalyseur vers d'autres alternatives. Elle est en quelque sorte le moteur d'un cercle vertueux : en augmentant la liberté et l'autonomie de tout un chacun, en améliorant la santé de tous, en faisant baisser la mentalité du rapport de force, en faisant chuter la recherche de profit, de richesse, de consommation, en provoquant une réduction massive de toute la bureaucratie, en stimulant toutes les vertus liées à la solidarité (empathie, entraide, respect, ...) et sans doute bien d'autres avantages que nous découvrirons.

Une masse énorme d'emplois disparaîtront en même temps que toutes les productions de gaspillage, de futilités, de pollution, en d’autres termes : quand l’économie sera au service de la collectivité pour satisfaire uniquement les besoins de tout un chacun, comme l'illustre parfaitement le « conte du pêcheur mexicain et du manager américain » -

[voir Ref D https://sechangersoi.be/5Contes/MexicainAm%E9ricain.htm]. Cela impactera également tout l'aspect administratif liés aux salaires, à leur taxation, aux services sociaux etc.

A ce sujet, David Graeber (dans son livre sur les « bullshit jobs », (2018), Ed. Les liens qui libèrent), décrit la quantité phénoménale de travail inutile que notre société tolère et même produit. Il parvient même à la quantifier comme suit :

« Nous pourrions parfaitement devenir des sociétés de loisir et instaurer des semaines de travail de vingt heures. Peut-être même de quinze. Au lieu de cela, nous nous retrouvons collectivement condamnés à passer la majeure partie de notre vie éveillée au travail, à exécuter des tâches qui, nous le savons bien, n’ont aucun impact significatif sur le monde. »

« Résumons : si 37 % des jobs sont des jobs à la con, et si 37 % des 63 % restants s’exercent en soutien à des jobs à la con, alors un peu plus de 50 % du travail total relève des jobs à la con au sens le plus large. En y ajoutant la bullshitisation de professions utiles (de l’ordre d’au moins 50 % pour le travail de bureau, sans doute plus faible pour d’autres types d’activités) et les divers métiers qui n’existent que parce que tout le monde est trop occupé à travailler (les toiletteurs pour chiens ou les livreurs de pizzas 24/24, pour ne citer que ces deux-là), on pourrait probablement ramener la semaine de travail réel à quinze heures, ou même à douze, et personne n’y verrait que du feu. »

[voir Ref 4 : http://editionslesliensquiliberent.fr/livre-Bullshit_Jobs-546-1-1-0-1.html]

Si l'allocation universelle se généralise, elle aura intrinsèquement pour effet de faire disparaître tous les jobs inutiles. Et ainsi, elle concourra à élever le niveau de santé mentale de la population. Car le sens que l'on donne à son travail est fondamental pour notre santé tant mentale que physique. Or dans nombre d'emplois, en particulier les institutions et les grandes entreprises, non seulement le rôle du travailleur est, par dilution, extrêmement minime dans l'ensemble de ce qui est produit, mais dans bon nombre de cas, le travailleur lui-même n'est pas vraiment en mesure de comprendre l'utilité de ce qu'il fait au quotidien. L'existence de l'allocation universelle amènerait probablement à réduire la taille des entreprises et à rapprocher les institutions des citoyens.

Ensuite, la digitalisation, l'automatisation, la robotisation, et l'utilisation de l'intelligence artificielle, si elles se poursuivent, (ce qui n’est pas garanti) pourraient remplacer, réduire ou faciliter énormément de tâches, dans l'industrie, dans l'administration, dans les commerces, transports, voire même dans l'enseignement. Mais cela reste au conditionnel. Tout d'abord car ce n'est pas tant de technologies dont nous avons besoin, que de solidarité. Ensuite, car il n'est pas sûr que nous puissions être en mesure de continuer dans cette direction vu les dérives que cela peut entraîner. Et enfin, il faut également tenir compte que, quand la technologie nous facilite la vie ; bien souvent cela crée un effet rebond, c'est-à-dire que, plutôt que d'économiser du temps, de l'argent, de l'énergie, des ressources, cela nous amène à exploiter davantage le domaine concerné et fait exploser le gaspillage contrairement à l'intention qui était à la base des développements, inventions ou créations d'origine.

Si nous parvenons à revenir à l'essentiel, la majorité des emplois se concentrerait alors de plus en plus vers les sphères sociales, pédagogiques, administratives, culturelles et de services.

2. Créer la motivation à travailler

 

« Un revenu universel pourrait ainsi permettre de revaloriser les métiers réellement essentiels mis en avant pendant l’épidémie de coronavirus, mais aussi changer complètement notre rapport au temps et à l’argent. Il ne s’agirait plus de vendre notre temps de vie pour essayer de la gagner, mais bien d’avoir la possibilité de s’investir dans des activités utiles à une nouvelle société plus juste, solidaire, écologique et résiliente. »

Laurie Debove dans l'article « L’Espagne instaure un revenu universel face au coronavirus » (2020),

[Source : https://lareleveetlapeste.fr/lespagne-instaure-un-revenu-universel-face-au-coronavirus/]

Avec l’allocation universelle, le problème concernant l’emploi serait donc inversé. Il ne s'agirait plus de chercher à créer de l'emploi pour mettre les gens au travail (et qu'ils aient un moyen de subsistance).

A l'inverse, il serait alors nécessaire de rendre les emplois plus attrayants, les conditions de travail plus justes et humaines, et aussi de créer des incitants à travailler tout en intégrant un bouleversement total du marché de l'emploi.

Actuellement, la toute grande majorité des individus est conditionnée à n'accepter de travailler qu'en fonction de la carotte argent qui leur permet en contre partie de subvenir à leurs besoins. L'existence d'un revenu inconditionnel supprimerait cette menace par rapport à la survie pour ceux qui perdent leur emploi ; ce qui rendrait plus facile de se reconvertir vers des tâches humainement plus utiles ou de décider de ne plus travailler, voire encore, tout simplement de travailler moins.

Sur le long terme, rares seraient les personnes qui ne désireraient pas travailler ou se rendre utile. Le concept de travail sans rémunération n’est en fait pas si difficile à comprendre.

Tout d’abord, parce que jusqu’à récemment, plus de 50 % de l’humanité a toujours connu le travail non rémunéré : les mères, étaient seules responsables de l’éducation des enfants, et de la gestion de tout ce qui concernait la famille et le logis, et n’étaient pas rémunérées pour ce travail. Cela perdure d'ailleurs dans certaines cultures. Et le bénévolat, officieux (simple entraide) ou officiel (volontariat), fait déjà partie intégrante des activités d'une grande partie de la population.

Plus on élargit le concept plus on comprend que « travailler » n’exige à la base aucune rémunération.

D'autre part, si nos armées parviennent à motiver des personnes à s'engager pour s'éloigner de leur famille, de leur environnement, de leur pays pour aller risquer de se faire tuer, blesser ou traumatiser à l'autre bout du monde ; il me paraît tout à fait envisageable de parvenir à motiver des personnes à s'engager pour des boulots nettement moins risqués, exigeants, et destructeurs, à horaires réduits, en restant vivre dans son milieu, en échange d'une forme de reconnaissance qui donne du sens à la profession.

Le travail donne tout simplement du sens à la vie pour la majorité, que l'on soit payé ou pas. De plus, il favorise l’épanouissement personnel ainsi que l’intégration sociale. Et c'est sans compter qu'il est bénéfique pour la santé et la longévité. Voici un article qui révèle que le bénévolat concoure à une bonne santé. [Source : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_confiance-en-soi-epanouissement-une-etude-montre-que-le-benevolat-c-est-bon-pour-la-sante?id=10381043].

D'autre part, il existe d’autres moyens que l’argent pour motiver des gens à travailler, et en premier lieu, la reconnaissance. Ce qui peut stimuler vers des emplois moins attrayants.

La non rémunération du travail modifierait intrinsèquement et profondément le statut des travailleurs, et dès lors aussi leurs conditions de travail, en leur apportant plus de liberté par rapport au choix du travail et aux formations qui y mènent, et aussi plus de droits face à l'employeur, vu que le chantage à l'emploi n'impliquerait plus la rémunération qui l'accompagne.

Il est à noter que, selon une étude citée sur le site du mouvement français pour le revenu de base

[Source : https://www.revenudebase.info/decouvrir/] : 2% des individus déclarent qu’ils cesseraient de travailler s’ils avaient un revenu universel.

Il est probable que la réalité concrète prouverait que cette proportion serait plus élevée, de surcroît, si le travail ne devait ne plus être rémunéré. Néanmoins, cela signifie tout de même qu’une toute grande majorité de la population n’est pas prête à se croiser les bras et se sentir en vacances perpétuelle si sa survie était assurée par une allocation universelle.

Et pour les travaux les plus pénibles ou les moins attrayants, il faudrait probablement trouver d'autres motivations ou avantages que l'argent, voire certaines obligations dans le cadre d'un service civil par exemple, mais qui pourrait être rendu attirant dans la manière de le proposer et de le gérer (par exemple : choix de l'âge, du domaine, de l'étalement dans le temps, du lieu de prestation (voyages), ...).

Il existe certainement des dizaines d’autres possibilités qui permettraient d’inciter les gens à travailler ou à leur donner de la reconnaissance pour le travail, qui seraient autre que de l’argent. Le succès étant déjà intrinsèquement une forme de reconnaissance, pour les artistes, les commerçants mais également la plupart des professions libérales (avocats, médecins, thérapeutes, architectes, etc.)

3. Conception du travail

 

C’est aussi la conception du travail lui-même qui s'élargirait et pourrait se décliner dans de toutes nouvelles formes, et de manière nettement plus souple que la semaine de 40 heures ou que selon des contrats déterminés entre des entités juridiques définies. Certains choisiraient de ne plus travailler, d'autres de travailler moins ou selon des rythmes très différents.

A l'instar des mères de familles assumant les tâches ménagères, de gestion et d'éducation, une grande part de l'entraide et de la solidarité pourrait ne pas devoir passer par des contrats, des règles, etc.

Comme les besoins en travail diminueraient, on pourrait imaginer engager plus de personnes pour un même travail, mais à temps partiel. Cela pourrait amener également à réhumaniser le travail. On peut songer par exemple à toutes les professions de soins, en particulier dans les hôpitaux, où, actuellement, faute de budget suffisant, le personnel soignant se concentre sur l'aspect technique du travail ; ce qui amène les patients à être traités avec nettement moins d'égards, et à retirer l'aspect humain qui est pourtant le plus attirant dans ces professions.

La répartition du temps de travail, les horaires, le télé-travail, la combinaison de plusieurs emplois ; l'ensemble des conditions de travail deviendraient nettement plus flexibles.

Même la qualité du travail lui-même ne serait plus à mettre en compétition comme on le fait actuellement. Chacun travaillerait selon ses compétences, sa motivation, son âge, ses capacités physiques, psychologiques, et intellectuelles, ses formations, son expérience, à son propre rythme ; donc selon ce qu'il est capable de donner. Pour un même travail, dans des circonstances similaires, on n'exigerait plus forcément la même chose de deux personnes différentes. Cela modifierait probablement aussi la structure hiérarchique pyramidale existant actuellement dans la plupart des entreprises, institutions ou autres organisations, et permettrait à l’« Intelligence collective », (décrite dans mon article du même nom :

[voir Ref E : https://sechangersoi.be/4Articles/intelligencecollective01.htm]) de mieux se déployer.

Tous ces aspects pourraient dès lors diminuer considérablement le niveau de stress et augmenter inversement la motivation du travailleur et la collaboration entre les travailleurs.

L'allocation universelle apporterait à la majorité d'entre nous non seulement la sécurité pour survivre quoi qu'il arrive, mais elle donnerait aussi une liberté qu'on ne peut encore imaginer. Beaucoup de nos références deviendraient obsolètes. Finis les congé parentaux, les années sabbatiques, les voyages d'étude, les temps partiels, l'âge de la retraite. Ces cadres ne seraient plus nécessaires. Les parents choisiraient de consacrer le temps qu'ils voudraient à l'éducation de leurs enfants, en choisissant leurs horaires et occupations en dehors du foyer. Partir travailler ou étudier, ou faire d'autres expériences à l'étranger serait plus simple et plus libre. On pourrait travailler jusqu'à l'âge qui nous convient. On pourrait reprendre des études à n'importe quel âge, et combiner plus facilement travail et études. Avec l'aide de l'intelligence collective, toutes les pièces du puzzle se mettraient nettement plus facilement en place pour que l'ensemble de l'organisation et de la structure de la société puisse permettre à chacun de prendre sa place, toute sa place, rien que sa place, dans l'harmonie avec ses proches et ses voisins. Tout ne serait pas parfait bien sûr. Mais le contexte de vie de la majorité serait à ce point changé que ce seraient les meilleures volontés qui seraient à l’œuvre. Et si chacun, chacune pouvait occuper une place qu'il-elle aurait choisie et pour laquelle il-elle pourrait donner le meilleur de lui-elle-même, il serait nettement plus facile de trouver des solutions à chacun des problèmes qui se présenterait.

4. Financement de l'allocation universelle

 

Un des arguments les plus tenaces contre l’allocation universelle concerne son financement. Cela ne coulerait pas de source en effet, si rien ne change au départ du contexte actuel.

Cependant, d’autres conceptions de société pourraient la rendre possible. Car, si on y réfléchit bien : l’argent étant un moyen d’échange, et si l’on conçoit qu’actuellement il y a encore sur la terre suffisamment de ressources pour répondre aux besoins de tout le monde (dans l’expectative que l’on revienne à des besoins décents, et qu’on s’organise de manière cohérente pour y répondre) : il ne devrait absolument y avoir aucune raison pour que chacun ne puisse détenir le moyen d’échange nécessaire pour obtenir sa nourriture, son logement et certaines autres commodités ou soins.

Bien sûr, lorsque l'on part de la référence d’un système incohérent, cacophonique, inégalitaire et injuste tel que le nôtre actuellement, on risque de rencontrer pas mal d’embûches pour y arriver. Le chemin risque donc de ne pas être simple du tout. Mais l’objectif est tout à fait réalisable. La voie la plus prometteuse réside probablement dans le détachement progressif du système actuel en construisant un système parallèle sur de nouvelles bases, par essais et erreurs, comme dans tout nouvel apprentissage.

Il ne sera pas nécessaire de détricoter ce qui existe, ni même de s’y opposer. Il sera juste nécessaire d’implémenter ce qui sera nouveau, en n’ayant pas peur de l’inconnu, et en restant vigilant à créer quelque chose qui sera cette fois cohérent et juste pour tous. Tout cela est déjà en train de bourgeonner un peu partout. Ce thème sera développé plus loin.

Les remises en question de la conception du travail déjà en cours actuellement vont s'intensifier. De nouvelles idées émergent tous les jours (nous sommes tout de même près de 8 milliards à pouvoir en faire émerger), et les meilleures se répandent rapidement.

Mieux vaudrait que les nouveaux modes de fonctionnement soient déjà largement opérationnels le jour où notre économie actuelle s’effondrera, afin de pouvoir contourner tout ce qui générerait des pénuries ou gros problèmes d’approvisionnement des produits de première nécessité.

5. L'allocation universelle donnerait du pouvoir à ceux qui actuellement n'y ont aucunement accès

 

L'allocation universelle rendrait la dignité, le pouvoir et la liberté à tous ceux qui aujourd'hui dépendent du bon vouloir de leur patron ou des institutions du pays où ils se trouvent, voire du hasard ou de la présence ou non de personnes solidaires proches d'eux s'ils n'ont pas accès à un revenu quelconque.

Et c'est bien parce que cela donnerait du pouvoir à tant de gens, que ceux qui détiennent actuellement le pouvoir - tant politique que financier - vont pour la plupart, se battre jusqu'au bout pour tenter de rendre impossible l'avènement d'un tel droit.

Les patrons n'auront plus de main d'œuvre corvéable à merci pour effectuer leurs quatre volontés. Chaque travailleur pourra exiger que son travail soit, tout d'abord utile, mais aussi qu'on lui offre de bonnes conditions pour l'exercer. Il ne sera plus nécessaire ou en tout cas beaucoup moins, d'avoir recours à la pression de syndicats pour amener les patrons à collaborer, dialoguer, écouter et respecter les travailleurs. Les chefs d'équipe caractériels, dictatoriaux, paresseux, manipulateurs, malhonnêtes n'auront tout simplement plus aucun volontaire pour collaborer avec eux. Beaucoup de niveaux de la hiérarchie dans les entreprises et institutions pourront disparaître, tout simplement parce qu'ils sont inutiles, et n'offrent qu'un semblant d'efficacité.

Le rapport de pouvoir actuellement existant dans la plupart des emplois entre les niveaux de hiérarchie se verrait complètement remis en question. Ce pouvoir serait reconnu s'il y a compétence de celui qui le détient, et confiance entre les protagonistes. C'est déjà fréquemment le cas aujourd'hui. Mais c'est loin d'être généralisé. Et en cas de désaccord, actuellement c'est toujours celui qui a le pouvoir, donc le supérieur hiérarchique, qui décide en dernier recours. Or, dans le cadre d'un travail pour lequel la survie du travailleur est nettement moins impliquée, ce travailleur pourra émettre son veto et ne pas accepter aveuglément et dans l'impuissance, des ordres incohérents qui viennent d'en haut.

D'une certaine manière, toute personne postulant pour un nouveau travail, pourrait se permettre de demander le CV des membres de sa future équipe avant d'accepter de signer tout contrat. Je caricature bien sûr, mais l'idée est qu'en donnant une allocation universelle, les rapports de force vont tout de même évoluer vers plus de conscience, de respect, de réelle collaboration, entre les protagonistes.

D'autre part, s'il faudra sans doute passer au départ par un revenu de base en complément d'autres revenus, ou pour ceux qui n'ont aucune ressources pour vivre ; la création d'un revenu universel permettra de véritablement bouleverser les mentalités. Car c'est son inconditionnalité qui permettra de rapprocher les humains dans leurs diversités, sans exception. David Graeber, (dans son livre « Bullshit jobs » (2018), Ed. Les liens qui libèrent), l'explique en ces termes :

« ... un système de revenu universel de base doit allouer à chacun un montant suffisant pour permettre de vivre décemment. Et, surtout, il doit être totalement inconditionnel. Tout le monde doit y avoir droit, même ceux qui n’en ont pas besoin. Ça vaut vraiment le coup d’essayer ! C’est une manière d’affirmer que, lorsqu’il en va des fondamentaux de l’existence, tout le monde mérite la même chose, sans conditions. De cette façon, on instaure un droit humain, et non pas une aumône ou un simple rafistolage quand d’autres sources de revenu font défaut. »

Il souligne également le fait que les inégalités et différences, les injustices seront amenées à diminuer dans ce nouveau contexte :

« Verser à chacun une somme identique, c’est un point de départ fondamental compte tenu du pouvoir symbolique de l’argent. Quand vous donnez exactement le même montant à tous, hommes et femmes, jeunes et vieux, castes inférieures et castes supérieures, ces différences s’estompent petit à petit. »

« Rémunérer les femmes à la même hauteur que les hommes reviendrait instantanément à placer entre leurs mains une part phénoménale de la richesse mondiale. Or tout le monde sait que la richesse, c’est le pouvoir. »

[voir Ref 4 :http://editionslesliensquiliberent.fr/livre-Bullshit_Jobs-546-1-1-0-1.html]

En découplant l'argent du travail on apporte une partie de la solution. Mais il sera aussi nécessaire de nous éloigner des mentalités liées à la recherche de profit. C'est l'objet du chapitre suivant.

E) DÉCOUPLER L'ARGENT DE LA RECHERCHE DE PROFIT

 

Dans le meilleur des mondes, on pourrait imaginer que la valeur financière des biens et services puisse redevenir plus juste ; que la recherche à s'enrichir devienne obsolète ; que l'argent retrouve sa stabilité de manière universelle ; et que le partage des biens devienne équitable.

Exprimé de la sorte cela peut s'apparenter à un rêve pieux. Et pourtant je pense tout cela réalisable à moyen terme. Pour trois raisons bien concrètes.

L'évolution humaine, malgré tous les détours que nous prenons, va irrémédiablement dans ce sens. Et de plus, il s'agit de la direction qu'une part grandissante de la population souhaite, malgré les dérives graves des dernières décennies que certains continuent à nous infliger. La courbe actuelle des avancées qui vont dans cette direction est en train de s'accélérer : ce qui permet d'entrevoir que ce qui nous paraît utopique aujourd'hui n'est peut-être plus si loin de se réaliser.

D'autre part, l'existence de la communication via internet qui permet de relier tout le monde, et faire passer l'information en direct, et en particulier du contenu qui ne nous était pas accessible dans le passé, permet de faire atteindre le changement rapidement et pour presque tout le monde.

Et la troisième raison qui me permet de penser que cela va arriver nettement plus rapidement qu'on ne s'y attend, c'est que si nous ne parvenons pas à effectuer ce saut d'évolution en un temps record, nous serons tout simplement rayés de la carte.

Or pour réaliser de tels bouleversements à un niveau mondial, il va falloir de la conscience. Et la conscience globale dépend en grande partie de la conscience de chacun.

C'est le concept même de l'argent qui devrait évoluer, dans le sens qu’il ne soit plus convoité pour lui-même, qu’il ne soit plus pourvoyeur de survie pour la majorité, que sa valeur se stabilise ainsi que celle des biens, et enfin qu'il ne soit plus source d'admiration et de pouvoir.

Chacun de ces aspects est déjà expérimenté dans les formes de commerce alternatif, ou dans certaines associations. De nombreux pouvoirs locaux les reconnaissent, ou légifèrent pour en faciliter l'utilisation. L'utopie de ce bouleversement n'est donc qu'apparente, et la multiplication et la généralisation de ces formes d'utilisation de l'argent est déjà en cours de concrétisation, même si la majorité n'en perçoit pas forcément encore la réalité.

En rendant accessibles à tous ces caractéristiques de l'utilisation de l'argent, et en les combinant, on obtient un bouleversement à 180° de sa conception, lui redonnant sa fonction d'origine. Ce sera alors tout notre rapport au monde qui évoluera, et tous les rapports entre individus qui se transformeront. Nous retrouverons notre réelle part d'humanité, et perdrons la dépendance aux jeux de pouvoir, à la superficialité, aux plaisirs faciles. En fait nous verrons disparaître tout le mirage que nous fait miroiter la société capitaliste.

Cela exigera au préalable d’atteindre la maturité de comprendre que l’argent ne peut être géré par des structures privées, assoiffées de profit et dépourvues de conscience : les banques, la bourse et le monde de l'actionnariat qui se trouve derrière. On en est en apparence encore très très loin, vraiment très très très loin. Mais que ce soit l’accumulation des crises, et leur gravité croissante, ou l’effondrement total du système économique : tout nous amènera dans cette direction. Et plus tôt et plus nombreux seront ceux qui le comprendront, moins douloureuse sera la transition.

1. Créer une économie qui n'est plus régie par l'argent

 

Et si nous parvenons à amener suffisamment loin la transition avant que tout ne s’effondre, cela pourra avant tout épargner des vies et des souffrances pour les moins privilégiés. Et pour ceux qui seront épargnés par le pire, il y aura forcément à traverser des situations intermédiaires qui ne seront probablement pas confortables, mais qui pourraient toutefois rester dans les limites de l’acceptable si le contexte permet de se préfigurer la situation future. Les évolutions se dessineront petit à petit, de manières diverses, rapides ou non, selon les lieux. Plus vite nous arriverons à restreindre nos privilèges volontairement, plus nous épargnerons de vies et de souffrances dans d'autres parties du monde et dans les couches moins favorisées de nos sociétés.

Le processus de transformation est déjà en cours. Le rejet du système du profit - en fonction de l’incohérence totale qu’il représente - saute aux yeux pour un nombre de plus en plus grand de citoyens. Les pouvoirs publics sont déjà en train d’envisager certains aspects du scénario, l’arrivée de l’intelligence artificielle pourrait booster ces évolutions si elle devait être utilisée à bon escient, et on peut déjà observer le nombre de membres des banques et coopératives alternatives qui augmente de plus en plus.

Chaque nouvelle crise nous entraîne davantage dans cette direction.

Et il ne sera pas forcément indispensable d'imposer quoi que ce soit à qui que ce soit. Car les plus récalcitrants - encore majoritaires actuellement - face aux nouveaux systèmes, finiront par s’y adapter, soit parce qu’ils finiront par suivre le courant, soit parce qu’ils n’auront plus aucun intérêt à fonctionner selon les anciennes règles qui ne leur rapporteront plus grand-chose, soit encore parce qu'ils arriveront tout simplement à l'âge de la retraite.

Absolument rien, excepté la volonté, n'empêcherait de nouveaux systèmes de s’intégrer au paysage alors que notre système traditionnel est encore en marche.

Il n’y a pas de garantie pour que nous y arrivions. Cependant, c’est le chemin qui est en train de se dessiner potentiellement actuellement. Et nous n’avons pas énormément de choix pour d’autres alternatives. Soit nous continuons comme nous avons toujours fait, en donnant à l’argent un pouvoir qui crée les inégalités et les injustices et en proposant des solutions dans le même registre de raisonnement que celui du problème. Soit nous quittons ce type de raisonnement, et re-concevons notre économie sous de nouvelles perspectives sans avoir à détruire le système que nous quittons. Le basculement peut se faire de manière graduelle et acceptable pour la majorité. L'idée derrière tout cela n'est pas de donner la définition de ce qui devra advenir, mais de comprendre qu'il sera possible de glisser progressivement vers des modes de fonctionnement alternatifs sans avoir à, détruire, ou abandonner brusquement les modes de fonctionnement actuels, ni même à s’opposer à ceux qui persistent dans cette direction.

Ce sont les crises qui amèneront à éveiller notre solidarité. Il est probable que les nouvelles formes d'économie naîtront d'initiatives 100% bénévoles non encadrées par l'état (jusqu'à ce que l'état accepte de les soutenir sans les dénaturer). Il est aussi probable que les solutions apparaîtront naturellement au fur et à mesure que le système s'assainira.

- Le rôle des initiatives citoyennes

Il existe d'innombrables initiatives citoyennes qui effectuent ce que nos gouvernements ne prennent pas la responsabilité de faire, et qui sont, si pas parfaites, bigrement efficaces, en créant de la solidarité, du lien et en sauvant des vies, épargnant des souffrances, ou les allégeant, et en participant à la construction d'une société qui fonctionne plus proche du cœur et plus loin de toutes les sources de profits. Il en existe dans tous les pays. Et il n'est pas rare de voir que le travail initié par des citoyens finissent un jour par être repris par les autorités, et fasse boule de neige dans d'autres pays. Et même si toutes les initiatives ne prennent pas, ne se maintiennent pas dans le temps ; c'est leur existence même, leur multiplication, qui permet de faire évoluer notre société. L'implication citoyenne dans le bénévolat n'est pas anodine et est peu médiatisée. Il n'est pas toujours possible de comptabiliser le nombre de bénévoles ou le nombre d'heures qu'ils prestent vu qu'une partie très importante du bénévolat est informelle. Les statistiques que j'ai pu parcourir sur le net évaluaient en Belgique, en France et au Québec, le taux de bénévolat entre 9% (formel) et 79% (formel et informel) de la population totale de plus de 15 ans de ces contrées. Il y a donc de quoi relativiser. Mais cela signifie tout de même qu'un travail de fourmi est opéré par la population, mais passe complètement sous les radars.

Et donc ce n'est pas tant le nombre de lois qu'il faut créer ou améliorer que la participation directe du plus grand nombre de citoyens possible à la vie sociale. Certaines associations prennent d'ailleurs une taille industrielle, voire s'internationalisent et reçoivent même des subsides des états, directement, ou indirectement via les réductions d'impôts pour ceux qui effectuent des dons. On peut considérer leur présence comme le signe des manques dans la gouvernance, mais on peut œuvrer pour que nos sociétés de demain s’organisent de plus en plus autour, et à partir de ces initiatives citoyennes et bien moins sur une structure gouvernementale et institutionnelle reposant sur des lois et règles et décisions hiérarchiques de pouvoir.

Il est essentiel que ces associations et initiatives locales gardent comme moteur de fonctionnement principal la solidarité, en étant totalement découplées de raisonnements commerciaux ; qu'elles fonctionnent sur base d'une intelligence collective ; ce qui leur donne un potentiel de croissance important.

Certaines de ces associations nous montrent déjà le chemin vers ce qui pourrait se généraliser dans le futur. Ce domaine représente un potentiel incroyable, principalement pour tout ce qui concerne l’aide sociale : aux migrants, aux personnes en difficulté de santé, ou présentant un handicap, aux enfants, aux personnes âgées, aux personnes dans le besoin, aux SDF, aux victimes de violences, d’accidents, ou de catastrophes, ou encore dans le cadre de l’aide humanitaire vers des contrées plus lointaines. Et nombre de personnes qui y sont actives témoignent que cette expérience a un impact positif sur elles-mêmes. Une fois la peur de se lancer dépassée, la générosité, l’ouverture, les réalisations, les connexions créées vont prendre le dessus, malgré certains problèmes rencontrés.

Bien sûr rien de tout cela n'est parfait. Les tensions, les abus, les dérives, les incapacités à agir, existent aussi dans ces associations et initiatives citoyennes. L'important est d'entrer dans l'état d'esprit qui préside à s'investir dans ce genre d'actions.

2. Une seule initiative et l'effet boule de neige

 

Il est à espérer, et c'est même assez probable, que de telles initiatives vont continuer à être créées. Et en se multipliant, cela finira par tisser un réseau collectif solidaire de plus en plus dense, qui sera de plus en plus soutenu par les pouvoirs publics et finira par être incontournable. Cela veut dire que de plus en plus de personnes bénéficieront, des services de ces initiatives, dans un cadre de plus en plus large de leur vie, et qu'une partie de la vie économique va glisser vers ces types de fonctionnement. A la différence de ce que proposent en général les partis de gauche en politique, l'aide et l'assistance proviendront de plus en plus des pairs et non plus d'une structure préétablie par une autorité, et inscrite dans la loi. Cela veut dire qu'il y aura ré-humanisation de la solidarité. On fonctionnera nettement moins dans les registres des droits et des devoirs, et bien plus dans ceux des liens, du partage, de l'entraide et du don de soi. Et c'est cet aspect-là même qui auto-nourrira le processus. Car l'altruisme est contagieux, nous le verrons plus loin.

D'autre part, si ce qui est initié à un endroit de la planète fonctionne bien, cela sera très vite recopié par d'autre et finira par se généraliser. Les mentions et photos sur les paquets de cigarettes, l'interdiction des sacs plastique, les villes en transitions, les piétonniers de centres villes. Toutes ces initiatives ont en commun qu'elles sont parties d'un endroit de la planète et ont été recopiées ensuite ailleurs, pour finir dans les lois et se généraliser partout ou quasi.

Certaines initiatives échouent. Tout cela fonctionne par essais et erreurs. Mais à l'échelle planétaire, la progression est rapide vu qu'il y a près de 8 milliards d'individus et qu'une bonne partie d'entre eux sont déjà investis dans la recherche de solutions. Cela donne un potentiel de créativité et de bonne volonté inimaginable pour pousser cette transition à devenir réalité et être généralisée.

Il existe déjà des initiatives locales qui pourraient essaimer à relativement grande échelle. Elles concernent soit un projet unique, tel que l'avion à l'énergie solaire de Bertrand Picard, ou encore la création d'un système de barrages flottants pour nettoyer le "septième continent" de plastiques dans l'océan, créé par le Hollandais Boyan Slat.

Il en existe d'autres plus généralistes, telle que l'initiative créée au sein de la plateforme de conférence TED (conférences courtes proposées gratuitement en vidéos sur le net) ayant pour but de réunir et dynamiser les meilleures idées pour enrayer le changement climatique, ainsi que d'autres initiatives favorisant la recherche dans ce sens dans les universités. Il existe des mouvements qui partent d'initiatives citoyennes s’est telles que celles de :

Ce ne sont que des exemples parmi d'autres qui émergent un peu partout dans le monde. Et tout ceci n'est qu'un début. Rien ne dit que cela portera. Cependant, il se crée pour le moment un mouvement de convergences de beaucoup de ces initiatives. D'autres s'y ajouteront, de plus en plus nombreuses. Et certaines porteront sur le long terme, d'autres obtiendront l'adhésion quasi générale de manière fulgurante. Il se pourrait que, lorsque les bonnes volontés seront majoritaires, le pouvoir que nous aurons pour inverser la vapeur rapidement s'avérera immense.

3. Construction de la nouvelle tour

 

Nous avons vu dans la première partie que notre système économique ressemble à une tour proche de l'écroulement. Et que pour se préparer aux bouleversements de société qui sont dans l'air, nous avons tout intérêt à nous atteler à la construction d'une nouvelle tour, sans nécessité de consolider, sauver ou détruire la première tour. L'énergie qui sera investie dans la nouvelle tour, ne le sera d'office plus dans l'ancienne.

Et lorsque les humains quitteront l'attitude psychologique de survie dans laquelle la situation de l'économie actuelle les embrigadent, alors on s'étonnera de voir s'épanouir une intelligence nouvelle lors de la mise en œuvre de toutes les nouvelles initiatives citoyennes. Car lorsque l'on quitte cette attitude de survie, l'énergie psychologique qui était destinée en permanence au service de cette survie ; cette énergie peut alors se déployer dans tous les autres domaines de la vie : intuition, créativité, conscience, sagesse, empathie, solidarité, raisonnement. Tous ces aspects multipliés par le nombre de citoyens potentiellement concernés, et bien plus si l'on tient compte de l'intelligence collective (voir le chapitre à ce sujet), permettront de construire très rapidement le nouveau système - la seconde tour - une fois le mouvement bien entamé. Les fondations existent déjà, et les premières pierres sont déjà maçonnées. Chacun a la responsabilité de venir y ajouter sa propre pierre dès qu'il en a la possibilité et la conscience de pouvoir le faire.

Il va falloir inventer de nouvelles manières de s'organiser dans nos sociétés, il faudra forcément choisir un nouveau cadre, mixer des milliers d'innovations et d'inventions, en les aménageant selon les conditions de vie réelles, et en faisant évoluer le tout, de manière à faire baisser l'importance petit à petit, de ce qui qui ne nous plaît pas, sans pour autant le détruire, et en faisant émerger en parallèle les nouvelles mesures, et en leur donnant de plus en plus de poids (un peu comme pour les énergies renouvelables, ou pour l'alimentation bio). Les chances de réussir dépendront surtout de la direction prise. Ce ne sont pas tant les comptes, les statistiques, qui importent, que l'attitude d'ouverture vers la nouveauté, sans objectif de combattre les acquis.

Tout ceci se construit et se construira en parallèle et à l’instar du web, bien plus loin des hiérarchies, des structures, des autorités et monopoles particuliers. La législation suivra, ou perdra une part de son rôle. Il est donc indispensable de sortir du cadre, de créer indépendamment du système actuel, et de manière la plus locale possible au départ. Ce qui fonctionne le mieux essaimera et peut-être se généralisera.

Et à ce titre, ce qui s'est produit au début de la pandémie du covid-19 est une parfaite démonstration de la rapidité de transformation et d'adaptation dont nous disposons pour le futur. Tout ce que l'on a crée dans l'urgence pour produire à grande échelle ou réaliser à petite échelle des masques, est la preuve que des conversions ou remaniements pourraient advenir très rapidement dans moult autres domaines. Des industries ont réussi à abandonner leur production habituelles du jour au lendemain pour s'adapter à l'urgence du moment. Si elles en sont capables, elles démontrent que tout notre système industriel et économique peut, en beaucoup moins de temps qu'on ne l'imagine, tourner sa veste et produire autre chose que de l'inutile, du polluant, etc., en laissant tomber toute recherche de profit et en cherchant à faire bénéficier le maximum de personnes des articles qui sont réellement nécessaires.

Et si on peut le faire provisoirement, on peut le faire durablement. Seule la mauvaise volonté pourrait nous en empêcher.

4. Quelques exemples de changements concrets à venir dans la société

 

a - La démocratie participative

 

On perçoit de mieux en mieux à quel point les responsables politiques sont de plus en plus impuissants face à toutes les problématiques actuelles et à l'interdépendance des pouvoirs multiples sur les échiquiers régionaux, nationaux, internationaux et mondiaux. De plus, ils sont souvent soumis aux pouvoirs économiques, eux-mêmes dictés par la dictature de l'actionnariat mondial. Et c'est sans compter qu'ils sont majoritaires à ne pas encore mesurer la taille et l'urgence des bouleversements à amorcer. Il faudra forcément arriver à un stade ou la démocratie sera plus participative, mais aussi où le citoyen participe plus à la gestion pratique dans sa communauté. Beaucoup de nouvelles formes de participation pourraient bien surgir des citoyens, sans devoir passer par la sphère institutionnelle, par la législation etc. C’est ce que l’on peut déjà observer dans les nouvelles alternatives déjà citées plus haut, telles que les groupes d’achats, les logements groupés, les villes et rues en transition, les repair cafés, les SEL, RES, etc. Le cas échéant, la législation se voit adaptée une fois les nouvelles pratiques déjà adoptées, lorsqu’il y a risque d’abus, de dérives, etc.

La citoyenneté active pourrait bien se développer sous forme de démocratie concrètement appliquée sans être structurée ou imposée par des autorités.

La démocratie participative fera partie de nos nouveaux modèles. On peut le remarquer, cela devient même souvent les pouvoirs publics eux-mêmes qui font appel aux initiatives citoyennes.

b - Le pouvoir politique se transformera et reprendra du pouvoir face au pouvoir économique et financier

 

Si ce sont les citoyens qui porteront davantage le pouvoir, ils amèneront aussi le pouvoir politique à se désolidariser des sphères économiques et financières basées sur le profit.

On le sait, le pouvoir corrompt et l'argent aussi.

Il faudra dès lors que le pouvoir soit partagé, et ne soit en aucune manière source de richesse matérielle ; et qu'il ne soit jamais décerné qu'à titre provisoire. Si une forme de hiérarchie pyramidale reste probablement en grande partie nécessaire, il est plus nécessaire encore que cette pyramide ressemble bien plus à une courbe de Gauss (en cloche), avec un sommet émoussé et une base plus active au niveau des responsabilités.

c - Bourse fermée

 

A un tout autre niveau, on peut soupçonner que les bourses devront fermer un jour, que le capitalisme devra s'effriter pour permettre à l'humain d'évoluer.

On peut espérer que ce sont les actionnaires qui désaffecteront les bourses, mais il est à craindre que c’est un effondrement du système qui mènera à la disparition de ses pires aspects, dont fait partie la bourse.

La bourse est intrinsèquement incompatible avec une économie saine. Elle est complètement déconnectée des principes de la réalité. Elle est au cœur du problème, à la source de la spéculation, gérée par des personnes sans scrupules.

d - Disparition des impôts

 

Sur le long terme, si les bourses ferment, si le revenu du travail disparaît, si le profit disparaît, si c'est l'état qui reprend en mains la création de l'argent, c'est toute la fiscalité qui deviendra obsolète. C'est une autre forme d'économie que nous serons forcés d'inventer. Ce ne seront plus les cours des produits en bourse qui compteront, mais bien l’empreinte écologique de cette nouvelle économie.

e - Les entreprises démocratiques se multiplieront, voire se généraliseront

 

Les entreprises démocratiques et en particulier les coopératives, fonctionnent mieux, avec une meilleure productivité, et font même plus de profit que les sociétés classiques avec des actionnaires extérieurs. Plus les cadres supérieurs, et en particuliers les CEO, ont des revenus élevés, et dont le multiple par rapport au salaire de base s’élève, moins ils sont efficaces. Plus on met des gens en recherche de profit dans les hautes sphères, moins ils sont en recherche d’autre chose que leur propre profit. Kate Pickett et Richard Wilkinson y ont consacré un chapitre entier dans leur livre « Pour vivre heureux, vivons égaux », (2019), Ed. Les liens qui libèrent, au chapitre « La démocratie économique » -

[voir Ref 10 : http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Pour_vivre_heureux,_vivons_%C3%A9gaux_!-556-1-1-0-1.html].

Dans une conférence (déjà citée) à Bruxelles en 2014, Frédéric Laloux présente son livre « Reinventing Organizations », (2015) qui traite d'un nouveau type d'entreprises, encore plus évolué que celui des coopératives ou entreprises démocratiques. Je vous conseille vivement de la regarder : [voir Ref 40 : https://www.youtube.com/watch?v=NZKqPoQiaDE].

L'amélioration du fonctionnement de ces entreprises dépend de l'évolution de chacun de ses travailleurs. La hiérarchie disparaît presque totalement. La structure de l'entreprise fonctionne sur un mode réseau, et la responsabilisation de chacun des travailleurs est maximale. L'aspect humain devient majeur, tant pour les collègues que pour les clients. Ces entreprises se portent mieux financièrement et ont tendance à se développer facilement.

* * *

Je ne cite ici que quelques exemples possibles. Ils sont dans l'air, je n'ai rien inventé, et bien d'autres s'y ajouteront. En les mentionnant, je désire surtout montrer qu'en décalant la perspective, on peut tout imaginer. L'essentiel est de comprendre par où et par quoi commencer pour amorcer de nouvelles pratiques et accélérer celles déjà en cours, sans être à la source de nouveaux problèmes et sans créer la résistance auprès des citoyens ou des détenteurs de pouvoir. C'est là qu'intervient un chemin bien plus psychologique qui fera l'objet des parties 4 et 5 de ce livre.

Et si des mentions comme la disparition de la bourse ou la disparition de l’impôt vous paraissent beaucoup trop utopiques, rappelez-vous que la majeure partie des avancées sociales et humaines dont nous disposons actuellement étaient encore, tout récemment, de pures utopies.

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Table des matières

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Remarque préliminaire

INTRODUCTION

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PREMIÈRE PARTIE : POSER LE PROBLÈME – QUE SE CACHE-T-IL DERRIÈRE LES MOTS DE L'ARGENT ET DU PROFIT

A) INTRODUCTION

B) RICHESSE ET PAUVRETÉ FONCTIONNENT PAR VASES COMMUNICANTS DE MANIÈRE SYSTÉMIQUE

C) L'ARGENT - LES RÔLES INDIRECTS ET DÉTOURNÉS QUI LUI SONT ATTRIBUÉS

1. Moyen de subsistance, et bien au-delà

2. La reconnaissance et son exploitation commerciale

3. L'argent n’est pas neutre – pouvoir et autres dérives

4. L’argent donne un statut

D) LE CONCEPT DE PROFIT ET LES VALEURS QUE CELA SOUS-TEND

1. Profit équitable ou profit abusif

2. L'indécence des dividendes - quelques données chiffrées

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E) LES CONSÉQUENCES DU PROFIT ET DES RÔLES INDIRECTS DE L'ARGENT

1. Les conséquences matérielles de l'appât du gain

a - les dérives dans l'industrie : quand la fin justifie tous les moyens

b - Répartition inéquitable de l'argent - Les écarts de richesses

2. la classe la plus riche, de loin la plus destructrice

3. A l'autre extrême de l'échelle de la richesse, on meurt par millions, dizaines de millions, centaines de millions

4. C'est la richesse extrême des plus riches qui maintient la mortalité par millions des plus pauvres

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F) LES CONSÉQUENCES DE L’APPÂT DU GAIN SUR LES MENTALITÉS

1. La survie ou l'avidité

2. L’argent corrompt et pervertit

3. La course pour grimper vers plus de richesses

4. La complaisance des consommateurs

5. La violence

G) LES CROYANCES IMPLICITES CONCERNANT L'ARGENT

1. L'argent doit être une ressource limitée

2. Il faut travailler pour gagner sa vie

3. Les gens riches sont plus heureux

4. La richesse se mérite, donc implicitement la pauvreté aussi

5. Il faut travailler dur pour bien gagner sa vie

6. L'argent gonfle tout seul

7. L'augmentation du coût de la vie, l'inflation, la dévaluation de la monnaie

8. Être riche ne nuit à personne

9. En économie, ce qui est légal est moral

10. L'économie c'est une science, complexe - il faut se fier aux experts

11. Ce sont les politiques qui détiennent le pouvoir

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12. La croissance est bonne pour l'économie

a - Effet logarithmique de la croissance

b - Empreinte écologique et jour du dépassement

c - Démographie

H) LES PRINCIPAUX VÉHICULES DE LA CULTURE DU PROFIT

1. La publicité

2. Les médias de l’information

3. Les réseaux sociaux

4. Les médias du divertissement et en particulier, la télévision

5. La domination masculine

6. La culture et l'éducation

I) L'IMPLICITE ET L'EXPLICITE

J) CONCLUSION

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DEUXIÈME PARTIE : PREMIÈRES IDÉES DE SOLUTIONS : Découpler le travail et l’argent – découpler l’argent du profit

A) INTRODUCTION

B) LES ALTERNATIVES QUI RESTENT A LA MARGE

1. Nous ne sommes pas encore prêts

2. Les solutions font encore partie du problème

C) ABANDONNER NOS CROYANCES SUR LA CROISSANCE, ET BOULEVERSER LA LOGIQUE DE L'EMPLOI

D) DÉCOUPLER TRAVAIL ET ARGENT - L'ALLOCATION UNIVERSELLE

1. Moins de travail à pourvoir

2. Créer la motivation à travailler

3. Conception du travail

4. Financement de l'allocation universelle

5. L'allocation universelle donnerait du pouvoir à ceux qui actuellement n'y ont aucunement accès

E) DÉCOUPLER L'ARGENT DE LA RECHERCHE DE PROFIT

1. Créer une économie qui n'est plus régie par l'argent

- Le rôle des initiatives citoyennes

2. Une seule initiative et l'effet boule de neige

3. Construction de la nouvelle tour

4. Quelques exemples de changements concrets à venir dans la société

a - La démocratie participative

b - Le pouvoir politique se transformera et reprendra du pouvoir face au pouvoir économique et financier

c - Bourse fermée

d - Disparition des impôts

e - Les entreprises démocratiques se multiplieront, voire se généraliseront

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F) DIMINUTION DU RÔLE DE L'ARGENT

1. Evolution des mentalités

2. Le vrai rôle que devrait avoir l'argent

a - Réduire l'utilisation et le rôle de l'argent

b - Apprendre à échanger sans compter

c - La diminution de l'importance de l'argent dans nos vies

TROISIÈME PARTIE : LE CONTEXTE DU CHANGEMENT

A) AU NIVEAU POLITIQUE

B) AMENER LE VIRAGE POLITIQUE VIA LES MOUVEMENTS CITOYENS

C) BALANCE A PLATEAU : ALLER VERS L'ALTERNATIVE

D) NOS PETITS PAS INDIVIDUELS SONT CAPABLES DE GÉNÉRER DE GRANDES MARRÉES CITOYENNES

E) PROFILS DE CITOYENS : LES CONDITIONS POUR CHANGER

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QUATRIÈME PARTIE : LE CHANGEMENT DU NIVEAU DE CONSCIENCE

A) INTRODUCTION

B) LA NÉCESSITE DE PERCEVOIR L'IMPORTANCE DE L’ÉVOLUTION INDIVIDUELLE D'UNE PART IMPORTANTE DE LA POPULATION

1. Qui est en premier concerné

a - Les plus riches

b - Les plus pauvres

c - La classe moyenne

2. De quel changement individuel parle-t-on : tout d’abord, dans le concret

a - La responsabilité d’agir même si on est seul à le faire

b - Et si la notion de goutte d'eau dans l'océan s'avérait totalement fausse ?

c - Cesser de leur donner du pouvoir

d - Liberté - autonomie - solidarité

3. Au-delà des modifications de comportements citoyens ou de consommateur : l'élévation du niveau de conscience

a - Conscience et information

b - Conscience et technologies

c - Conscience et solutions nouvelles

d - Dénouer les nœuds qui sont dans nos têtes

e - Changer la couleur de nos lunettes : changer notre mode de pensée

f - Bousculer l'édifice de nos croyances

g - Saut d'évolution de l'humanité

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4. Dépasser les freins au changement :

a - Sous hypnose : nos doutes, notre passivité, notre conformisme, notre lâcheté

b - Syndrome de Stockholm

c - La difficulté d'aller à contre courant – la soumission à l’autorité de Milgram

d - Mettre des mots sur ce qui est implicite afin d’en éviter les incohérences

e - Quitter notre mentalité va nous faire peur

f - Le choix du pessimisme sous prétexte de réalisme

CINQUIÈME PARTIE : LES DEUX PILIERS PRINCIPAUX DU CHANGEMENT : Privilégier les raisons du cœur au raisonnement cartésien et lâcher le rapport de force

A) QUAND NOS SOLUTIONS MAINTIENNENT LE PROBLÈME TOUT EN LE RENDANT MOINS VISIBLE

B) PRIVILÉGIER LES RAISONS DU CŒUR AU RAISONNEMENT CARTÉSIEN

1. Introduction

2. Nous supposons à tort que toutes nos pensées sont rationnelles par essence (excepté dans la folie ou lors de certains dérapages)

3. Prendre notre rationalité pour seule référence , seul repère, comme seule valable, seule efficace, ...

4. Notre recours à la rationalité nous mène souvent en bateau : une atèle sur une jambe de bois

5. Une solution qui ne porte pas - toute rationnelle qu'elle puisse être - n'est pas une solution

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6. Un enseignement qui reflète tout notre système de pensée rationnelle et ses failles, dans un cadre éducatif qui fait souvent défaut

7. La fiabilité relative du raisonnement scientifique de l'expert - un regard sur le réchauffement climatique

8. Notre incapacité à gérer correctement nos découvertes et inventions scientifiques

9. De nouvelles références pour guider nos choix

C) LÂCHER LE RAPPORT DE FORCE

1. Introduction

2. Le rapport de force

a - En quoi consiste le rapport de force ?

b - Lâcher le rapport de force

c - Nous fonctionnons dans le rapport de force comme nous respirons

d - Les enjeux du rapport de force ou de son absence

e - La violence n'est jamais loin du rapport de force, la non-violence non plus

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f - Comment les rapports de force imprègnent toutes nos conceptions

i La mentalité basée sur le rapport de force

ii Notre incapacité à envisager les conflits en dehors du rapport de force

iii Une société de dominants et de dominés : le rapport de force est partout

iv La soumission

v La désignation d'un fautif

vi rapport de force et confiance en soi

vii rapport de force et libre arbitre

g - Comment les rapports de force définissent notre vie sociale et nos dépenses

i Les comportements, références et marqueurs sociaux résultants de la prégnance généralisée des rapports de force

ii Les sphères d’influence sociales, culturelles et commerciales

iii Rapport de force dans le cadre professionnel

iv Rapports de force et monde virtuel – école de narcissisme

v rapport de force et voiture

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vi Rapports de force, consommation, et recherche de profit sont foncièrement et intrinsèquement liés

- les comportements de survie

- les comportements d'avidité

- notre complaisance

- les comportements de compétition

- les comportements d'exigence

- les comportements de défense de nos privilèges

- les rapports de force ne sont jamais loin de nos comportements de matérialisme et de notre cupidité

vii quitter le rapport de force mène à se désintéresser des richesses et de la consommation

h - Rapport de force à l'échelle collective

3. Connaissance de soi : notre part d'ombre

a - Introduction

b - Rapport de force versus empathie - les deux facettes de l'être humain d'aujourd'hui

i Ambivalence des comportements

- l'attitude face aux inconnus

- l'attitude face à l'entourage

- Un interrupteur dans la tête et l'apprentissage de stratégies pour y remédier

ii Le moment de bascule

- Face aux inconnus

- Face à l'entourage

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iii On ne peut désinvestir nos pensées et émotions dites "négatives" uniquement par le simple choix de penser positif

iv découvrir les effets de l'interrupteur

v apprendre à gérer l'interrupteur

vi la gestion de l'interrupteur sur la durée

vii Accepter notre part d'ombre c'est accepter celle des autres

c - Le capitalisme exploite notre part d'ombre

d - La part d'ombre et le rôle des citoyens en transition

e - La part d'ombre et le rôle des crises

f - Facteurs favorisant ou non la propension à utiliser le rapport de force

i Tout d'abord, notre passé forge en grande partie qui l'on est : notre tempérament, nos conditionnements, nos blessures, nos tendances.

ii Ensuite, c'est notre situation du présent qui va aussi déterminer nos réactions face à l'adversité.

iii Niveau de conscience

g - Notre capacité à l'empathie dépend surtout de notre capacité à reconnaître ce qui nous en éloigne - l'altruisme des religions élude cet aspect

h - Evolution personnelle et déni de réalité

i Fuir totalement l'actualité nous fait perdre contact avec la réalité

ii Quand utiliser la loi de l'attraction devient magique

iii Évoluer dans un monde de bisounours

iv Évoluer spirituellement ne peut pas nous épargner d'adapter de manière intègre nos comportements à la réalité très concrète

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4. Quitter le rapport de force - accueillir notre part d'ombre via un réel travail psychologique

a - L'étape incontournable : commencer par reconnaître notre part d’ombre

b - Part d’ombre et rapport de force

c - Parvenir à déjouer l'emprise négative de certaines de nos émotions et de leurs conséquences sur nos pensées et nos comportements

d - Les attitudes mentales à privilégier

i accepter

ii persévérer à demander

iii Faire évoluer les demandes et propositions en traversant les échecs, en apprenant de nos erreurs

iv Accepter dans certains cas la solution de l'autre qui ne nous satisfait pas, mais peut mener vers nos objectifs

e - Se mettre dans la bonne disposition d'esprit

i La détermination

ii L'absence d'exigence

iii L’absence d’urgence

iv Exploiter l’émotion sans agir sous son emprise

v Une forme de connaissance de soi

vi Le détachement

vii La présence de doutes dans la confiance

viii Le respect et la bienveillance absolue

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f - Quand le rapport de force s’éloigne, l’empathie et la solidarité peuvent apparaître

g - Aller vers le cœur

h - Changer

i - Notre part d'ombre est notre alliée

j - La différence entre la compréhension et la conscience

k - Pour prendre de la perspective

SIXIÈME PARTIE : LES FACTEURS D'INFLUENCE DU CHANGEMENT

1. Deux mondes parallèles

2. Conscientiser, chercher à influencer : c'est se tromper

3. La réelle influence s'opère loin des discours

4. Notre rôle de colibri et son effet boule de neige

5. L’influence des médias de l’information

6. Le rôle des crises

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7. L’éducation et l’enseignement – y compris le rôle qu’y joue le web

8. Le pouvoir de la minorité

9. Catalyseurs d’un autre genre

a - L'intelligence collective

b - Les neurones miroir

c - L’épigénétique

d - La contagion de l'altruisme

e - Les champs morphiques (ou morphogénétiques)

f - La transmission de toutes nos pensées et émotions

g - L'auto-contagion

10. Conclusion

VERS UNE UTOPIE NON DÉCONNECTÉE DE LA RÉALITÉ

- La métaphore du flocon

- Un dernier petit coup de pouce

ANNEXE Un détour par la théorie polyvagale

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ICI COMMENCE LE DEUXIÈME VOLET DE CE LIVRE

RÉFÉRENCES

REMERCIEMENTS