Quand cesse la culture du profit

 

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F) DIMINUTION DU RÔLE DE L'ARGENT

1. Evolution des mentalités

 

Tout comme découpler l'argent du travail et de la recherche de profit, si nous devenions tous capables de redonner à l'argent son rôle essentiel, en lui retirant tous les rôles qui pervertissent son utilisation, cela entraînerait de facto une transformation des systèmes : économique, fiscal, financier, et du travail.

Il s'agit d'aller un pas plus loin dans l'utopie en quittant le déni face à nos conceptions actuelles concernant l'argent, en dépassant nos croyances sur l'impossibilité matérielle apparente que cela représente, et en changeant nos conditionnements et nos lois pour y arriver.

Nous avons trop tendance à croire que certains aspects de la société sont invariables, que l'humain est imparfait, que cela a toujours été comme ça. Et dès lors, se poser des questions n'est pas nécessaire, tenter de modifier nos habitudes est vain. Business as usual.

Faisons un détour à nouveau du côté de la domination masculine. L'immobilisme dans les mentalités concernant notre système de société, est parallèle à celui concernant les injustices faites aux femmes. Les dérives qui mènent les hommes à poser des actes injustes envers les femmes, seraient comme inscrites dans l’ADN des hommes. En ce sens que la croyance la plus répandue est que cela est inéluctable, et que cela ne dépendrait pas de la volonté. Ne dit-on pas, par exemple, que la prostitution est le plus vieux métier du monde ? Pourtant penser ainsi devrait signifier que l'esclavage, la peine de mort, la colonisation, et dans la foulée, le viol, l'inceste, la pédophilie, la guerre, les camps de concentration, les génocides, ... sont eux aussi inéluctables.

Ce déni de la possibilité d'évoluer a pour conséquence que, même si explicitement ces injustices sont moralement condamnées, implicitement elles sont acceptées. Et même si des attitudes comme la galanterie, la politesse, une bienveillance affichée, tentent de faire croire à une reconnaissance ou un respect des femmes ; la réalité concrète est encore bien trop souvent teintée de sous-entendus, d'humour, d'absence d'égards, de condescendance et d'injustices qui démontrent le mépris, l’abus, l’ostracisme, l’incompréhension, l’autoritarisme, ou le paternalisme. La vidéo suivante, « I've lived as a man & a woman -- here's what I learned » (en anglais – 15 minutes 30’’) est très éclairante à ce sujet. Elle ne prouve rien, mais le témoignage de la conférencière, Paula Stone Williams, donne sérieusement à réfléchir :

[voir Ref 3 : https://www.youtube.com/watch?v=lrYx7HaUlMY].

Et si cela vous a titillé, n’hésitez pas à regarder cette autre vidéo « What I realized about men -- after I transitioned genders » (13 minutes 20’’ - en anglais). Elle va encore bien plus loin au niveau des explications et des exemples dans cette conférence-ci : [voir Ref 3 https://www.youtube.com/watch?v=edLQdf4o0cg].

Paula Stone Williams, résume bien le propos en s’adressant aux hommes pour leur dire, à propos de leurs privilèges et de la difficultés des femmes à prendre leur place :

« Vous avez démarré plus proche de la ligne d’arrivée que n’importe qui d’autre. »

Or, faire glisser les points de vue, opérer des déclics, rendre l'implicite explicite, expérimenter de nouveaux comportements, pourrait complètement bouleverser nos mentalités. Car ces comportements injustes n’ont rien à voir, ou presque, avec le patrimoine génétique des hommes. Et les abandonner est dans l’intérêt de tous, y compris de ceux qui, de leur perspective, ne perçoivent aucun avantage à les abandonner.

L’affaire Weinstein a été un déclencheur qui permet de plus en plus aux femmes de dénoncer tous ces aspects négatifs qu'elles subissent. Et une fois dénoncés, et reconnus par la plupart des femmes, et par une partie des hommes, il devient alors de plus en plus difficile pour ceux qui les manifestent encore, de poursuivre dans cette direction.

Je pense qu’il peut en être de même pour l’argent. On commence à dénoncer l’incohérence totale du fait que 8 personnes (en 2019) détiennent à elles seules la même richesse que celle dont doit se contenter la moitié la plus pauvre de l’humanité. Mais on continue à s’extasier malgré tout devant le podium en question qui, pour les deux premiers, se sont encore enrichis en 2019, en l’espace de quelques mois, de plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Plus les incohérences implicites liées à l’argent seront exprimées explicitement et à grande échelle ; plus il deviendra difficile de concevoir comme juste de s’enrichir tout simplement. Cela touchera en premier les gens les plus riches, les élites dans notre société. Mais cela finira par toucher également les classes moyennes qui participent elles aussi en douce au monde de la finance, en étant porteur de porte-feuilles d’actions en bourse qui font gonfler leur patrimoine au détriment de tous ceux qui ne possèdent rien ou quasi.

L'idée n'est pas de déclarer quels sont les domaines économiques à détricoter, ni la manière d'y arriver, mais bien plus d'exprimer une direction qui, si elle est choisie, lorsqu'elle sera choisie, amènera naturellement de nouveaux degrés de compréhension qui induiront des glissements dans les mentalités, des modifications dans les attitudes, l'adoption de nouveaux comportements, qui porteront sur la totalité de notre fonctionnement économique. Encore une fois, les avancées ne proviendront pas tant des autorités, des lois, des accords internationaux, mais bien plus de la manière dont chaque individu évoluera dans l'utilisation de son porte-monnaie, de ses possessions, et surtout par rapport au rôle de chacun dans la collectivité.

2. Le vrai rôle que devrait avoir l'argent

 

L’argent va devoir revenir à son rôle de base tout simplement : servir à échanger des pommes contre des poires, des choses que l’on ne peut additionner entre elles. A la base, ce n’est pas plus compliqué que cela. Il doit servir d’intermédiaire ; tant dans le sens de donner une valeur commune à deux choses qui ne s’additionnent pas entre elles, qu’à élargir la palette d’échanges possibles au-delà de la notion du troc ; de manière à ce que les biens et services puissent être répartis en fonction des besoins. Dans ce contexte il ne peut être un but en soi, il devrait rester un simple moyen d'échange, et perdre toutes les valeurs qu'on lui annexe actuellement : profit, reconnaissance, statut, privilège, survie.

Si l'on comprend cela, que l'on accède en parallèle au stade de l'allocation universelle, et que l'on parvient à découpler l'argent du travail ; les aspects comptables et financiers vont pouvoir se réduire fortement, voire quitter la majorité des sphères de la société.

Je ne dis pas pour autant que cela sera facile. Mais j'ai confiance que ceux qui auront changé leur perspective, trouveront nettement plus facilement les moyens de mettre cela en application. Et que ce ne seront pas les économistes, les banquiers, les scientifiques, les politiciens qui mèneront cela, mais de nombreux citoyens qui créeront de nouvelles initiatives hors du contexte économique, et favoriseront ainsi un glissement naturel vers un nouveau mode de vie nettement plus indépendant du monde économique.

a - Réduire l'utilisation et le rôle de l'argent

 

Réduire l’utilisation de l’argent n'implique pas un vœu de pauvreté, mais un retour à plus de simplicité, d'humilité, de sobriété ; où nous devenons capables de répondre à nos besoins sans être assujettis à nos pulsions et addictions, et en permettant de ce fait aux autres de faire de même, tous les autres.

Or, il est possible d'apprendre à réduire l'utilisation de l'argent. Il est possible de sortir des cadres financiers, et d'apprendre à partager une grande partie de ce qui, jusqu'à présent est monnayable.

Cela implique de réintroduire et même généraliser les notions de gratuité, d'échange, de don, de partage, de recyclage, de réparation et récupération ou rénovation, ainsi que d'entraide, de collaboration, de coopération, de générosité, de service désintéressé, etc. Cela implique dès lors aussi, de diminuer nos activités d'achats, de ventes, de recherche de profit, ou d'épargne pour soi, d'éloigner les actions de consommer, jeter, accumuler, thésauriser, collectionner, etc. La culture des avalanches de cadeaux et de festivités coûteuses, sera elle aussi questionnée. Il y a d'autres moyens de célébrer un événement et de faire honneur à notre entourage.

De nombreuses familles vivent déjà selon ces critères, et cela essaime de plus en plus rapidement, vu que les médias commencent à relayer régulièrement les nouvelles initiatives dans ces domaines.

Les biens matériels qui ne servent pas à notre survie et à notre confort de base, ne devraient jamais rester entre nos mains et devraient circuler. A l’inverse, les biens non matériels : intellectuels, spirituels, et affectifs, sont alors appelés à croître.

Nous sommes à l'ère de l'informatique ; ce qui permet la quasi gratuité dans l'échange de savoirs, et dans de nombreux domaines d'échanges culturels. L'abondance matérielle dans laquelle vivent la plupart des populations dans les pays occidentaux, devrait s'accompagner d'une conscience entraînant un apprentissage de la mesure et de la sobriété, en parallèle à un développement des échanges non commerciaux.

Une excellente ressource d'information pour faire cet apprentissage est l'initiative de Julien Vidal - déjà citée - via son site [voir Ref 34  : https://cacommenceparmoi.org/] et les deux livres qu'il a publiés.

b - Apprendre à échanger sans compter

 

Quand on sort de la logique du tout monnayable, il devient aussi possible d'apprendre à donner et recevoir sans compter. On sort des registres de comptabilité, de concurrence, de compétitivité, de comparaison, de rivalité, de rapport de force, d'évaluation, de jugement permanent.

Un bien est partagé avec autrui ou donné à autrui, tout simplement parce qu'il est disponible et qu'autrui en a besoin. Un service est rendu à autrui ou à la collectivité, tout simplement car il est nécessaire et que celui qui le propose, a la compétence, la disponibilité de le donner, et qu'il estime juste et sensé de le faire, et que cela apporte quelque chose de positif dans sa vie, non pas matériellement, mais psychologiquement ou spirituellement.

Dans ce contexte, il devient possible que certains donnent plus et que d’autres reçoivent plus, tout simplement parce qu'ils sont en situation de le faire. Il n'y a rien à évaluer, mesurer, comparer. Il n'y a pas de comptes à rendre. Et fonctionner de la sorte peut éviter pas mal de conflits et de méfiance.

Ce seront dès lors bien plus nos circonstances, nos compétences et nos besoins qui définiront ce que l'on donne et ce que l'on reçoit.

Il ne s’agit de rien d’autre que la généralisation de ce que une partie de la population pratique déjà.

c - La diminution de l'importance de l'argent dans nos vies

 

Et il est probable que nous parviendrons à nous passer de plus en plus de l'argent dans les domaines qui ne concernent pas la survie.

L'enseignement, la culture, les soins de santé, la mobilité, déjà largement subsidiés, pourraient aller vers une totale gratuité. Il se peut que cela concerne également l'accès à l'eau et plus tard sans doute l'accès à l'énergie, voire au logement.

Cela pourra aller vite dans certains domaines (l'enseignement est déjà par exemple, en grande partie gratuit ou subsidié). Pour la mobilité, l’instauration de la gratuité des transports en commun au Luxembourg dès 2020, sur tout le territoire, est une première, et un exemple qui va très certainement être recopié dans d'autres pays, et pourrait se généraliser plus rapidement qu'on ne l'imagine. L'énergie, par contre, tant qu'elle n'est pas à 100% renouvelable, pourrait difficilement être déclarée gratuite.

Imaginez que l’art, l’enseignement, et la culture dans son ensemble, ne dépendent plus d’échanges commerciaux, et deviennent accessibles librement et totalement gratuitement à tous. Et que les droits d'auteur ne servent plus qu'à protéger l’œuvre et l'artiste, indépendamment de son patrimoine financier. Imaginez le saut d’évolution que cela pourrait provoquer. Internet peut déjà nous en donner un aperçu grâce aux plateformes déjà existantes (comme par exemple : Wikipedia, ou l’enseignement universitaire gratuit à distance via les MOOC). Imaginez une culture exempte d’argent, de publicité, de compétitivité entre les artistes. Imaginez que chacun puisse devenir artiste et que le succès de son art ne dépende plus de ceux qui investissent de l’argent pour le vendre ou le diffuser, mais bien de son talent, de son plaisir à pratiquer sa discipline et de la reconnaissance possible qu’il peut en espérer. Imaginez qu’il ne faille plus payer pour suivre un cours, aller à l’université, se procurer tous les livres possibles et imaginables (via version digitale), apprendre à exercer sa passion. Cela donnerait à une majorité de la population l’occasion de faire un saut de géant dans leur éducation, leur niveau culturel, leur niveau d’épanouissement, et surtout le niveau de ce qu’ils pourraient rendre à la société par ce saut d’évolution personnel. Et cela ne pourrait que profiter à l’ensemble de la société.

TROISIÈME PARTIE : LE CONTEXTE DU CHANGEMENT

 

Métamorphoser la société est l'affaire de tous et cela doit se conjuguer à tous les niveaux, tant individuel que local que global. Cependant, et je vais l'expliquer sous de nombreux aspects ; il est nécessaire que cela parte du niveau individuel.

En regardant le contexte dans lequel le changement peut intervenir, on peut mieux s'en rendre compte. Et pour mieux le comprendre, partons du contexte global. Les inégalités de richesses dépendent en apparence des lois, de l'économie, de la finance, mais en réalité, elles dépendent de nos comportements à chacun. Car l'inertie du monde du pouvoir et l'absence de volonté des plus riches à partager leurs richesses n'augurent aucun changement dans un futur proche, et risquent bien au contraire de laisser encore empirer la situation. C'est notre participation à chacun qu'il va falloir questionner.

A) AU NIVEAU POLITIQUE

 

Dans la plupart des systèmes démocratiques actuels, on observe une énorme tendance à l'inertie des détenteurs de pouvoirs politiques et économiques, non seulement face aux demandes d'une part de plus en plus importante de la population, mais également face au besoin d'orienter radicalement différemment le sens des décisions. Cela apparaît de manière plus évidente encore dans le cadre du réchauffement climatique et aussi au niveau de toutes les dérives économiques et financières. Et la pandémie du coronavirus a mis en lumière à quel point il est possible de bouleverser toutes les règles en à peine 24 heures dans les pays les plus atteints. C'est donc bien la volonté qui a manqué jusqu'à présent.

On est actuellement aussi en train d'arriver à des impasses pour former des gouvernements démocratiques dans les situations où la multitude de partis qui ne parviennent pas à s'entendre sur un programme commun, ne parviennent pas non plus à créer une majorité, et c'est tout l'exercice politique qui est mis en veilleuse pendant des mois interminables, avec une impuissance de plus en plus manifeste des représentants politiques.

Cette situation se présente dans de plus en plus de pays, et les rend de ce fait presque ingouvernables. Car, quand bien même on arrive à créer une coalition pour former un gouvernement, les tendances politiques sont tellement éloignées les unes des autres que cela paralyse en grande partie le travail du gouvernement.

Cette inertie et cette paralysie de la gouvernance sont dues, tout d’abord au fonctionnement de la particratie qui consiste à opposer les partis les uns aux autres, et à utiliser comme règle de base, le rapport de force, pour imposer ses vues à autrui. Le système consiste donc en un pouvoir réparti entre majorité et opposition, et à inverser les rôles régulièrement lors des élections, ou à alterner les coalitions, et fonctionner finalement en continu avec le pied sur la pédale de frein.

Une solution pour diminuer le rôle de la particratie pourrait par exemple consister à obliger chaque candidat à l'élection, à être membre de deux partis à la fois, et à être fidèle aux injonctions de l'un ou l'autre de ces partis, au choix, selon le domaine concerné. Cela rendrait nettement plus difficile aux partis de se tirer dans les pattes.

Ensuite, une grande partie des élus manquent cruellement de volonté pour avancer dans les dossiers qui appellent à abandonner certaines pratiques obsolètes pour en adopter de nouvelles plus justes et durables, du fait qu’ils sont eux-mêmes directement bénéficiaires des avantages de ce système et font partie des plus privilégiés (tant au niveau de leur pouvoir qu’à celui de leurs richesses matérielles), et du fait qu’ils exercent une politique de croissance et de recherche de profit qui est par essence en opposition avec la nécessité de réduire l’impact écologique de l'humain sur l'environnement et d'éviter l’effondrement du système économique.

Et pour les autres, la difficulté à évoluer dans leurs pratiques, est liée au fait que, même s’ils conçoivent très bien que les problématiques auxquelles nous sommes confrontés sont très graves ; ils sont eux-mêmes encore imprégnés des valeurs et conditionnements du système actuel et dès lors, toute modification qu'ils tentent d'y intégrer ne mène qu'à rester dans ce système car ils sont dans la totale incapacité de concevoir les véritables portes de sortie.

Et parmi les quelques rares (bien que de plus en plus nombreux) qui seraient à même d’amener les bonnes alternatives ; ils restent le plus souvent encore trop minoritaires, mais aussi ils se heurtent surtout à la présence des lobbies industriels et de la finance qui dictent leurs lois, mais aussi à la lenteur extrême des processus institutionnels, à la présence grandissante d'élus populistes, nationalistes ou d'extrême droite, ou encore à un arsenal législatif toujours plus complexe, voire même confrontés à l'incompétence, la corruption ou la malhonnêteté de certains à tous les niveaux. Et au bout du compte, il est rare qu’ils puissent parvenir à leurs fins, actuellement du moins.

Ce n'est donc pas de "l'arène" politique que l'on peut s'attendre à voir venir beaucoup de progrès. En tout cas, dans les conditions actuelles de l'exercice du pouvoir dans les démocraties occidentales.

Les crises, on le verra plus loin, peuvent faire changer très rapidement les décisions politiques.

Gabriela Bucher, directrice générale d'Oxfam International, dans l’article « Le coût de la négligence : 500 000 personnes au bord de la famine en Afrique de l’Est » exprime ceci :

« Des gens meurent de faim non pas parce que le monde manque de nourriture ou d'argent, mais à cause d'un manque déplorable de volonté politique. Les pays riches ont réussi, à juste titre, à collecter plus de 16 milliards de dollars en un mois pour faire face à la terrible crise que traverse l'Ukraine. Ils ont injecté plus de 16.000 milliards de dollars dans leurs économies à la suite de la pandémie pour soutenir leurs citoyens dans le besoin. Les gouvernements sont donc capables de mobiliser des moyens considérables pour éviter des souffrances à la population, mais seulement quand cela leur convient »

[Source : https://www.oxfam.org/fr/le-cout-de-la-negligence-500-000-personnes-au-bord-de-la-famine-en-afrique-de-lest]

Cependant, les crises ne mènent pas toujours vers les meilleures décisions.

C'est par exemple le cas pour rôle que jouent les pays occidentaux par rapport à la crise en Ukraine. Car si les pays de l'Union Européenne libèrent des budgets pour envoyer de l’aide à la population en Ukraine ou pour aider localement les réfugiés ukrainiens, ou encore pour soulager les plus défavorisés, victimes indirectes via la crise de l’énergie et l’inflation qui en découlent ; ils ignorent presque totalement les autres conséquences de la guerre en Ukraine en dehors de l'Europe. Or l’aide vers des pays tiers, et on peut penser en particuliers aux populations de la corne de l’Afrique, cette aide est pratiquement inexistante. Cela reste donc, d’une certaine manière, le chacun pour soi ; la solidarité internationale de type humanitaire étant au plus bas.

Et d’autre part, cette guerre provoque aussi la libération de budgets colossaux par les dirigeants des pays occidentaux, principalement les pays de l'OTAN, et du G7, pour envoyer des armes en Ukraine ; ce qui ne peut avoir pour conséquences que de générer plus de morts (centaines de milliers concernant les soldats et la population locale), de blessés, de déplacés, de traumatismes, de deuils, de destructions, et de prolonger le calvaire de toute une population, mais également la famine et des pénuries dans d'autres pays plus éloignés (centaines de millions de personnes menacées concernant les famines), et l'instabilité au niveau mondial. Et c'est sans compter le danger nucléaire tant par la menace par arme nucléaire que par la possibilité d'une catastrophe sur une centrale nucléaire.

Concernant les budgets dédiés aux armes envoyées par toutes sortes de pays à l'Ukraine, les médias sont restés longtemps muets à ce sujet.

Les chiffres, une fois encore illustrent mieux que les paroles, ce genre d’incohérences. En octobre 2022, la RTBF en a fait le bilan dans l’article « Guerre en Ukraine : aide humanitaire et militaire, qui donne quoi ? », de Miguel Allo avec Ambroise Carton :

« Depuis le 24 janvier 2022 jusqu’au 3 octobre dernier, tout pays confondu, la totalité de l’aide promise (humanitaire, militaire et financière) à l’Ukraine, dépasse les 105 milliards d’euros. Si l’on ne prend que les dépenses militaires, le montant dépasse les 41 milliards d’euros. Notons qu’il s’agit ici d’engagements des différents donateurs. »

[Source : https://www.rtbf.be/article/guerre-en-ukraine-aide-humanitaire-et-militaire-qui-donne-quoi-11085239]

Pour comparaison, en avril 2022, l'ONU a obtenu 1,39 milliards de dollars de donations pour aider la Corne de l’Afrique à lutter contre la famine qui menaçait déjà alors au moins 20 millions de personnes. [Source : https://www.rtbf.be/article/onu-139-milliard-de-dollars-pour-aider-la-corne-de-lafrique-a-lutter-contre-la-famine-10982062].

41 milliards pour des armes qui vont provoquer directement des dizaines de milliers de morts et toutes les autres conséquences que l'on imagine ; mais qui vont indirectement déstabiliser le commerce mondial et aggraver largement les famines dans la corne de l'Afrique, pour laquelle seulement 1,39 milliards ont pu être rassemblés et où l'on sait que des millions de morts auront lieu. Cherchez l'erreur !

Déjà en 2021 Oxfam dénonçait dans l’article « Le nombre de personnes souffrant de la famine multiplié par six depuis le début de la pandémie » :

« Malgré la pandémie, les dépenses militaires mondiales ont augmenté de 51 milliards de dollars, ce qui correspond à six fois et demie ce dont les Nations unies ont besoin pour mettre fin à la famine. »

[Source : https://www.oxfam.org/fr/communiques-presse/le-nombre-de-personnes-souffrant-de-la-famine-multiplie-par-six-depuis-le-debut]

Une citation dont j’ignore l’origine exprime tellement bien la logique qu’il nous faut quitter par rapport à ces politiques bellicistes et délétères :

« On ne lave pas le sang avec du sang. »

Car en continuant ainsi : œil pour œil, dent pour dent, bombe pour bombe, nous ne faisons que produire des dizaines de millions de morts et autres victimes, et nous persévérons à mettre en place les stratégies qui mèneront l'humanité à sa perte.

Les prises de décisions politiques sont donc loin d’être à la hauteur des défis actuels, tant par leur nombre que par leur taille.

B) AMENER LE VIRAGE POLITIQUE VIA LES MOUVEMENTS CITOYENS

 

« Le leurre, c’est de penser que la politique, c’est ce que font les politiciens. On sait qu’ils sont soumis aux intérêts économiques. Il faut agir ailleurs, trouver une entrée différente. »

tiré de l’article du journal Le Temps « Martín Caparrós à la rencontre des forçats de la faim » de Isabelle Rüf, (2015), citant Martin Caparrós [Source : https://www.letemps.ch/culture/martin-caparros-rencontre-forcats-faim]

Et jusqu'à présent, face à l'inertie au niveau politique ou économique, une part trop importante des mouvements citoyens continue à s’orienter vers des actions d’opposition : manifester, lancer des pétitions, faire la grève, boycotter. Or, dans de trop nombreux cas, le rapport de force est tellement inégal, que toutes les actions de résistances consistent plus à faire du bruit ou faire du vent qu’à réellement avoir une efficacité. Il arrive même que des millions de gens manifestent ou signent des pétitions, sans que cela n’impacte les décisions contre lesquelles ils tentent de se faire entendre.

Et donc, non seulement cela est trop souvent inefficace, mais dans certains cas cela peut même renforcer les politiques pratiquées contre lesquelles ces mouvements s’opposent, ainsi que le sentiment d'impuissance de la population. Car, lorsque le rapport de force est inégal, s’opposer consiste à renforcer le pouvoir du plus fort et maintenir impuissant le plus faible. Résister à ce qui se passe consiste à le faire persister.

Et face à l'absence de résultats, le risque est de faire appel à de plus en plus de violence. On le voit avec le mouvement des gilets jaunes, et cela ne va pas tarder avec les mobilisations pour lutter contre le réchauffement climatique.

Les manifestations, les pétitions, les actions de désobéissance civile, vont donc aider vers des progrès extrêmement lents, excepté si le pouvoir du peuple qui s’exprime devait s’avérer très important (ce qui n’est actuellement pas encore le cas) et que les « gens de pouvoir » soient alors forcés (donc dans un registre de rapport de force) de revoir leur copie, afin de ne pas perdre la face. Et les succès obtenus pourraient s’avérer n’être que provisoires si les élus ou dirigeants en question sont remplacés. On peut citer l'exemple des États-Unis et du Brésil, où ces dernières années, toutes les avancées qui avaient été implémentées les années qui ont précédé, ont une à une été déboulonnées suite à l'arrivée d'autres personnes au pouvoir.

Et quand bien même, la force d’opposition dans la population devrait finir par se révéler suffisante pour faire plier les décisions politiques ; cela inverserait le rapport de force, mais le maintiendrait. Or, c’est la présence-même du rapport de force qui est justement une des sources des inégalités si criantes et de la lenteur de tous les processus décisionnels. Que l'on inverse les tendances, apporte rarement de grands bouleversements aux politiques menées. Il subsistera un rapport de force qui continuera à pourrir et/ou paralyser ceux qui détiendront le pouvoir quels que soient leurs bonnes intentions à l’origine. L’histoire est jalonnée de ces situations.

Et tant que persiste ce rapport de force, il sera toujours menacé d’être renversé en permettant ainsi de revenir à la situation antérieure.

De plus, l’omniprésence d’un rapport de force exige énormément d’énergie, de temps et d’argent pour être maintenu. Garder le pouvoir est déjà en soi un obstacle considérable pour avancer dans les démocraties telles que nous les connaissons. Dès l'élection terminée, et les gouvernements formés, les élus mobilisent déjà une énergie considérable à préparer le terrain des prochaines élections. Non pas dans une campagne directe. Mais chacun de leurs choix, chacun de leurs commentaires publics sont teintés par leurs intentions à être réélus à la prochaine échéance.

De la même manière les projets à très longue portée sont rarement entrepris, car d'une élection à l'autre ils peuvent tout simplement être annulés ou placés dans un tiroir si l'opposition devait revenir au pouvoir.

Et c'est sans compter que les rapports de domination et de soumission sont bien souvent les facettes d’une même pièce. Retirer le pouvoir de ceux qui en abusent et en donner à ceux que l’on avait soumis risque dès lors de ne pas résoudre le problème. Juste cela inverse les rôles tout en gardant les mêmes règles du jeu. Et cela vaut également entre partis, lorsque l’opposition arrive au pouvoir, il est rare de voir se modifier en profondeur la gouvernance. Car ceux qui arrivent au pouvoir, finissent trop souvent par agir dans les mêmes registres que ceux qu’ils ont combattus et qu’ils remplacent. C’est la sempiternelle répétition de l’alternance en politique.

Pourtant le changement est possible, mais il dépend bien moins de la couleur des élus que des choix et actions et initiatives de chaque citoyen.

Plus le niveau de conscience évolue dans une société, plus cela se reflète au niveau du pouvoir politique. Ce n’est pas l’inverse. Et ce n’est pas tant les élections qui définiront cette évolution via le choix des élus, que le fait que les élus, de quelque bord qu’ils soient (excepté certains partis réactionnaires) sont véritablement portés par la masse. Et quand la masse se mobilise comme un seul individu dans une direction, la gouvernance se dirige ni plus ni moins dans la même direction. Il ne s'agit plus alors d'un rapport de force mais d'une forme d'intelligence collective où tout le monde se dirige dans la même direction.

Les élus deviennent alors réellement, automatiquement, les porte-paroles des citoyens et les gestionnaires du système ; sans plus désirer détourner leur pouvoir pour leur propre intérêt ou tourner en rond pour faire comme on a toujours fait. Cette évolution est intrinsèque à l’évolution des mentalités dans la population. Les élus - en dehors des situations de dictature où le rapport de force est extrême - s’adaptent à la volonté des citoyens, si celle-ci s'exprime dans les actes. Ainsi, plus les citoyens évoluent, plus les élus sont portés par ces citoyens et évoluent dans le même sens, plus ou moins rapidement selon le parti au pouvoir, mais malgré tout inéluctablement.

Il est à noter que les partis de gauche malgré qu'ils défendent des causes plus humaines ou plus humanistes que celles liées au marché et au profit ; ces partis fonctionnent malgré tout aussi dans le rapport de force. C’est la raison pour laquelle quand de telles politiques sont amenées au pouvoir, elles peinent à créer la solidarité et la coopération dans la population, alors que c'est ce qu'elles défendent. Elles doivent alors se contenter de créer des lois pour protéger les plus faibles plutôt que de favoriser les mentalités qui feraient que chacun deviendrait pourvoyeur d’aide et de soutien pour ses voisins, son entourage, sa communauté. Les partis de droite considèrent d’ailleurs qu’avec les politiques de gauche on crée de l’assistanat.

Et donc, quand des politiques de gauche sont menées, quand des syndicats ont beaucoup de pouvoir, on obtient que l’état soit pourvoyeur d’aide (en argent et institutions) pour les malades, les chômeurs, les migrants, les retraités, …

D’une certaine manière, plus la politique va à gauche, plus il y aura d’indemnité, de pensions, d’allocations (chômage, familiales), d’assurances, de pécules de vacances, ainsi que la gratuité de certains services ; et plus leurs montants seront élevés, et plus les conditions pour en bénéficier seront avantageuses.

De la sorte les acteurs politiques de gauche s'ils permettent d'un côté de faire diminuer la pauvreté et la souffrance ; d'un autre côté, ne permettent pas vraiment de stimuler la solidarité. Ils créent en effet des droits qui font que tous le monde est amené à contribuer financièrement (via les impôts) à aider les plus défavorisés. Mais les aides octroyées, s’avèrent être finalement bien plus financières, administratives, matérielles, que humaines.

Cela pourrait mener par exemple, à donner le droit à une personne âgée dont les revenus sont très faibles, à pouvoir être accueillie dans une maison de retraite, mais à y être finalement maltraitée par la négligence, l’incompétence, l’indifférence, voire la mauvaise foi de certains membres du personnel qui y travaillent. (Il s'agit bien d'un exemple possible, pas d'une généralité.)

Cela illustre en quelque sorte, que tenter de mettre de l’humanisme dans un système où le rapport de force et le capitalisme restent les valeurs de référence, est pratiquement impossible. Tant qu’on ne creuse pas suffisamment profond, tant qu’on ne pèle pas l’oignon jusqu’au nœud du rapport de force, on résout superficiellement les problèmes, et de la sorte, on les réforme, mais on ne les fait pas disparaître.

C) BALANCE A PLATEAU : ALLER VERS L'ALTERNATIVE

 

Un véritable changement de société ne peut donc advenir par la lutte contre le pouvoir et les dérives de l'argent, mais bien en réhabilitant des modes de fonctionnement sains qui peuvent se développer sans leur utilisation, et sans attendre que les pouvoirs publics en prennent l’initiative.

Cela fonctionne comme une balance à plateaux. Dans une balance à plateaux, quand on retire le poids que l'on mettait sur le premier plateau de la balance - le plateau problématique - pour le mettre de l'autre côté de la balance - le plateau de la solution - on a un double effet de rééquilibrage. Plus on met du poids du côté de l'alternative constructive, plus le système destructeur perd de poids et finit par laisser toute la place à la nouveauté. Dans ce cadre, les forces en jeu sont de nature différente et dès lors ne s'opposent pas, en ce sens qu'il ne s'agit plus de se mobiliser pour combattre, s'opposer, détruire, fuir, se soumettre au pouvoir destructeur, mais de s'y soustraire, en exerçant notre propre pouvoir – celui-ci n’ayant quasi plus rien à voir avec ce que l'on quitte. Il s'agit de quitter le jeu en quelque sorte.

Cela ne veut pas dire que ce qui est nuisible va disparaître. Cela veut dire que plus on investira dans des nouveaux moyens participatifs et positifs, moins il sera nécessaire d'utiliser des moyens de rébellion, de pression et de coercition, voire de punition, donc de rapport de force. Car dans ce dernier, c'est le plus fort qui maintient l'autre sous sa coupe, et s'il ne maintient pas sa force, il perd son autorité. Alors que dans le système de balance - qui fait le jeu de la démocratie - le fait d'investir un plateau crée un effet d'entraînement, sans obliger personne à quitter l'autre plateau. Mais il est indispensable pour cela de comprendre à quel point il est important que le changement global soit le résultat, avant tout, et principalement, des changements individuels.

En effet, il est vain de tenter d’atteindre des objectifs durables et harmonieux à grande échelle avec des personnes qui individuellement n’ont fait aucun chemin dans ce sens. Car tenter de faire des compromis, d’aller vers le consensus, vers la démocratie, en gardant le risque perpétuel de retomber dans nos comportements instinctifs basés sur le rapport de force, cela consiste à mettre en place un système - ou perpétuer celui qui existe - qui, tôt ou tard, va permettre un retour inattendu de tous les abus et violences générés par les rapports de force au sens large du concept. L’actualité regorge de ces situations.

Il est essentiel de comprendre que le changement global sera beaucoup plus difficile et lent (voire impossible) à atteindre sans un changement individuel préalable. Cela ne concerne probablement pas tout le monde. Mais il faut qu'une part suffisamment importante de la population s'engage dans ce sens. Et personnellement, je ne connais pas la proportion que doit représenter cette part. Sans doute que, plus nombreux seront ceux qui travaillent à évoluer, plus rapide sera la transition vers une société plus juste et durable. Et dans ce sens, chaque personne qui a conscience qu'elle a un rôle à jouer dans ce processus et qui se trouve dans les bonnes conditions pour le faire, pourra juger de l'importance de faire le pas et de persévérer sur ce chemin.

Et tant qu'une proportion suffisante de personnes ne l'aura pas compris, nous resterons dans l'impasse, incapables de progresser, en continuant à éduquer nos enfants dans des modes de fonctionnement qui feront persister des tendances archaïques ;

- d’une part, en voulant toujours regarder en arrière pour ne pas reproduire toutes les horreurs que l’on a déjà créées, tout en continuant à les reproduire sans comprendre vraiment pourquoi, et tout en rejetant la faute sur d’autres pour désigner les responsables des blocages. Car connaître une difficulté ne consiste pas à la résoudre ;

- et d’autre part, en faisant beaucoup de vent qui ne porte aucun effet, ou trop peu, ou trop lent, tout en croyant faire ce qui est nécessaire, mais sans voir venir des résultats.

D) NOS PETITS PAS INDIVIDUELS SONT CAPABLES DE GÉNÉRER DE GRANDES MARRÉES CITOYENNES

 

Si l'on en revient au sujet initial concernant le profit, l'idée n'est pas d'abolir toutes les règles de la finance d'un coup de baguette magique. L'idée est de comprendre que : si elles fonctionnent tant bien que mal, plutôt plus mal que bien ; non seulement elles favorisent toutes les injustices, mais elles nous mènent tout droit au désastre ; et qu’il est dès lors nécessaire de fonctionner en dehors de ces règles - sans y contrevenir, et sans s’y opposer - et de construire ce qui permet de pouvoir les abandonner petit à petit, avec le moins de dégâts possible, sans avoir à les combattre ou à les transgresser, ni à combattre ceux qui persistent à les défendre.

Rien, absolument rien, ne nous oblige à consommer, gaspiller, polluer, regarder la télévision, nous connecter aux réseaux sociaux, prendre l'avion, être actionnaire, suivre la mode, consommer les produits de multinationales, fonctionner à la publicité, avoir un compte dans une banque qui ne respecte aucune éthique. Nous avons chacun la liberté, au quotidien, de faire des choix en conscience qui vont dans le sens de nous désolidariser de ce qui participe à un capitalisme destructeur et d’œuvrer à faire baisser notre empreinte écologique. Nous ne pouvons pas exiger des autorités de légiférer pour y arriver si nous ne commençons pas nous-mêmes à faire les efforts. Je vous suggère à ce sujet d'aller lire l’article tiré de l'émission #Investigation (déjà citée plus haut dans le texte), « Sur les routes cachées de notre argent : quand nos banques investissent dans le sale, le toxique et le guerrier », (2020) de la RTBF, qui a été réalisée par Emmanuel Morimont à la page :

[voir Ref 29 : https://www.rtbf.be/info/dossier/investigation/detail_sur-les-routes-cachees-de-notre-argent-quand-nos-banques-investissent-dans-le-sale-le-toxique-et-le-guerrier?id=10486632].

Remarque : Le texte total de l'émission est également consultable aux 5 autres liens qui sont avec celui de l'émission en Ref 29.

Cette émission illustre parfaitement à quel point ce que nous décidons de faire de notre argent a un impact important sur la marche du monde. Et à quel point il est contre-productif de critiquer ou se battre contre un système duquel nous sommes complices sous tant de formes.

Plus nous allégerons au maximum notre participation au jeu de dupes de la consommation, tout en nous investissant dans tous les aspects citoyens et solidaires de la société, plus nous participerons, à notre échelle, à inverser l'équilibre des plateaux de la balance.

Et à un niveau plus global, plus il y aura d'individus et de collectivités capables de se désolidariser des sphères commerciales et financières, moins ces dernières auront d'impact sur le monde.

La compétition ou concurrence - impliquant les rapports de force - et l'enrichissement au niveau des possessions, va ainsi quitter nos échelles de valeurs, pour être remplacée par la coopération et l'enrichissement en connaissances, en créativité, et en développement personnel. C’est ce qui commence à poindre dans les notions de développement durable ou de Bonheur National Brut, en comparaison à la croissance et au PIB (Produit Intérieur Brut).

Et en fonction de l'évolution de chacun, pourront alors surgir nettement plus facilement de nouvelles idées, des solutions inédites, des alternatives créatives. Et si cela survient quand le moment est propice, alors cela essaime très rapidement.

Un exemple qui me paraît probant à ce sujet, c'est le "flygskam" - la honte de prendre l'avion - qui est en train de se produire en Suède (selon l'actualité de 2019), et a déjà fait baisser les vols dans ce pays de 3,8% en près d'un an - dont 8 à 10% pour les vols intérieurs - et commence à faire des émules au-delà des frontières. S'y additionne à présent le köpskam - la honte de faire du shopping - qui risque bien de s'étendre elle aussi à la population suédoise, avant de toucher tout le consumérisme mondial.

[Source : https://www.linfodurable.fr/educationcitoyennete/suede-apres-le-flyskam-voici-le-kopskam-ou-la-honte-dacheter-14608]

et [Source : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_apres-abba-et-ikea-greta-porte-haut-les-couleurs-de-la-suede?id=10449836].

Beaucoup de gens dans le monde refusent déjà de prendre l'avion depuis pas mal d'années, mais ils restent malgré tout très minoritaires, et ils n'ont pas grande influence à ce sujet sur leur entourage. Ce qui se passe en Suède me semble différent. L'élément supplémentaire semble être la honte ; ce qui n'est pas forcément un atout très constructif. Sauf que cela démontre que ceux qui ont honte, sont à un stade où ils se rendent compte de leur responsabilité lorsqu'ils prennent l'avion, et deviennent donc plus conscients des conséquences de leurs actes au niveau personnel. Et c'est alors le sens des responsabilités (et non la honte), qui les poussent à vouloir éviter l'avion.

Je pense d'ailleurs que l'appellation est erronée. Il me semble plus probable que dans la réalité bien concrète, ces choix soient plus liés à une forme de conscience qu'à de la honte.

Cette tendance semble fonctionner avec effet boule de neige. Et le fait que l'on nous en parle dans les médias en dehors de la Suède pourrait bien en être la preuve, tout en stimulant le mouvement au-delà des frontières et donc en accélérant le processus. Ce qui peut faire espérer que dans quelques années (cela peut aller très vite), 90% des individus seront concernés par la flygskam, ce qui pourrait signifier que les voyages en avion baisseraient à moyen terme d'au moins 50% ; voire nettement plus à partir du moment où ceux qui cesseraient de prendre l'avion feraient partie de ceux qui le prenaient de manière très régulière auparavant.

Et si ce phénomène est possible pour l'avion, il l'est pour tous les sujets dans tous les domaines.

Dès lors, aucune décision politique ou commerciale pour supprimer des vols, ou en augmenter le prix, ou mettre d'autres freins, ne devrait être nécessaire, car ce sont les citoyens eux-mêmes qui auront déserté les aéroports. Et si des décisions sont prises par les autorités dans la même direction, elles aideront bien sûr à accélérer le processus, mais ce ne seront pas elles qui auront été à la source du principal mouvement de transition.

On pourrait imaginer des actions similaires dans le domaine de la publicité. Si un mouvement de masse devait décider, non pas de refuser la publicité, mais de refuser d’acheter et d’utiliser tout ce qui fait l’objet de publicité (celle qui n’est ni éducative, ni culturelle, ni informative, mais orientée vers le pur profit). On verrait assez rapidement disparaître tout simplement ce type de publicité de nos horizons.

C’est assez simple à pratiquer quand on s’est éloigné des vecteurs de publicité tels que la télévision, la radio, les magazines, les réseaux sociaux de masse, et qu’on a téléchargé Adblock sur son ordinateur. Et c’est surtout facilité si on réduit sa consommation, et évite de s’approvisionner dans les grands temples de la consommation.

Il ne s'agit pas tant de quitter des attitudes, que d'en initier d'autres. Ceux qui ne voyagent plus en avion choisissent en général le train ou choisissent tout simplement de se déplacer moins ou moins loin. Lorsqu'on ne fait plus de shopping, on apprend à occuper autrement ses loisirs et parfois à bricoler soi-même ce dont on a besoin. Choisir de manger des produits en vrac, non préparés, vendus par les producteurs, ou via des filières alternatives, permet de changer totalement nos perspectives de « consommation ».

La multitude d'associations citées plus haut dans le texte, est un autre exemple, où c'est le citoyen qui est à l'initiative d'une autre forme de gouvernance ; ce qui pourrait avoir comme conséquence, à plus long terme, de transformer complètement l'organisation de nos sociétés ou communautés et avoir un effet boule de neige ailleurs, et où la participation citoyenne pourrait devenir nettement plus importante qu'elle ne l'est actuellement.

Dans ce cadre, les forces du monde économique et financier tels que nous les connaissons encore aujourd’hui, baisseraient parce que les protagonistes qui y sont liés s’impliqueraient petit à petit, volontairement ailleurs. Cela commencerait par les consommateurs qui réduiraient leurs achats, et consommeraient autrement, suivis ensuite par les petits actionnaires, dont certains ont déjà actuellement choisi l’alternative, pour être suivi ensuite par les pouvoirs publics, les gestionnaires, et pour finir par les plus gros actionnaires.

Lorsque l’on saisit ces enjeux, on comprend mieux que la transition ne viendra pas d’une régulation du système, ou d’interdictions, de coercition, etc. venus d’en haut ; mais que le remaniement des règles sera bien plus la conséquence au niveau de la loi, de transformations déjà établies dans la société, initiées par la population elle-même. Et moins le pouvoir de coercition est nécessaire, plus la démocratie participative peut prendre de la place, naturellement. Il s'agira d'un glissement des mentalités et des comportements.

Cela ne se fera pas sans heurts. Il est probable que si des communautés entières parviennent à créer les alternatives sans utiliser le rapport de force et en obtenant l'adhésion d'une partie des classes dirigeantes, il subsistera des réactions violentes ou en tout cas choquantes et injustes de la part de ceux qui n'adhèrent pas à ces nouveautés. Mais elles ne pourront détruire ces nouveautés tant que le reste de la communauté refusera de les affronter directement.

L’échelle du changement au niveau individuel n’est selon moi pas négligeable du tout. Il est nécessaire d’arrêter de croire que nos petits pas n’auront pas le poids suffisant pour qu'un impact global finisse par voir le jour. Car c'est précisément cette croyance-là qui nous maintient dans l’inertie, et nous rend lâches et irresponsables. L'immobilisme actuel est bien plus la conséquence des immobilismes de chacun que le résultat de l'absence de volontés politiques. A force d'attendre que le voisin fasse le premier pas, on se prépare à attendre pour l'éternité.

En retirant l'aspect lutte, combat, opposition, dans les nouvelles approches qui sont mises en œuvre, on finit par obtenir l'adhésion de ceux qu'on aurait combattu si on avait choisi d'agir dans le rapport de force. Pas tout de suite bien entendu. Cela fonctionne au compte goutte. On aura l'adhésion d'un premier, puis d'un second, en voyant les réfractaires se polariser de plus en plus sur leurs privilèges. Mais il finit par arriver un moment où leur situation de privilégiés ou leur position de défendre ces privilèges devient intenable.

Les nouvelles attitudes individuelles porteront ainsi leurs conséquences à un niveau global. J’utilise le futur car tout cela n’est pas encore tout à fait perceptible, mais des millions de gens sont déjà sur ces routes alternatives, de plus en plus alternatives.

Et cela est appelé à se produire dans les années ou décennies qui viennent. Nous n’avons plus un millénaire devant nous pour faire ce chemin, tout au plus le temps d’une génération, mais probablement bien moins.

A l'inverse, lorsque de nouvelles pratiques sont initiées localement, si elles sont peut-être lentes à démarrer, l'accélération se fait ensuite de manière fulgurante.

Le jour où un groupe d'individus participant volontairement à presque tous les niveaux de leur vie à des moyens d’économie alternative, le jour où ce groupe devient majoritaire dans une région ou dans un pays, de manière volontaire et durable, il sera inéluctable qu'il sera copié et que cela va se généraliser. Et certains pays sont déjà en bonne voie pour y parvenir.

Cela se produira probablement au départ parmi les pays les plus favorisés. Car c'est là que le besoin est le plus criant pour faire évoluer les mentalités, mais aussi, là où les conditions y sont les plus favorables, car un nombre suffisant de personnes n'y sont pas dans la "survie". Et lorsque les mentalités évoluent, le paysage social se transforme.

E) PROFILS DE CITOYENS : LES CONDITIONS POUR CHANGER

 

« Il n'y a pas de passagers sur le vaisseau spatial Terre. Nous sommes tous l'équipage. » Marschall McLuhan

Ce qui suit (en italique et en retrait) a été écrit et publié en 2004 ou 2005 et légèrement modifié en 2020. Ces lignes étaient intégrées à un livre publié durant quelques années sur mon site https://sechangersoi.be/. Je me permets de reprendre ces lignes, car ma perception de la réalité s'est confirmée à ce sujet. Il me parait nécessaire de comprendre que la révolution dont nous avons besoin est à ce point profonde et gigantesque qu'elle devra être initiée à beaucoup de niveaux différents, et par chaque citoyen. Dans les paragraphes qui suivent je décris cinq types de profils citoyens, le premier étant totalement inactif par rapport au développement de nouvelles alternatives. Et il me paraît de plus en plus clair que les transformations de société que nous allons être appelés à mettre en place pour permettre de maintenir une civilisation humaine sur Terre, vont nous obliger à quitter le premier profil et endosser tous les autres en même temps. Or jusqu'à présent, s'il y a parfois superposition partielle entre certains profils, il reste rare que les citoyens évoluent dans plus de deux, exceptionnellement trois d'entre eux.

La société est composée d'une panoplie d’attitudes citoyennes diverses. Bien qu’il n’y en ait pas de figées, on pourrait ébaucher l’idée de cinq grandes tendances dans les façons de se situer face au monde, d’y agir ou non. Chaque attitude correspond à une perception de l’appartenance au monde, découlant elle-même de l’éducation, de la culture, de l’expérience, de la personnalité etc. Il n’y en a pas de meilleures ou de pires. Nous naviguons tous plus ou moins entre certaines d’entre elles. La description qui suit peut paraître stéréotypée : il s’agit juste d’une perception de la réalité à nuancer.

1. Tout d’abord, la grande majorité des citoyens se sentent impuissants face aux événement du monde. Ils sont convaincus que seuls les dirigeants politiques ainsi que les dirigeants des multinationales ont le pouvoir. Ils ne voient pas de raison de se battre, certains préfèrent même profiter du système tant qu’ils le peuvent encore, surtout ceux que le système actuel privilégie.

Parmi eux, nombreux sont ceux préoccupés par leur profession, leur famille, leur santé ou tout autre problème que la vie peut engendrer. D’un regard sans doute plus lointain, ils se sentent toutefois préoccupés par l’actualité, la situation mondiale, et les dérives plus locales qui en sont la conséquence. Et si, actuellement, ils ne ressentent pas encore vraiment le besoin de s’impliquer personnellement dans une démarche de changement, ils n’en sont plus très loin. Il arrive un jour où un cadavre de trop, vu aux infos pendant le plat de résistance, vous reste sur l’estomac.

2. A côté de cela il y a le monde militant.

L'activisme peut être utile pour freiner les dégradations qui touchent la société de toutes parts, pour imaginer et mettre en œuvre toutes les alternatives. Un travail de cet ordre, bien mené, est primordial. Et à l'intérieur même de l'activisme on peut entrevoir plusieurs profils également.

Dans de nombreux cas, la lutte contre le système capitaliste consiste à exprimer son opposition au système. Le but est : soit d'influencer la direction des décisions politiques ou commerciales ; soit de mobiliser les masses, pour faire pression et obtenir gain de cause auprès des dirigeants. Or, si cette lutte garde un certain rôle, dorénavant elle ne suffit plus. Forcer les dirigeants à mieux orienter leurs décisions a son utilité, tant que la pression est maintenue, mais ce travail de pression doit être accompagné de bien d’autres initiatives qui créeront la situation où il ne sera plus nécessaire de fonctionner sous ce rapport de force.

En parallèle, certaines associations, dans le cadre d’autres engagements, et par des voies différentes de la contestation, effectuent un travail constructif remarquable. Il s’agit d’un travail de fourmi, et de longue haleine. Cela peut concerner entre autre le pacifisme, avec par exemple le travail pour le désarmement ou pour un impôt de paix. Ou cela concerne le domaine de l’environnement, avec par exemple, le recyclage, la recherche de sources d’énergie alternatives, la sauvegarde du patrimoine naturel, etc. Cela peut concerner les interventions humanitaires, suite à des guerres, des catastrophes naturelles, des famines, etc. Les actions sont en fait très nombreuses dans des domaines très différents.

(rem : Greta Thunberg était encore au berceau quand ces lignes ont été écrites, et le réchauffement climatique n'était pas encore un titre d'actualité très vendeur à l'époque. Greta fait partie des contestataires, mais fait un travail de lobbying incontestable qui lui donne le succès qu'on lui connaît. Elle travaille donc à deux niveaux.)

Cependant, bien souvent, dans le monde militant, il n'est pas toujours facile de cerner la différence entre le travail pour créer des alternatives, et la rébellion contre ce qui ne va pas. Certaines initiatives militantes sont plus proches d’actions de défoulement ou pour la bonne conscience. Si ceux qui créent les alternatives font avancer les choses ; beaucoup d’actions telles que certaines manifestations, grèves, pétitions, etc. ont perdu de leur efficacité. Une part d’entre elles parvient à réduire les dégâts, voire à obtenir des avancées, mais pas toutes.

Un mot sur les manifestations

Elles restent les plus visibles et les plus courantes parmi les types d’actions plus ou moins traditionnels que l’on rencontre. Malheureusement elles se suivent et se ressemblent trop souvent.

Si tous nos droits sociaux actuels ont été acquis grâce aux grèves et aux manifestations des deux derniers siècles, ils sont actuellement en train d’être démantelés, un à un, et cela, malgré les manifestations. Le rapport de force qui a permis d’imposer la volonté des travailleurs pour la négociation de leurs droits, ce rapport est à présent modifié. D’une part, la “mondialisation” permet d’aller se servir de main d’œuvre meilleure marché et plus corvéable, ailleurs. Et d’autre part, nous assistons à une somnolence des citoyens, via la consommation et l’hypnose opérée par les mass médias, les réseaux sociaux et autres options virtuelles proposées par le net, qui les font dormir sur leurs acquis qu’ils sont en train de perdre. Dès lors, le travail militant, et en particulier les manifestations, commencent à tourner à vide comme une vis usée.

Ainsi, peu nombreuses sont les manifestations qui aboutissent à l’obtention des objectifs qu’elles réclament. Bien souvent leurs objectifs ne sont plus liés à l’amélioration d’une situation, comme c’était le cas au 20ème siècle, mais bien plus à empêcher sa détérioration. On a même parfois l’impression que les manifestations se multiplient et le nombre de manifestants diminue à chacune d’entre elles, ainsi que leur portée médiatique et l’influence qu’elles ont sur les décideurs. Au point que cela pourrait même avoir un impact inverse à celui espéré. Par exemple, lorsque certaines manifestations - ayant comme but de faire valoir l’avis de la majorité de la population dans un pays d'environ 11 millions d’habitants comme la Belgique - ne parviennent à mobiliser que 1.000 participants ; il serait bon de se demander si le message de la manifestation ne devient pas dès lors : que la grande majorité de la population ne se sent pas du tout concernée par l’objectif poursuivi par les manifestants.

Un autre problème est celui du relais de toutes ces actions dans les mass médias. Il arrive qu’une manifestation culturelle réunissant 1.000 personnes fasse l’objet d’un reportage de cinq minutes dans un journal télévisé alors qu’une manifestation de protestation de 10.000 personnes n’y soit même pas mentionnée. Et si le message est toutefois retransmis, bien souvent noyé dans le flot de l’actualité, il n’a en général qu’un effet éphémère sur le téléspectateur et n’engendre pas l’effet escompté.

Or, si nous ne réussissons pas, à titre personnel, à convaincre notre entourage ; comment, avec des manifestations, pourrions-nous convaincre les “citoyens”, et les “autorités” ?

Il existe également un risque que certaines actions donnent bonne conscience à ceux qui en sont les protagonistes. On peut parfois avoir tendance à “faire au moins quelque chose”, même si cela ne sert à rien, et penser alors qu’on a fait ce qu’il fallait, ou qu’on ne peut pas faire plus. Mais si on investit de l’énergie dans des actions qui n’ont aucune chance de porter, on risque tout simplement de semer les graines de notre découragement futur. Et, par la même occasion, nous nourrirons la croyance qu’agir ne sert à rien, que nous sommes impuissants face à l’omnipotence des gens auxquels nous nous opposons.

Paradoxalement, si les manifestations n’ont pas toujours l’effet escompté sur l’extérieur, elles jouent un rôle important à l’intérieur du monde militant, car elles mettent en présence les gens concernés par un objectif commun et créent de la solidarité.

Non seulement elles peuvent favoriser le partenariat (pas toujours facile) entre associations, mais beaucoup de manifestations sont l’occasion de rencontres, de s’amuser, de s’exprimer, et parfois peuvent y naître de nouvelles initiatives.

Il existe une autre ambiguïté concernant une partie non négligeable des militants qui dénoncent tout ce qui ne fonctionne pas. En effet, ceux-ci approfondissent souvent très loin leurs connaissances sur l’actualité et sur les domaines pour lesquels ils veulent agir. Par contre, ils n’ont pas vraiment conscience qu’à côté de cela, leur propre comportement dans la société, ne fait que favoriser la perpétuation du système tel qu’il est. Cela se traduit dans leur consommation, mais aussi tout simplement dans les modes de pensée de type “rapport de force”. Proposer des solutions issues du mode de pensée qui a créé le problème, ne résoudra rien.

Plus nous nous remettrons en question, à titre individuel, plus nous nous donnerons la chance d’établir la cohérence entre notre vie quotidienne et les objectifs que nous défendons dans le cadre de l’altermondialisation, et meilleur sera notre impact à tous les niveaux.

3. A des lieues du monde militant il y a aussi un nombre considérable de gens effectuant un cheminement d’évolution personnelle. Peu d‘entre eux sont militants (tout comme peu de militants effectuent un travail d’évolution personnelle). La plupart se remettent en question, personnellement, remettent leurs comportements, leurs relations, leur mode de pensée en question. Et en parallèle, leurs préoccupations politiques sont en général peu marquées. S’ils ont conscience de faire partie d’un monde en déroute, ils sont plus préoccupés par leurs propres problèmes. Car ceux-ci font masque et prennent toute la place. Et la première priorité reste de les résoudre.

Nous sommes en général incapables de regarder les problèmes des autres quand nous sommes submergés par les nôtres. Mais une fois les problèmes dépassés, s’ils sont résolus en profondeur, le regard porté sur le monde se transforme, et une implication par rapport au “tout”, en découle alors presque automatiquement. Les personnes ayant effectué un travail sérieux sur elles-mêmes seront probablement des personnes vecteurs de plus d’authenticité, d’assertivité, de cohérence et d’intégrité. Ce sont des personnes qui rayonnent plus autour d’elles, qui ont souvent plus facilement accès à leur créativité, et qui savent mieux tirer les leçons de leurs propres expériences. Dans ce sens elles ont potentiellement tout autant, voire plus, à apporter à la société que le groupe des militants.

4. Le quatrième groupe est constitué des personnes actives socialement :

- soit dans une perspective à petite échelle. Il s’agira alors d’entraide par exemple, entre voisins, entre parents d’élèves, entre membres de clubs ou d’associations. Leur but est d’améliorer leur environnement direct en donnant de soi et en bénéficiant directement de reconnaissance de l’entourage ;

- soit dans une perspective à grande échelle, elles effectuent un énorme travail dans toutes les associations à vocation humanitaire, sociale, éducative ou culturelle.

Si elles sont très actives et efficaces, ces activités ne sont pourtant pas forcément menées dans le cadre d’un contexte élargi lié à une quelconque démarche politique.

C’est entre autre grâce à elles que la société décadente dans laquelle nous vivons, ne sombre pas totalement dans le chaos.

5. En dernier lieu je distinguerais un groupe de personnes, souvent moins militantes, ou moins engagées dans l’action sociale, mais engagées dans un cheminement spirituel.

Pour certaines d’entre elles, le Dieu auquel elles croient va sauver le monde. Si ces gens se montrent bons c’est plus par obéissance que par générosité.

D’autres adhèrent aux nouvelles tendances véhiculant le message que se développer spirituellement soi-même, aide le monde à aller mieux, ou que prier pour les autres, apporte le réconfort à ces derniers.

La question n’est pas de réfuter cela, bien au contraire. Cependant, même s’il devait s’avérer qu’évoluer spirituellement et prier, peut aider le monde, cela seul ne sera pas suffisant si rien n’est traduit dans les gestes de la vie quotidienne. Et pour traduire une conscience spirituelle dans les actes, il me paraît important de passer par certaines remises en question qui relèvent plus de la psychologie. Remise en question de nos croyances et conditionnements ; ce qui implique aussi de connaître certaines de nos motivations inconscientes, et ce travail-là ne relève pas de l'évolution spirituelle. Or, je pense que l'élévation spirituelle peut mener à se perdre si l'on n'est pas bien ancré, enraciné, centré dans notre propre réalité.

Chacun de nous peut se reconnaître dans l’un ou l’autre de ces cinq grands stéréotypes d’attitudes dans la société ou dans plusieurs d’entre eux. Quelle que soit la position que nous tenons parmi ces attitudes citoyennes, nous avons tous une cohérence à cultiver entre les actes que nous posons et nos convictions personnelles, qu’elles soient de l’ordre du militantisme, de type spirituel, ou encore sociales, etc.

Et pour avoir chacun plus d’impact dans nos actions, quelle que soit notre manière d’aborder, de concevoir la réalité ; je pense qu'il sera nécessaire d'intégrer plusieurs approches à la fois. Car en joignant ces diverses attitudes, principalement l'activisme et l’évolution personnelle, on augmente de façon exponentielle l’efficacité de nos actions, le rayonnement de celles-ci, ainsi que l’influence et la contagion qu’entraînent l’authenticité, la cohérence des comportements, et enfin l’effet de solidarité et d’entraide nécessaire pour y arriver.

En effet, je pense que pour être acteur de changement, nous ne pouvons faire l’impasse sur quatre principaux types de conditions :

- La première est le choix de l’évolution personnelle : remise en question en profondeur de nos croyances, de nos comportements, de nos rapports aux autres, de nos modes de pensée, de nos valeurs, en détricotant les conditionnements, en revenant aux sources, même inconscientes.

- La seconde est l’action sur le terrain (action sociale ou cocréactrice (militante)) .

- La troisième est la dimension philosophico, politico, spirituelle, qui consiste à cadrer les deux premières dimensions dans un ensemble, en rapport à notre appartenance à un monde global, à un tout, via l’information, la réflexion, le positionnement. Cela n’implique pas forcément la transcendance, et n’exclut pas non plus l’athéisme.

- La quatrième condition devient alors indispensable et consiste en la cohérence et l’intégrité de nos comportements individuels avec les valeurs que nous prônons dans les trois autres démarches. Cette quatrième démarche est la résultante des trois premières, et c’est elle qui rendra possible notre impact dans les changements sur le monde.

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Table des matières

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Remarque préliminaire

INTRODUCTION

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PREMIÈRE PARTIE : POSER LE PROBLÈME – QUE SE CACHE-T-IL DERRIÈRE LES MOTS DE L'ARGENT ET DU PROFIT

A) INTRODUCTION

B) RICHESSE ET PAUVRETÉ FONCTIONNENT PAR VASES COMMUNICANTS DE MANIÈRE SYSTÉMIQUE

C) L'ARGENT - LES RÔLES INDIRECTS ET DÉTOURNÉS QUI LUI SONT ATTRIBUÉS

1. Moyen de subsistance, et bien au-delà

2. La reconnaissance et son exploitation commerciale

3. L'argent n’est pas neutre – pouvoir et autres dérives

4. L’argent donne un statut

D) LE CONCEPT DE PROFIT ET LES VALEURS QUE CELA SOUS-TEND

1. Profit équitable ou profit abusif

2. L'indécence des dividendes - quelques données chiffrées

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E) LES CONSÉQUENCES DU PROFIT ET DES RÔLES INDIRECTS DE L'ARGENT

1. Les conséquences matérielles de l'appât du gain

a - les dérives dans l'industrie : quand la fin justifie tous les moyens

b - Répartition inéquitable de l'argent - Les écarts de richesses

2. la classe la plus riche, de loin la plus destructrice

3. A l'autre extrême de l'échelle de la richesse, on meurt par millions, dizaines de millions, centaines de millions

4. C'est la richesse extrême des plus riches qui maintient la mortalité par millions des plus pauvres

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F) LES CONSÉQUENCES DE L’APPÂT DU GAIN SUR LES MENTALITÉS

1. La survie ou l'avidité

2. L’argent corrompt et pervertit

3. La course pour grimper vers plus de richesses

4. La complaisance des consommateurs

5. La violence

G) LES CROYANCES IMPLICITES CONCERNANT L'ARGENT

1. L'argent doit être une ressource limitée

2. Il faut travailler pour gagner sa vie

3. Les gens riches sont plus heureux

4. La richesse se mérite, donc implicitement la pauvreté aussi

5. Il faut travailler dur pour bien gagner sa vie

6. L'argent gonfle tout seul

7. L'augmentation du coût de la vie, l'inflation, la dévaluation de la monnaie

8. Être riche ne nuit à personne

9. En économie, ce qui est légal est moral

10. L'économie c'est une science, complexe - il faut se fier aux experts

11. Ce sont les politiques qui détiennent le pouvoir

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12. La croissance est bonne pour l'économie

a - Effet logarithmique de la croissance

b - Empreinte écologique et jour du dépassement

c - Démographie

H) LES PRINCIPAUX VÉHICULES DE LA CULTURE DU PROFIT

1. La publicité

2. Les médias de l’information

3. Les réseaux sociaux

4. Les médias du divertissement et en particulier, la télévision

5. La domination masculine

6. La culture et l'éducation

I) L'IMPLICITE ET L'EXPLICITE

J) CONCLUSION

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DEUXIÈME PARTIE : PREMIÈRES IDÉES DE SOLUTIONS : Découpler le travail et l’argent – découpler l’argent du profit

A) INTRODUCTION

B) LES ALTERNATIVES QUI RESTENT A LA MARGE

1. Nous ne sommes pas encore prêts

2. Les solutions font encore partie du problème

C) ABANDONNER NOS CROYANCES SUR LA CROISSANCE, ET BOULEVERSER LA LOGIQUE DE L'EMPLOI

D) DÉCOUPLER TRAVAIL ET ARGENT - L'ALLOCATION UNIVERSELLE

1. Moins de travail à pourvoir

2. Créer la motivation à travailler

3. Conception du travail

4. Financement de l'allocation universelle

5. L'allocation universelle donnerait du pouvoir à ceux qui actuellement n'y ont aucunement accès

E) DÉCOUPLER L'ARGENT DE LA RECHERCHE DE PROFIT

1. Créer une économie qui n'est plus régie par l'argent

- Le rôle des initiatives citoyennes

2. Une seule initiative et l'effet boule de neige

3. Construction de la nouvelle tour

4. Quelques exemples de changements concrets à venir dans la société

a - La démocratie participative

b - Le pouvoir politique se transformera et reprendra du pouvoir face au pouvoir économique et financier

c - Bourse fermée

d - Disparition des impôts

e - Les entreprises démocratiques se multiplieront, voire se généraliseront

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F) DIMINUTION DU RÔLE DE L'ARGENT

1. Evolution des mentalités

2. Le vrai rôle que devrait avoir l'argent

a - Réduire l'utilisation et le rôle de l'argent

b - Apprendre à échanger sans compter

c - La diminution de l'importance de l'argent dans nos vies

TROISIÈME PARTIE : LE CONTEXTE DU CHANGEMENT

A) AU NIVEAU POLITIQUE

B) AMENER LE VIRAGE POLITIQUE VIA LES MOUVEMENTS CITOYENS

C) BALANCE A PLATEAU : ALLER VERS L'ALTERNATIVE

D) NOS PETITS PAS INDIVIDUELS SONT CAPABLES DE GÉNÉRER DE GRANDES MARRÉES CITOYENNES

E) PROFILS DE CITOYENS : LES CONDITIONS POUR CHANGER

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QUATRIÈME PARTIE : LE CHANGEMENT DU NIVEAU DE CONSCIENCE

A) INTRODUCTION

B) LA NÉCESSITE DE PERCEVOIR L'IMPORTANCE DE L’ÉVOLUTION INDIVIDUELLE D'UNE PART IMPORTANTE DE LA POPULATION

1. Qui est en premier concerné

a - Les plus riches

b - Les plus pauvres

c - La classe moyenne

2. De quel changement individuel parle-t-on : tout d’abord, dans le concret

a - La responsabilité d’agir même si on est seul à le faire

b - Et si la notion de goutte d'eau dans l'océan s'avérait totalement fausse ?

c - Cesser de leur donner du pouvoir

d - Liberté - autonomie - solidarité

3. Au-delà des modifications de comportements citoyens ou de consommateur : l'élévation du niveau de conscience

a - Conscience et information

b - Conscience et technologies

c - Conscience et solutions nouvelles

d - Dénouer les nœuds qui sont dans nos têtes

e - Changer la couleur de nos lunettes : changer notre mode de pensée

f - Bousculer l'édifice de nos croyances

g - Saut d'évolution de l'humanité

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4. Dépasser les freins au changement :

a - Sous hypnose : nos doutes, notre passivité, notre conformisme, notre lâcheté

b - Syndrome de Stockholm

c - La difficulté d'aller à contre courant – la soumission à l’autorité de Milgram

d - Mettre des mots sur ce qui est implicite afin d’en éviter les incohérences

e - Quitter notre mentalité va nous faire peur

f - Le choix du pessimisme sous prétexte de réalisme

CINQUIÈME PARTIE : LES DEUX PILIERS PRINCIPAUX DU CHANGEMENT : Privilégier les raisons du cœur au raisonnement cartésien et lâcher le rapport de force

A) QUAND NOS SOLUTIONS MAINTIENNENT LE PROBLÈME TOUT EN LE RENDANT MOINS VISIBLE

B) PRIVILÉGIER LES RAISONS DU CŒUR AU RAISONNEMENT CARTÉSIEN

1. Introduction

2. Nous supposons à tort que toutes nos pensées sont rationnelles par essence (excepté dans la folie ou lors de certains dérapages)

3. Prendre notre rationalité pour seule référence , seul repère, comme seule valable, seule efficace, ...

4. Notre recours à la rationalité nous mène souvent en bateau : une atèle sur une jambe de bois

5. Une solution qui ne porte pas - toute rationnelle qu'elle puisse être - n'est pas une solution

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6. Un enseignement qui reflète tout notre système de pensée rationnelle et ses failles, dans un cadre éducatif qui fait souvent défaut

7. La fiabilité relative du raisonnement scientifique de l'expert - un regard sur le réchauffement climatique

8. Notre incapacité à gérer correctement nos découvertes et inventions scientifiques

9. De nouvelles références pour guider nos choix

C) LÂCHER LE RAPPORT DE FORCE

1. Introduction

2. Le rapport de force

a - En quoi consiste le rapport de force ?

b - Lâcher le rapport de force

c - Nous fonctionnons dans le rapport de force comme nous respirons

d - Les enjeux du rapport de force ou de son absence

e - La violence n'est jamais loin du rapport de force, la non-violence non plus

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f - Comment les rapports de force imprègnent toutes nos conceptions

i La mentalité basée sur le rapport de force

ii Notre incapacité à envisager les conflits en dehors du rapport de force

iii Une société de dominants et de dominés : le rapport de force est partout

iv La soumission

v La désignation d'un fautif

vi rapport de force et confiance en soi

vii rapport de force et libre arbitre

g - Comment les rapports de force définissent notre vie sociale et nos dépenses

i Les comportements, références et marqueurs sociaux résultants de la prégnance généralisée des rapports de force

ii Les sphères d’influence sociales, culturelles et commerciales

iii Rapport de force dans le cadre professionnel

iv Rapports de force et monde virtuel – école de narcissisme

v rapport de force et voiture

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vi Rapports de force, consommation, et recherche de profit sont foncièrement et intrinsèquement liés

- les comportements de survie

- les comportements d'avidité

- notre complaisance

- les comportements de compétition

- les comportements d'exigence

- les comportements de défense de nos privilèges

- les rapports de force ne sont jamais loin de nos comportements de matérialisme et de notre cupidité

vii quitter le rapport de force mène à se désintéresser des richesses et de la consommation

h - Rapport de force à l'échelle collective

3. Connaissance de soi : notre part d'ombre

a - Introduction

b - Rapport de force versus empathie - les deux facettes de l'être humain d'aujourd'hui

i Ambivalence des comportements

- l'attitude face aux inconnus

- l'attitude face à l'entourage

- Un interrupteur dans la tête et l'apprentissage de stratégies pour y remédier

ii Le moment de bascule

- Face aux inconnus

- Face à l'entourage

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iii On ne peut désinvestir nos pensées et émotions dites "négatives" uniquement par le simple choix de penser positif

iv découvrir les effets de l'interrupteur

v apprendre à gérer l'interrupteur

vi la gestion de l'interrupteur sur la durée

vii Accepter notre part d'ombre c'est accepter celle des autres

c - Le capitalisme exploite notre part d'ombre

d - La part d'ombre et le rôle des citoyens en transition

e - La part d'ombre et le rôle des crises

f - Facteurs favorisant ou non la propension à utiliser le rapport de force

i Tout d'abord, notre passé forge en grande partie qui l'on est : notre tempérament, nos conditionnements, nos blessures, nos tendances.

ii Ensuite, c'est notre situation du présent qui va aussi déterminer nos réactions face à l'adversité.

iii Niveau de conscience

g - Notre capacité à l'empathie dépend surtout de notre capacité à reconnaître ce qui nous en éloigne - l'altruisme des religions élude cet aspect

h - Evolution personnelle et déni de réalité

i Fuir totalement l'actualité nous fait perdre contact avec la réalité

ii Quand utiliser la loi de l'attraction devient magique

iii Évoluer dans un monde de bisounours

iv Évoluer spirituellement ne peut pas nous épargner d'adapter de manière intègre nos comportements à la réalité très concrète

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4. Quitter le rapport de force - accueillir notre part d'ombre via un réel travail psychologique

a - L'étape incontournable : commencer par reconnaître notre part d’ombre

b - Part d’ombre et rapport de force

c - Parvenir à déjouer l'emprise négative de certaines de nos émotions et de leurs conséquences sur nos pensées et nos comportements

d - Les attitudes mentales à privilégier

i accepter

ii persévérer à demander

iii Faire évoluer les demandes et propositions en traversant les échecs, en apprenant de nos erreurs

iv Accepter dans certains cas la solution de l'autre qui ne nous satisfait pas, mais peut mener vers nos objectifs

e - Se mettre dans la bonne disposition d'esprit

i La détermination

ii L'absence d'exigence

iii L’absence d’urgence

iv Exploiter l’émotion sans agir sous son emprise

v Une forme de connaissance de soi

vi Le détachement

vii La présence de doutes dans la confiance

viii Le respect et la bienveillance absolue

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f - Quand le rapport de force s’éloigne, l’empathie et la solidarité peuvent apparaître

g - Aller vers le cœur

h - Changer

i - Notre part d'ombre est notre alliée

j - La différence entre la compréhension et la conscience

k - Pour prendre de la perspective

SIXIÈME PARTIE : LES FACTEURS D'INFLUENCE DU CHANGEMENT

1. Deux mondes parallèles

2. Conscientiser, chercher à influencer : c'est se tromper

3. La réelle influence s'opère loin des discours

4. Notre rôle de colibri et son effet boule de neige

5. L’influence des médias de l’information

6. Le rôle des crises

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7. L’éducation et l’enseignement – y compris le rôle qu’y joue le web

8. Le pouvoir de la minorité

9. Catalyseurs d’un autre genre

a - L'intelligence collective

b - Les neurones miroir

c - L’épigénétique

d - La contagion de l'altruisme

e - Les champs morphiques (ou morphogénétiques)

f - La transmission de toutes nos pensées et émotions

g - L'auto-contagion

10. Conclusion

VERS UNE UTOPIE NON DÉCONNECTÉE DE LA RÉALITÉ

- La métaphore du flocon

- Un dernier petit coup de pouce

ANNEXE Un détour par la théorie polyvagale

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ICI COMMENCE LE DEUXIÈME VOLET DE CE LIVRE

RÉFÉRENCES

REMERCIEMENTS