SE CHANGER SOI
POUR CHANGER LE MONDE
Les propos qui suivent sont directement inspiré
du livre :
« De notre servitude involontaire »
écrit par Alain Accardo aux Editions Agone.
Cependant, il est important de préciser
qu'ils ne reflètent qu'une partie de son contenu,
(la partie idéologique ou plus psychologique,
et non la partie polico-militante)
et que l'auteur ne partage pas totalement
mon interprétation de ses écrits.
La mondialisation, menée par l'idéologie libérale,
que nous connaissons aujourd'hui, a pour conséquence d'enrichir
quelques-uns, d'appauvrir la majorité, tout en mettant à
mal la vie sur la planète, tant matériellement que spirituellement.
Seul le profit compte, et tout qui osera se démarquer de ce leitmotiv
est le plus souvent désapprouvé.
La commercialisation à tout crin, portée à un niveau
mondial, en est arrivée à déteindre sur tous nos
comportements et cela à tous les niveaux de la société.
Au point même que le travail social, l'engagement politique, l'éducation,
la culture, par exemples, finissent tous par faire appel à des
techniques de marketing, dans leurs méthodes de travail, et tout
le monde semble trouver cela "normal", ou du moins acceptable.
La crise actuelle n'a pas encore jeté de réel trouble dans
de tels raisonnements, même si l'on peut y percevoir les premières
faiblesses, forçant les mentalités à évoluer.
Les volontés politiques de changement restent encore confinées
à réformer les moyens de faire fonctionner le système,
elles ne modifient pas le système lui-même, trop imprégnées
qu'elles sont par la logique de celui-ci. Quels que soient les dirigeants
politiques, ils poursuivent tous, à peu de chose près le
même objectif : faire tourner la machine en poursuivant la même
logique pourtant caduque. Et le fonctionnement démocratique s'apparente
la plupart du temps à une mascarade qui empêche de laisser
voir les bases inadéquates sur lesquelles est fondé le système
capitaliste.
La plupart des représentants de l'élite intellectuelle ou
dirigeante de la société (sauf exceptions) : cadres, professions
libérales, personnages politiques, artistes, ...., voire parfois
certains enseignants, sont persuadés du bien fondé et de
la justesse du fait d'intégrer les principes et valeurs commerciaux
à leur travail, et s'investissent dès lors professionnellement
pour aller plus avant dans cette direction. Ils interprètent toutes
les dérives du système comme des accidents ou exceptions.
Et cet effet est d'autant plus pervers que cette aliénation s'accompagne
le plus souvent d'un esprit critique qui fait croire à une pseudo-objectivité
du regard sur la réalité. Cet état d'esprit aide
à participer activement au système, tout en croyant le combattre
ou y échapper.
Du côté de l'opposition, les critiques émises envers
la sphère politique au pouvoir, tant de droite que de gauche (les
politiciens de gauche pratiquant une politique de droite légèrement
modérée) montrent en fait l'incapacité, chez ceux
qui les expriment, de voir en eux-mêmes les travers qu'ils fustigent
chez leurs représentants, ou à l'inverse de voir la ressemblance
entre les représentants et eux-mêmes. Car faute d'être
sortis eux-mêmes des modes de fonctionnement qu'ils dénoncent,
leurs actions ne font que permettre au système de s'adapter à
une opposition qui lui est interne, sans réellement mener un changement
de fond.
Nourrir de la colère et s'opposer au système ne fait, en
effet, probablement pas partie de la solution. Et à ce titre, certaines,
voire beaucoup d'actions de lutte altermondialiste, telles qu'on les connaît,
ne sont pas forcément toujours en adéquation avec le problème
posé. On y met beaucoup de temps et d'énergie pour parvenir
finalement à peu de résultats.
La population, dans son ensemble, est conditionnée à obéir
inconsciemment aux règles du système, et à y participer,
en perpétuant sa construction, toujours plus avant, vers toujours
plus de croissance, de profits, tout en acceptant en contrepartie de bénéficier
de quelques retombées de ces profits, et en ignorant volontairement
ou non, les « dommages colatéraux » que cela
engendre, à savoir : les injustices, la misère, la destruction
de l'environnement; et cela, à l'échelle mondiale.
Nous obéissons tous, à titre individuel, à des ordres
non explicites. Ils sont pourtant bel et bien véhiculés,
mais non-dits. Et nous nous en imprégnons via l'éducation,
les médias et le système politique. Il est pratiquement
impossible d'y échapper.
Donc, d'un côté, les critiques adressées au système
sont capables de le faire évoluer tout en le consolidant, sans
le remettre véritablement en question. Et de l'autre, chaque membre
de la société adopte une attitude consentante à condition
de recevoir des compensations suffisantes sur le plan de la reconnaissance,
de la sécurité matérielle, ou encore de l'accès
à certains agréments. Et ces compensations auront l'effet
d'endormir tout sentiment rebelle. Cette adhésion concerne principalement
les classes moyennes qui composent la population majoritaire en Occident.
Elle est plus implicite que volontaire, permise par le non-dit, le conditionnement,
l'automatisme, l'habitude. Et en cela chacun participe, sans en avoir
l'intention, par obéissance aveugle, à une mécanique
dont il ne perçoit que la partie positive du fonctionnement.
Et comme nous ne sommes pas tous égaux devant l'éducation,
on peut oberver que ceux qui passent le plus de temps en milieux scolaire
et universitaire, seront le moins à même de remettre en question
ces conditionnements, au point que nombre d'entre eux se considèrent
supérieurs à ceux qui en ont été moins marqués,
sous une forme que Alain Accardo nomme : "racisme de l'intelligence".
Et quand il nous arrive de vanter les travers du libéralisme :
nous ne sommes ni tout à fait menteurs, ni tout à fait victimes
d'endoctrinement. Disons que tout ça nous arrange bien. Il s'agit
d'une forme de 'complaisance' envers le système, qui consiste à
lui obéir objectivement en se donnant subjectivement des raisons
socialement honorables de le faire, ou de ne pas s'en apercevoir, sans
qu'on puisse pour autant parler d'hypocrisie, puisque on est le premier
à vouloir croire aux bonnes raisons qu'on se donne.
C'est donc parce que chacun adhère au système dans la pratique,
sans vraiment en être conscient que celui-ci se maintient de manière
solide et durable. Ce n'est pas vraiment volontaire, mais il n'y a pas
de réelle résistance pour autant. Pour remettre en cause
le système il est donc nécessaire d'aller au-delà
d'une critique externe (à un niveau politique et économique).
En se limitant à une critique externe on risque bien plus de soutenir
ce que l'on cherche à voir disparaître.
C'est plutôt en soi qu'il faut chercher. Car le système maintient
l'humain dans des comportements adolescents, où "l'avoir"
prévaut sur "l'être" et "le faire", et
où le rapport de force et la compétition, sont les principaux
modes de relation.
Si la richesse est tant convoitée, ce n'est pas tant par cupidité
que par recherche de statut, de reconnaissance, de pouvoir ou encore de
sécurité. Et la recherche du profit, qui n'est pas une valeur
éducative avouée, demeure toutefois le moteur de la course
à la réussite, et reste un des fondements de la société
occidentale.
Il s'avère impossible de trouver des solutions valables si le problème
n'est pas posé correctement. Nous ne pourrons opérer des
changements efficaces dans la société, tant que nous prendrons
comme référence objective notre regard subjectif sur celle-ci
et sur nous-mêmes. Faute de réelles prises de conscience,
nous persisterons à changer les apparences tout en persévérant
à soutenir le fond.
Pour poser correctement le problème et y trouver de réelles
solutions, nous devons développer nos capacités à
nous libérer des lunettes qui nous aveuglent, face à la
réalité.
Et la difficulté de nous en libérer vient du fait que nous
avons intériorisé, intégré, assimilé
la logique du système, au point qu'elle fait partie de nous-mêmes.
Notre mode de fonctionnement individuel, notre mode de pensée,
sont en parfaite adéquation avec cette logique, ce qui nous rend
invisible le fond même du problème. Et même quand nous
dénonçons les normes de fonctionnement du système
à un niveau global, nous continuons, à un niveau individuel,
à les garder comme références. Notre structure psychique
se construit à partir de ces normes. Il est donc impossible de
changer les normes à l'extérieur de nous, tant qu'elles
restent intégrées à l'intérieur de nous. Car
c'est cette intégration qui permet une adhésion subjective
(donc inconsciente) au système, sous forme de comportements automatiques,
d'inclinations spontanées, de valeurs personnelles apprises. De
la sorte, nous parviendrons toujours à justifier cette logique
par des arguments biens fournis, issus eux-même de notre identification
au mode de pensée dominant.
Tant qu'on ne discerne pas cette complaisance dont nous faisons preuve,
tant que nous ne découvrons pas les concessions que nous avons
faites à notre propre intégrité pour garder les satisfactions
que nous offrent le système; nous ne pourrons pas nous donner les
moyens de retourner aux valeurs liées à la conscience, au
coeur et à la rationalité, en remplacement des pseudo-valeurs
basées sur le principe de plaisir.
Il s'agit de faire renaître l'humain en nous. Car derrière
la liberté de "faire ce qui nous plaît", se cache
un emprisonnement de la pensée, de la conscience, et de toutes
nos valeurs morales : ce qui rend presque infaillible notre obéissance
au système.
Les changements dans la société ne pourront se passer de
changements dans les moeurs. Et ces changements-là ne peuvent s'opérer
au départ, qu'à un niveau individuel et ne pourront être
imposés de l'extérieur. Ces changements ne seront pas de
l'ordre de l'ascèse, mais d'un arrêt de notre complaisance
envers le système.
Si l'on veut changer le système, changer le monde, on ne pourra
pas faire l'épargne de se changer soi-même.
Si l'on comprend que le système nous manipule, et donc que le succès
de son action sur nous est lié à son mode de fonctionnement
sournois (dont nous n'avons pas conscience), il apparaît alors que
pour s'en libérer, il faudra mettre en lumière chacun de
ses effets sur nous. Car une manipulation devenue visible n'opère
plus. Cela ne se fera pas sans effort, mais le jeu en vaut la chandelle.
Il s'agit d'un travail volontaire au quotidien, sans cela toute lutte
politique, toute recherche de changement à un niveau global, ne
pourra aboutir.
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Nouveau : Novembre 2023
LE LIVRE : Quand cesse la culture du PROFIT
RESPONSABILITE CITOYENNE
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