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Lorsque j'ai créé mon site en 2004, qui a pour titre : « Se changer soi pour changer le monde » https://sechangersoi.be/, pratiquement personne n'adhérait à une telle approche qui était plutôt considérée comme pas très terre à terre. J'ai été rassurée par la suite, lorsque j'ai découvert la citation de Gandhi :
« Sois le changement que tu veux voir dans le monde ».
Elle semblait un peu moins radicale et de plus en plus de personnes s'y référaient, même dans les mass médias.
Depuis une dizaine d’années, des livres, vidéos et conférences ont été consacrés à ce sujet. Et il n'est plus rare du tout que ce sujet soit évoqué dans une conversation courante.
Cela veut dire qu'en 15-20 ans à peine nos mentalités ont évolué beaucoup plus vite qu'elles ne l'ont fait durant les décennies qui ont précédé. Tout le monde n'adhère pas à cette façon de concevoir la réalité, mais une minorité très importante, et qui continue de grandir, s'y réfère de plus en plus.
Dans ce cadre, l'approche qui me paraît la plus importante par rapport aux sujets évoqués dans le présent document est bien plus liée à l'attitude psychologique avec laquelle nous les abordons et nous agissons, et je pense que c'est surtout d'elle que dépendent les succès potentiels de nos entreprises.
Les thèmes abordés dans cette quatrième partie sont des pistes qui me semblent fondamentales, même si je ne peux avoir la prétention de maîtriser totalement le sujet et « d’avoir raison ».
Ce ne sont après tout qu’une série de pistes.
Elles ne sont pas forcément les meilleures. Mais ce sont celles auxquelles je crois le plus, qui font le plus sens à mes yeux. Je sais qu'elles ne sont pas issues d'une logique de survie ; ce qui fait que ce sont des pistes qui peuvent en amener d'autres, meilleures, ou qui peuvent évoluer, où tout devient permis, et c'est dans ce cadre que je les exprime.
Je sais aussi que mon raisonnement peut encore aller plus loin, et chaque jour je découvre de nouveaux aspects, de nouvelles clés de compréhension, via mes expériences, mes observations, mes lectures, mon intuition, ma réflexion ou autre. Je pensais pouvoir faire aboutir ces sujets nettement plus loin. Mais j’ai décidé de ne plus attendre avant de publier, car je pense qu’au stade où il en est, cela vaut déjà la peine d’être partagé. Et que si je persiste à hésiter, nourrir mes doutes, attendre des confirmations, je ne le considérerai jamais comme abouti, et je ne le publierai jamais.
Et si je m’exprime c’est parce que j’ai confiance dans le fait que je ne dis pas des âneries, même si certains aspects de ce livre peuvent résonner comme tels pour certains qui le liront. Et j’ai la ferme conviction que cela peut faire écho auprès de certains qui entrevoient toutes ces notions, ou les vivent même intensément. Il est temps d’en parler, de mettre des mots sur des concepts qui trop souvent restent dans le non-dit, ou éparpillés sans fil conducteur. Il est temps de faire des liens explicites entre des faits que, jusqu’à présent nous avons tendance à considérer comme indépendants, et de mettre en lumière nos conditionnements, nos contradictions, nos dénis. Je ne suis pas seule à le faire, chaque approche mettant la lumière sur des aspects différents, mais qui peuvent se recouper ou se rejoindre.
Je ne crois pas possible de guérir la maladie de notre société ou civilisation en réformant le système. Il est nécessaire de bouleverser les mentalités des individus qui la constituent avant de songer à réellement la transformer en profondeur. Chacun-chacune qui participe à ce processus a de l'importance, quel qu'en soit le niveau . Et les chapitres qui suivent pourraient vous en donner une idée plus précise.
Car sans certains glissements dans les mentalités, nous ne pourrions que nous contenter d’une petite réformette qui n’aboutira nulle part alors que les enjeux sont fondamentaux.
Et cet apprentissage se fera à deux niveaux, bien que la limite entre ces deux niveaux ne soit pas étanche. Il s'agit tout d'abord d'intégrer de nouveaux comportements par rapport à la consommation, l'utilisation de l'argent, les gaspillages, la pollution, etc. Et il s'agira ensuite d'une évolution psychologique plus en profondeur qui sera la conséquence du travail d'évolution personnelle d'une partie seulement de la population, mais qui essaimera automatiquement et bénéficiera à tout le monde. Nous aborderons plus loin la partie plus psychologique.
Quitter la recherche de profit, d’argent, de richesses matérielles ne peut donc être que l’issue d’une transformation des mentalités qui devra être intégrée par chaque membre de la société. Et ce travail touche absolument tout le monde et tous les domaines de notre vie.
Car une métamorphose indispensable de la société nous attend. Et elle ne pourra se produire, ni par une dictature du prolétariat, ni par une dictature tout court, mais parce qu’une part suffisamment importante de la population portera un nouveau projet de manière concrète (autre que celui des urnes sporadiquement). Cela peut paraître irréaliste de l’envisager. Mais c'est sans compter avec nos capacités rapides d'adaptation et avec le fait que le train est déjà en marche et qu'il accélère de plus en plus rapidement. Si les excès et les fracas du monde sont à ce jour de plus en plus perceptibles, nous sommes à un tournant où la conscience dans la population évolue elle aussi en courbe ascendante.
Chaque personne prenant conscience que nous sommes au pied du mur, est forcée de revoir sa copie quant à ses croyances, ses convictions et ses certitudes.
A priori nous sommes tous concernés, tout simplement car nous faisons tous, d’une manière ou d’une autre, partie du problème. Être critique par rapport à toutes les déroutes ne mène nulle part si on ne se rend pas compte, d’abord et avant tout, qu’on en est, soi aussi, responsable, et que notre plus grand pouvoir est d’agir en premier à ce niveau-là. Beaucoup de gens critiquent et dénoncent, comme s’ils n’étaient pas partie prenante de la déroute. Or, nous disposons tous d’argent, quelle qu’en soit la quantité, et c’est ce que nous en faisons chacun - pour partie en tout cas - qui soit nous maintient dans les problématiques, soit nous fait prendre la direction des solutions. Est-ce que notre argent sert à acheter du pouvoir, de la pollution, de l’inutile, du statut ? Ce que nous consommons contribue-t-il à l’injustice, au malheur des autres, au réchauffement climatique, au massacre d’animaux, à la raréfaction des ressources ? Est-ce que notre travail contribue au consumérisme, à la machine à profit, à manipuler ou exploiter d’autres personnes ? A quel niveau, entre nuisible, superflu, utile et essentiel, se trouve-t-il ? Avons-nous conscience des conséquences de chacun de nos actes, paroles, comportements ?
Commencer à assumer que nous sommes partie prenante du problème presque continuellement, est le point de départ qui permet de chercher à s’orienter vers les solutions. Et ce n’est pas suffisant, c’est juste le point de départ. Et actuellement, environ 20 à 40 % de la population en Belgique, voire en Europe et dans tous les pays occidentaux se trouvent à ce point de départ. J'ignore totalement ce qu'il en est ailleurs.
Ce seront probablement les plus jeunes qui évolueront le plus vite, et le mouvement des écoliers et étudiants, initié par Greta Thunberg, en est déjà une illustration. Même s’il est clair que cela ne participe pas concrètement à la mise en place de nouveaux modes de fonctionnement. Cela montre juste qu’une partie grandissante de la population veut prendre cette direction, sans toujours savoir comment la concrétiser.
A l’inverse, plus on avance en âge, plus il est difficile d'effectuer les remises en question nécessaires. Car les conditionnements sont nettement plus ancrés ; ce qui rend nettement plus difficile de les quitter.
Et si nous sommes tous concernés, certains le sont plus encore : les plus riches. Et d’autres le sont vraiment beaucoup moins : les plus pauvres. Et ce sont ces deux catégories de populations qui seront les dernières à pouvoir évoluer dans leur niveau de conscience. Car soit, pour les premiers, leur tendance à nier la réalité va les pousser à continuer à défendre leurs privilèges, ou proposer des solutions qui ne font que prolonger le problème ; voire, au mieux, à partager une partie de leur richesse pour des causes utiles, tout en continuant à garder la plus grosse partie et à s'enrichir. Soit, pour les seconds, étant dans la survie, ils ne peuvent se sentir directement concernés par les problèmes à large échelle ou qui ne les concernent pas directement. De plus, il serait absurde et injuste de leur demander de faire des efforts.
Tout d’abord, les gens les plus riches et les plus conditionnés, c’est-à-dire qui travaillent dans les milieux les plus imprégnés par les rapports de force, par le matérialisme, le consumérisme (c-à-d : le monde bancaire, de la finance, publicitaire, les cadres supérieurs, les lobbies, le monde politique et une partie du monde artistique) ; seront ceux qui persisteront le plus longtemps et avec le plus de ténacité dans le déni et le refus d’évoluer. Car ils ont toutes les raisons (en grande partie inconscientes) de nier les problèmes. Peu importe l’information qu’ils détiennent, et le degré de logique dont ils sont capables : la plupart ne voudront ni voir le problème tel qu’il est, ni chercher une solution. Au mieux, ils proposeront des solutions qui font encore partie du problème. Or, pour une grande part, ce sont eux qui détiennent encore actuellement le pouvoir dans notre société.
Une part importante d'entre eux se maintiennent dans des attitudes irresponsables qui mènent à poursuivre des politiques de croissance et de guerre, de nationalisme et de haine de l’étranger, de consumérisme et de gaspillage, qui sont encore considérées comme tout à fait normales au jour d'aujourd'hui, mais qui ne pourront qu'être condamnées demain. Certaines ONG ont d'ailleurs déjà choisi l'approche de faire appel à la justice face à l'irresponsabilité de certains représentants politiques ou économiques. Une association citoyenne néerlandaise (Urgenda) a aussi, par exemple, attaqué devant les tribunaux le gouvernement néerlandais pour son inaction face au réchauffement climatique, et a obtenu gain de cause via un jugement définitif confirmé par la cour suprême du pays, en décembre 2019 -
[Source : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_la-cour-supreme-oblige-l-etat-neerlandais-attaque-par-une-ong-a-faire-davantage-pour-le-climat?id=10393198]. De même, en 2021, quatre associations, soutenues par la signatures de deux millions de citoyens, ont assigné l'état français en justice, pour son inaction contre le réchauffement climatique -
Il est à noter toutefois que du côté du pouvoir économique, une minorité grandissante de personnes riches évoluent actuellement malgré tout dans leur compréhension des choses, et sont prêtes à participer à agir dans une meilleure direction. Certains même, demandent, par exemple, à être plus imposés, comme ces milliardaires américains cités dans l’article suivant du 24/06/2019 :
[Source : https://www.20minutes.fr/monde/2548243-20190624-etats-unis-milliardaires-reclament-impot-super-riches]. D’autres investissent dans des projets avec pour but de réduire le réchauffement climatique ou dans des projets humanitaires. Tout comme on commence à voir parmi les chefs d’entreprise ou même les fédérations de chefs d’entreprise, le désir d’agir concernant le réchauffement climatique, la diminution des bonus en tous genres, voire la diminution pure et simple de leurs salaires. Il y a donc très clairement actuellement, et c’est relativement récent, un glissement dans le niveau de conscience de personnes qui ont nettement plus de pouvoir, de privilèges et d’argent, qui les mènent à remettre en question ces privilèges, ou à tout le moins, tenter d'agir pour faire bénéficier à d'autres leur argent. Alors que, jusqu'il y a peu, ils se contentaient de tenter de profiter un maximum du système tout en le détruisant. Mais cela ne concerne qu'une minorité d'entre eux.
Et si ces premiers pas peuvent nous faire espérer d’autres pas plus grands ; il est important de se rendre compte que cela reste, pour la plupart, très superficiel. Une partie d’entre eux sont prêts à faire des efforts dans le sens de commencer à partager. Mais tant qu’ils garderont leur part du gâteau, ce ne seront que de belles intentions. Car être plus imposé, léguer ses biens à sa mort, ou encore investir la moitié de ses biens dans des projets humanitaires, tout en continuant à s’enrichir, montre à quel point ils sont prêts à mettre une partie de leurs biens à disposition de la collectivité, mais aussi à quel point ils ne remettent pas du tout en question le fait de posséder autant d’argent à eux seuls, ni celui de continuer à faire du profit.
De la sorte leur générosité est plus que contre-balancée par l’effet inverse que constituent ces profits gigantesques qu’ils persistent à engranger, et qui ont pour corollaires, la misère, l’exploitation des peuples à l’autre bout du globe, et la destruction de l’environnement.
Une véritable compréhension impliquerait qu’ils prennent conscience que cet argent ne leur appartient pas vraiment, et qu'il est donc cohérent de le rendre à qui de droit.
“Si tu possèdes une deuxième paire de chaussures et qu’un pauvre va nu-pieds, tu n’as pas à la lui donner, mais à la lui rendre.” Grégoire le Grand
Il est à remarquer tout de même, que dans l’actualité, il apparaît que cela soit accessible pour deux d’entre eux au moins, comme le mentionne les articles suivants :
[Source : https://www.ledauphine.com/insolite/2020/09/20/le-milliardaire-americain-qui-a-fait-don-de-toute-sa-fortune-a-des-oeuvres-caritatives], [Source : https://www.rtbf.be/article/chuck-feeney-le-milliardaire-qui-a-fait-don-de-quasi-toute-sa-fortune-a-des-bonnes-oeuvres-et-des-universites-10587076],
et [Source : https://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/37990/milliardaire-americain-consacre-quasi-totalite-fortune-lecologie].
Mais malheureusement, parmi la classe de population la mieux nantie et ayant le plus de pouvoir, la majorité garde une mentalité plutôt proche du vautour. Cela a fait l’objet de plusieurs recherches, qui sont décrites dans le livre (déjà mentionné) de Richard Wilkinson et Kate Pickett, « Pour vivre heureux, vivons égaux ! », (2019), Ed. Les liens qui libèrent -
[voir Ref 10 : http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Pour_vivre_heureux,_vivons_%C3%A9gaux_!-556-1-1-0-1.html].
Et il s’avère qu’il devient connu que parmi les gens les plus puissants et les plus riches, on retrouve même de nombreux traits de psychopathie, du narcissisme, une recherche aveugle de profit et de pouvoir qui impose la perte d’empathie et de valeurs morales. En 2012 une série d’articles ont également mentionné ce sujet, dont : « Le monde financier serait-il dirigé par des psychopathes? » de Julie Calleeuw, publié par la RTBF -
[voir Ref 14 : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_le-monde-financier-serait-il-dirige-par-des-psychopathes?id=7340243].
Cet article anodin en apparence (présenté parmi des milliers de dépêches d’actualité du quotidien) donne une information clé qui permet de mieux comprendre à quel point notre société – dite démocratique – délaisse des pouvoirs colossaux à des personnes qui ne sont clairement pas capables d’en faire bon usage.
Richard Wilkinson et Kate Pickett (dans leur livre « Pour vivre heureux, vivons égaux ! », (2019), Ed. Les liens qui libèrent), donnent une idée des conséquences de la concentration de richesses et du pouvoir au sommet de la pyramide sociale. D’une certaine manière, la motivation d’un CEO ; s’il veut satisfaire les objectifs de son entreprise, devrait accepter qu’on lui octroie un salaire raisonnable. Or c’est tout l’inverse qui se produit dans la réalité. La plupart des CEO des plus grandes entreprises se battent ferme pour obtenir les salaires les plus indécents. Et l’attractivité du poste de CEO est bien moins liée au potentiel d’exercer des compétences, de faire profiter d’une expérience, de la motivation à gérer sainement l’entreprise, qu’à celui d’accéder à plus de pouvoir et à plus de rémunération. Il y a donc de grandes chances que les meilleurs candidats à de tels postes ne se bousculent pas au portillon et qu’ils soient concurrencés par des personnes capables de privilégier leurs propres intérêts aux dépens de ceux de l’entreprise.
Et on peut l’observer au niveau des résultats : les entreprises plus performantes payent moins leur CEO. Cela a été étudié aux Etats-Unis par le MSCI (2016) ainsi qu’en Europe par le L’Executive Remuneration Research Center de la Vlerick (2017).
[Source : https://www.msci.com/www/blog-posts/are-ceos-paid-for-performance-/0410455074]
[Source : https://www.lecho.be/entreprises/general/pas-de-lien-entre-performance-et-remuneration/9964974.html]
On peut difficilement attendre de ces personnes qui définissent leurs propres privilèges, qu’elles fassent le choix qui est totalement opposé à leurs croyances et valeurs, à savoir : partager et agir pour le bien d’autrui. Or, ce sont elles qui dirigent le monde actuellement.
Et pourtant, remédier à cela ne consistera pas à leur retirer leur pouvoir et leur argent, ni à les influencer directement, il s’agira de reprendre notre propre pouvoir, et d'effectuer sur nous-mêmes une transformation.
Et en parallèle, à l’autre extrême de la pyramide sociale, ce sont des milliards de personnes qui vivent avec le minimum ou encore moins. Et cela tombe sous le sens qu’il est inutile de demander à quelqu’un-e qui lutte pour sa survie et la survie de sa famille, d’être partie prenante dans un projet plus large, pour résoudre un problème plus grand que lui-elle, et dont la résolution ne va pas résoudre dans l'immédiat ses propres problèmes. Et cela d’autant plus que leur empreinte écologique est déjà très faible à la base.
Les moins riches ne font pas partie du problème, ils font partie de ceux qui le subissent. Leur demander de faire des efforts dans ce contexte n’est pas utile. Par contre, si la société change, intrinsèquement ils seront amenés à suivre le mouvement et monter en niveau de conscience.
Et ce seront eux les premiers bénéficiaires des progrès à venir, sans devoir être partie prenante des actions qui les initient.
Parmi le reste de la population - la classe moyenne au sens large du terme - le niveau de conscience ne cesse d’augmenter. Et les personnes prêtes à agir en conscience pour transformer ce système, sont déjà nombreuses - mêmes si encore minoritaires. Et elles ont déjà commencé. Et pour le moment ce sont surtout les plus jeunes qui portent le mouvement.
Cependant, parmi ceux qui sont conscients de la nécessité de bouleversements radicaux dans la société, certains sont plus dans l’exigence de réformes de la part du législateur que dans la démarche d’apporter des modifications au niveau local, citoyen, individuel. Par exemple, parmi les personnes qui vont manifester pour le climat, une partie non négligeable d’entre elles s’estiment conscientes des problèmes car elles disposent d’une bonne partie de l’information, et car elles considèrent que agir consiste à manifester. Mais il est clair que manifester n'est très clairement pas un levier suffisant face au processus du changement climatique, et que leur action en dehors de faire entendre leur voix, dans l'espoir que les politiques décident et apportent les réformes escomptées, est encore à ce jour bien maigre. Ces personnes attendent bien plus des pouvoirs publics, et leurs efforts à titre individuel restent bien minces. Pour nombre d’entre elles, en dehors de l’information et de leur présence sur des pétitions, ou dans les manifestations, leur manière de vivre n’a pratiquement pas évolué, et leur empreinte écologique est toujours explosive. Il ne s'agit pas de parler de cela pour les juger, mais je pense qu'il faut tenir compte de cet aspect. Manifester sans être actif en parallèle ne sert pas à grand chose et donne l'illusion d'apporter sa pierre à l'édifice.
De plus, les manifestations se multiplient, le nombre de manifestants explose, et les améliorations demandées aux décideurs persistent à ne pas advenir. De cela aussi il faut tenir compte.
« La définition de la folie c’est de faire la même chose encore et encore et s’attendre à des résultats différents. » Einstein
Je ne pense pas pour autant que manifester soit inutile. Car cela peut influencer sur le long terme. Mais il me paraît important d’être conscient que l’effort que cela demande et le temps que cela nécessite pour des millions de gens, en rapport aux peu d’effets avérés au niveau des décisions politiques, démontre aussi que les manifestations à elles seules, si elles ne sont pas accompagnées par des actions au niveau personnel de ceux qui les portent et y participent, ne consistent alors qu’à faire du vent, agiter les bras en l’air pour se rassurer qu’on aura fait quelque chose.
L’effet des manifestations réside bien plus dans le fait de mobiliser les gens ensemble, de rendre visible la volonté d'agir, qui permet à chacun qui y participe ou aux autres qui y sont solidaires, de booster leurs propres initiatives dans cette même direction, et de soutenir les décideurs qui ont choisi d'agir dans la même direction, ou qui sont presque prêts à le faire. Et c’est à ce niveau que la transmission – ou non – des informations concernant l'annonce de ces manifestations, permet – ou non - de toucher une frange plus large de la population ; ce dont les rédactions des médias de l'info ne semblent pas être très conscientes en général.
La classe moyenne est la frange de population qui détient le plus grand potentiel pour incarner la transition. Mais la majorité l'ignore encore. Les crises personnelles ou générales, l'information donnée par les médias, l'influence de l'environnement social, vont continuer à aider à accélérer les prises de conscience. L'évolution est devenue visible à plus d'un titre dans les habitudes quotidiennes de cette population. Elle concerne en général bien plus l'empreinte écologique que la gestion financière de l'argent, mais l'évolution de l'une déteint forcément sur l'autre.
L’un des aspects majeurs de la mutation de nos conceptions, est celui de comprendre que notre responsabilité individuelle dans toutes nos actions personnelles, est bien plus élevée qu’on ne l’imagine. Peu importe que nous les effectuions en solo ou dans un cadre collectif. Ce qui importe c'est d'en prendre la responsabilité. Car tant que nous dépendrons de l'inertie des décideurs, seule l'action des citoyens peut permettre d'atteindre les objectifs visés.
Dans notre société nourrie par la culture du profit, s’il est nécessaire de mettre des mots sur l’injustice que représente l’enrichissement dans tous les domaines de nos vies ; il est surtout indispensable que nous arrêtions nous-même, tant que faire se peut, de prendre part à ce système, en stoppant notre surconsommation, en refusant la publicité, et la participation à tout ce qui fonctionne à la publicité (la plupart des médias, les réseaux sociaux et autres GAFAM), en refusant les placements bancaires "rentables", en réajustant tous nos comportements citoyens, et en participant aux nouvelles initiatives locales qui vont dans la direction inverse. Il est également de notre devoir de tenter de se faire entendre, quand c’est à notre portée, par les médias qui persistent à véhiculer des croyances néfastes dans tous ces domaines, et à tous les niveaux du pouvoir politique.
Seul, nous ne pourrons rien. Et lorsque nous nous mettons à agir en solo, rien ne nous garantit que quelqu’un d’autre est en train d’agir ailleurs dans le même sens. Et c’est sans doute là la part de responsabilité la plus difficile à assumer. Car, que nous soyons seul à agir ainsi, ou majoritaires, ne change rien à l’importance de la responsabilité que nous avons personnellement, à partir du moment où nous devenons conscient de la nécessité d'agir. Et quand bien même nous serions seul à pouvoir aller dans cette direction, cela ne diminuerait pas cette responsabilité, bien au contraire.
Car tant que l’on croit que l'objectif à atteindre consiste à obtenir l'initiative, l'engagement et l'action de la part des pouvoirs publics, économiques ou, plus largement : des autres, du hasard, du destin, …. on constitue, soi-même, par cette attitude, un frein au changement.
Bien sûr que, en tant qu’individu, il est facile de choisir la perspective où nous ne représentons qu’une goutte d’eau dans l’océan. Mais comme l’océan (en terme de liquide) n’est fait de rien d’autres que de gouttes d’eau, ne pas jouer notre rôle de goutte d’eau est déjà source de problème.
Car tant que nous considérons que nous ne sommes finalement que des gouttes d'eau dans l'océan, nous ne parviendrons jamais à rectifier le tir par rapport à toutes les catastrophes que nous avons engendrées. Et ce point de vue pourrait être comparé symboliquement au fait de dénier, par exemple, l'existence des tsunamis, le déni ne changeant rien aux conséquences de leur passage.
Nous avons été capables collectivement de maintenir la pauvreté et l’exploitation d’une part importante de l’humanité, de détruire notre environnement, de réchauffer la planète ; tout cela parce que individuellement, nous avons laissé faire, parce que nous avons participé en douce, complaisamment, ou y avons carrément participé volontairement.
Or, si nous sommes capables du pire, tant dans l'action que dans la soumission ou l'inertie, nous sommes aussi capables du meilleur. Et lorsque nous adoptons la bonté dans nos comportements, nos intentions et nos pensées, nous pouvons alors créer des tsunamis de résilience, de créativité, de reconstruction, d'alternatives, de solidarité, de partage, de rédemption, de générosité.
Dans un tsunami, chaque goutte fait sa part. Et en inversant la tendance, nous serons bien plus forts que tout ce que nous avons été capables de détruire. Et c’est sans compter que, une fois que nous jouons notre rôle de goutte d’eau, nous créons un courant (avec les quelques autres gouttes d’eau agissant dans le même registre), et nous entraînons au passage des dizaines de milliers de gouttes d’eau à nous suivre, même si cela n’est pas visible, même si nous n’avons rien communiqué autour de nous (voir la sixième partie, sur les influences que nous pouvons avoir).
Mais c'est un choix à opérer et personne ne peut le faire à notre place. Et seul ce choix pourra nous sauver.
« Ceux qui ont le privilège de savoir, ont le devoir d'agir. » Einstein
Ce qui suit ne va probablement pas vous plaire. Tant parce que je reviens avec des chiffres comme j'en avais déjà utilisés dans certains chapitres de la première partie, que par le raisonnement ou les conclusions que j'en tire qui vont choquer. Et pourtant j'ai confiance qu'ils sont justes. Car si le développement que je vais présenter n'est pas à proprement parlé scientifique, vu que je me base sur des chiffres dont je ne peux prouver la réalité - (j'y faisais déjà référence dans mon article : « Empreinte écologique et violence passive » :
[voir Ref C : https://sechangersoi.be/4Articles/Violencepassive.htm]) ;
le raisonnement, lui, est simplissime à comprendre et ne permet pas le doute.
Car je sais que ces chiffres approchent de la réalité, et qu'ils donnent un ordre de grandeur que je vais utiliser pour effectuer ce raisonnement. Et c'est le raisonnement qui importe dans ce que je tente de faire passer comme idée. Alors le voici :
Si l'on considère que, en 25 ans, 450 millions de personnes sont mortes par la misère, la faim et la malnutrition dans le monde entre 1991 et 2016 - selon l'article (déjà cité) qui s’y réfère :
[Source : https://www.inter-reseaux.org/ressource/opinion-les-chiffres-de-la-faim-dans-le-monde-sont-a-jeter-a-la-poubelle/] - et qu'ils ont quitté les statistiques ; il serait grand temps de les reprendre en compte. Je n'ai jamais lu dans les médias un quelconque article qui tenait compte des personnes mortes dans le passé. Or en n'en tenant pas compte, nous nous dédouanons d'encore plus de responsabilité que nous ne le faisons déjà.
Je m'explique.
Tout d’abord, il faut être assez lucide et tenir compte du fait qu’il est impossible de pouvoir connaître les réels chiffres de la mortalité dans le monde liée à la malnutrition. L’article « Des chiffres et des faits sur la malnutrition dans le monde » de Materne Maetz (2018), sous la rubrique « Chiffre de mortalité causée par la malnutrition », explique les raisons de la difficulté à réaliser ce genre de statistiques :
Mais à cela s’ajoute le fait qu’il y a comme une sorte d’amnésie collective concernant l’historique de la mortalité de faim dans le monde.
Dans l’article « 1990-2015, comment la faim dans le monde a reculé », on nous dit ceci :
« Au total, le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde a été réduit de 21 % entre 1990-1992 et 2014-2016. Cette tendance va dans le bon sens, mais on est encore loin de l’objectif défini en 1996 par le SMA. Le rapport sur L’État de l’insécurité alimentaire dans le monde estime néanmoins que, compte tenu de l’augmentation de la population durant la période 1990-2015, « ce sont près de deux milliards de personnes qui ont été libérées d’un état de sous-alimentation probable au cours des 25 dernières années ». »
tiré de l’article « 1990-2015, comment la faim dans le monde a reculé » de Eddy Fougier (2015)[Source : https://wikiagri.fr/articles/1990-2015-comment-la-faim-dans-le-monde-a-recule/4578]
On y fait mention de l’augmentation de la population, mais pas du nombre colossal de personnes décédées de malnutrition, qui ont disparu de ces statistiques. Dès lors, si « le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde a été réduit », c’est aussi, en partie, parce qu’une part d’entre elles sont décédées. Et cette omission ou amnésie semble généralisée. Je n’ai en tout cas trouvé aucune trace à ce sujet sur le net (et ce n’est pas faute d’avoir cherché) excepté l’article mentionnant les calcul de Thomas Pogge, dont je n’ai aucune preuve de la fiabilité. Or ce biais de raisonnement implique que l'on croit qu’on agit efficacement ou relativement efficacement (puisque on n’arrive pas du tout à éradiquer la malnutrition), alors que l’efficacité des efforts entrepris, est bien plus insuffisante encore qu’il n’y paraît.
Et je vais enfoncer le clou, car le sujet est tellement essentiel qu’il m’est impossible d’éviter les chiffres et le raisonnement qui suivent.
Donc, toujours en tenant compte que les chiffres ne sont pas tout à fait représentatifs de la réalité, mais qu'ils donnent un ordre de grandeur : 450 millions représentent environ plus d'un quinzième de la population mondiale. Il est difficile de définir la fraction précise puisque la population mondiale a crû pendant cette période de 25 ans. On est passé de environ 5,5 milliards en 1991 à près de 7,5 milliards d'humains en 2016.
Pour tenter de se représenter cet ordre de grandeur, concentrons-nous sur la population des enfants de 1 an au début de cette période de 25 ans, donc nés en 1990. Cette population a alors 26 ans en 2016. Sans tenir compte du fait que la mortalité est nettement plus importante en bas âge dans les populations touchées par la malnutrition, donc en prenant des chiffres nettement inférieurs à la réalité, juste pour tenter de se représenter la situation, c'est plus le raisonnement que le calcul qui compte ici ; 1/15 de cette population d'enfants serait donc décédés pendant ces 25 années.
En parallèle, en 2016 on évaluait à plus de 700 millions le nombre de gens vivant dans l'extrême pauvreté. Cela correspondait à près d'un dixième de la population mondiale. (Ce chiffre est évalué en 2022 à plus de 820 millions.)
Donc, toujours sans parler de chiffres exacts, en 2016, environ un dixième des gens de 26 ans (qui avaient donc 1 an en 1990) vivaient dans l'extrême pauvreté.
De toutes les personnes nées en 1990, et toujours sans parler de chiffres exacts, on peut donc considérer que, en 2016, 1/15 était déjà décédées et 1/10 vivait dans l'extrême pauvreté. Or, 1/15 + 1/10 = 1/6.
Donc, toujours pour la population née en 1990, on peut considérer que en 2016, soit 26 ans plus tard : 1/6, soit plus de 16% étaient, soit décédés par la misère, soit vivaient dans l'extrême pauvreté.
Maintenant que le raisonnement est établi, ramenons-le à notre sphère personnelle. Imaginez-vous que dans votre entourage (famille, collègues, amis, connaissances, voisins) : une personne sur 6, un ménage sur 6, soit rayé de la carte ou vivant dans la misère. Si ces gens vivaient proches de nous, nous considérerions cela comme inacceptable, insupportable. Et nous ne pourrions rester les bras croisés à constater cela.
Le fait que tout cela se passe loin de nous, nous permet de ne pas regarder trop de ce côté-là, de ne pas en tenir compte, et de nous contenter de verser quelque dîme annuelle pour une ONG qui tente de prendre en charge une partie de la misère du monde.
Pourtant, c'est bien à cause de nous que tout cela persiste. C'est parce que chacun continue à avoir une empreinte écologique explosive, continue à surconsommer, gaspiller, polluer, chercher à devenir plus riche ; que la pauvreté persiste.
Bien sûr, selon nos croyances, et ce que l'actualité nous en dit, c'est tout le système qui est en jeu, et chacun n'a qu'une responsabilité infime dans ce système. Sauf que, mathématiquement parlant, ce mode de vie entretenu par 5 personnes, a pour conséquence la misère ou la mort d'une sixième. Donc notre responsabilité n'est pas si infirme que cela. Nous n'avons pas forcément un pouvoir de décision important pour changer cela au niveau des règles. Mais nous avons un pouvoir important pour nous dissocier des règles de ce système, sans le contrer pour autant. Nous ne sommes pas obligés d'avoir une empreinte écologique explosive. Nous avons tous la capacité de devenir plus sobres.
Prenons encore une autre perspective.
Dans de nombreux médias on cite le chiffre de 25.000 morts quotidiens liés à la faim et la malnutrition dans le monde.
25.000 ! Tentez de vous représenter ce nombre dans votre réalité : un demi stade de foot, une manifestation longue de plus d’un kilomètre.
Chaque jour, cela se reproduit. Ces gens disparaissent.
Cela se produirait lors d’une guerre, dans un camp de concentration : on parlerait de génocide, d’extermination. Lorsque un tremblement de terre tue plusieurs dizaines de milliers de personnes en quelques instants, un mouvement de solidarité sans précédent, tant des dirigeants que de la population, se manifeste dans des dizaines de pays de par le monde.
Pourtant 25.000 personnes meurent chaque jour de malnutrition, dans la quasi indifférence générale. ‘C’est loin’. Ce n’est pas un phénomène brutal et localisé. ‘Ce ne sont pas des gens comme nous’ (autre pays, autre culture, autre langue, autre religion, autre couleur de peau….).
« Tout se passe comme si une partie importante de l’humanité était désormais de trop. Comme on ne peut pas l’éliminer, on détourne le regard. » Martín Caparrós
Martín Caparrós, (interviewé par Isabelle Rüf du journal Le Temps, à propos de son livre « La faim » paru en 2015) -
[Source : https://www.letemps.ch/culture/martin-caparros-rencontre-forcats-faim]
Cette citation est on ne peut plus vraie.
Car ces morts sont évitables, et elles sont en lien avec notre mode de vie à l’occidentale. Nous savons ces chiffres. Ils apparaissent régulièrement d’une manière ou d’une autre dans les médias. Comment se fait-il que nous ne nous sentions pas plus concernés ? Bien sûr, la responsabilité est collective. Mais cela ne retire rien à la responsabilité personnelle. Seuls notre complaisance, notre complicité, notre insouciance, notre indifférence, nos dénis, nos amnésies, notre égoïsme, notre racisme, nos addictions, habitudes et conditionnements, nous guident, non pas à l’inaction, mais à participer activement à maintenir cet enfer sur Terre.
Il y a une part d’ignorance et d’inconscience bien sûr. Mais nous nous cachons bien vite derrière ce genre de justifications, car nous ne voulons pas voir, tant la catastrophe perpétuelle que cela constitue, que le rôle que nous jouons dans cette pièce ; même si ce n’est pas nous qui avons décidé d’entrer dans un tel scénario. Et la faim dans le monde ne constitue pourtant qu’une partie du problème.
Et il est temps de sortir du déni, de sortir de l'indifférence, et de prendre nos responsabilités à bras le corps.
Je ne dis pas que c'est facile. Je ne dis pas que je suis un exemple à suivre. Mais je fais mon possible. Si l'on n'est pas seul à le faire, on rend la chose nettement plus accessible, et le système est en train de se transformer. Et nous pouvons dès lors être chacun un vecteur qui stimule et accélère cette transformation, en réalisant un travail de fourmi pour retourner à l'essentiel, et permettre ainsi, potentiellement et à plus long terme à un sixième de la population de retrouver sa dignité et le droit à la vie. Tout en contribuant à la diminution de toutes les autres parties du problème, impossibles à lister, mais dont les plus importants et visibles actuellement sont le réchauffement climatique et la destruction de l’environnement.
Et à ce titre, au niveau citoyen, malgré tous les freins que la majorité des représentants des classes dirigeantes et favorisées vont actionner pour éviter toute évolution qui ne serve pas leurs intérêts, il faudra apprendre à cesser de leur laisser kidnapper notre propre pouvoir. Arrêtons de leur donner nos biens en participant à l'économie qu'ils ont concoctée pour piller la majorité de la population.
En fait, si on décale suffisamment le regard, on se rend compte alors que la classe dirigeante n'a aucun pouvoir si nous ne lui déléguons pas le nôtre. Il ne s'agit pas d'aller manifester, de faire des grèves, de refuser de voter, de faire des pétitions, d'adopter des comportements agressifs ou destructeurs. Il s'agit bien plus de les toucher au porte-monnaie, donc d'arrêter de leur donner tout notre argent. Et il ne s’agit pas non plus de créer de grands mouvements de boycotts. C’est à un niveau tout à fait local que les choses peuvent se produire, sans forcément se concerter avec son voisin, tout simplement, en prenant chacun nos responsabilités de ne plus participer à notre échelle au désastre, sans comparer, sans juger, sans chercher à voir les effets de nos actions, mais en cherchant à ramener de la justesse dans nos comportements citoyens, dans la manière de gérer notre argent, dans celle de choisir ou pas de consommer. C'est un apprentissage au quotidien qui prend du temps si on n'y est pas forcé.
Et nous sommes donc chacun concernés. C’est dire le chemin à faire.
Le point crucial se trouve dès lors dans la compréhension par chacun de la nécessité avant toute autre chose de remises en question au niveau personnel, de nos comportements, de nos responsabilités citoyennes, et aussi, nous le verrons plus loin, de nos conceptions mentales et modes de fonctionnement psychologiques.
L'important n'est pas tant dans les idées, ou dans la mise en œuvre d'un nouveau système, ou dans l'établissement de nouvelles règles qui pourraient le définir ; mais bien plus dans la capacité individuelle à comprendre que cela est nécessaire, que cela est possible, et que cela devra être créé au plus vite. Car une fois cette compréhension atteinte par un nombre suffisamment important d'individus, tout le reste en découlera très facilement, contrairement à notre expectative lorsqu'on ne l'a pas encore compris.
Et quand bien même nous resterions une petite minorité à le comprendre et à agir, cela reste fondamental de persévérer dans cette direction, car c’est la seule chance que nous avons encore de renverser l’équilibre actuel et de limiter les dégâts.
C’est cette compréhension qui donne tout le sens à la démarche. Car dans cette perspective, il ne faut pas attendre que les partis politiques qui défendent les causes auxquelles on adhère, arrivent au pouvoir, ou parviennent à prendre les initiatives adéquates. C'est tout l'inverse. C'est quand chacun de nous agit en cohérence avec les objectifs à atteindre, dans tous les registres de notre vie, qu'alors les pouvoirs publics, les pouvoirs économiques et financiers finissent par suivre la masse, par suivre le courant. Nous avons donc bel et bien le pouvoir entre nos mains. Seuls, nous ne pouvons rien, mais nous avons la responsabilité de choisir de ne pas faire partie des derniers à adopter une cohérence entre nos objectifs au niveau collectif et les comportements que nous adoptons à titre personnel, et de nous activer pour faire partie des premiers.
Lorsque la majorité va dans un sens, les politiques suivent en légiférant et forçant les derniers réfractaires à suivre la nouvelle route.
Chaque personne supplémentaire qui comprend devient intrinsèquement un facteur de changement, même si elle n’a encore rien investi dans ce sens au niveau de ses comportements.
Quand nous comprenons que notre propre comportement fait partie de ce que nous dénonçons à l'extérieur de nous, et que le modifier à des conséquences bien plus importantes que nos a priori nous permettent de le concevoir ; il n'est alors plus permis d'hésiter à s'engager dans ce processus. Et la contagion, nous le verrons, va bien plus loin que la taille de nos arguments ou que l'exemple que nous représentons.
Mais au-delà de la compréhension de la nécessité de modifier nos comportements, il y a bel et bien un cheminement psychologique possible à effectuer : une remise en question fondamentale de nos modes de fonctionnement mentaux et émotionnels, une réelle élévation du niveau de conscience.
Et c’est un chemin que personne ne pourra nous obliger à choisir, ni que personne ne peut faire à notre place. Et ce sont, dans la plupart des cas, nos circonstances de vie qui vont nous y mener. Nous sommes déjà nombreux sur la route.
Et même s'il devait déjà être trop tard, nous n'aurions plus rien à perdre, et sans doute beaucoup à gagner en changeant de cap.
Dans les chapitres précédents, j'ai évoqué l'idée que les avancées dans la société ont plus de chances de se produire quand elles partent des citoyens eux-mêmes et que les pouvoirs publics sont ensuite prêts à les suivre. J'ai émis également l'idée que, lorsque la solidarité est organisée de manière institutionnelle, on implémente l'assistance des uns et l'indifférence des autres, et si les partis de gauche parlent de solidarité, celle-ci, dans de telles circonstances, n'est plus favorisée entre les individus. Tant que la solidarité est organisée à grande échelle, sous forme d'assistanat (droits et allocations en tous genres), elle est déshumanisée. Et elle est défavorisée dans son expression individuelle. La solidarité véritable n'est en effet pas quelque chose que l'on impose aux individus, c'est quelque chose qui doit venir de la volonté de chacun. On peut la favoriser, en influençant les citoyens, mais tant qu'ils ne prennent pas la décision eux-mêmes d'y participer, on ne peut rien obtenir d'eux.
Il y a un lien entre notre capacité à être solidaire et la liberté de choix dont nous disposons. Nos élans altruistes ne peuvent dès lors se manifester sous la pression ou l'obligation. Il est donc nécessaire de disposer d'un niveau d'autonomie suffisant pour pouvoir démontrer de la solidarité. Et l'autonomie peut être favorisée au sein des groupes sociaux, dans la famille, à l'école, au travail. Et en ce sens, l'allocation universelle pourrait faire croître la solidarité au sein de la population, de manière exponentielle.
Nous l’avons vu : toute notre société de consommation est fondée sur des modes de fonctionnement caduques, et les actions entreprises pour les quitter sont initiées, en général, à partir des mêmes types de raisonnements que ceux qui ont été à la source des dysfonctionnements. On est donc en droit de croire que ces réponses sont à terme tout aussi problématiques, sauf exceptions.
Et tant que nous tentons de sortir de l'impasse engendrée par la mentalité de consommation, de profit, d’économie de marché, avec les règles qui prévalent actuellement, dictées principalement par le rapport de force (autorité, croissance, compétitivité, pouvoir, ...), on ne peut sortir du cadre.
Tant que nous persisterons à vénérer la recherche de profit et d’enrichissement ; tant que nous adulerons la consommation, la mode, les apparences, la recherche de plaisir pour le plaisir ; tant que nous défendrons nos propres avantages au détriment des avantages pour les autres ; tant que nous communiquerons à coup d’arguments et de provocations plutôt que par l’écoute et l’empathie ; tant que nous continuerons à juger et condamner ceux qui ne pensent pas comme nous, ne vivent pas comme nous, ne croient pas comme nous ; …
Tant que nous serons dans tous ces registres : notre conscience restera endormie, et nous ne parviendrons à trouver que des solutions qui masquent provisoirement ou partiellement les problèmes, mais qui en fait nous y maintiennent.
A l'inverse, lorsque nous abandonnons tous les aspects négatifs de notre société : en nous éloignant de la sphère économique hypertrophiée, de l’enrichissement ; nous commençons à nous transformer, et revenons à des comportements naturels. Car l'omniprésence de l'argent dans nos vies nous maintient dans des rapports de force et exacerbe tous les côtés négatifs de l'humain tels que la comparaison et le jugement, mais aussi l'avidité, la malhonnêteté, la peur de manquer, et les comportements que cela induit tels que : manipulation, harcèlement, compétition, matérialisme, répression, exploitation.
Ces attitudes et comportements peuvent s'évanouir lorsqu’ils ne seront plus déniés, plus stimulés, et qu’ils seront même socialement découragés. Cela permet alors à d’autres types d’attitudes de se développer avec effet de contagion assez rapide. Nous pouvons alors développer plus avant nos capacités à la collaboration, la créativité, et ’l'intelligence collective’ (voir le chapitre qui aborde ce sujet).
Choisir cette voie aura un effet boule de neige, entraînant une véritable mutation dans nos comportements et mentalités, qui pourraient s’avérer moins difficile et plus spontanée qu’on ne l’imagine.
Contrairement à certaines croyances, le niveau de conscience n’est pas directement lié, d’une part, au fait d’être informé d’une situation et de se rendre compte qu’il y a un problème ; et d’autre part, au fait d’avoir des capacités rationnelles à découvrir des solutions à ce problème pour être en mesure de le résoudre. Des aspects psychologiques entrent également en jeu.
Une croyance fortement ancrée à ce sujet concerne la connaissance de notre histoire, afin de ne pas la reproduire. Or, il est clair que cela ne suffit pas. S'il suffisait de connaître l'histoire pour ne pas la reproduire, il y a longtemps que les guerres, les famines, la misère, auraient disparu du scénario.
Pour transformer la réalité, ce n’est pas de l’information supplémentaire qu’il nous faut. L’information nous l’avons déjà massivement à disposition, et nous avons tout intérêt à apprendre à la trier et refuser de nous en nourrir. Le temps et l’énergie que nous utilisons à nous informer toujours davantage, et à tenter de transmettre cette information, à tenter de convaincre autour de nous à propos de cette information, à tenter d’en connaître tous les détails pour mieux argumenter, etc. ; c’est du temps et de l’énergie que nous n’utilisons pas ailleurs. Ni pour évoluer, ni pour modifier notre environnement, ni pour faire fonctionner notre créativité, ni pour nous réunir pour faire tout cela, ni encore pour nous entraider et donner le meilleur de nous-mêmes.
La compréhension, la connaissance intellectuelle font partie de l'évolution. Mais c'est à un autre niveau que celui de notre mental que doit survenir une forme différente de compréhension. C'est d'un apprentissage en conscience qu'il s'agit. Cela demande un regard tourné vers l'intérieur. Tant que nous ne reconnaissons pas, dans les problèmes que nous dénonçons, soit la responsabilité que nous y jouons personnellement, soit cette part de nous qui y fait écho et y réagit négativement ; nous sommes condamnés à continuer à y participer en restant dans l'incapacité de les résoudre.
Quant à la recherche de découvertes et le développement de technologies dans une course contre la montre, nous n’y sommes d’une certaine manière pas tout à fait prêts.
La technologie pourrait en effet nous aider. Cependant, sans le bon niveau de conscience nous l’amenons à nous enfoncer un peu plus dans les crises :
- par l’effet rebond et le gaspillage ou la pollution qu'elle implique trop souvent ;
- par la course interminable vers la facilité qui nous abêtit plus qu’elle ne nous fait grandir ;
- ou encore par l’addiction et la colonisation de nos esprits par les GAFAM, et autres réseaux sociaux, youtubeurs, etc. ;
- voire même par des recherches purement perverses qui défient la morale mais qu’aucune loi n’avait imaginée et qui donc ne peuvent être interdites au moment où elles sont initiées.
La domotique, par exemple, et certains aspects de la digitalisation à outrance prennent en charge une partie de nos fonctions mentales qui finissent par se perdre. La connexion à internet nous relie aux autres, au prix, non seulement de nous faire assaillir de publicités ciblées ‘grâce’ à l’intelligence artificielle, aux algorithmes, etc. ; mais elle kidnappe notre temps et notre attention, en nous éloignant aussi de notre entourage et en réduisant notre cercle de relations dans la vie réelle, tout en limitant insidieusement notre temps pour toutes nos autres activités.
Toutefois, l’expérience du covid-19 a eu la vertu de nous apprendre à mieux utiliser la communication virtuelle pour parer au manque de connexion physique que le confinement nous imposait. Les cours par vidéo conférences et la communication vidéo peuvent ouvrir des horizons et nous épargner des déplacement ou voyages inutiles.
Certaines découvertes et innovations dans le domaine des sciences, de l’informatique, de l’intelligence artificielle, pourront nous aider à résoudre une partie des problèmes que la société dans son ensemble a à affronter, mais elles ne suffiront pas. Elles pourront sur le long terme nous aider à éradiquer des maladies, trouver des moyens plus efficaces de produire de l’énergie non polluante, etc., et au mieux diminuer le taux de CO2 dans l’atmosphère.
Cependant, le problème avec les découvertes scientifiques, c’est qu’il y aura toujours quelqu’un pour les exploiter de manière destructrice. Ou encore, notre manque de conscience va nous rendre enthousiaste par les perspectives qu’offrent apparemment de nouvelles découvertes, de nouvelles compréhensions, de nouvelles applications de nos connaissances scientifiques. Et des dizaines d’années, voire des générations plus tard, on découvrira les dégâts qu’on n’avait jamais imaginés. C’est ce que nous observons actuellement suite à l’industrialisation à tout crin, suite à la production intempestive du plastic, et suite à l’utilisation illimitée du pétrole et de ses dérivés, entre autres. Et nous ne sommes sans doute qu’au début de ces funestes constats.
Et c'est sans compter l'effet rebond déjà cité, qui, lors de l'utilisation d'une nouvelle technologie permettant d'épargner des ressources, va engendrer la consommation à outrance de cette nouvelle technologie et faire à l'inverse exploser le gaspillage de ces ressources.
On peut aussi se poser la question de savoir ce en quoi la recherche à voyager sur d'autres planètes, à rechercher des traces de vies dans d'autres galaxies ou encore à connaître les limites ultimes de notre univers, et pour cela engager le travail de milliers de chercheurs et investir des millions d'euros ; en quoi tout cela peut, à moyen terme nous servir, alors qu'à court terme nous sommes tout simplement sur le point de nous exterminer par notre façon de gérer notre propre planète.
Je ne suis pas en train de critiquer l’existence même de la recherche scientifique et des nouvelles technologies, je suis en train de parler de notre manifeste incapacité à orienter collectivement correctement la recherche, et à l'utiliser à grande échelle de manière responsable et constructive. Et cela pose forcément la question de savoir si c’est vraiment une bonne idée de continuer dans la fuite en avant de développement de nouvelles technologies, coûte que coûte, pour soi-disant améliorer notre confort, notre bonheur, la communication, notre savoir, etc. Et surtout pour faire le pseudo bonheur de ceux qui en tireront financièrement profit.
Car continuer dans cette direction consiste à persister à choisir de faire comme on a toujours fait depuis 2-3 siècles, à savoir : la fuite en avant, sans conscience des conséquences sur demain de ce que l’on crée aujourd’hui. Il y a bien sûr un monde de différence entre la découverte d'un vaccin contre les maladies du sida, Ebola ou Covid-19, et le petit robot à la maison à qui vous pouvez ordonner vocalement de votre fauteuil, de fermer les volets.
Cependant, tant que les initiatives proviennent de gens qui fonctionnent comme on a toujours fonctionné, on n’avancera qu’à très petit pas, et on risque de ne pas avancer assez vite pour sauver la peau des générations futures.
Élever notre niveau de conscience implique en premier lieu de parvenir à quitter le déni dans tous les domaines où nous continuons à prendre part au problème, afin de pouvoir réorienter nos choix et enfin prendre notre part dans les solutions.
Les réelles solutions sont avant tout dans nos conceptions de la réalité. Et il y a un glissement à opérer dans notre manière de concevoir la réalité.
Quels que soient les informations et niveaux de compréhension de la réalité que nous avons, il sera nécessaire de changer la couleur de nos lunettes.
Et pour y parvenir, il est nécessaire de lever le nez du guidon, prendre de la perspective. Et seul un travail en conscience permet cela.
En effet, tant que l’on reste attaché aux situations problématiques que nous rencontrons, les réponses que nous allons tenter d'y apporter restent à l’image-même de ce que nous cherchons à résoudre.
Il est dès lors nécessaire de devenir conscient que, bien souvent, ce que nous considérons comme des bienfaits ou solutions, ne sont en réalité encore que des sources des mêmes difficultés.
Et il y a un aspect supplémentaire important à prendre en compte. Plus on focalise sur les aspects problématiques de notre société, plus on reste attaché aux valeurs que tout cela véhicule. Ce n’est pas tant parce qu’on les prône, ou parce qu’on les prend comme modèle, que parce qu'elles se maintiennent dès lors comme nos références, puisque toute notre attention leur est dédiée.
D’une certaine manière, quel que soit le cas de figure : en se positionnant comme source de ces valeurs, en se positionnant comme victime de ces valeurs, ou encore comme opposant à ces valeurs ; cela reste les valeurs à partir desquelles nous fondons nos préoccupations. Notre cerveau reste baigné de pensées liées à ces valeurs : que nous les approuvions ou non. Et cela conditionne le reste de nos pensées à aller dans le même sens ; nous mettant dans l’incapacité de regarder dans une autre direction.
C'est en particulier vrai dans le cadre du féminisme, où le combat des femmes consiste principalement à obtenir des droits, les faire respecter et chercher à changer le comportement des hommes ; sans jamais penser qu'elles sont elles-mêmes atteintes par le mal qu'elles combattent et que en guérissant, elles aideront intrinsèquement les hommes à les respecter. Ce n'est pas parce que les femmes subissent des comportements insupportables de la part des hommes, qu'elles ne font pas partie du problème. Il ne s'agit pas de nier ce qu'elles subissent, et encore moins leurs souffrances parfois au delà de l'imaginable, ou de les pointer du doigt. Il s'agit de se rendre compte que leur soumission à la mentalité qui dicte le comportement des hommes - et qu'elles ont tout autant intégrées que les hommes - cette soumission, cette acceptation, amène leurs comportements à conforter celui des hommes dans la manière de les traiter. La mentalité actuelle qui prévaut dans les rapports entre les hommes et les femmes est une médaille à deux facettes. La facette féminine et la facette masculine, mais les deux facettes font bien partie de la même pièce et c'est la médaille tout entière qui est concernée.
Pour en revenir au thème plus général du cadre problématique, si les solutions se trouvent hors des problèmes, et que nous gardons le nez sur le type de pensées qui sont liées aux problèmes : nous ne pouvons que rester aveugle à les découvrir.
Les alternatives deviennent accessibles quand l’attention est portée sur les valeurs inverses à celles du combat, de l'exigence, de la lutte, de la coercition, de la vengeance, de l'autorité, de la riposte, de la rébellion. Elles se trouvent du côté de la compréhension, de la générosité, de l’empathie, du respect, de la solidarité, l’intégrité, l’authenticité, l’honnêteté, etc.
J'ai bien conscience que dans les problématiques les plus extrêmes, cette façon de concevoir les choses n'a pas sa place. Je ne suis pas en train de dire que face à un meurtre, un viol, du harcèlement ou toute autre situation extrême à quelque échelle que ce soit ; il faille répondre par de la douceur et de l'indulgence.
Ce que je cherche à dire, c'est que les circonstances qui mènent à de telles extrémités, sont inscrites dans les mentalités de tous. Et que faire évoluer nos mentalités, consiste à travailler à faire évoluer les circonstances et prévenir sur le long terme de telles situations infernales. Et dès lors, chacun qui prend la responsabilité d'y travailler fait avancer le schmilblick et permet de manière indirecte de faire diminuer le risque de telles situations.
Connaître le problème est une chose (nécessaire). Rester focalisé sur celui-ci ou sur l’état d’esprit qui y est attaché en est une autre ; qui a pour conséquence de creuser la difficulté un peu plus ou d'échouer encore et encore à sortir de la situation.
Et c’est un mirage que nous partageons tous, que de vouloir tenter de creuser toujours davantage le problème afin de trouver une porte de sortie. Or, lorsque l’on tente de creuser plus avant une difficulté, pour en sortir, on risque plutôt de se noyer avec elle ou de nous y incruster, et de la faire grossir. Face à un obstacle, une fois celui-ci reconnu, il est important d’aller chercher ce qui se cache derrière plutôt que de persister à l'analyser.
Je parle vraiment du mode de pensée. Quand notre cerveau est occupé ou préoccupé par toutes les valeurs négatives citées plus haut dans le texte : qu’on y adhère ou pas, nos pensées restent à baigner dans ce cadre, et la réalité s’aligne à cela, car nos lunettes sont celles des valeurs négatives. De plus, quand nous baignons dans des pensées et des préoccupations négatives, cela nous met dans l'incapacité d’imaginer pouvoir en avoir d’autres.
Si de plus, nous nous contentons de résister aux personnes qui sont à la source du problème ou qui refusent de le résoudre, nous nous condamnons tout autant à rester impuissants.
Et de surcroît, quand nous restons focalisés sur le terreau lié à la situation difficile, et que nos moyens pour chercher à en sortir sont la résistance et l'opposition ; nous restons intrinsèquement liés à la mentalité qui est à la source de cette situation, et donc dans l'incapacité totale de pouvoir imaginer d'autres voies basées sur des raisonnements d'un autre ordre. Et ce que nous tenterons de mettre en place sera tout simplement à l'image de ce que nous tentons de quitter, donc, tout aussi problématique.
Très souvent, lorsque nous tentons de sortir d'une situation difficile ; nous avons tendance à brûler les étapes. Nous fonçons tête baissée, souvent abruptement, en espérant que les nœuds vont se dénouer à force de tirer sur toutes les ficelles en même temps.
Et comme chacun continue à tirer sur les ficelles, nous ne sommes pas près de dénouer quoi que ce soit. Et pour pallier à cela, on se contente de mettre des pansements un peu partout.
Et quand quelqu’un se risque à agir différemment, vu qu’il est seul face à une meute qui tire sur tous les fils, son action n’aboutit que rarement.
Et à mon sens, les nœuds sont surtout dans nos têtes : tant qu’on ne part pas apprendre à dénouer des nœuds, on ne sera pas capables de dénouer correctement les bonnes ficelles.
Voici un proverbe qui symbolise assez bien cet aspect :
« Quand on a un marteau dans la tête, on voit tous les problèmes sous la forme d'un clou. » Proverbe africain.
Il serait donc temps d’aller apprendre à manier autre chose que le marteau, tant au niveau individuel que collectif. Car ce que nous ne parvenons pas à faire en petit, nous ne parviendrons jamais à le faire à grande échelle.
Et au niveau collectif, nous en sommes restés au stade de vouloir éradiquer la pauvreté par de la croissance, nous tentons d'arrêter les guerres par les armes, nous voulons lutter contre le réchauffement climatique avec de la technologisation, nous construisons des murs pour arrêter le flot des migrants, nous voulons éliminer les injustices envers les femmes en exigeant des hommes qu'ils se comportent dignement. Et nous nous illusionnons.
Et lorsque nous découvrons des alternatives ; il faut alors apprendre à devenir capables de les mettre en pratique. Ce qui n’est jamais gagné d’avance. Car, dans la situation actuelle, le monde politique, le monde économique et financier, ainsi qu’une majorité des citoyens, soit freinent encore des deux pieds lorsqu’il s’agit de dénouer des nœuds, soit font la sourde oreille en continuant à tirer anarchiquement sur les ficelles. Il est nécessaire alors, grâce à notre intuition, notre expérience, voire notre sagesse, d’avoir la lucidité et la capacité de remettre en question notre approche, pour choisir s’il est opportun de persévérer à tenter de faire valoir nos idées, jusqu’à ce qu’elles soient acceptées et praticables, ou s’il est préférable de proposer tout autre chose.
Changer le cadre de notre mode de pensée est donc indispensable. C'est un apprentissage qui se fait graduellement. Dans un premier temps, on remarque de plus en plus à quel point les solutions rencontrées dans nos vies sont inadéquates. Mais le remarquer ne signifie pas encore que nous soyons à même de trouver les bonnes réponses, bien que cela représente déjà la moitié du chemin. La suite se fait en tâtonnant, par essais et erreurs.
D'une manière générale, face à une problématique, avant de chercher à la résoudre, il est nécessaire de savoir d’abord dans quoi baignent nos pensées. Il serait illusoire de considérer que l’on peut dépasser les obstacles, quitter la négativité et la violence si l'on ne modifie pas le cadre d’abord.
Et pour sortir du cadre, il est impératif d’apprendre à penser totalement différemment. Et cela demande de travailler sur nos propres modes de fonctionnement interne, donc au niveau individuel. En caricaturant on pourrait se représenter cet apprentissage comme un grand nettoyage de notre cerveau : une révolution intérieure plutôt que de l’évolution intérieure, opérée volontairement par soi-même. Et même si une minorité grandissante de la population ressent actuellement la nécessité de s'orienter dans cette direction ; ceux qui en sont au stade de faire de réelles remises en question à ce niveau, restent malgré tout très minoritaires.
Actuellement, dès la naissance, l’apprentissage de la pensée pour chaque individu, se fait en grande partie au hasard, en autodidacte d’une certaine manière. Il y a bien sûr l’imitation et l’identification aux personnes qui nous sont proches, une influence importante de notre environnement, ainsi que les expériences que nous sommes amenés à faire. Mais il n’y a pas, à proprement parler d’éducation à la pensée durant l’enfance - excepté l’intégration du langage qui va cadrer une bonne partie de nos pensées. Et plus tard, une éducation au raisonnement peut prendre place via des cours de mathématiques, de philosophie, de logique, d'argumentation ou autres. Cependant, le raisonnement n’est que la part rationnelle de la pensée, qui, tout compte fait, ne représente, dans la plupart des situations de la vie, qu’assez peu de nos fonctionnements mentaux. (Nous détaillerons cela plus loin).
L’élaboration de nos pensées va en réalité bien plus dépendre de toutes nos habitudes, nos conditionnements, nos automatismes, nos croyances. Et tout cela est inscrit dans notre cerveau sous forme de connexions neuronales. Cela est donc incarné dans notre biologie. Nos pensées sont directement dépendantes de ces connexions neuronales, même s'il n'est pas prouvé qu'elles soient elles-mêmes inscrites dans notre biologie. Et donc, une fois arrivés à l’âge adulte, nos modes de fonctionnement cérébraux sont déjà bien intégrés par nos circuits neuronaux. Dès lors, on peut s’imaginer que cela s’avère être un travail titanesque de modifier notre système de pensée. Car cela exige de commencer à modifier toutes ces connexions neuronales responsables de tous ces automatismes acquis depuis l’enfance, et dont l’habitude nous en a fait perdre la conscience. Et c’est sans compter que c’est la pensée qui doit se réparer elle-même ; ce qui n’est pas une mince affaire. Et plus difficile encore : mettre tout cet édifice en question ne peut être perçu que comme très dangereux. Nous nous sommes identifiés à toute cette construction et la modifier sera perçu comme se perdre.
Plus notre parcours est linéaire, plus nous serons persuadé, en notre for intérieur, de faire preuve de bon sens, d’être logique, voire objectif, de détenir la vérité, etc . Si rien ne vient bouleverser notre système mental, nous nous estimons capable de gérer correctement nos pensées et raisonnements etc. Nous considérons d’ailleurs que ceux qui ne le peuvent pas sont soit "déficients mentaux", soit souffrent d’une "maladie mentale". Or cela est faux. Les maladies et déficiences mentales sont les étiquettes que l’on colle aux personnes chez qui les modes de fonctionnement mentaux s’éloignent de la norme de manière visible. Or fonctionner selon la norme au niveau de nos comportements publics ou de façade ne veut pas dire que l’on fonctionne correctement en pensées (en particulier quand c’est la société dans son ensemble qui est malade). De plus, nos pensées en général ne sont pas marquées sur notre visage. Et donc, un comportement "conforme" ne signifie pas forcément que les pensées qui le sous-tendent soient saines.
Krishnamurti va même plus loin :
« Ce n'est pas un signe de bonne santé que d'être bien adapté à une société profondément malade. »
Et tant que nous ne commençons pas à questionner notre système de pensées, nous restons dans nos modes de fonctionnement archaïques sans avoir la moindre conscience que nos conditionnements, croyances, habitudes et automatismes se substituent à notre volonté et sapent nos intentions et actions.
Et nous nourrissons alors par exemple l’habitude de juger que lorsque quelque chose ne fonctionne pas, c’est l’autre (ou le hasard, ou le système) qui en est responsable, tout en demeurant aveugle au fait que nous sommes bien souvent partie prenante de la situation que nous dénonçons.
Et dans ce contexte, toujours en grande partie inconsciemment, nous nous laissons mener par les modes, les courants de pensée, les religions, les grands événements médiatiques, la télé réalité, les réseaux sociaux, ainsi que nos addictions, la pub, la consommation, etc. Notre pensée est alors comme "encadrée" au travers de notre contexte social. Et finalement, en plus de nos conditionnements et habitudes de pensée, il y a de la sorte pas mal de comportements ou attitudes, qui nous sont insufflés de l’extérieur. Et comme nous baignons dans tout cela, nous l’acceptons et y participons sans autre questionnement. Tout comme un poisson dans l’eau, qui ne peut être conscient qu’il baigne dans de l’eau, tant qu’il n’en a pas été extrait et n’a pas fait l’expérience de la menace d’asphyxie.
En suivant le courant, en participant à ce système, chacun de nous pense finalement quasi pareil que ses proches, à peu de chose près. Et il est dès lors très difficile d’apprendre à penser autrement. La difficulté de se démarquer est non seulement due au fait que l’on n’a pas conscience de tous ces processus et donc qu'ils opèrent pour nous automatiquement, mais aussi que, lorsque l’on tente de se décaler, ne fut-ce que légèrement, on devient moins bien intégré socialement, et parfois même marginalisé. La tendance générale sera donc de se conformer.
Et à l’inverse, plus on se décale de tous ces modes de fonctionnement, plus ils finissent par apparaître choquants ou rébarbatifs.
D'une part, on se rend alors compte que nous sommes, d’une certaine manière, complètement "abrutis" par ce qui nous entoure et qui nous paraissait jusque là normal ; et dans la foulée, que nous vivons dans un monde qui est en pleine déroute.
Et d'autre part, nous découvrons petit à petit, en sortant de cette forme d’hypnose, où nous acceptions l’inacceptable par habitude ; que nous n’étions capables de percevoir que le sommet de l’iceberg de tout ce qui va mal, alors que finalement c’est notre civilisation dans son ensemble qui va à sa perte, si nous gardons le même cap. Quand nous devenons capable de faire le lien entre la société en déroute, et nos pensées qui se sont adaptées à tous ses dysfonctionnements, un lent processus va prendre place qui va progressivement changer les couleurs des lunettes avec lesquelles nous regardons le monde et avec lesquelles nous nous percevons nous-même. Et la remise en question ne sera que superficielle tant que nous ne serons pas capable de maintenir le lien entre ce qui se passe à l’extérieur de nous, et notre manière de percevoir et d’interagir avec cela.
Créer des alternatives avec de nouvelles manières de penser implique non seulement de découvrir la couleur des lunettes avec lesquelles nous percevons la réalité, mais cela peut aller jusqu'à pouvoir devenir capable de choisir si on met des couleurs ou pas à nos lunettes et à choisir lesquelles et dans quelles circonstances.
C’est en fait un travail d’épluchage d’oignon. Toute notre personnalité, toutes nos connaissances, sont basées sur des croyances construites en édifice (depuis tout petit). Et en faire tomber quelques unes peut donner l’impression de mettre à mal tout l’édifice. Il est donc tout naturel de tenter à tout prix de refuser les remises en question car les peurs de se perdre ou plutôt de perdre pied, sont énormes. Alors qu’en réalité c’est tout l’inverse qui se passe : plus on nettoie, plus on y voit clair et plus on se sent à l’aise.
Et l'avancée en âge n'est certainement pas un avantage pour effectuer ce travail. Car plus on prend de l'âge, plus l’édifice de notre système de croyances devient abscons, et plus les lunettes s'obscurcissent. Cet édifice est devenu bardé de renforts de toutes parts. Bien souvent les fondations se lézardent et il faudrait bien aller consolider, mais les couches et surcouches de béton et de ciment qui renforcent la construction de l’extérieur sont tellement nombreuses et fortes, qu’on n’a plus trop accès à l’intérieur.
En fait, toutes nos blessures émotionnelles que nous accumulons avec l’âge et que nous ne prenons pas la peine d’aller guérir (souvent tout cela se passe à un niveau inconscient, et en particulier tout ce qui est de l’ordre du trauma) ; tout cela s’accumule, et les protections que l'on se construit par rapport à ces blessures vont aussi faire que l’on se rigidifie. Vieillir peut consister alors à devenir des gens très négatifs, ou très râleurs ; des gens très rigides à l’esprit très étroit : qui ne savent plus sortir de la boîte ; ou encore des gens renfermés sur eux-mêmes, incapables de sortir des murs qu’ils ont construits tout autour d’eux-mêmes. Et puis enfin, quand cela se lézarde trop de l’intérieur, cela mène aux sénilités et aux maladies de société. Tout cela a un aspect caricatural bien sûr, car très peu de cela est visible dans les comportements en général.
Le travail sur soi consiste en grande partie à aller scruter toutes les pensées qui traversent notre mental (et les émotions qui bien souvent accompagnent), à chaque seconde de notre journée. Donc pour des dizaines de milliers de pensées. Et les remettre en question. Et ce travail là va métamorphoser le regard que nous portons sur tout ce qui se passe à l’extérieur de nous. Cela va dès lors nous permettre de remettre en question notre interprétation des événements. Et par conséquent nous allons devenir capables d'interagir différemment par rapport à cela.
La véritable évolution ne peut se faire ailleurs que dans nos têtes (et/ou dans nos corps, quand les blessures sur la durée se marquent au sein même de nos cellules). Les résultats à l’extérieur ne viendront qu’ensuite.
Et, je le répète, il ne s’agit pas de parler de cette transformation au niveau de la société. Il s’agit d’un glissement de conception chez chacun qui, lorsqu’il survient, modifie l’expérience de celui-celle qui le réalise. Et c'est cette révolution au niveau individuel, qui va générer intrinsèquement une évolution autour de celui ou celle qui la vit, sans qu’il y ait intention de "changer les autres", mais bien parce que cela fait partie du processus d'évolution qui participe à une transformation collective.
Lorsque l’on fait bouger les repères au niveau individuel, les relations avec autrui sont forcées d’être modifiées, et cela impacte inéluctablement ceux qui nous entourent.
« Nous ne pourrons jamais obtenir la paix dans le monde extérieur tant que nous n'aurons pas obtenu la paix en nous-mêmes. » Dalaï Lama
Imaginer que toute la population puisse effectuer ce bond de géant semble totalement illusoire. Cependant, au niveau individuel, bien que ce travail semble titanesque au démarrage, il se réalise de manière assez naturelle. Ensuite, lorsque des avancées ont lieu chez une personne, il y a un effet boule de neige. Et plus nombreuses sont les personnes impliquées dans un tel parcours (même si elles ne se connaissent pas), plus cet effet de contagion s’accélère et s’intensifie.
Le processus qui nous métamorphose de l'intérieur n'est pas forcément visible, ni même parfois conscient, car il y a gradation et cela n'est pas mesurable. Il s'agit d'un glissement de mode de fonctionnement, mais qui sur le long terme consiste en une réelle transformation, que j'aurais envie de comparer à celle de la chenille en chrysalide, puis papillon. Tout en retrouvant notre essence, nous finissons par ne plus tout à fait être la personne que l'on était avant.
Et la partie la plus visible du changement ne se voit pas tant sur soi que sur nos relations et nos préoccupations, qui peuvent être totalement bouleversées.
Il est cependant à noter que les évolutions chez les gens sont toutes partielles et donc l’impact qu’ils ont autour d’eux est lui aussi partiel. Chaque pas en avant compte, quel que soit le niveau où on se trouve.
La situation actuelle de notre civilisation appelle à un saut d’évolution de l’humanité entière, car sans cela, c’est notre propre survie à tous qui sera en jeu.
Ce saut d’évolution, si nous parvenons à l'effectuer, sera, et de loin, le plus grand que nous ayons jamais eu à faire, bien plus grand que la maîtrise du feu, la sédentarisation, l’acquisition du langage, puis de l’écriture, l’industrialisation, et l’avènement de l’ère de l’information.
L’humain est en voie d'évoluer vers la capacité :
- au niveau individuel, de prendre la responsabilité de la gestion de ses émotions et de ses pensées. Et on peut penser en particulier à la gestion de la peur, et de la colère que souvent elle génère, qui à son tour mène à la violence sous toutes ses formes. Cette capacité l’éloignera des comportements de type instinctif, automatique ou encore réflexe et lui permettra d’agir en conscience et de développer toutes les aptitudes orientées vers autrui ;
- et, au niveau collectif, cela permettra d’apprendre à faire un usage conscient et intentionnel de l’intelligence collective à tous les niveaux de la société.
Et tant qu’il ne l’aura pas fait, il ne sera capable que d’utiliser des solutions du passé qu’il tentera d’aménager avec des technologies actuelles qui ne feront qu’emmêler encore un peu plus les nœuds desquels il tente de se dépêtrer. Et c'est ainsi que l'on répète interminablement les erreurs du passé malgré la volonté d'y remédier.
Et à l'inverse, lorsque nous deviendrons majoritaires à parvenir à activer en toutes circonstances (et donc pas uniquement lorsque tout va bien pour nous), nos capacités à la collaboration, la solidarité, la bienveillance, la générosité, l’accueil des différences, la communication saine, nous deviendrons alors capables de découvrir de tout autres alternatives. Et si nous sommes nombreux à en être capables, les avancées progresseront rapidement.
Et si nous y parvenons, le contenu de notre éducation sera modifié d’une manière qu’il nous est impossible d’imaginer actuellement.
Et si nous devenons en mesure d'offrir cela aux générations futures, elles nous regarderont avec un peu plus d’indulgence, voire de reconnaissance que si nous restons cantonnés à répéter le passé via les guerres, notre sacro-saint profit, nos injustices non désirées et pourtant généralisées, etc.
Cela n’est pas gagné d’avance, mais le seul moyen d’y arriver est de prendre cette direction et d’y croire, donc de miser sur l’optimisme, car sinon, nous pourrons être sûrs d’échouer vu l’ampleur des objectifs à atteindre.
Table des matières
PREMIÈRE PARTIE : POSER LE PROBLÈME – QUE SE CACHE-T-IL DERRIÈRE LES MOTS DE L'ARGENT ET DU PROFIT
B) RICHESSE ET PAUVRETÉ FONCTIONNENT PAR VASES COMMUNICANTS DE MANIÈRE SYSTÉMIQUE
C) L'ARGENT - LES RÔLES INDIRECTS ET DÉTOURNÉS QUI LUI SONT ATTRIBUÉS
1. Moyen de subsistance, et bien au-delà
2. La reconnaissance et son exploitation commerciale
3. L'argent n’est pas neutre – pouvoir et autres dérives
D) LE CONCEPT DE PROFIT ET LES VALEURS QUE CELA SOUS-TEND
1. Profit équitable ou profit abusif
2. L'indécence des dividendes - quelques données chiffrées
E) LES CONSÉQUENCES DU PROFIT ET DES RÔLES INDIRECTS DE L'ARGENT
1. Les conséquences matérielles de l'appât du gain
a - les dérives dans l'industrie : quand la fin justifie tous les moyens
b - Répartition inéquitable de l'argent - Les écarts de richesses
2. la classe la plus riche, de loin la plus destructrice
F) LES CONSÉQUENCES DE L’APPÂT DU GAIN SUR LES MENTALITÉS
2. L’argent corrompt et pervertit
3. La course pour grimper vers plus de richesses
4. La complaisance des consommateurs
G) LES CROYANCES IMPLICITES CONCERNANT L'ARGENT
1. L'argent doit être une ressource limitée
2. Il faut travailler pour gagner sa vie
3. Les gens riches sont plus heureux
4. La richesse se mérite, donc implicitement la pauvreté aussi
5. Il faut travailler dur pour bien gagner sa vie
7. L'augmentation du coût de la vie, l'inflation, la dévaluation de la monnaie
8. Être riche ne nuit à personne
9. En économie, ce qui est légal est moral
10. L'économie c'est une science, complexe - il faut se fier aux experts
11. Ce sont les politiques qui détiennent le pouvoir
12. La croissance est bonne pour l'économie
a - Effet logarithmique de la croissance
b - Empreinte écologique et jour du dépassement
H) LES PRINCIPAUX VÉHICULES DE LA CULTURE DU PROFIT
2. Les médias de l’information
4. Les médias du divertissement et en particulier, la télévision
B) LES ALTERNATIVES QUI RESTENT A LA MARGE
1. Nous ne sommes pas encore prêts
2. Les solutions font encore partie du problème
C) ABANDONNER NOS CROYANCES SUR LA CROISSANCE, ET BOULEVERSER LA LOGIQUE DE L'EMPLOI
D) DÉCOUPLER TRAVAIL ET ARGENT - L'ALLOCATION UNIVERSELLE
1. Moins de travail à pourvoir
2. Créer la motivation à travailler
4. Financement de l'allocation universelle
5. L'allocation universelle donnerait du pouvoir à ceux qui actuellement n'y ont aucunement accès
E) DÉCOUPLER L'ARGENT DE LA RECHERCHE DE PROFIT
1. Créer une économie qui n'est plus régie par l'argent
- Le rôle des initiatives citoyennes
2. Une seule initiative et l'effet boule de neige
3. Construction de la nouvelle tour
4. Quelques exemples de changements concrets à venir dans la société
a - La démocratie participative
e - Les entreprises démocratiques se multiplieront, voire se généraliseront
F) DIMINUTION DU RÔLE DE L'ARGENT
2. Le vrai rôle que devrait avoir l'argent
a - Réduire l'utilisation et le rôle de l'argent
b - Apprendre à échanger sans compter
c - La diminution de l'importance de l'argent dans nos vies
TROISIÈME PARTIE : LE CONTEXTE DU CHANGEMENT
B) AMENER LE VIRAGE POLITIQUE VIA LES MOUVEMENTS CITOYENS
C) BALANCE A PLATEAU : ALLER VERS L'ALTERNATIVE
D) NOS PETITS PAS INDIVIDUELS SONT CAPABLES DE GÉNÉRER DE GRANDES MARRÉES CITOYENNES
E) PROFILS DE CITOYENS : LES CONDITIONS POUR CHANGER
QUATRIÈME PARTIE : LE CHANGEMENT DU NIVEAU DE CONSCIENCE
1. Qui est en premier concerné
2. De quel changement individuel parle-t-on : tout d’abord, dans le concret
a - La responsabilité d’agir même si on est seul à le faire
b - Et si la notion de goutte d'eau dans l'océan s'avérait totalement fausse ?
c - Cesser de leur donner du pouvoir
d - Liberté - autonomie - solidarité
b - Conscience et technologies
c - Conscience et solutions nouvelles
d - Dénouer les nœuds qui sont dans nos têtes
e - Changer la couleur de nos lunettes : changer notre mode de pensée
f - Bousculer l'édifice de nos croyances
g - Saut d'évolution de l'humanité
4. Dépasser les freins au changement :
a - Sous hypnose : nos doutes, notre passivité, notre conformisme, notre lâcheté
c - La difficulté d'aller à contre courant – la soumission à l’autorité de Milgram
d - Mettre des mots sur ce qui est implicite afin d’en éviter les incohérences
e - Quitter notre mentalité va nous faire peur
f - Le choix du pessimisme sous prétexte de réalisme
A) QUAND NOS SOLUTIONS MAINTIENNENT LE PROBLÈME TOUT EN LE RENDANT MOINS VISIBLE
B) PRIVILÉGIER LES RAISONS DU CŒUR AU RAISONNEMENT CARTÉSIEN
4. Notre recours à la rationalité nous mène souvent en bateau : une atèle sur une jambe de bois
5. Une solution qui ne porte pas - toute rationnelle qu'elle puisse être - n'est pas une solution
8. Notre incapacité à gérer correctement nos découvertes et inventions scientifiques
9. De nouvelles références pour guider nos choix
a - En quoi consiste le rapport de force ?
b - Lâcher le rapport de force
c - Nous fonctionnons dans le rapport de force comme nous respirons
d - Les enjeux du rapport de force ou de son absence
e - La violence n'est jamais loin du rapport de force, la non-violence non plus
f - Comment les rapports de force imprègnent toutes nos conceptions
i La mentalité basée sur le rapport de force
ii Notre incapacité à envisager les conflits en dehors du rapport de force
iii Une société de dominants et de dominés : le rapport de force est partout
vi rapport de force et confiance en soi
vii rapport de force et libre arbitre
g - Comment les rapports de force définissent notre vie sociale et nos dépenses
ii Les sphères d’influence sociales, culturelles et commerciales
iii Rapport de force dans le cadre professionnel
iv Rapports de force et monde virtuel – école de narcissisme
vi Rapports de force, consommation, et recherche de profit sont foncièrement et intrinsèquement liés
- les comportements de compétition
- les comportements d'exigence
- les comportements de défense de nos privilèges
vii quitter le rapport de force mène à se désintéresser des richesses et de la consommation
h - Rapport de force à l'échelle collective
3. Connaissance de soi : notre part d'ombre
b - Rapport de force versus empathie - les deux facettes de l'être humain d'aujourd'hui
i Ambivalence des comportements
- l'attitude face aux inconnus
- l'attitude face à l'entourage
- Un interrupteur dans la tête et l'apprentissage de stratégies pour y remédier
iv découvrir les effets de l'interrupteur
v apprendre à gérer l'interrupteur
vi la gestion de l'interrupteur sur la durée
vii Accepter notre part d'ombre c'est accepter celle des autres
c - Le capitalisme exploite notre part d'ombre
d - La part d'ombre et le rôle des citoyens en transition
e - La part d'ombre et le rôle des crises
f - Facteurs favorisant ou non la propension à utiliser le rapport de force
h - Evolution personnelle et déni de réalité
i Fuir totalement l'actualité nous fait perdre contact avec la réalité
ii Quand utiliser la loi de l'attraction devient magique
iii Évoluer dans un monde de bisounours
4. Quitter le rapport de force - accueillir notre part d'ombre via un réel travail psychologique
a - L'étape incontournable : commencer par reconnaître notre part d’ombre
b - Part d’ombre et rapport de force
d - Les attitudes mentales à privilégier
iii Faire évoluer les demandes et propositions en traversant les échecs, en apprenant de nos erreurs
e - Se mettre dans la bonne disposition d'esprit
iv Exploiter l’émotion sans agir sous son emprise
v Une forme de connaissance de soi
vii La présence de doutes dans la confiance
viii Le respect et la bienveillance absolue
f - Quand le rapport de force s’éloigne, l’empathie et la solidarité peuvent apparaître
i - Notre part d'ombre est notre alliée
j - La différence entre la compréhension et la conscience
k - Pour prendre de la perspective
SIXIÈME PARTIE : LES FACTEURS D'INFLUENCE DU CHANGEMENT
2. Conscientiser, chercher à influencer : c'est se tromper
3. La réelle influence s'opère loin des discours
4. Notre rôle de colibri et son effet boule de neige
5. L’influence des médias de l’information
7. L’éducation et l’enseignement – y compris le rôle qu’y joue le web
9. Catalyseurs d’un autre genre
d - La contagion de l'altruisme
e - Les champs morphiques (ou morphogénétiques)
f - La transmission de toutes nos pensées et émotions
VERS UNE UTOPIE NON DÉCONNECTÉE DE LA RÉALITÉ
- Un dernier petit coup de pouce
ANNEXE Un détour par la théorie polyvagale
ICI COMMENCE LE DEUXIÈME VOLET DE CE LIVRE