Quand cesse la culture du profit

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PREMIÈRE PARTIE : POSER LE PROBLÈME – QUE SE CACHE-T-IL DERRIÈRE LES MOTS DE L'ARGENT ET DU PROFIT

 

A) INTRODUCTION

Comme beaucoup de personnes de ma génération (post 68), j’ai grandi dans un milieu simple, avec un peu plus que le minimum de confort qui avec le temps n’a cessé d’augmenter dans ma jeunesse. Bien que modestes au départ, mes revenus ont passablement augmenté au cours de ma vie d’adulte. Mon but était la sécurité financière, pas la richesse, mais avoir un revenu confortable me rassurait.

Aujourd’hui, alors que je ne travaille plus, et garde des revenu très confortables, j’ai choisi de vivre le plus sobrement possible. Et il n’est pas rare que je me fasse tirer l’oreille par des personnes de mon entourage, qui me conseillent et m’encouragent à m’offrir tel objet pour lequel j’ai exprimé de l’intérêt, et que pourtant je me refuse : « Fais-toi plaisir », « Tu peux bien t’offrir quelque chose de temps en temps », « Tu le mérites bien ».

Et ces rapports à l’argent autour de moi me posent de plus en plus question. Oui, j’ai l’argent, et je pourrais m’acheter tant de choses. Mais dans quel but, sinon de me faire plaisir au moment de l’achat, et d’oublier bien vite ensuite. Quel est le sens de se payer tout ce dont on a envie ? Et puis, comme je ne travaille pas, l’ai-je vraiment mérité ? Ne suis-je pas en train de profiter du labeur des autres ? Et dans le contexte du réchauffement climatique, du tarissement des ressources, de la pollution, de la crise énergétique, comment pourrais-je me regarder dans le miroir si je consomme à tout va, et fais exploser ainsi mon empreinte écologique ?

Je m’offre bien de temps en temps quelque confort matériel, mais je tente de rester sobre, et en général je mets des mois ou des années avant d’effectuer l’achat de mes désirs, quand vraiment je n’arrive pas à l’évacuer. Et si possible je me le confectionne moi-même ou trouve des moyens différents (qui ne passent pas par un achat) pour répondre au besoin ou à l’envie qui me préoccupe.

Je ne suis certainement pas un modèle dans le genre, pourtant, autour de moi, on me considère comme décalée, radicale, ou excessive. Mais je garde le cap et espère toujours rencontrer des personnes qui raisonnent pareil que moi au sujet de l’argent, des richesses et de ce que nous choisissons d’en faire.

Car pour la plupart, l’argent, cela se mérite. Être riche prouve que l’on a réussi dans la vie. C’est une sorte de forme de compétence, voire parfois d’héroïsme de parvenir à s’enrichir.

Et les chômeurs, quelque part, ‘ils l’ont bien cherché’, ou ce sont des ‘fainéants’, des ‘incapables’, voire des ‘profiteurs’.

Les gens pauvres ? Cela varie. Entre ‘incapables’, ‘peu débrouillards’, voire ‘fainéants’ eux aussi, et parfois ‘c’est la faute à pas de chance’. Pas de chance d’être né parmi les pauvres. Pas de chance d’être né sous d’autres latitudes. Pas de chance de ne pas avoir pu étudier.

En filigrane, il est communément admis que la richesse se mérite, la pauvreté un peu aussi, sauf si on n’est pas né sous la bonne étoile. Et quand les médias nous informent qu’un groupe de riches, pas très nombreux, possède autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité, on s’indigne une seconde, puis on s’en détourne.

Selon moi, la richesse ne se mérite pas, pas plus que la pauvreté. Rares sont les riches qui le sont devenus rien qu’à la sueur de leur front. La richesse s’obtient par héritage, en jouant des coudes, en étant imposteur, en fraudant, en se mariant à un riche, en abusant de pouvoir, en entrant dans des castes de fabrication de riches (comme le star-system, ou certains sports professionnels, par exemple). Et puis surtout, si vous avez une bonne épargne de base et que vous la placez en bourse via des fonds de placement, vous risquez bel et bien de devenir assez rapidement riche sans avoir aucun effort à faire. Mais pour avoir une bonne épargne, il faut déjà être privilégié à la base.

Et je reste persuadée que les millions de gens qui meurent de faim chaque année dans le monde, ne meurent, ni parce qu’ils l’ont mérité, ni par la faute à pas de chance, mais bien parce que d’autres sur la planète s’enrichissent, indirectement, sur leur dos.

L'argent est une invention humaine permettant l'échange de biens et services qui ne peuvent passer par le troc. La différence entre les riches et les pauvres est principalement la taille de la réserve d’argent dont chacun dispose. Son abondance permet le gaspillage et la réalisation de tous les caprices pour les uns, et sa rareté oblige à lutter à tous les instants pour survivre, pour les autres.

Or dans notre économie occidentale, l'utilisation de l'argent est le plus souvent détournée de son but premier. Et la manière dont l'argent est régulé actuellement (par les riches et gens de pouvoir) entraîne indirectement l’abondance pour les uns et la rareté pour les autres.

B) RICHESSE ET PAUVRETÉ FONCTIONNENT PAR VASES COMMUNICANTS DE MANIÈRE SYSTÉMIQUE

Partons d’un exemple local et qui n’est très certainement pas isolé : en Belgique - pays de plus de 11.000.000 d'habitants - pendant la crise du covid, alors que plus de 35.000 personnes en sont décédées, et autant de familles ont été endeuillées ; pendant que le personnel soignant a traversé ce gouffre dans l'horreur des émotions et des burn out ; pendant qu'une partie de la population perdait son emploi, était mis en chômage technique et/ou vivait dans un isolement extrême ;

le nombre de millionnaires a presque quintuplé.

De 122.000 selon un rapport de 2019, ils sont passés à 589.000 selon un rapport de 2022 (Ces rapports concernent donc probablement les données de 2018 et 2021). La RTBF (Radio Télévision Belge Francophone) mentionne les deux nombres à 3 ans d’intervalle :

[Source : https://www.rtbf.be/article/la-belgique-compte-un-peu-plus-de-122000-millionnaires-en-dollars-10266930], et

[Source : https://www.rtbf.be/article/la-belgique-a-perdu-26000-millionaires-en-dollar-en-2021-11070517]

Cet enrichissement des uns n'a pu se concrétiser que sur le malheur des autres et il n'y a pas d'exception à cette règle, même si son application est presque toujours indirecte, car c’est au niveau mondial que ces déséquilibres se jouent.

L'enrichissement et l'appauvrissement fonctionnent par vases communicants. N'ayons pas peur des mots : Qui s'enrichit, appauvrit quelqu'un quelque part. Et comme richesse et pouvoir vont de pair, le flux de l'argent va toujours en moyenne, dans le même sens.

Beaucoup considèrent que c’est à force de travail et de détermination que l’on peut devenir riche. Ce n’est pas totalement faux, mais n’est que très très partiellement vrai. Pour devenir riche il faut avant tout se trouver dans un contexte qui favorise la richesse. Et dans notre monde actuel, le plus souvent, la richesse attire la richesse, et la pauvreté exclut de pouvoir devenir plus riche. Et les exemples proposés comme modèles qui vantent la détermination de certains héros partis de rien et devenus ultra riches, ne sont rien d’autre que les exceptions qui confirment la règle. Et le contexte fonctionne comme des poupées russes. On naît dans une famille privilégiée, dans un milieu privilégié, dans un pays privilégié, ou l’inverse, avec malgré tout des variantes possibles qui vont permettre que certains accèdent parfois à la richesse et d’autres tombent dans la pauvreté. Et le contexte général est scellé par notre culture, nos lois, mais aussi par un contexte économique mondial qui empire, et qui jusqu’à aujourd’hui reste indéboulonnable.

Quelques exemples qui illustrent ce contexte au niveau mondial :

* Le travail des moins nantis dans les pays les plus pauvres est très mal payé et est effectué au profit des pays les plus riches. Ce que ces travailleurs produisent en étant exploités, est exporté vers les pays les plus riches à des prix planchers (même s’ils sont souvent revendus à des prix plus élevés aux consommateurs occidentaux). Et à cela il faut ajouter que l’Europe, en subsidiant l’agriculture, permet d’exporter vers ces mêmes pays d’autres produits à très bas prix, plus bas que ceux de la production locale, mettant à mal cette production et le commerce qui en est fait. Source : https://www.cncd.be/IMG/pdf/poster_travaildecent-imagine.pdf]

et [Source : http://les.cahiers-developpement-durable.be/outils/mondialisation/].

- Les multinationales créées dans les pays riches délocalisent pour faire faire le travail dans les pays où les salaires sont bas. Pourtant les revenus des investissements dans ces multinationales profitent principalement aux pays riches.

[Source : https://theconversation.com/a-qui-profitent-les-revenus-des-investissements-des-multinationales-98584]

- Les produits de base (agricoles) sont produits dans les pays pauvres pour nourrir les pays riches, au point de privilégier les cultures industrielles (entraînant entre autre la déforestation et l’appauvrissement des terres) au détriment des cultures vivrières pouvant bénéficier à la population locale. Les produits de ces cultures sont vendus à bas prix (selon les cours du marché basés sur l’offre et la demande (cacao, café, soja, coton, tabac…)) dans les pays du nord.

- Les multinationales des pays les plus riches s’approprient des terres dans les pays les plus pauvres pour en piller les ressources qu’ils exportent ensuite vers les pays les plus riches, sans que la population des pays d’origine n’en voit les bénéfices, exceptés quelques pots de vin bien ciblés. A l’inverse, la population sera exploitée pour les plus sales boulots, expropriée de ses propres terres, et doit bien souvent subir les conséquences de la destruction de leur environnement naturel et de la pollution.

[Source : https://ccfd-terresolidaire.org/tag/accaparement-des-terres/]

- Alors que les matières premières sont cultivées (agriculture) ou extraites (ressources minières) dans les pays les plus pauvres et vendues à bas prix, les pays du nord vont les utiliser pour fabriquer des produits finis qu’ils revendent dans le monde entier à prix d’or, entre autre via des droits de douanes extrêmement élevés.

[Source : https://www.letemps.ch/economie/pays-pauvres-exportent-plus-plus-nameliorent-situation]

* Les possessions des plus pauvres, déjà maigres, ou inexistantes s’écoulent vers les riches, ne fut-ce que par le système des intérêts et de la dette :

- à titre individuel : les intérêts pour l’épargne sont toujours de loin inférieurs à ceux des prêts. Et les dividendes, qui ne sont accessibles dans la pratique qu’aux plus riches, sont à l’inverse bien plus élevés ;

- aux niveaux nationaux : les pays les plus pauvres se sont endettés dès qu’ils se sont libérés de la colonisation, auprès des banques des pays occidentaux, et ils ont déjà remboursés plusieurs fois le montant de leurs dettes, mais celles-ci ne font que gonfler par le système des intérêts. Cela étrangle l’économie réelle de ces pays dans un cercle vicieux. Et bien que l’ardoise ait été effacée partiellement, ou totalement, pour certains pays, ce système se perpétue jusqu’à aujourd’hui pour la majorité d’entre eux.

[Source : https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2021/10/11/low-income-country-debt-rises-to-record-860-billion-in-2020]

* Le pouvoir au niveau mondial est entre les mains des plus riches.

- La majorité des multinationales sont menées par des dirigeants, des conseils d’administrations et des actionnaires issus des pays riches, et qui défendent cette même culture. Elles ont plus de pouvoir et détiennent plus d’argent que les États. L’organisation et la taille de ces multinationales les rendent presque totalement intouchables pour leur faire rendre des compte.

[Source : https://espace-mondial-atlas.sciencespo.fr/fr/rubrique-strategies-des-acteurs-internationaux/article-3A11-firmes-multinationales.html]

- Le G7 qui n’est pourtant pas une instance officielle des Nations Unies, et qui est composée des pays les plus riches et influents (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni, ainsi qu’une représentation de l’Union Européenne), impose ses décisions au monde entier.

[Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_des_sept_(%C3%A9conomie)].

- Chaque membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU (Chine, États-Unis, Russie, France et Royaume-Un) ont un droit de veto sur toutes les décisions ; ce qui leur donne un pouvoir absolu. Tous les conflits entre pays, ont toujours, au moins pour part, des sources économiques. Ce droit de veto permet ainsi de toujours privilégier les pays membres du conseil de sécurité et leurs protégés ; ce qui peut maintenir des conflits sur le long terme et étrangler l’économie de certains pays. Malgré une modification récente de cette règle, cette paralysie dans les décisions n’est pas prête d’être abolie.

[Source : https://www.amnesty.be/infos/actualites/article/resolution-droit-veto-avancee-essentielle-obligation-comptes]

Ce ne sont que des exemples. Des milliers d’articles sur ces sujets existent qui en détaillent bien d’autres. Et tout cela est lié. Il ne faut pas être omniscient dans le domaine mais juste ouvrir les yeux, retirer la buée de nos lunettes et observer que la tendance ne fait que s’aggraver.

Notre système économique et politique mondial dysfonctionne. On peut le comparer à une balance à plateaux combinée à un système de vases communicants. Vous placez les pauvres dans un plateau, les riches dans l’autre. Et le poids de la richesse va automatiquement amener les richesses vers le plateau le plus lourd, donc vers les riches. Et c’est ce qui a été illustré autrement sur la barque de la couverture, illustrant ainsi que le poids des riches, pourtant moins nombreux, est au point de faire couler la barque, c’est à dire tout le monde.

Vu la taille et le nombre des problèmes que tout cela suppose et l’échelle à laquelle tout cela se joue, il paraît évident qu’à titre individuel nous ne pouvons rien y changer, ou si peu !

Je fais pourtant le pari du déni de notre impuissance, en choisissant de prendre une tout autre perspective. Celle-ci n’est pas incompatible avec un travail social et militant. Au contraire, elle a non seulement un impact individuel direct, mais elle pourrait booster l’efficacité de certains mouvements alternatifs.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, mieux vaut commencer par la base, en tentant de mieux cerner, au-delà des concepts d'argent et de profit, leurs implications directes, mais surtout indirectes, dans la société.

C) L'ARGENT - LES RÔLES INDIRECTS ET DÉTOURNÉS QUI LUI SONT ATTRIBUÉS

A la base, l'argent est l'intermédiaire qui permet d'éluder le troc, et le moyen d'échanger de manière différée des objets et services qui seraient difficilement quantifiables via la comparaison directe. Il peut être utilisé sous une multitude de formes et de références. Il peut être palpable ou virtuel. C'est une unité de mesure variable. Il fait lui-même l'objet de commerce.

Et finalement toute l'économie repose sur lui alors que sa création et sa valeur sont devenues en grande partie incontrôlables.

Cependant, en dehors des domaines chiffrés où il est étudié, et derrières certaines évidences vécues dans le quotidien selon que le compte en banque est fourni ou inexistant ; on mesure assez mal la manière dont l'argent influence nos vies. Son rôle sera très différent selon sa rareté ou son abondance.

1. Moyen de subsistance, et bien au-delà

Si l'argent a comme but premier d'échanger des choses très différentes de manière équitable, il a très vite pris le rôle de moyen de subsistance. Seules des communautés rurales peu dépendantes de la civilisation occidentale peuvent rester en grande partie indépendantes de l'argent.

Nous fonctionnons dans un système où, pour survivre, il est nécessaire d'effectuer un travail rémunéré ; ce qui oblige la toute grande majorité de la population à s’y plier par obligation plus que par réelle volonté personnelle.

Et moins le travail est rémunéré, plus toutes les occupations et préoccupations en dehors du travail seront ramenées à la recherche de survivre. Dans de telles conditions il y a peu de liberté, de choix possibles. Il est difficile, voire impossible de planifier l’avenir en prenant de la perspective. Cela implique dès lors que l’on est empêché d’évoluer. Car en mode survie, on n'a pas vraiment de latitude pour des remises en question : on se préoccupe de pouvoir manger, dormir, avoir chaud, aujourd’hui et demain, pour soi et pour ses proches.

Pourtant, lorsque l’argent devient plus facilement accessible, on ne sort pas forcément des comportements de survie. Car si l'argent ne servait que comme moyen de subsistance, il serait nettement moins convoité.

Une fois les besoins de base satisfaits ; d'autres appétits vont nous rendre dépendants de l'argent. L'industrialisation, la technologisation, la digitalisation, ont permis à une majorité de la population (en Occident) l'accès à plus de confort, et à la satisfaction de la plupart de nos désirs, mais aussi à la création de faux besoins. Au point de nous conditionner à consommer, polluer, gaspiller, via la stimulation et l'omniprésence de la publicité et des modes en tous genres. Tout cela emballé dans une éducation, une culture dont nous avons perdu la conscience des enjeux.

Un simple exemple parmi des milliers : Le budget moyen en Europe pour les dépenses de Noël avoisine les 500€ par foyer : décoration, sapin, cadeaux, repas, fête, habillement. Les chiffres varient d’une source à l’autre. Et dans certains pays moins favorisés, ce budget peut dépasser la valeur d’un salaire mensuel.

[Source : https://fr.fashionnetwork.com/news/noel-budgets-en-baisse-de-3-en-europe,442883.html], https://www.parents.fr/actualites/etre-parent/noel-2020-le-budget-moyen-des-francais-en-hausse-malgre-lepidemie-de-873272] et

[Source : https://www.worldremit.com/fr/cost-of-christmas]

Rien de tout cela n'est indispensable, mais on nous a appris que la magie de Noël rend heureux, et que pour la créer, cela nécessite toute une mise en scène. Même si de plus en plus de gens décrochent ou subissent cette période de fêtes.

Noël n’est qu’un exemple. On pourrait citer les autres fêtes, qui pour la plupart, à l'origine, n'ont rien à voir avec le matérialisme ; ou encore les vacances, les sorties, les loisirs, l’aménagement de l’habitat, et tous les domaines qui sont sujets aux modes et à l’apparence.

Et pour ceux dont les revenus sont confortables, la recherche à se payer tout le superflu impose de gagner toujours plus d’argent. De plus, le système d’achat à crédit, principalement pour le logement, crée une dépendance à un revenu régulier nettement plus prégnante encore.

Et cela opère une espèce de chantage implicite dans le cadre de l’emploi. Il est nécessaire de garder le même statut professionnel, pour ne pas voir baisser les revenus ou même les perdre, et cela rend dépendant au contrat de travail, et à subir des conditions pas toujours acceptables. Et ce n'est pas forcément conscient.

Plus on monte dans l’échelle sociale, plus la liberté augmente. Cependant, personnellement je n’ai encore jamais rencontré quelqu’un exprimer ouvertement qu'il gagnait trop d’argent.

Dans ce contexte, manquer d'argent devient la règle pour une très grande part de la population.

2. La reconnaissance et son exploitation commerciale

L'argent peut servir également à donner de la reconnaissance par rapport à un travail, une compétence, ou l'exploitation de certains dons. Outre la rémunération ou le moyen de subsistance, gagner sa vie peut consister aussi en la reconnaissance de notre utilité dans le cadre de notre emploi. Les primes et augmentations au travail, le nombre de clients, peuvent, par exemple, en être l’illustration. En ce sens, bien souvent, le travail bénévole est moins bien reconnu, et moins encadré, intrinsèquement parce qu’il n’est pas payé.

Et dans certains domaines ou pour certaines catégories de professions, la reconnaissance par l’argent se passe dans la démesure et de manière très mal répartie.

Cela est très visible concernant les salaires et bonus de PDG/CEO par exemple, ou encore tout ce qui concerne l'industrie du divertissement : les écrivains, musiciens, acteurs à succès. Et cela ne concerne qu'en partie les personnes qui ont le succès, même si pour certains, leur fortune atteignent largement l'indécence. Car ce sont surtout de nombreux éditeurs, agents, producteurs, réalisateurs, distributeurs, qui se sucrent largement au passage.

C'est le principe même des droits d’auteurs couplés à l'argent et donc de la commercialisation de l'art, qui pousse à ce mode de fonctionnement. Or les artistes bien payés, sont extrêmement minoritaires parmi les artistes. Pour la Belgique par exemple, en 2022, la majorité des membres de la SABAM (organisme qui perçoit les droits d’auteurs pour ses membres en Belgique) ont gagné moins de 100€ en un an.

[Source : https://www.rtbf.be/article/bilan-2022-de-la-sabam-des-chiffres-plutot-positifs-mais-pas-pour-tous-les-artistes-la-majorite-de-nos-membres-touchent-moins-de-100-par-an-11199033].

Ainsi, en perpétuant ce système de hiérarchisation de l’art par l’argent, ce système abuse la majorité des artistes, et par là-même tout le monde. Car cela rend l'art moins accessible. D'une part parce que l'art commercialisé est donc payant. Et d'autre part parce que l’art non payant devient quant à lui presque inaccessible vu que seul l'art commercialisé fait l'objet de promotion ou publicité, dans les médias, les festivals et salles de concerts et de spectacles, dans les musées, librairies, bibliothèques, etc. ; et cela rend de ce fait le reste invisible. Et ce sont bien plus souvent les riches, qui décident qui va être connu, distribué ou pas. De la sorte, l'accessibilité à une grande partie de l'art et de la culture est donc aussi fonction du niveau social.

Par exemple, le prix qu’atteignent certaines œuvres d’art en vente publique dépasse de très très loin l’indécence, et cela fait plus penser à de la bêtise d’en arriver à débourser de telles sommes, quelle que soit l’œuvre en question.

Pour vous faire une idée, voici un article de la RTBF qui cite les 5 œuvres les plus chères vendues aux enchères de luxe (même si le sujet de l'article démarre sur une le sujet d’une voiture de luxe) :

[Source : https://www.rtbf.be/article/une-mercedes-de-1955-vendue-135-millions-d-euros-record-mondial-pour-une-voiture-aux-encheres-10996469].

Et pour l'amusement, voici un exemple d'œuvre artistique qui n'en a que le nom... et le prix :

Une vraie banane, scotchée au mur, prix : 150.000 dollars

[Source : https://www.rtbf.be/info/insolites/detail_une-vraie-banane-scotchee-au-mur-prix-150-000-dollars?id=10383164].

Et ensuite la pirouette qui a consisté à manger la banane, sans pour autant déprécier la valeur de « l'œuvre d'art » :

[Source : https://www.rtbf.be/info/insolites/detail_un-artiste-vend-une-banane-120-000-dollars-un-autre-la-mange?id=10383735].

Un autre domaine où il existe de grands écarts de reconnaissance via la rétribution par l'argent, est celui des professions libérales. Certains honoraires bien gonflés dans certains milieux, dans certains quartiers, démontrent bien plus de la cupidité que de la compétence. Qu’il y ait des frais matériels, administratifs, immobiliers, soit. Mais le client ou patient ne devrait jamais être appelé à payer le strass et le luxe des loisirs et vacances de ces professionnels. Et dans les milieux où cela se pratique, ce n'est pas tant la formation, l'expérience ou la compétence qui importe, que le standing proposé, la clientèle visée, et la prétention affichée, qui vont faire la différence entre les honoraires demandés.

Et c’est encore pire lorsqu’il s’agit de séminaires, formations où la journée se paye 200, 300€, voire encore beaucoup plus dans les milieux professionnels.

Quand une formation pour 1000 personnes coûte 200€ la journée par personne, celui qui la donne, gagne en 7-8 heures 200.000€. Peu importe le prix de la salle, le nombre de gens qui l’aident à l’organisation. Rien ne peut justifier un tel prix. Ce prix est 750 à 2.000 fois supérieur à celui que l’on paye un ouvrier la journée.

Et c'est sans compter certains anciens chefs d’État ou ministres qui se font payer des dizaines, voire des centaines de milliers d'euros pour une seule conférence de moins d’une heure.

Et cela fonctionne de la même manière pour tout ce qui entre dans le domaine du brevetage. Tant que la propriété intellectuelle sera tributaire de l’argent, les abus en feront partie. Il est courant que des firmes achètent des brevets pour des innovations intéressantes, parfois fondamentales, afin d'en bloquer leur utilisation, de manière à ce que ces inventions ne nuisent pas à leur propre production plus traditionnelle. Pire encore, certaines firmes se permettent d'acquérir des brevets sur le vivant ; ce qui force par exemple les paysans à acheter leurs semences et à devenir dépendants de ces entreprises et souvent à se ruiner. Alors qu'auparavant ils pouvaient se procurer ces semences via leur propre récolte ou localement et à bon prix. Ce thème est largement abordé dans le livre de Vandana Shiva « 1% - Reprendre le pouvoir face à la toute-puissance des riches », (2021) - Ed. Rue de l’échiquier

[voir Ref 39 : https://www.ruedelechiquier.net/essais/238-1-.html].

L’art, les inventions, les brevets, devraient faire partie du bien commun, et ce devrait être au public à en juger la valeur, qui devrait ne rien à voir à faire avec le commerce.

Le sport est également une énorme machine à sous. Le foot, au masculin en particulier, mais également le cyclisme, le hockey, le basket et le football américain, .... en sont les meilleurs illustrations. Là aussi, l'indécence et l'injustice règnent, quand on voit les salaires, les prix des transferts de joueurs d'un club à l'autre, les faits de corruption, de dopage, et l'immense succès qu'ont les rencontres internationales de haut niveau avec les filières de prostitution qui accompagnent, les constructions de stades par des migrants exploités comme des esclaves, les prix explosifs exigés pour la diffusion télévisée des match, etc.

Cependant, dans la plupart des autres cas, l’argent est probablement une forme de reconnaissance à donnée variable. Car sa répartition ne correspond pas très souvent à la taille du mérite, de l’efficacité ou de la reconnaissance concernés. Ceux qui en ont le moins, sont très rarement responsables de leur pauvreté. La reconnaissance consiste bien plus en l'existence d'une rémunération qu'à la taille de celle-ci.

3. L'argent n’est pas neutre – pouvoir et autres dérives

Au-delà des simples échanges, comme moyen de subsistance et de reconnaissance, les humains, à leur niveau d'évolution actuel, ont fini par donner à l'argent bien plus que ces rôles.

D’une part, l'argent est à présent lui-même commercialisé via l’actionnariat, les bourses, la spéculation, au point de fausser les valeurs des biens et services de toute l'économie réelle, car le rendement du capital augmente plus rapidement que le revenu du travail. Les riches deviennent toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres, et cela s'est accentué très rapidement ces dernières années.

De plus, on a embrigadé dans les échanges financiers ce qui n'aurait jamais dû l'être, à savoir : les biens de première nécessité - donc les moyens de survie, ainsi que le bien commun - c'est-à-dire les savoirs, l'information, la culture et l'art, et enfin le don de soi.

Et par dessus tout, l'argent est devenu source de pouvoir : politique, commercial, culturel.

Car il permet d'exploiter et asservir les plus pauvres, en créant, en maintenant et en entretenant les pires injustices, y compris les guerres et le potentiel commerce qui les motive.

Au point même que, comme l’argent a été placé au centre du fonctionnement de notre société, les lois ont de ce fait été élaborées en référence à son utilisation et ont de ce fait légalisé une grande majorité de ces dérives.

Avec l'argent, on achète non seulement les biens, les services, le superflu, mais on peut aussi acheter les personnes, l'honnêteté, les droits.

L’argent permet la prostitution, la corruption, l’exploitation et parfois même l’esclavage. Il permet les maffias, il permet la spéculation, il permet les casinos, les loteries, il permet de créer de toutes pièces les pénuries, les famines, et tout ce que nous connaissons actuellement. Et une grande part de ces dérives sont tout à fait légales, ou tout simplement tolérées. Et lorsqu'il y a délinquance, la lutte pour l'enrayer est très très différente selon qu'il s'agit de délinquance de riches (les fraudes et délits d'initiés) ou de délinquance de pauvres (les vols). La richesse protège le plus souvent non seulement d'être poursuivi, mais également, lorsque le délit est prouvé, d'écoper de peines de prison.

4. L’argent donne un statut

Et lorsqu'’il ne manque pas, l’argent commence alors à permettre de se mesurer les uns aux autres.

A côté du pouvoir et de la reconnaissance, il donne un statut. On va mesurer ses voisins, ses collègues, ses amis, voire les inconnus, à tout ce qu’ils peuvent se permettre d’acheter : à la marque et la taille de leur voiture, la classe de leurs vêtements, la taille et le style de leur logis et du terrain qu’il y a autour, au quartier dans lequel il est situé, aux lieux de vacances, au mobilier, à la décoration : tout ce qui va au-delà de la réponse à nos besoins et au simple confort, en d’autres termes : au superflu.

Posséder son propre logement, voire une résidence secondaire, partir en vacances au bout du monde, voire même plusieurs fois par an, pratiquer certaines activités sportives ou de loisir impliquant un coût important ; tous ces signes nous donnent un statut : nous rendent d’une certaine manière respectable, enviable, et démontrent indirectement une forme de succès, une sorte d’illusion, par l'opulence et le luxe, d'une capacité au bonheur ou de certaines compétences humaines. C’est du moins la croyance (semi-consciente) sur laquelle la majorité des gens se basent pour gérer leurs biens.

Et parmi les plus riches, le goût du luxe est bien plus lié au statut qu'au goût pour la qualité ou l'exceptionnel que représente le produit convoité. C'est bien plus le prix et la visibilité de ce prix, du produit en question qui est recherché. Le succès des produits de certaines marques de luxe consiste justement en la taille du prix des articles proposés. Plus l'article est cher, plus il se vendra. Quand il n'y a plus assez de paillettes pour éblouir les voisins, c'est donc le prix des paillettes lui-même qui sera sensé faire le même effet. Et dans les milieux les plus riches, plus rien n'est jamais assez luxueux. C'est alors une course aux dépenses et démonstrations de gaspillages les plus fous, que le quidam ne peut imaginer tellement ils sont excentriques et monstrueux, et qu'ils s'opèrent dans un monde très sélect loin des regards de monsieur et madame tout le monde.

On a nommé ce phénomène l’effet Vleben du nom de l’économiste et sociologue américain Thorstein Veblen (1857-1929), qui le décrivait il y a déjà plus d’un siècle.

[Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Veblen]

Si vous voulez vous faire une idée très concrète de la mentalité qui règne parmi une bonne part des gens richissimes, je vous conseille de regarder les vidéos suivantes, elles sont très instructives :

« Les vacances folles des milliardaires » :

[Source : https://www.youtube.com/watch?v=v1sWHNLkH40] ;

« Ils sont au service des riches » :

[Source : https://www.youtube.com/watch?v=k4X0o6VXN8g] ;

« Au cœur de l'hôtel le plus luxueux de Dubaï » :

[Source : https://www.youtube.com/watch?v=m4k5uWiCjas].

Cependant, je ne considère pas non plus ces vidéos comme de réelles références. Je vous les propose, en espérant que cela crée des réactions telles que la fascination, l’amusement, l’indignation ou le dégoût. Elles sont instructives mais ont aussi une valeur de gossip. Elles peuvent être distrayantes, tout en donnant tout de même une notion sociologique de ces milieux qui ont totalement perdu pied, et où les logiques qui mènent au déploiement de tant de richesses sont de pures aberrations. Et elles permettent aussi de reconnaître en soi la part, encore primitive, qui est envieuse et serait bien tentée d’aller dans cette direction. Car c’est en la mettant en perspective et en nourrissant nos autres réactions que cela peut aider à consolider d’autres directions, et stimuler d’autres modes de consommation.

Même riches, nous restons dépendants de l’argent.

Dépendre le moins possible de l'argent c'est entrer dans un niveau d'évolution supérieur où le rapport de force, le jugement, la comparaison, ne dictent plus tous nos actes, tous nos choix, toutes nos opinions, et où nous nous ouvrons à permettre à nos pairs de fonctionner pareil. Mais pour être en mesure de faire ce choix, il faut déjà être assuré d'un revenu décent.

D) LE CONCEPT DE PROFIT ET LES VALEURS QUE CELA SOUS-TEND

 

1. Profit équitable ou profit abusif

Quand on commence à s'intéresser au concept de profit, qui, en langage courant est simplement une source d'enrichissement par le commerce, on se rend compte que le concept est plutôt variable selon qu'on l'utilise en économie ou en comptabilité, en macroéconomie ou microéconomie, en finances, ou encore selon la langue où le concept est utilisé. Ensuite, il est plus ou moins synonyme (selon la variabilité de son utilisation) au gain, au bénéfice, au revenu.

Le substantif profit est intrinsèquement lié au verbe profiter, qui, en français a plusieurs acceptions. En dehors de l'aspect "jouir", comme le mot "enjoy" en anglais, il veut dire "tirer profit" ou "tirer avantage". Or, dans la définition du verbe profiter, il est clairement établi la différence entre "tirer un avantage" et "tirer un avantage abusif".

Chacun pourra faire la différence en fonction du contexte, entre : "profiter d'une journée ensoleillée pour tondre le gazon" et "profiter de la naïveté de quelqu'un".

Cette différence ne semble pas si bien établie avec le substantif profit, surtout en économie et en finances.

Lorsqu'un organisme est dépourvu d'objectif de profit, on le dit "sans but lucratif". Le mot lucre ou lucratif - à connotation péjorative - étant dès lors utilisé, histoire de bien clarifier par opposition, un but sociétal, une forme d'éthique. Et quand il s'agit de l'utiliser à la forme positive, on le remplace par le mot profit, moins connoté.

Explicitement donc, en économie, le profit n'est pas du tout considéré comme allant contre l'éthique. Pourtant, implicitement, dans les faits, la plupart du temps, il l'est.

Quand les gains d'une entreprise ne bénéficient pas aux travailleurs (revenus et conditions de travail), ni à la maintenance, à la consolidation, voire à la croissance de l'entreprise, ni à l'augmentation de qualité de la production, ni aux clients, mais qu'il bénéficie aux actionnaires : il n'y a pas de limite claire pour définir si le fondement de ce profit est équitable ou non. On justifiera le plus souvent son existence en fonction des risques pris par les actionnaires. Et si les risques ne peuvent en effet être déniés, ils sont en moyenne, et sur le long terme, relativement faibles pour ceux qui ont assez d'argent pour l'investir longtemps et de manière diversifiée ; ce qui réduit les risques de perte. Car dans leur cas, lors de crash boursiers, il suffit de patienter pour voir ensuite les actions remonter. Et cela d'autant plus que, lors de la crise de 2008 par exemple, alors que l'économie réelle mordait le tapis, envoyant des entreprises à la faillite, des salariés au chômage, et les moins nantis à la rue, et que les politiques d'austérité battaient leur plein ; les plus riches continuaient tout simplement à s'enrichir.

Le risque si souvent brandi concernant les investissements en bourse, est dans la pratique souvent assez faible ou inexistant, si l’on sait que, bien placé dans des fonds d’investissement, l’argent rapporte une moyenne de 20 % par an, et que la banque qui propose ce placement, retire votre argent de ce fonds, automatiquement, dès que la perte atteint un pourcentage que vous aurez prédéfini. Voir à ce sujet le chapitre suivant.

Vandana Shiva, dans son livre (déjà cité) « 1% - Reprendre le pouvoir face à la toute-puissance des riches », (2019), Ed. Rue de l’Échiquier, cite les chiffres suivants :

« A la suite de la crise financière de 2008, le 1% le plus riche de la population a accaparé 95% de la croissance mondiale, selon le Wall Street Journal. Et pendant que les citoyens ordinaires perdaient leur emploi et leur maison et n'avaient plus ni retraite ni sécurité, ceux qui jouaient sur les marchés financiers s'enrichissaient. »

[voir Ref 39 : https://www.ruedelechiquier.net/essais/238-1-.html]

Et quand la frange de privilégiés s'enrichit toujours plus par le profit, pendant que la frange la moins privilégiée s'appauvrit toujours plus sans avoir accès au profit, on considère cela comme normal, en applaudissant ceux qui font du profit, et en les prenant même comme référence dans certains cas ; et en plaignant ou oubliant ceux qui sont tombés de l'arbre au passage, quitte même à considérer que chacun sur cet échiquier n’a finalement que la place qu’il mérite.

Remarque importante :

Le chapitre qui suit, sur l'indécence des dividendes, et le suivant, sur les conséquences matérielles de l'appât du gain (qui contient 5 sous-chapitres), seront, pour une part des lecteurs, difficiles à lire. Ce sont des chiffres à n'en plus finir. Ils plairont aux plus militants et aux gens qui aiment les statistiques. Sinon, ils peuvent être vraiment lourds.

Si vous avez suffisamment de réserve de concentration, de courage et de motivation, je vous conseille de les lire de suite, sinon, je vous propose de passer au-delà et de poursuivre votre lecture au chapitre sur « C'est la richesse extrême des plus riches qui maintient la mortalité par millions des plus pauvres » et y revenir peut-être plus tard.

Mais pour tenter de vous motiver à les lire, je dirais que, tout d'abord, ce sont des données que l'on nous donne au compte-goutte au travers de l'actualité, additionnées de quelques autres données chiffrées glanées dans des livres et rapports qui se dédient à ces sujets, et sans doute moins connus. Et que ces chiffres donnent chacun un aspect d'une problématique plus globale, que nous soupçonnons peut-être mais ne regardons jamais réellement en face, et que le but de vous assommer ainsi n'est pas de vous donner la nausée mais de rendre incontournable une évidence que nous tentons de dénier, ou qui reste tellement confuse que nous continuons à l'ignorer comme si elle n'existait pas, afin de nous concentrer sur les aspects de nos vies que nous comprenons mieux.

Je ne donne certainement pas toutes les pièces du puzzle, mais en propose pas mal, et une fois rassemblées, l'image rendue ne peut plus être ignorée. En faisant le lien entre toutes ces données, l'évidence saute aux yeux (vous la connaissez déjà mais elle ne vous chatouille pas vraiment (sauf pour certains, pas très nombreux) car vous n'en connaissez que quelques bribes éparpillées et noyées dans une masse d'autres informations).

Et c'est non seulement utile de faire cette sorte de mise au point, mais elle sera aussi la base de tous les développements qui suivront, et qui permettra au long des pages, une montée en puissance du contenu jusqu'à la fin du livre, dans les concepts abordés.

Vous pouvez bien sûr y revenir plus tard, ou faire l'impasse de la lecture de ces chapitres. Mais la compréhension de tout ce qui suivra sera bien plus profonde si vous vous serez donné la peine de les lire. Car le contenu, bien que très rébarbatif est d'une importance absolument capitale. D'une certaine manière il nous force à regarder, de façon abrupte, la taille de l'égarement humain. Or dans les chapitres qui suivront, il deviendra nettement plus clair, que nous y participons bien plus que nous ne voulons l'avouer, et nous étudierons plus avant cette complaisance ou ce déni, en allant voir du côté de notre part d'ombre.

Faire connaissance de notre part d'ombre personnelle, implique de connaître la part d'ombre collective à laquelle nous participons activement.

Allez, courage, ce n'est pas si long que ça. Et sinon, rendez-vous directement au chapitre « C'est la richesse extrême des plus riches qui maintient la mortalité par millions des plus pauvres ».

Si vous faites l'impasse et lisez la suite, et en comprenez le contenu, vous finirez par revenir lire ces chapitres, car leur impact et leur importance pourront a posteriori opérer les déclics nécessaires.

Ce serait en tout cas idiot d'abandonner la lecture presque dès le début, à cause de ces quelques pages. Promis-juré, la suite est nettement plus digeste. C'est ce qu'on m'en a dit en tout cas.

2. L'indécence des dividendes - quelques données chiffrées

Pour ne pas parler dans le vague, j'ai cherché des informations concernant les rendements des actions, en Europe, dans le monde ou en France et en Belgique. Il n'y a pas un chiffre unique pour se représenter leur importance et leur indécence. Les chiffres sont très variables d'une firme à l'autre, d'un pays à l'autre, d'une année à l'autre. Mais dans l'ensemble ils vont, malgré tout, tous dans le même sens.

En 2019, par exemple, alors que la rentabilité d'un compte épargne était proche de zéro ; celle des actions restait dans des sphères élevées.

Si on est assez riche pour pouvoir se permettre d'avoir un portefeuille d'actions, on double son patrimoine en l'espace de quelques années à peine. La majorité des actions n'appartiennent cependant pas à des petits porteurs mais bien à des grandes familles, des entreprises, mais surtout des investisseurs financiers et des états. Derrière les investisseurs financiers se cachent les banques, les assurances, et des gestionnaires de fonds tels que les fonds de pension et autres fonds de placement. Si les individus gérant un portefeuille sont peu fréquents, ils sont par contre légions à placer leur argent via ces fonds. Car il s'agit d'une alternative nettement plus rentable que l'épargne et nettement moins risquée que celle de gérer son portefeuille soi-même, vu que les fonds sont gérés par des professionnels et sont diversifiés, avec en général une assurance qui garantit que l'investissement ne pourra jamais essuyer une perte supérieure à un pourcentage acceptable. Et cette solution permet de rendre l'épargnant aveugle à la responsabilité qu'il a dans les investissements qu'il engage, tout simplement car il ignore totalement ce qu’il est fait de son argent. Non seulement, il ignorera le nom des firmes dont les bénéfices sont impliqués dans le fonds, mais il ignorera surtout les domaines dans lesquels son argent est investi, et la manière dont les firmes font leurs bénéfices. Son argent étant dilué dans une kyrielle d'entreprises différentes et sa responsabilité partagée par des milliers d'autres épargnants, il peut dès lors concentrer son attention sur les gains élevés promis par son banquier ; en rayant de son esprit tout intérêt pour ce qui se trame au-delà de l'enseigne chez qui il a choisi d'investir, faisant confiance à la personne qui lui promet de hauts rendements en se montrant garant de prendre en charge son argent.

A ce titre, voici une conférence intéressante à écouter, proposée par l’association Rosalux, de Aline Farès, ex-banquière, « Chroniques d'une ex-banquière », (2017), qui explique de manière plutôt ludique, certaines règles de base du système bancaire -

[voir Ref 37 : https://www.youtube.com/watch?v=tnqBHcO7v4g].

La partie la plus instructive commence vers la minute 40’, lorsqu’elle commence à expliquer la séparation des activités bancaires.

Aucun agent bancaire ne pourra jamais vous divulguer ce qui se trame dans les coulisses des banques. Car en réalité, il en ignore lui-même en grande partie les détails ; étant lui-même la petite main de tout un système pervers où les responsabilités sont intelligemment diluées et où l'aspect pervers est mieux connu lorsque l'on monte dans la hiérarchie. Chaque promotion dans la hiérarchie étant conditionnée à un peu plus de compromis éthiques de la part des candidats. Pouvoir, réussite, et morale ne font décidément pas bon ménage.

Si vous voulez en connaître davantage sur le sujet, voici la référence d’un reportage de la RTBF qui vaut le détour, celui de l'émission « #Investigation » : « Sur les routes cachées de notre argent : quand nos banques investissent dans le sale, le toxique et le guerrier » du 29/04/2020, et réalisé par Emmanuel Morimont,

[voir Ref 29 : https://www.rtbf.be/info/dossier/investigation/detail_sur-les-routes-cachees-de-notre-argent-quand-nos-banques-investissent-dans-le-sale-le-toxique-et-le-guerrier?id=10486632].

Excepté quelques rares banques durables, toutes les banques sont concernées (même si le reportage se concentre principalement sur les plus grandes banques belges). Nous confions notre argent aveuglément à des gens qui en font massivement un usage nuisible et destructeur.

Le texte total de l'émission est également consultable aux 5 autres liens qui sont avec celui de l'émission dans la page de références du présent document (voir Ref 29 ).

Il est dommage que ces faits, connus depuis des années, et étudiés par des associations comme Fairfin, Financité (pour la Belgique) et Attac, ou le CATDM ne soient relayés dans les mass médias qu'au début des années '20.

Voici sinon quelques chiffres concernant la taille des dividendes.

« De 2009 à 2016, sur 100 euros de bénéfices, les entreprises du CAC 40 (France) ont en moyenne reversé 67,4euros de dividendes aux actionnaires, ne laissant plus que 27,3 euros pour le réinvestissement et 5,3 euros de primes pour les salariés. »

[Source : https://www.oxfamfrance.org/wp-content/uploads/2018/05/file_attachments_vfrapport_oxfam_cac40_des_profits_sans_partage.pdf]

« Le pourcentage de résultat distribué en dividende à partir d’un échantillon représentatif d'entreprises entre 1992 et 2011, varie de 21% à 41% selon l'année, soit, une moyenne de 29,1%. Sur cette période (20 ans), le montant des dividendes a été multiplié par 7. Et ce sont les entreprises géantes qui offrent les dividendes les plus élevés et qui représentent 85% du total des montants reversés. »

[Source : ]https://middlenext.com/IMG/pdf/130516_preuves_a_l_appui_no4_version_finale.pdf]

Quand on atteint un taux d'enrichissement moyen annuel supérieur à la valeur d'un revenu par exemple, c'est à dire, une rente, on ne peut plus justifier la prise de risque, ni l'aspect équitable de l'enrichissement. Car, avec de tels gains, les personnes les plus riches (celles qui peuvent se permettre d'être actionnaires du moins) doublent leur patrimoine en 2, 3 ou 4 ans ; alors que ceux qui peinent n'ont tout simplement aucun accès à ce genre de gains. Et il vaut la peine d'aussi mettre la perspective de ces gains dans celle de la croissance - nous le verrons plus loin dans le chapitre qui traite de la croissance - cela donne alors le vertige.

 

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Table des matières

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Remarque préliminaire

INTRODUCTION

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PREMIÈRE PARTIE : POSER LE PROBLÈME – QUE SE CACHE-T-IL DERRIÈRE LES MOTS DE L'ARGENT ET DU PROFIT

A) INTRODUCTION

B) RICHESSE ET PAUVRETÉ FONCTIONNENT PAR VASES COMMUNICANTS DE MANIÈRE SYSTÉMIQUE

C) L'ARGENT - LES RÔLES INDIRECTS ET DÉTOURNÉS QUI LUI SONT ATTRIBUÉS

1. Moyen de subsistance, et bien au-delà

2. La reconnaissance et son exploitation commerciale

3. L'argent n’est pas neutre – pouvoir et autres dérives

4. L’argent donne un statut

D) LE CONCEPT DE PROFIT ET LES VALEURS QUE CELA SOUS-TEND

1. Profit équitable ou profit abusif

2. L'indécence des dividendes - quelques données chiffrées

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E) LES CONSÉQUENCES DU PROFIT ET DES RÔLES INDIRECTS DE L'ARGENT

1. Les conséquences matérielles de l'appât du gain

a - les dérives dans l'industrie : quand la fin justifie tous les moyens

b - Répartition inéquitable de l'argent - Les écarts de richesses

2. la classe la plus riche, de loin la plus destructrice

3. A l'autre extrême de l'échelle de la richesse, on meurt par millions, dizaines de millions, centaines de millions

4. C'est la richesse extrême des plus riches qui maintient la mortalité par millions des plus pauvres

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F) LES CONSÉQUENCES DE L’APPÂT DU GAIN SUR LES MENTALITÉS

1. La survie ou l'avidité

2. L’argent corrompt et pervertit

3. La course pour grimper vers plus de richesses

4. La complaisance des consommateurs

5. La violence

G) LES CROYANCES IMPLICITES CONCERNANT L'ARGENT

1. L'argent doit être une ressource limitée

2. Il faut travailler pour gagner sa vie

3. Les gens riches sont plus heureux

4. La richesse se mérite, donc implicitement la pauvreté aussi

5. Il faut travailler dur pour bien gagner sa vie

6. L'argent gonfle tout seul

7. L'augmentation du coût de la vie, l'inflation, la dévaluation de la monnaie

8. Être riche ne nuit à personne

9. En économie, ce qui est légal est moral

10. L'économie c'est une science, complexe - il faut se fier aux experts

11. Ce sont les politiques qui détiennent le pouvoir

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12. La croissance est bonne pour l'économie

a - Effet logarithmique de la croissance

b - Empreinte écologique et jour du dépassement

c - Démographie

H) LES PRINCIPAUX VÉHICULES DE LA CULTURE DU PROFIT

1. La publicité

2. Les médias de l’information

3. Les réseaux sociaux

4. Les médias du divertissement et en particulier, la télévision

5. La domination masculine

6. La culture et l'éducation

I) L'IMPLICITE ET L'EXPLICITE

J) CONCLUSION

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DEUXIÈME PARTIE : PREMIÈRES IDÉES DE SOLUTIONS : Découpler le travail et l’argent – découpler l’argent du profit

A) INTRODUCTION

B) LES ALTERNATIVES QUI RESTENT A LA MARGE

1. Nous ne sommes pas encore prêts

2. Les solutions font encore partie du problème

C) ABANDONNER NOS CROYANCES SUR LA CROISSANCE, ET BOULEVERSER LA LOGIQUE DE L'EMPLOI

D) DÉCOUPLER TRAVAIL ET ARGENT - L'ALLOCATION UNIVERSELLE

1. Moins de travail à pourvoir

2. Créer la motivation à travailler

3. Conception du travail

4. Financement de l'allocation universelle

5. L'allocation universelle donnerait du pouvoir à ceux qui actuellement n'y ont aucunement accès

E) DÉCOUPLER L'ARGENT DE LA RECHERCHE DE PROFIT

1. Créer une économie qui n'est plus régie par l'argent

- Le rôle des initiatives citoyennes

2. Une seule initiative et l'effet boule de neige

3. Construction de la nouvelle tour

4. Quelques exemples de changements concrets à venir dans la société

a - La démocratie participative

b - Le pouvoir politique se transformera et reprendra du pouvoir face au pouvoir économique et financier

c - Bourse fermée

d - Disparition des impôts

e - Les entreprises démocratiques se multiplieront, voire se généraliseront

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F) DIMINUTION DU RÔLE DE L'ARGENT

1. Evolution des mentalités

2. Le vrai rôle que devrait avoir l'argent

a - Réduire l'utilisation et le rôle de l'argent

b - Apprendre à échanger sans compter

c - La diminution de l'importance de l'argent dans nos vies

TROISIÈME PARTIE : LE CONTEXTE DU CHANGEMENT

A) AU NIVEAU POLITIQUE

B) AMENER LE VIRAGE POLITIQUE VIA LES MOUVEMENTS CITOYENS

C) BALANCE A PLATEAU : ALLER VERS L'ALTERNATIVE

D) NOS PETITS PAS INDIVIDUELS SONT CAPABLES DE GÉNÉRER DE GRANDES MARRÉES CITOYENNES

E) PROFILS DE CITOYENS : LES CONDITIONS POUR CHANGER

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QUATRIÈME PARTIE : LE CHANGEMENT DU NIVEAU DE CONSCIENCE

A) INTRODUCTION

B) LA NÉCESSITE DE PERCEVOIR L'IMPORTANCE DE L’ÉVOLUTION INDIVIDUELLE D'UNE PART IMPORTANTE DE LA POPULATION

1. Qui est en premier concerné

a - Les plus riches

b - Les plus pauvres

c - La classe moyenne

2. De quel changement individuel parle-t-on : tout d’abord, dans le concret

a - La responsabilité d’agir même si on est seul à le faire

b - Et si la notion de goutte d'eau dans l'océan s'avérait totalement fausse ?

c - Cesser de leur donner du pouvoir

d - Liberté - autonomie - solidarité

3. Au-delà des modifications de comportements citoyens ou de consommateur : l'élévation du niveau de conscience

a - Conscience et information

b - Conscience et technologies

c - Conscience et solutions nouvelles

d - Dénouer les nœuds qui sont dans nos têtes

e - Changer la couleur de nos lunettes : changer notre mode de pensée

f - Bousculer l'édifice de nos croyances

g - Saut d'évolution de l'humanité

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4. Dépasser les freins au changement :

a - Sous hypnose : nos doutes, notre passivité, notre conformisme, notre lâcheté

b - Syndrome de Stockholm

c - La difficulté d'aller à contre courant – la soumission à l’autorité de Milgram

d - Mettre des mots sur ce qui est implicite afin d’en éviter les incohérences

e - Quitter notre mentalité va nous faire peur

f - Le choix du pessimisme sous prétexte de réalisme

CINQUIÈME PARTIE : LES DEUX PILIERS PRINCIPAUX DU CHANGEMENT : Privilégier les raisons du cœur au raisonnement cartésien et lâcher le rapport de force

A) QUAND NOS SOLUTIONS MAINTIENNENT LE PROBLÈME TOUT EN LE RENDANT MOINS VISIBLE

B) PRIVILÉGIER LES RAISONS DU CŒUR AU RAISONNEMENT CARTÉSIEN

1. Introduction

2. Nous supposons à tort que toutes nos pensées sont rationnelles par essence (excepté dans la folie ou lors de certains dérapages)

3. Prendre notre rationalité pour seule référence , seul repère, comme seule valable, seule efficace, ...

4. Notre recours à la rationalité nous mène souvent en bateau : une atèle sur une jambe de bois

5. Une solution qui ne porte pas - toute rationnelle qu'elle puisse être - n'est pas une solution

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6. Un enseignement qui reflète tout notre système de pensée rationnelle et ses failles, dans un cadre éducatif qui fait souvent défaut

7. La fiabilité relative du raisonnement scientifique de l'expert - un regard sur le réchauffement climatique

8. Notre incapacité à gérer correctement nos découvertes et inventions scientifiques

9. De nouvelles références pour guider nos choix

C) LÂCHER LE RAPPORT DE FORCE

1. Introduction

2. Le rapport de force

a - En quoi consiste le rapport de force ?

b - Lâcher le rapport de force

c - Nous fonctionnons dans le rapport de force comme nous respirons

d - Les enjeux du rapport de force ou de son absence

e - La violence n'est jamais loin du rapport de force, la non-violence non plus

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f - Comment les rapports de force imprègnent toutes nos conceptions

i La mentalité basée sur le rapport de force

ii Notre incapacité à envisager les conflits en dehors du rapport de force

iii Une société de dominants et de dominés : le rapport de force est partout

iv La soumission

v La désignation d'un fautif

vi rapport de force et confiance en soi

vii rapport de force et libre arbitre

g - Comment les rapports de force définissent notre vie sociale et nos dépenses

i Les comportements, références et marqueurs sociaux résultants de la prégnance généralisée des rapports de force

ii Les sphères d’influence sociales, culturelles et commerciales

iii Rapport de force dans le cadre professionnel

iv Rapports de force et monde virtuel – école de narcissisme

v rapport de force et voiture

page 12

vi Rapports de force, consommation, et recherche de profit sont foncièrement et intrinsèquement liés

- les comportements de survie

- les comportements d'avidité

- notre complaisance

- les comportements de compétition

- les comportements d'exigence

- les comportements de défense de nos privilèges

- les rapports de force ne sont jamais loin de nos comportements de matérialisme et de notre cupidité

vii quitter le rapport de force mène à se désintéresser des richesses et de la consommation

h - Rapport de force à l'échelle collective

3. Connaissance de soi : notre part d'ombre

a - Introduction

b - Rapport de force versus empathie - les deux facettes de l'être humain d'aujourd'hui

i Ambivalence des comportements

- l'attitude face aux inconnus

- l'attitude face à l'entourage

- Un interrupteur dans la tête et l'apprentissage de stratégies pour y remédier

ii Le moment de bascule

- Face aux inconnus

- Face à l'entourage

page 13

iii On ne peut désinvestir nos pensées et émotions dites "négatives" uniquement par le simple choix de penser positif

iv découvrir les effets de l'interrupteur

v apprendre à gérer l'interrupteur

vi la gestion de l'interrupteur sur la durée

vii Accepter notre part d'ombre c'est accepter celle des autres

c - Le capitalisme exploite notre part d'ombre

d - La part d'ombre et le rôle des citoyens en transition

e - La part d'ombre et le rôle des crises

f - Facteurs favorisant ou non la propension à utiliser le rapport de force

i Tout d'abord, notre passé forge en grande partie qui l'on est : notre tempérament, nos conditionnements, nos blessures, nos tendances.

ii Ensuite, c'est notre situation du présent qui va aussi déterminer nos réactions face à l'adversité.

iii Niveau de conscience

g - Notre capacité à l'empathie dépend surtout de notre capacité à reconnaître ce qui nous en éloigne - l'altruisme des religions élude cet aspect

h - Evolution personnelle et déni de réalité

i Fuir totalement l'actualité nous fait perdre contact avec la réalité

ii Quand utiliser la loi de l'attraction devient magique

iii Évoluer dans un monde de bisounours

iv Évoluer spirituellement ne peut pas nous épargner d'adapter de manière intègre nos comportements à la réalité très concrète

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4. Quitter le rapport de force - accueillir notre part d'ombre via un réel travail psychologique

a - L'étape incontournable : commencer par reconnaître notre part d’ombre

b - Part d’ombre et rapport de force

c - Parvenir à déjouer l'emprise négative de certaines de nos émotions et de leurs conséquences sur nos pensées et nos comportements

d - Les attitudes mentales à privilégier

i accepter

ii persévérer à demander

iii Faire évoluer les demandes et propositions en traversant les échecs, en apprenant de nos erreurs

iv Accepter dans certains cas la solution de l'autre qui ne nous satisfait pas, mais peut mener vers nos objectifs

e - Se mettre dans la bonne disposition d'esprit

i La détermination

ii L'absence d'exigence

iii L’absence d’urgence

iv Exploiter l’émotion sans agir sous son emprise

v Une forme de connaissance de soi

vi Le détachement

vii La présence de doutes dans la confiance

viii Le respect et la bienveillance absolue

page 15

f - Quand le rapport de force s’éloigne, l’empathie et la solidarité peuvent apparaître

g - Aller vers le cœur

h - Changer

i - Notre part d'ombre est notre alliée

j - La différence entre la compréhension et la conscience

k - Pour prendre de la perspective

SIXIÈME PARTIE : LES FACTEURS D'INFLUENCE DU CHANGEMENT

1. Deux mondes parallèles

2. Conscientiser, chercher à influencer : c'est se tromper

3. La réelle influence s'opère loin des discours

4. Notre rôle de colibri et son effet boule de neige

5. L’influence des médias de l’information

6. Le rôle des crises

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7. L’éducation et l’enseignement – y compris le rôle qu’y joue le web

8. Le pouvoir de la minorité

9. Catalyseurs d’un autre genre

a - L'intelligence collective

b - Les neurones miroir

c - L’épigénétique

d - La contagion de l'altruisme

e - Les champs morphiques (ou morphogénétiques)

f - La transmission de toutes nos pensées et émotions

g - L'auto-contagion

10. Conclusion

VERS UNE UTOPIE NON DÉCONNECTÉE DE LA RÉALITÉ

- La métaphore du flocon

- Un dernier petit coup de pouce

ANNEXE Un détour par la théorie polyvagale

page 17

ICI COMMENCE LE DEUXIÈME VOLET DE CE LIVRE

RÉFÉRENCES

REMERCIEMENTS